II. PANORAMA DE L'ACTUALITÉ DES SECTEURS INDUSTRIELS FRANÇAIS

A. L'INDUSTRIE TEXTILE AVANT LE « GRAND SAUT »

1. Une érosion qui se poursuit dans les échanges mondiaux

L'industrie textile, fortement employeuse de main d'oeuvre, et implantée sur l'ensemble du territoire, est à la fois vitale en termes d'emplois et particulièrement fragilisée par la concurrence de pays bénéficiant d'un coût moindre du travail . Depuis 30 ans, elle a connu une mutation très profonde et a dû s'adapter à l'émergence dans la concurrence internationale de pays à faibles coûts salariaux.

Ainsi, l'évolution du commerce mondial ces dernières années se caractérise, dans ce secteur, par la poursuite de la montée de l'Asie, et en particulier de la Chine. L'Europe est le premier marché d'importation mondial , avec plus de 40% des importations mondiales de vêtements, et le second exportateur mondial après la Chine, si l'on ne tient pas compte de l'ensemble des échanges entre les différents Etats-membres de l'Union Européenne. Ses principaux fournisseurs pour les vêtements sont la Chine, la Turquie, les pays d'Europe centrale et orientale et le Maghreb. Viennent ensuite le Bangladesh et l'Inde. Pour le textile, la Turquie est le premier fournisseur, juste devant la Chine et l'Inde, des pays industrialisés comme les USA et la Suisse, et d'autres pays asiatiques : Inde, Pakistan, Corée du Sud.

Les exportations européennes sont destinées, pour les vêtements, aux pays développés. A l'inverse pour le textile, les exportations sont essentiellement destinées aux pays de délocalisation proches, en vue de la confection : Pologne, Tunisie, Maroc, Roumanie, République Tchèque et Hongrie.

Le déficit européen vis à vis de la Chine (particulièrement sur l'habillement) s'est considérablement accru ces deux dernières années. La bonne performance de la Turquie est vraisemblablement due à l'existence d'une zone de libre-échange avec l'Union Européenne, l'absence de limitation sur les importations du Bangladesh contribuant aussi à ses performances sur l'habillement.

Pour sa part la France (chiffres 2000) exporte dans ce secteur pour 12,5 milliards d'euros, dont 60 % à destination de l'Union Européenne. Elle occupe le 7ème rang mondial en tant que pays exportateur. Ses importations sont de 18,6 milliards d'euros, dont près de 60 % proviennent de l'extérieur de la Communauté. Le déficit commercial est de 6 milliards d'euros, quasiment intégralement provoqué par les échanges avec les pays extra-communautaires.

On peut estimer que ces derniers mois, le phénomène de délocalisation de l'industrie de la confection européenne , dénoncé par le Sénat depuis de nombreuses années, s'est malheureusement poursuivi, par le recours à une production située au Maghreb, en Europe de l'Est, en Turquie, dans les Pays Baltes, la libéralisation totale des échanges avec cette zone en ayant accéléré le développement. Un grand nombre d'entreprises de la filière ont disparu du territoire français depuis 1998 . Ces délocalisations ont d'abord affecté la confection, où la main d'oeuvre constitue une part importante du coût de revient. Elles touchent maintenant les métiers à plus haute technicité.

Par ailleurs, la compétitivité de l'Asie sur les marchés européens s'est renforcée ; en particulier celle de la Chine.

2. Les évolutions inquiétantes du cadre international

Les accords « multifibres », entrés en vigueur en 1974, limitaient les volumes d'exportation de textile des pays en développement vers les pays industrialisés. Mais les accords de Marrakech ayant prévu une libéralisation totale des échanges textiles au 1er janvier 2005 , 4 phases successives de retour des produits textiles aux règles générales du commerce international ont été programmées. Les pays exportateurs s'engagent pour leur part à améliorer l'accès à leur marché par la baisse de leurs droits de douane et la suppression de leurs barrières non-tarifaires.

Les deux premières phases de libéralisation n'ont pas donné lieu à des difficultés importantes : la première phase ne concernait en effet que des produits sans quotas et qui n'étaient pas soumis à des contraintes concurrentielles importantes. La seconde phase a conduit à des suppressions de quotas limitées. La Chine ne faisant pas partie de l'OMC, ses quotas n'ont, en particulier, pas été supprimés.

La 3ème phase de libéralisation interviendra en janvier 2002. La liste des produits à libéraliser a été établie au second semestre de l'année 2000, sous présidence française de l'Union Européenne. La nouvelle liste de produits comporte une proportion plus large de produits sensibles. L'accession de la Chine à l'OMC, qui ne s'est pas encore réalisée, risque, en outre, de renforcer la concurrence internationale -sans doute dès 2002- car la Chine pourra bénéficier de l'ensemble des acquis des accords de Marrakech .

Pour leur part, les pays exportateurs n'ont que très modérément ouvert leur marché, la baisse des droits de douane n'ayant été que très limitée, et ces derniers restant à des niveaux extrêmement élevés par rapport à ceux appliqués dans l'Union Européenne. Ces tarifs s'accompagnent parfois de mesures administratives spécifiques : licences d'importation, normes techniques et sanitaires, étiquetage, qui visent, avec parfois beaucoup d'efficacité, à protéger les marchés de ces pays. Les pays exportateurs de textile considèrent toutefois que l'application des accords de Marrakech ne s'est pas faite à leur profit : en particulier lors de la conférence de Seattle, ils ont demandé une accélération de la libéralisation des quotas, et le renoncement à certains instruments de politique commerciale comme les mesures « antidumping ». L'échec de la conférence de Seattle n'a pas modifié le calendrier existant. Dans le contexte du nouveau cycle de négociations ouvert à Doha, les mêmes demandes de mise en oeuvre de l'Accord textile et vêtements ont été remises sur la table par les pays exportateurs, en particulier le Pakistan et l'Inde.

De plus, la Commission européenne négocie actuellement, dans une perspective essentiellement politique, un accord avec le Pakistan , lui offrant un accès privilégié au marché communautaire pour ses produits. Il s'agirait d'un relèvement de 15% des quotas de ce pays et d'une annulation des droits pour les produits textiles pakistanais (en échange, les producteurs européens devraient se voir offrir un accès plus facile au marché pakistanais, aujourd'hui protégé par des droits d'entrée supérieurs à 30%, en moyenne). Or cette proposition n'a fait l'objet d'aucune étude d'impact préalable , ce qui préoccupe les industriels français du textile, qui estiment, en première analyse, qu'elle menacerait jusqu'à 25 ou 30.000 emplois en Europe.

