C. UNE CONJONCTURE ÉCONOMIQUE À NOUVEAU DIFFICILE

1. Des revenus agricoles 2008 en berne

Selon une estimation publiée le 12 novembre 2008 par le ministère de l'agriculture , les revenus des agriculteurs français devraient baisser de 8 à 15 % en 2008 .

Cette année marquera donc une rupture par rapport aux années précédentes , qui avaient vu le revenu net des agriculteurs progresser de plus de 34 % entre 2005 et 2007.

Cette hausse n'avait toutefois pas concerné toutes les exploitations . Elle avait été exceptionnelle pour les céréaliers , grâce à une très forte hausse des cours, et avait aussi permis une amélioration pour les viticulteurs et les producteurs laitiers . En revanche, 2007 a été défavorable pour les éleveurs bovins , ovins et porcins , ainsi que pour les producteurs de fruits et légumes , secteurs qui, cette année encore, devraient être les plus touchés par la baisse des revenus.

Le revenu des producteurs de grandes cultures (blé, maïs, tournesol, colza...), qui a atteint en 2007 un niveau historique, devrait enregistrer cette année un recul de 15 à 35 %.

En crise de 2004 à 2006, la viticulture a connu en 2007 une légère amélioration, même si demeurait une grande disparité selon les régions. Cependant, la récolte 2008 s'annonce très mauvaise et replonge le secteur dans la crise.

En 2008, les éleveurs laitiers enregistreront un revenu en hausse d'environ 10 %. Après avoir souffert de la quasi stagnation du prix du lait jusqu'en 2006, leur situation s'est améliorée en 2007, même si le prix du lait est à nouveau orienté à la baisse.

En horticulture et production de légumes , après une baisse de près de 50 % en 2007, le revenu 2008 devrait connaître une chute supérieure à 20 %. Les entreprises fruitières devraient aussi enregistrer une baisse des revenus supérieure à 10 %, après un repli de 20 % en 2007.

Mais ce sont les secteurs bovins et ovins qui connaissent la situation la plus difficile. Si les éleveurs bovins ont enregistré une hausse de leurs revenus en 2006 (+ 12 %), la forte hausse des coûts de l'alimentation animale à laquelle s'est ajoutée la baisse des prix des animaux a entraîné une baisse des revenus de 25 % en 2007. En 2008, l'épidémie de fièvre catarrhale ovine (FCO) a renforcé cette tendance, puisque les producteurs devraient enregistrer une nouvelle baisse de 20 à 30 % de leurs revenus.

Enfin, les éleveurs ovins ont vu leurs revenus chuter de 32 % en 2007, du fait du coût de l'alimentation animale notamment. En 2008, la baisse devrait être supérieure à 15 %.

2. Le plan gouvernemental de soutien à l'agriculture

Les mauvais résultats de l'agriculture en 2008, alliés à la reprise de l'épidémie de FCO et ses effets désastreux sur le troupeau français, ont poussé les pouvoirs publics à intervenir pour accompagner le monde agricole, d'abord ponctuellement auprès de filières spécifiques, puis de façon plus globale en annonçant un plan de soutien transversal.

Le ministre de l'agriculture et de la pêche, M. Michel Barnier, a ainsi présenté, le 12 novembre 2008, lors de la conférence sur les revenus agricoles, un plan d'urgence à l'agriculture mobilisant près de 250 millions d'euros (M€), dont 204 de fonds nationaux et européens.

LE PLAN GOUVERNEMENTAL DE SOUTIEN À L'AGRICULTURE (NOVEMBRE 2008)

Ce plan prévoit la ventilation de 250 M€ d'aide en quatre grands axes, complétée par une mesure non budgétisée.

->  50 M€ pour la consolidation du revenu des éleveurs ovins

Pour permettre à cette filière de se maintenir jusqu'à la réorientation des aides de la PAC, prévue en 2010, le revenu des éleveurs ovins sera consolidé par la mobilisation des aides communautaires (les droits à paiement unique, ou DPU) non utilisées, afin notamment de compenser les dommages économiques liés aux mesures de lutte sanitaire contre les épizooties.

Ces mesures sont financées pour moitiés par des crédits communautaires et par le budget national.

->  75 M€ pour l'amélioration de la trésorerie des exploitations agricoles

Le Gouvernement s'est engagé à alléger les charges financières et sociales 2009 des exploitations agricoles en difficulté, et plus particulièrement des éleveurs. L'Etat mobilise 60 M€ sur les mesures d'allégement des annuités 2009, auxquels s'ajouteront les efforts des banques qui se sont engagées sur des niveaux de taux.

En 2009, l'enveloppe de prise en charge des cotisations sociales sera triplée grâce à une dotation supplémentaire de 15 M€ de la part de l'Etat et d'un même montant de la part de la Mutualité sociale agricole (MSA).

La situation des exploitations en difficulté sera examinée au cas par cas par un comité départemental présidé par le préfet.

->  4 M€ consacrés à la reconduction de l'exonération des cotisations sociales pour les jeunes agriculteurs

Cette mesure concerne les jeunes agriculteurs dont l'exonération de cinq ans arrive à expiration en 2009.

->  75 M€ pour la réduction de la facture énergétique des exploitations agricoles

Le Gouvernement met en place trois mesures d'aide à la réduction de la facture énergétique :

- l'inscription dans la loi de finances rectificative pour 2008 de la reconduction du remboursement partiel de la taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers (TIPP) et de la taxe intérieure sur la consommation de gaz naturel (TIGCN) ;

- la réalisation de 100.000 diagnostics de performance énergétique d'ici 2013 ;

- des mesures d'aide à l'investissement permettant d'effectuer des économies d'énergie ou de produire de l'énergie utilisée à la ferme.

->  Enfin, la mise en place d'un observatoire des prix et des marges

Un comité de pilotage de l'observatoire des prix et des marges sera mis en place conjointement entre le MAP et le ministère de l'économie, de l'industrie et de l'emploi, associant les représentants de la production agricole, des industries agroalimentaires, des distributeurs et des consommateurs.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page