B. LE SECOND DEGRÉ : UN COLLÈGE À L'ARRÊT, DES LYCÉES RÉNOVÉS

1. Un collège dans l'angle mort

Le collège hérite des difficultés scolaires cristallisées durant la scolarité primaire sans les corriger le moins du monde, mais en les aggravant parfois. Il a également tendance à accroître les inégalités de performance selon le milieu social de l'élève. Mais, il est aussi vrai qu'il n'a jamais été une priorité ni stratégique, ni budgétaire de l'éducation nationale. Entre la modernisation de l'école primaire en amont et celle du lycée sous ses trois formes générale, technologique et professionnelle en aval, l'ambiguïté du positionnement du collège unique apparaît dans toute sa crudité. En effet, l'absence de réforme du collège actuel trahit une fois de plus les hésitations qui ont marqué son histoire depuis la loi Haby en 1975 : faut-il renforcer la continuité avec l'école ou bien faut-il préparer davantage l'entrée au lycée ?

Il ne serait pas tout à fait exact de dire sans autre forme de procès que c'est le modèle du « petit lycée » qui a triomphé, puisqu'en réalité, beaucoup de collégiens ne parviennent pas jusqu'au lycée, ne maîtrisent pas les compétences de base et décrochent. L'importance de l'orientation par défaut et par l'échec à la fin de la troisième dément cruellement la vocation du collège de servir de propédeutique du lycée. Et pour jouer sur les mots le collège servirait plus facilement de « petit lycée », s'il était d'abord une « grande école ».

La loi d'orientation de 2005 brise pour la première fois la logique antérieure en tentant de gommer la rupture entre l'école et le collège. Votre rapporteur a toujours considéré que le socle commun est l'instrument le mieux à même de préparer la construction d'un parcours continu du CP à la Troisième orienté par un objectif clair et précis. Même si toutes les conséquences pratiques n'en ont pas été tirées, la raison d'être du collège depuis 2005 est de parachever l'acquisition du socle commun engagée à l'école. Il est significatif que la direction générale de l'enseignement scolaire du ministère de l'éducation nationale se soit dotée en 2010 d'une sous-direction du socle commun, de la personnalisation des parcours et de l'orientation, qui envisage enfin comme un ensemble cohérent la scolarité de ses débuts jusqu'au brevet.

C'est dans l'éducation prioritaire, plus particulièrement dans les réseaux ambition-réussite qui font travailler en synergie des écoles et des collèges, que sont nées les premières tentatives d'adoucissement de la césure entre le primaire et le secondaire, qui est particulièrement exigeante pour les enfants. D'autres initiatives visant à trouver une solution de continuité entre le CM2 et la sixième ont été recensées par le HCE 15 ( * ) qui plaide pour la constitution d'une École du socle commun en lieu et place des structures actuelles : accueil des élèves du primaire dans leur futur collège pendant une demi-journée, échanges entre classes de CM2 et de sixième, harmonisation du vocabulaire dans certaines disciplines, élaboration de documents d'appui pour les enseignants...

Malheureusement, si le socle commun commence à bien s'acclimater dans le primaire depuis 2008, il n'est pas encore entré dans les moeurs du collège où les programmes et les pratiques des enseignants n'en ont subi aucune altération. Une relance pédagogique du collège passera nécessairement par l'installation en son coeur du socle commun et de la logique transversale d'acquisitions de compétences qu'il valorise au mépris des chapelles disciplinaires. Votre rapporteur souhaite que soit donnée une impulsion politique forte pour que la loi de 2005 trouve sa pleine traduction au collège.


* 15 HCE, Le collège, Rapport annuel de bilan des résultats de l'école, octobre 2010, p. 34.

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