En dehors même d'un nouvel accord éventuel avec le Pakistan, les études de la Commission européenne sur les conséquences de la fin de l'accord « Textile et Vêtements » , font état d'une baisse de la production en Europe à attendre de l'ordre de 1 % par an, avec un impact sur l'emploi plus large (3 à 5 %). Pour la période après 2005, il n'y a pas eu d'étude spécifique de la Commission européenne sur les conséquences de la fin de l'encadrement des importations. Toutefois, la profession a lancé une étude 5( * ) sur la libéralisation totale du commerce mondial, qui, du fait de l'intensification de la concurrence, prévoit comme impact immédiat une baisse de l'ordre de 10% de la production. C'est globalement l'Asie, et plus particulièrement la Chine qui devrait bénéficier de cette libéralisation. Les partenaires de l'Union Européenne, qui bénéficient d'accords préférentiels, et qui, dans le cadre de la zone « Euromed », tirent profit de leur partenariat avec la Communauté, seraient aussi touchés par cette libéralisation.

Ces perspectives inquiètent tout particulièrement votre commission .

3. L'incidence finalement très limitée du remboursement des aides du « plan textile »

Pour lutter contre les délocalisations d'entreprises et les suppressions d'emploi, un dispositif d'allègement des charges sociales pour le secteur du textile a été mis en place en France. Mis en oeuvre entre la mi-1996 et décembre 1997, il a été condamné par la Commission européenne le 9 avril 1997. La Commission a demandé à la France de prendre toutes les dispositions pour récupérer les aides illégalement versées, condamnation qui a été confirmée par la Cour de Justice Européenne le 6 octobre 1999.

Le Gouvernement français étant tenu de se conformer à cet arrêt sous peine d'un recours en manquement, le processus de remboursement a été mis en route.

Les conditions de ce remboursement ont fait l'objet de longues négociations avec la Commission européenne, afin de ne pas mettre en danger les entreprises d'un secteur déjà fragile . Les conditions suivantes ont été arrêtées : pour la détermination du montant à rembourser, il est tenu compte de l'incidence fiscale de la perception de ces aides. En conséquence, le montant pris en compte est réduit d'environ 40 %. Une partie de l'aide restante est couverte par la règle « de minimis », qui prévoit que les Etats n'ont pas à soumettre à autorisation de la Commission Européenne les aides versées dans la limite de 100.000 €. Le remboursement pourra être étalé sur une période de 3 ans, à partir du 1 er avril 2000. Inversement, conformément aux règles européennes, les remboursements sont affectés d'un taux d'intérêt, au taux négocié de 6,01 % correspondant à la moyenne des taux d'intérêts sur la période concernée. Ce dispositif de remboursement a fait l'objet d'une circulaire envoyée aux préfets le 31 mars 2000. Les URSSAF ont été chargées de la gestion du remboursement sous l'autorité du préfet de département.

Une première évaluation du montant des remboursements a été faite à partir d'informations communiquées par les Préfets, la Direction générale de l'emploi et de la formation professionnelle et la Direction de la sécurité sociale. Cette évaluation ne concerne que 804 entreprises , sur les 980 entreprises de plus de 50 personnes dont le montant des aides à rembourser est susceptible de dépasser le montant du « de minimis ». Le ministère de l'industrie a fait savoir à notre rapporteur qu'un rapide examen des 176 entreprises manquantes, montre que, statistiquement, elles ne se distinguent des 804 entreprises exploitées, ni par le secteur, ni par la taille.

Sur les 804 entreprises pour lesquelles le Gouvernement dispose d'informations :

- 133 ont fait l'objet d'un règlement judiciaire ou d'une liquidation , ce qui laisse supposer qu'aucun remboursement ne peut être escompté de la part de ces entreprises, même si les Préfets ont été invités à produire une demande de remboursement, et ce qui montre l'ampleur de la crise du secteur ;

- 449 entreprises n'ont rien à rembourser , les conditions fixées pour le remboursement faisant que les entreprises de moins de 100 personnes dans l'habillement et 150 personnes dans le textile, qui représentent la majorité du secteur, sont, de fait, exemptées.

- seules 222 entreprises sont effectivement redevables du remboursement.

L'analyse sectorielle effectuée montre que les entreprises de l'habillement sont en général exemptées de par leur taille ou n'ont qu'un montant très faible à rembourser. Beaucoup d'entreprises textiles (filature, tissage) ne doivent également que de faibles sommes car payant des salaires relativement élevés, elles ont moins bénéficié de l'allègement des charges. Deux activités sont en revanche concernées de manière plus significative par le remboursement :

- la maille (chaussette, collants) ;

- la chaussure.

Dans les deux cas il s'agit d'unités concentrées, de taille relativement élevée (plus de 250 personnes), mais regroupant surtout des salariés de production aux salaires proches du SMIC. Seules 10 % des entreprises doivent plus de 0,5 million de francs (0,08 millions d'euros), avec de 30 à 40 entreprises dépassant largement 1 million de francs (0,15 millions d'euros).

Votre commission souhaite que le Gouvernement effectue sans dogmatisme excessif le recouvrement des sommes dont la Commission européenne a exigé le remboursement.

B. LA CONSTRUCTION NAVALE FACE AU « DUMPING » SUD CORÉEN

1. Un marché caractérisé par un déséquilibre permanent entre l'offre et la demande

La construction de grands navires de commerce est un marché mondial totalement ouvert, sans aucune protection douanière ni géographique et sur lequel la concurrence est renforcée par l'existence d'une flotte de libre immatriculation.

L'industrie mondiale de la construction navale a bénéficié en 2000 d'une nette amélioration du marché (+ 56 % par rapport à 1999). Celle-ci est due à l'augmentation du trafic maritime, au remplacement d'une partie des pétroliers « âgés », mais aussi à des anticipations de commandes compte tenu des prix relativement bas.

Une bonne partie de ces commandes a été prise par la Corée du Sud, qui détient 35,6 % du marché en 2000, contre 33,3 % en 1999 et 24,9 % en 1998. La Corée du Sud consolide ainsi la place de premier constructeur mondial qu'elle occupe depuis trois ans . La part du Japon a été de 25,9 % en 2000 contre 26 % en 1999 et 33,1 % en 1998. La part de l'Union européenne (plus la Norvège) est restée stable : 17,5 % en 2000 contre 17,2 % en 1999 et 25,8 % en 1998. Cette stabilité est assurée car des commandes supplémentaires de paquebots, secteur sur lequel les chantiers coréens ne sont pas en concurrence directe, ont compensé des pertes de marché pour d'autres types de navires.

Le marché mondial reste toujours caractérisé par un déséquilibre important entre l'offre et la demande et l'industrie dispose d'ores et déjà de capacités largement suffisantes pour répondre à la totalité de la demande future. Celle-ci devrait atteindre son niveau le plus élevé en 2004, restant très inférieure aux capacités de construction navale prévues, puis devrait ensuite rester durablement orientée à la baisse. Malgré cette situation excédentaire, la capacité mondiale de construction devrait continuer à augmenter, en particulier en Corée du Sud. Le déséquilibre entre l'offre et la demande devrait donc s'aggraver, du fait de la chute de la demande et de l'accroissement continu des capacités, entraînant inévitablement une chute des prix.

La faiblesse actuelle des prix, qui restent inférieurs à ceux des années 1990, est due essentiellement à l'augmentation importante des capacités en Corée du Sud et aux très bas niveaux de prix des offres des chantiers navals coréens. Enchaînant les rapports sur le sujet, la Commission européenne a entrepris sept nouvelles investigations très détaillées pour des commandes placées en Corée du Sud, qui montrent que toutes ces commandes ont été prises à perte (le niveau moyen de ces pertes est estimé à 14 %) .

2. La réaction française et européenne

a) L'évolution divergente des chantiers français

Exclusivement orientés vers la production de navires de charge (pétroliers jusqu'à 550.000 tonnes de port en lourd, porte-conteneurs, vraquiers ...), les Chantiers de l'Atlantique , à Saint-Nazaire, se sont reconvertis depuis le milieu des années 1980 dans la construction de navires à haute valeur ajoutée (segment de marché moins soumis à la concurrence des chantiers du Sud-Est asiatique) :

- paquebots : 12 paquebots en commande à la fin de l'année 2000 ;

- navires de transport de gaz naturel liquéfié : 5 méthaniers de 135.000 m3 livrés à la Malaisie entre 1994 et 1997.

A la fin de l'année 2000, outre les effectifs propres au chantier, le site de Saint-Nazaire comprenait 500 intérimaires et 5000 personnes employées par les entreprises sous-traitantes travaillant dans le chantier. La très forte augmentation du chiffre d'affaires est due à la livraison de six paquebots au cours de l'exercice (1er avril 2000 au 31 mars 2001). Le chiffre d'affaires devrait toutefois diminuer au cours du prochain exercice.

S'agissant des Ateliers et chantiers du Havre (ACH), un accord est intervenu, rappelons-le, en juillet 1999, entre la direction de l'entreprise, les représentants du personnel et l'Etat, pour la mise en oeuvre d' un plan social accompagnant la fermeture de ce chantier , dont le coût (39.18 millions d'euros) est intégralement pris en charge par les finances publiques. Parallèlement, un chargé de mission auprès du Premier ministre a été nommé pour mettre en oeuvre sur place, au Havre, un programme de développement industriel destiné en particulier à faciliter le reclassement des personnels et réunir les conditions permettant le développement d'un « Pôle industriel et naval » autour de la réparation navale et de l'essaimage de certaines activités susceptibles de pérennisation.

Sur les 669 personnels des ACH licenciés entre août 1999 et juin 2000, une solution de reclassement a été trouvée pour 485 personnes (72,5 % des licenciés). Il convient de noter un très faible nombre de volontaires pour un emploi aux Chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire, qui ont proposé d'embaucher environ 300 personnes. Seulement 135 personnes ont fait acte de candidature et 52 personnes ont été embauchées ou se sont vus proposer un contrat Les autres ont été refusées, ne correspondaient pas aux spécialités nécessaires ou ont annulé par la suite leur candidature.

L'essaimage réalisé à partir des activités susceptibles de développement (chaudronnerie, mécanique, bureau d'études, ingénierie) a permis la pérennisation de 80 emplois devant être portés à environ 110 d'ici fin 2001. Pour ce qui concerne la réparation navale (130 emplois directs existants au 30 juin 2001), une solution de reprise est en cours de négociation.

b) Quelle réponse au niveau communautaire ?

Alors que le « dumping » sud coréen ne fait plus de doutes, la réglementation communautaire interdit désormais aux Etats membres les aides à la commande dans le secteur de la construction navale.

Le règlement communautaire (n° 1540/98 du 29 juin 1998) sur les aides à la construction navale a en effet interdit les aides à la commande à compter du 31 décembre 2000, et n'autorise plus que les aides à la fermeture partielle ou totale. Il a toutefois étendu à la construction navale les dispositifs applicables aux autres secteurs industriels concernant les aides à la recherche et au développement, au sauvetage et à la restructuration d'entreprises en difficulté, aux investissements pour l'innovation et la protection de l'environnement.

Dans le contexte de concurrence très agressive de certains Etats asiatiques, une tentative, sous présidence française, pour revenir sur l'interdiction des aides à la commande a échoué : en l'absence de propositions de la Commission et alors que certains Etats membres y auraient fait obstacle, le Conseil Industrie du 5 décembre 2000 n'est pas parvenu à revenir sur la suppression des aides à la commande à partir du 31 décembre 2000.

Toutefois, en réaction aux surcapacités et à la baisse constante des prix sur le marché mondial de la construction navale, la Commission européenne et le Gouvernement coréen ont signé, le 22 juin 2000, « un procès-verbal agréé » dans le but d'éviter les surinvestissements non rentables et la sous-cotation des prix.

Observant que des pratiques concurrentielles déloyales persistent sur le marché mondial, la Commission a présenté au Conseil Industrie du 5 décembre 2000 une communication verbale prévoyant :

- une négociation avec la Corée en vue de parvenir à un accord satisfaisant ;

- d'établir un rapport, (présenté au Conseil Industrie des 14 et 15 mai 2001), qui réaffirme que les pratiques de la Corée relèvent de la concurrence déloyale (les ventes étant réalisées avec des pertes de 7 à 40 %, avec une moyenne de 14 %) ;

- de porter l'affaire devant l'OMC en l'absence de solution négociée ;

- de proposer un mécanisme de soutien défensif temporaire pour contrer les pratiques déloyales de la Corée jusqu'à la conclusion de la procédure devant l'OMC.

Le Conseil Industrie a pris acte de la proposition de la Commission. Il s'est félicité de l'intention de la Commission d'engager une procédure devant l'OMC en l'absence de solution négociée avec la Corée au plus tard le 30 juin 2001 et a pris acte de l'intention de la Commission de mettre en place, simultanément, un mécanisme de soutien défensif temporaire . Cette aide viserait les navires porte-conteneurs, les transporteurs de produits chimiques et les transporteurs de produits pétroliers. Elle se situerait à 6 % de la valeur du contrat (avant aide) et serait plafonnée à 14 % (niveau moyen des pertes observées).

Une décision formelle sur cette proposition sera prise au plus tard lors du Conseil Industrie du 5 décembre 2001 , le mécanisme défensif proposé par la Commission suscitant d'ores et déjà l' opposition de certains Etats membres .

Votre commission regrette la divergence de vues entre certains Etats membres sur cette question, empêchant l'évolution de la réglementation.

En France, compte tenu de l'arrêt des aides à la commande au 31 décembre 2000, le projet de loi de finances pour 2002 ne prévoit pas d'ouverture de nouveaux crédits en autorisation de programme. Seuls 103,7 millions d'euros en crédits de paiements, pour faire face aux besoins découlant des commandes enregistrées les années précédentes, sont demandés sur le chapitre budgétaire 64-93.

Le tableau ci après résume l'évolution des aides sur ce chapitre depuis 1997 :

AIDES BUDGÉTAIRES À LA CONSTRUCTION NAVALE

En millions d'euros

1997

1998

1999

2000

2001

2002

AUTORISATIONS DE PROGRAMME

Dotations de crédits ouvertes

(dont loi de finances initiale)

326,09

(129,58)

643,90

(129,58)

851,05

(129,58)

575,63

(196,20)

342,40

0

0

Consommations

177,65

277,64

471,99

187,35

74,82*

0

CRÉDITS DE PAIEMENT

Dotations de crédits ouvertes

(dont loi de finances initiale)

245,27

114,34

617,75

121,96

546,23

121,96

279,25

196,20

159,61

137,66

103,66

Consommations

115,35

243,03

467,38

197,60

136,76*

 

*Ces montants correspondent uniquement au 1er semestre 2001.

C. LA MÉCANIQUE : 7.000 ENTREPRISES, 500.000 EMPLOIS ET UNE TROISIÈME PLACE EUROPÉENNE

L'industrie mécanique regroupe plusieurs secteurs : les biens d'équipement mécanique, les services industriels du travail des métaux, les produits métalliques.

Ainsi définie, elle occupe une place importante au sein de l'industrie française : en 2000, elle rassemblait 6900 entreprises de plus de 20 personnes, réalisant un chiffre d'affaires cumulé de 83 milliards d'euros, dont plus d'un tiers environ (32 %) est exporté, et employant 561.200 personnes.

Ces chiffres donnent à la mécanique française le cinquième rang mondial , derrière l'Italie, qui progresse sensiblement, et toujours loin derrière les Etats Unis, le Japon et l'Allemagne. En Europe, la mécanique allemande qui représente environ 2 fois et demi son homologue française, (pour un total de l'industrie allemande, représentant un peu plus de 2 fois l'industrie française), est le chef de file incontesté, contribuant pour plus de 30 % à la production de l'ensemble européen.

Après la crise traversée entre 1990 et 1993, la mécanique a depuis 1994 renoué avec une croissance soutenue : au cours de la période 1994 à 2000, le chiffre d'affaires a progressé de 39 % et les exportations de 42 %.

En 2000, le secteur a assuré une forte croissance de son activité (+10 %), notamment grâce aux exportations (+13 %). Les trois sous-ensembles ont connu une situation favorable, qui peut être qualifiée de satisfaisante pour ce qui concerne l'industrie des biens d'équipement mécaniques et les services industriels du travail des métaux. Ces évolutions favorables de l'activité se sont accompagnées d'une augmentation de l'emploi, particulièrement dans les entreprises des services industriels du travail des métaux.

EVOLUTION DU SECTEUR DE LA MÉCANIQUE

 


Effectifs

1999/2000
(base 100 = 1999)

Chiffre d'affaires en millions d'euros

1999/2000
(base 100 = 1999)

Exportations en millions d'euros

1999/2000
(base 100 = 1999)

Equipement mécanique

337 500

103,1

55 800

110,5

20 330

112,2

Services industriels du travail des métaux

136 700

106

15 200

111

2 650

121,3

Produits métalliques

87 000

102,8

11 950

107

3 260

110,9

Total

561 200

103,8

82 950

110

26 240

113

Source : SESSI, ministère de l'industrie

1. Les biens d'équipement mécanique : une bonne année 2000

Le secteur des biens d'équipement mécanique (3.742 entreprises, 337.500 emplois) représente à lui seul plus des deux tiers de la mécanique et, de ce fait, fonde en grande partie les caractéristiques de la branche dans son ensemble.

Cet ensemble regroupe huit secteurs distincts, d'importance inégale :

LES BIENS D'ÉQUIPEMENT MÉCANIQUES

 

Effectifs

1999/2000
(base 100 = 1999)

Chiffre d'affaires en milliers d'euros

1999/2000
(base 100 = 1999)

Export en millions d'euros

1999/2000
(base 100 = 1999)

Construction métallique

33 190

108,8

4 830

115,7

430

88

Chaudronnerie

65 100

99

8 597

108,3

1 800

110

Equipements mécaniques

65 130

102,4

11 045

109,5

5 330

113

Machines usage général

86 070

106,7

14 720

113,8

5 280

120,1

Machines agricoles

17 220

97,8

3 500

100

1 020

103,7

Machines-outils

14 600

103,5

2 530

117,7

740

111,3

Machines usage spécifique

55 570

102,1

10 500

108,8

5 660

109,6

Armes et munitions

670

95

93

111,7

39

109,8

Total

337 500

103,1

55 800

110,5

20 330

112,2

Source : SESSI, ministère de l'industrie

L'exercice 2000 a été marqué par une progression significative de l'activité dans la plupart des secteurs, le machinisme agricole étant le seul à connaître une situation peu favorable. Après une année 1999 en demi-teinte (stabilité), les exportations sont en augmentation sensible, leur part dans la production atteignant 36,5 %, étant entendu que pour certains secteurs cette proportion approche ou dépasse les 50 % (machines, équipements mécaniques).

Au cours des premiers mois de l'année 2001, l'activité du secteur s'est maintenue à un niveau élevé. Dès le milieu de l'année, une dégradation limitée des prises de commandes était toutefois perceptible, en particulier sur les marchés extérieurs. On note ainsi un ralentissement au niveau européen, qui constitue le premier débouché du secteur (57 % des exportations).

Sur le marché intérieur, l'investissement des entreprises reste toujours ferme, même si certains projets ont été repoussés. La fin de l'année présente des incertitudes.

2. Les services industriels du travail des métaux : une majorité de PMI

Les services industriels du travail des métaux regroupent les secteurs de la forge-estampage-matriçage, le découpage-emboutissage, la métallurgie des poudres, du traitement et revêtement des métaux, du décolletage et de la mécanique générale. Il s'agit en général de « sous-traitants » dans le cadre de grandes filières industrielles : automobile, aéronautique, etc. De plus, ces entreprises sont généralement concentrées sur le marché national et sont donc très sensibles aux évolutions de la situation intérieure (les exportations, en progression continue, représentent encore moins de 18 % de l'activité). De petite taille, elles ont pour clients et pour fournisseurs de très grandes entreprises.

Cet ensemble est pour l'essentiel constitué de PMI (le chiffre d'affaires moyen est de 677.000 euros) : plus de 97 % des entreprises comptent moins de 250 personnes et 22 entreprises seulement emploient plus de 500 personnes. La forte présence de PMI explique en partie le niveau relativement faible des exportations, cependant en progression sensible pour représenter 17,4 % du total (12 % en 1993).

SECTEUR DES SERVICES INDUSTRIELS DU TRAVAIL DES MÉTAUX

Exercice

Nombre d'entreprises

Effectifs

Chiffre d'affaires en millions d'euros

2000

2247

136 727

2 320

1999

2228

126 228

2 064

1998

2186

125 115

1 990

(entreprises de plus de 20 personnes)

Source SESSI, ministère de l'industrie.

Depuis l'exercice 1993, marqué par des destructions d'emplois et une forte réduction de l'activité, ces secteurs ont renoué avec la croissance. Sur la période 1994 à 2000, les effectifs ont progressé de plus de 30 % et le chiffre d'affaires de près de 70 %. L'exercice 2000 se traduit par une nouvelle et forte progression du chiffre d'affaires , bien plus soutenue qu'en 1999 (+12,5 % contre 3,7 %). Cette croissance d'activité touche tous les sous-secteurs, mais à des degrés divers. Les entreprises du découpage-emboutissage, qui représentent près du tiers de l'ensemble ont connu une très forte progression de leur activité (+23 %) en raison d'une part de la bonne santé du marché de l'automobile en Europe, et d'autre part des effets de l'externalisation d'une partie de ces activités, encore très intégrées chez les constructeurs automobiles français. Par ailleurs, les secteurs du traitement et revêtement des métaux, du décolletage et de la métallurgie des poudres ont également connu une croissance à deux chiffres (+ 10 à + 15 %).

En 2001, la tendance à une inflexion dans le rythme de croissance de l'activité est observée depuis le début d'année, mais la situation relativement favorable du marché intérieur, et notamment du marché de l'automobile, qui constitue le principal débouché pour les entreprises du secteur, donne à prévoir, au total, une nouvelle progression de l'activité du secteur.

3. La fabrication de produits métalliques « tirée » par les exportations

La fabrication de produits métalliques rassemble quatorze sous-secteurs d'importance inégale, comportant notamment la coutellerie, la fabrication de serrures, la visserie boulonnerie et la fabrication de fils métalliques. Les entreprises de ces secteurs visent des marchés grand public (coutellerie, articles de ménage) ou industriels (ressorts et chaînes), voire les deux (boulonnerie, visserie). Les problèmes qu'elles rencontrent sont donc très divers. Elles sont en très grande majorité des PMI. En 2000, on ne compte en effet que 70 entreprises de plus de 250 emplois (8 % du total), qui assurent 45 % du chiffre d'affaires total du secteur et 56 % de ses exportations. En 2000, cet ensemble comptait 918 entreprises de plus de 20 personnes, employant 87.000 personnes et réalisant un chiffre d'affaires total de 11,947 milliards d'euros. Par rapport à 1999, le secteur affiche une croissance significative en ce qui concerne l'activité, le chiffre d'affaires progressant de 6,9 % (+2 % en 1999), et une progression s'agissant de l'emploi (+2.400 emplois). Après la stagnation observée en 1999, les exportations affichent une progression sensible (+11 % sur 99) et retrouvent un dynamisme qui jusqu'en 1998 avait largement contribué à la croissance du secteur. A l'inverse, le marché intérieur ne progresse quant à lui que de 1,8 %, affichant ainsi une performance moindre que celle de 1999 (+6,3 % sur 1998).

D. LA SIDÉRURGIE FRANÇAISE FACE À L'OFFENSIVE AMÉRICAINE

1. Les conséquences encore palpables de la crise asiatique

La globalisation du marché de l'acier et la concurrence internationale sur ce marché se sont sensiblement accélérées depuis le début des années 1990. Indépendamment des échanges physiques, les prix sont devenus mondiaux. Les acheteurs connaissent le prix sur tous les marchés et imposent le cours le plus bas : le marché est totalement globalisé.

En 2000, la consommation d'acier a crû de 8 % et la production de 7,4 %. En terme de volume, le commerce mondial d'acier a été très soutenu, avec une croissance des échanges de l'ordre de 12 %, à hauteur de 208 millions de tonnes. Pour la zone OCDE, les exportations nettes (exportations moins importations), de 4,2 millions de tonnes en 1999, sont passées à 0,4 millions de tonnes en 2000, principalement sous l'effet d'une hausse significative des importations, de 16,2 % (soit 15 millions de tonnes) en 2000, à hauteur de 110 millions de tonnes. Les exportations de la zone CEI 6( * ) ont continué à croître à hauteur de 46 millions de tonnes, soit une hausse de 7,8 %. La Chine connaît toujours une forte croissance de ses importations, avec une hausse de 22,5 % en 2000, poussées par une demande intérieure toujours très solide. Dans les autres régions d'Asie, les exportations poursuivent leur croissance (+3,5 %), alors que dans le même temps, les importations se rétablissent avec une croissance de +8,2 %.

La crise asiatique de 1998 a mis à mal les exportations de la zone OCDE dans ce secteur. En particulier, pour l'Europe des quinze, cela s'est traduit par une baisse importante des exportations nettes depuis 1997 (les exportations nettes reculent de plus de 10 millions de tonnes si l'on compare les niveaux avant et après crise). Celles-ci sont négatives en 1999 (-0,8 millions de tonnes) et à peine équilibrées en 2000. Il n'y a donc pas de retour à la situation antérieure à la crise pour l'Union Européenne, et de façon plus large, pour l'OCDE.

Pour résumer, les exportations de l'Union Européenne ne retrouvent pas leur niveau d'avant la crise. Alors qu'elle était exportatrice nette, la zone bénéficie d'un solde à peine équilibré de ses échanges. La zone OCDE est devenue faiblement exportatrice nette (0,4 millions de tonnes en 2000). L'Amérique du Nord consomme plus qu'elle ne produit et ses importations, encore élevées, sont en repli par rapport à l'année 1998, résultat d'une politique commerciale constante visant à les limiter. La zone Asie Pacifique connaît une reprise de sa consommation d'acier mais à un rythme moins rapide qu'auparavant.

2. La sidérurgie française

Les tableaux ci-après résument les données essentielles de l'industrie sidérurgique française, en terme de production et de marché :

CHIFFRES CLES DE L'INDUSTRIE SIDERURGIQUE FRANCAISE EN 2000

Production : acier brut

produits finis laminés

21 millions de tonnes

18,9 millions de tonnes

Part de la production issue de la filière électrique

40,3 %

Part des produits issus de la coulée continue

95,0 %

Livraisons de produits sidérurgiques (hors relaminage France)

dont : produits finis (hors relaminage tous marchés)

20,9 %

19,6 %

Activité sidérurgique (périmètre CECA)

9,88 milliards d'euros

Commerce extérieur : exportations

importations

6,65 milliards d'euros

6,26 milliards d'euros

Consommation française de produits sidérurgiques

17,7millions de tonnes

Source : Ministère de l'industrie

MARCHE INTÉRIEUR (en milliers de tonnes) EN PRODUITS FINIS SIDÉRURGIQUES

 

1999

2000

Evolution en %

Livraison des usines françaises

Importations

8 196

9 642

8 338

10 722

+ 1,7

+ 11,2

Total

17 838

19 060

+ 6,9

Source : Ministère de l'industrie

MARCHES EXTÉRIEURS (en milliers de tonnes) EN PRODUITS SIDÉRURGIQUES *

EXPORTATIONS

1999

2000

Evolution en %

Pays de l'Union Européenne (15)

11 515

11 733

+ 1,9

Pays tiers dont :

Europe Occidentale

Europe Centrale et Orientale

Etats-Unis

Chine

Autres pays tiers

2 168

352

107

788

24

897

2 988

513

218

1 022

34

1 201

37,8

45,7

103,7

29,7

41,7

33,9

TOTAL

13 683

14 721

7,6

Source : Douanes et FFA

(*) Produits sidérurgiques = produits finis sidérurgiques + demi-produits pour relaminage.


Les chiffres figurant dans les tableaux ci dessus mettent en évidence non seulement le caractère ouvert du marché national des produits sidérurgiques, mais aussi la relativement bonne tenue des industries sidérurgiques françaises en terme de compétitivité sur le marché européen.

3. Vers un contentieux transatlantique sur l'acier ?

Aux Etats-Unis, des difficultés récentes de l'industrie sidérurgique américaine (depuis 1998, près de vingt sociétés du secteur de l'acier en faillite ont été placées sous protection du « chapitre 11 » sur les faillites) ont entraîné un durcissement de la politique commerciale . Parmi ces sociétés figurent le quatrième producteur américain. Plusieurs facteurs expliquent cette situation :

- le déclin de la filière, intégrée, de production de l'acier, qui n'est plus en mesure d'affronter la concurrence en raison de coûts de production trop élevés ;

- les niveaux de prix particulièrement bas sur le marché américain. Cette tendance a été largement favorisée par la bataille que se livrent et continuent à se livrer les producteurs américains, parfois uniquement soucieux d'utiliser leur outil de production ;

- une industrie sidérurgique qui a trop tardé à opérer les restructurations nécessaires. Ainsi, les 2/3 de la production d'acier aux Etats Unis sont assurés par 12 sociétés, alors qu'en Europe les 2/3 de l'acier brut sont élaborés par 6 sociétés. Ces quelques chiffres illustrent le retard américain.

Face à cette situation, le président américain a annoncé courant juin 2001 sa décision d'engager une série d'actions afin de résoudre les difficultés que connaît l'industrie américaine de l'acier.

A ce titre, une demande d'ouverture de procédure au titre de la « clause de sauvegarde » du droit américain a été formulée et va conduire à ce qu' une liste de produits fasse l'objet d'une enquête , dont le champ est très large et couvre toute la gamme des produits : aciers plats et longs, aciers inoxydables et aciers spéciaux. L'investigation s'étend à l'ensemble des pays producteurs dont les produits sont importés aux Etats Unis. Rappelons que le niveau des importations aux USA est de 38 millions de tonnes, dont 5 millions de tonnes de productions originaires d'Europe.

D'éventuelles mesures américaines durcissant les conditions d'importation dans ce pays ne manqueraient pas d'avoir des conséquences pour l'industrie européenne. Non seulement elles pourraient affecter les produits exportés par les Européens vers les USA, mais elles provoqueraient un afflux sur le marché européen de produits n'ayant pu se placer aux Etats Unis.

Votre commission est préoccupée par l'ouverture de cette procédure : d'éventuelles mesures unilatérales de l'administration américaine dans ce domaine ne manqueraient pas d'avoir des conséquences néfastes pour l'industrie sidérurgique européenne.

E. L'INDUSTRIE AUTOMOBILE : VERS UN RETOURNEMENT DE CYCLE ?

1. La construction automobile : un puissant moteur de l'économie française

L'industrie automobile est un secteur majeur de l'économie française. Après deux années exceptionnelles, le marché automobile français, malgré une conjoncture économique moins favorable, continue sa progression. Sur les 8 premiers mois de 2001, l'augmentation des immatriculations de voitures particulières est de 6,1 % . Malgré les attentats, les perspectives restent bonnes et devraient permettre d'atteindre le seuil des 2,2 millions d'unités sur l'année. Ces bonnes performances s'expliquent par l'attrait des nouveaux modèles, français et étrangers, auprès des consommateurs, la montée en gamme des équipements, la progression des ventes destinées aux entreprises et l'apparition de nouvelles offres de location des constructeurs avec option d'achat, maintenance et assurance. Dans un marché désormais dominé par le diesel, le taux de pénétration des constructeurs nationaux ne cesse d'augmenter, pour atteindre plus de 60 % du marché français .

Le secteur de la construction automobile emploie en France, directement, plus de 150.000 personnes et génère un chiffre d'affaires de 92 milliards d'euros , soit 15 % du chiffre d'affaires industriel total . L'activité est toujours dynamisée par la forte croissance des exportations qui concernent actuellement plus de 7 véhicules sur 10. Elles sont réalisées pour 83 % vers l'Europe, où près d'une voiture sur quatre est de marque française. La stratégie des constructeurs nationaux se caractérise également par une forte présence hors de la zone Europe, à l'image de l'accord conclu entre Renault et Nissan et des implantations de sites industriels en Amérique du Sud.

Pour améliorer encore leur productivité et leur compétitivité, les industriels français font depuis des années des efforts importants d'adaptation tant au niveau du personnel qu'à celui de l'outil industriel : en 2000, leurs investissements ont été supérieurs à 4 milliards d'euros.

En France, on dénombre 27,5 millions de voitures particulières. La consommation automobile des ménages a évolué ces dix dernières années et s'est recomposée au profit des dépenses d'entretien et au détriment des coûts d'achat, comme l'indique le tableau ci-après :

EVOLUTION DE LA CONSOMMATION AUTOMOBILE DES MÉNAGES

 

1990

2000

 

En milliards d'euros

Achats de véhicules neufs

22,3

21,2

Achats de véhicules d'occasion

4,0

7,1

Dépenses pièces détachées et accessoires

12,8

19,4

Dépenses, entretien et réparation

11,1

14,8

 

En milliers d'euros

Consommation automobile par ménage motorisé

4 721

5 376

Source : INSEE

L'industrie automobile fait appel à une chaîne élargie de fournisseurs , pour un montant total de facturations s'élevant à 49,5 milliards d'euros en 2000, répartis comme suit :

Information navigation
(et auto-radios)
0,3 milliard d'€


Plasturgie

4,0 milliards d'€

Caoutchouc industriel
1,6 milliard d'€

Constructeurs

automobiles

Équipements constructeurs

11,0 milliards d'€

Équipementiers

19,7 milliards d'€

Métal
6,3 milliards d'€

Roulements
0,6 milliard d'€

Fonderie
1,6 milliard d'€

Pneumatiques
3,6 milliards d'€

Verre
0,4 milliard d'€

Batteries
0,4 milliard d'€

Source : Ministère de l'industrie, SESSI.

2. Les équipementiers face à une baisse de rentabilité

En 2000, le secteur des équipementiers automobiles a atteint un chiffre d'affaires record dépassant les 20 milliards d'euros, soit 20 % du chiffre d'affaires de l'industrie automobile. Il se compose de 304 entreprises, dont 238 PMI. Ce secteur se caractérise par une forte concentration, les entreprises de plus de 500 salariés réalisant près de trois quart du chiffre d'affaires du secteur.

Tous les grands équipementiers mondiaux sont présents sur le territoire national. Les filiales françaises de groupes étrangers concourent à hauteur des deux tiers du chiffre d'affaires du secteur et à près du quart des exportations du secteur. Dans l'industrie française d'équipement automobile, un salarié sur quatre travaille dans une filiale détenue par un groupe américain. Les équipementiers allemands constituent le deuxième pôle étranger et contribuent à plus de 20 % aux exportations totales du secteur.

Les effectifs de ce secteur s'établissent à près de 134.000 salariés . Depuis ces cinq dernières années, les entreprises ont réalisé des investissements importants pour augmenter leurs capacités de production, mais aussi pour créer de nouveaux sites industriels. Largement tourné vers les marchés extérieurs, ce secteur a un taux d'exportation de 41,5 % qui se rapproche de celui de la construction automobile.

Dans un contexte de pression sur les prix demandée par les constructeurs, la rentabilité des équipementiers est en baisse. Le taux de marge s'érode pour atteindre 28,6 % en 1999, alors que celui des constructeurs est en progression (45 % en 1999). Pour la première fois de la décennie, en 2000, le résultat net comptable de la profession devient négatif.

F. LES SECTEURS ÉLECTRIQUE ET ÉLECTRONIQUE FRAPPÉS PAR LE RALENTISSEMENT ÉCONOMIQUE

1. Un secteur électrique fortement internationalisé

Le secteur industriel électrique en France est représenté par près de 200 entreprises qui ont réalisé en 2000 un chiffre d'affaires proche de 9,3 milliards d'euros (+8,9 %) et exporté, en outre, 6,9 milliards d'euros, en croissance de 8,9 % par rapport à 1999. Ces entreprises opèrent essentiellement dans les secteurs de l'électrification (équipements des réseaux publics et privés d'électricité), des constituants électriques industriels et des automatismes .

Ce secteur est un des principaux acteurs de la filière électrique et énergétique française, avec les opérateurs (EDF-GDF), les constructeurs de matériels de production d'énergie (turbines, moteurs thermiques, compresseurs...), les câbliers et les installateurs. Les entreprises du secteur emploient 61.000 personnes en France et 193.000 dans le monde . Le secteur électrique français occupe le 4 ème rang mondial , après les Etats-Unis, le Japon et l'Allemagne, et représente 8 % du commerce mondial.

Ce secteur a connu une internationalisation à un rythme très soutenu depuis plus de 10 ans. Cette politique a été engagée par pratiquement toutes les entreprises françaises du secteur, à partir du double constat de la saturation progressive et de l'ouverture croissante du marché français et de l'existence d'un très fort potentiel sur les marchés des pays en voie d'industrialisation .

Cette politique s'est appuyée sur deux axes stratégiques :

- les exportations directes à partir des usines françaises, de plus de 80 % de la production nationale en 2000 (moins de 50 % en 1992) ;

- la production à partir d'unités industrielles à l'étranger , ces implantations ayant été fréquemment réalisées par le biais d'acquisitions externes. Dans ces métiers, dont les produits sont très techniques et essentiels à l'activité économique d'un pays, la présence locale et la proximité technique du client sont des facteurs essentiels de réussite. En 2000, les entreprises françaises emploient 2 personnes à l'étranger pour une personne en France , alors que la proportion, était de 1 pour 1 en 1992. Le chiffre d'affaires réalisé dans le monde par les entreprises françaises est de 27 milliards d'euros.

Ces succès à l'international s'expliquent notamment par la forte compétitivité, technique et économique, des produits français, ainsi que par l'existence de quelques groupes de taille mondiale (SCHNEIDER, ALSTOM) moteurs de l'internationalisation de l'ensemble du secteur.

L'opération de fusion annoncée entre SCHNEIDER et LEGRAND ayant été interdite par la Commission Européenne, au vu des critères européens de la concurrence, il pourrait en résulter une séparation des activités de réseaux (ex-CEGELEC) du groupe ALSTOM (cession au personnel).

2. Le secteur électronique en récession

Le secteur des NTIC (nouvelles technologies de l'information et de la communication) a connu entre 1998 et 2000 un contexte de marché particulièrement porteur puisque la croissance annuelle moyenne du secteur électronique a été durant ces trois années de l'ordre de 12 % . Jusqu'en 2000, la reprise de l'investissement informatique des entreprises, conjuguée à la mise en oeuvre de l'Euro et aux efforts accomplis pour faire face au problème de l'an 2000, ont constitué de puissants facteurs de développement de ce marché. Parallèlement, l'intérêt croissant des Français pour ces nouvelles technologies a joué un rôle moteur dans la dynamique de ce marché.

Durant le premier semestre 2001, la croissance du marché des technologies de l'information et des communications a été nettement moins soutenue. Deux secteurs ont été particulièrement affectés par ce ralentissement : le secteur du matériel informatique et celui de la téléphonie mobile.

Dans le secteur du matériel informatique , les ventes mondiales ont, pour la première fois depuis 15 ans, reculé au deuxième trimestre 2001. C'est sur le marché américain que ce ralentissement est le plus important, du fait notamment de la baisse des investissements des entreprises, et d'une relative saturation du taux d'équipement des ménages (60 % des ménages équipés). Le marché européen du matériel informatique est également affecté mais dans une proportion moindre. En France, la demande reste encore soutenue non seulement pour le matériel informatique mais aussi pour les services et les périphériques.

Dans le secteur des télécommunications , c'est dans le segment de la téléphonie mobile, et plus particulièrement des terminaux, que le ralentissement est le plus net. Ce marché est aujourd'hui moins dynamique, notamment en Europe, du fait d'une relative saturation de l'équipement des ménages. Cette situation a entraîné une crise de surproduction dans le secteur qui s'est traduite par des restructurations chez les principaux constructeurs.

Cette tendance générale devrait se poursuivre au cours des mois à venir, ces secteurs industriels étant les plus concernés par le retournement du cycle . Les services, notamment de télécommunications ou encore ceux liés au développement de l'Internet, demeurent orientés à la hausse.

En France, on estime que 30 % 7( * ) des ménages étaient équipés d'un micro ordinateur en 2000 contre 18,5 % en 1997. En matière de télécommunications, les changements sont encore plus rapides puisque au 30 juin 2001, 55,1 % 8( * ) des français disposaient d'un téléphone mobile. Par ailleurs, la diffusion d'Internet s'est poursuivie. A la fin de l'année 2000, il y avait, selon la définition de l'internaute adoptée, entre 6,8 et 11 millions 9( * ) d'internautes. Dans les entreprises, notamment les plus petites, le taux de connexion à Internet a également fortement augmenté ; 73 % 10( * ) des PME de 6 à 200 salariés avaient, en 2000, au moins un accès à Internet contre seulement 27 % en 1997.

Le secteur des semi-conducteurs , après une année 2000 en très forte croissance, plonge dans une crise sans précédent en 2001. Après les années de récession de 1996-1998, la croissance du marché mondial a atteint une croissance record de 36 % en 2000. Cependant, après cette année exceptionnelle, le marché connaît depuis le début 2001 une crise d'une brutalité et d'une ampleur sans précédent.

Les prévisionnistes ont revu leurs prévisions de croissance à la baisse depuis le début de l'année, pour atteindre le chiffre record de 30 % de décroissance du marché prévu pour 2001, chiffre qui peut encore se dégrader. La profession espère cependant que le troisième trimestre 2001 sera la plus mauvais et que la situation se stabilisera ensuite. La reprise n'est toutefois pas espérée avant au mieux le milieu 2002.

Cette crise est due à la conjonction d'au moins trois facteurs : la crise des télécommunications mobiles, la crise de l'informatique et l'« explosion » de la « bulle Internet ». Les ventes de téléphone mobiles seront cette année inférieures de 50 % aux prévisions de janvier ; le marché de l'informatique a pour la première fois une croissance mondiale nulle ; la bulle internet entraîne une crise financière importante, un ralentissement des investissements et une crise des équipementiers du secteur. Tout cela est aggravé par une accumulation de stocks en 2000, avec plus de 9 mois à résorber chez les équipementiers et les opérateurs (sur des produits dont la durée de vie prévue était souvent de moins de 2 ans).

L'ensemble du secteur des semi-conducteurs est touché : le taux d'occupation moyen mondial des unités de production est tombé à 70 % ; les investissements nouveaux ont été brutalement arrêtées ; les prises de commandes sont quasiment inexistantes ; les prix des mémoires et des microprocesseurs ont chuté fortement (-50 % à -60 %). Dans la microélectronique, seul le segment de l'électronique automobile poursuit sa croissance, d'environ 10 % par an.

Le secteur optoélectronique, qui a connu une croissance exceptionnelle en 2000 et a vu la création de nombreuses « start-ups », est également touché de plein fouet. Les opérateurs ont en effet fortement ralenti leurs investissements en réseaux optiques, pour deux raisons : les réseaux installés sont sous-utilisés, et la charge des licences UMTS, allégée récemment en France mais pas ailleurs en Europe, oblige à réduire fortement les investissements.

Une vague importante de restructurations et de plans sociaux est en cours à travers le monde. Malgré la fermeture envisagée de certains sites de production, la France est relativement peu touchée, comparativement aux autres pays (Etats-Unis, Canada, Angleterre, Allemagne, etc...). Cependant, si le marché continue à se dégrader, les sites français de production de semi-conducteurs souffriront également.



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