2. Des efforts qui doivent aller au-delà de la simple dimension budgétaire

La politique de soutien à la création « vise à encourager la création contemporaine ainsi que sa diffusion dans toutes les formes de l'expression plastique telles que la peinture, la sculpture, les arts graphiques, la photographie, les métiers d'art, la mode, le design, les nouveaux média, avec un attention portée à la scène artistique émergente et aux projets novateurs ». Telle est la présentation faite dans le projet annuel de performances pour 2012 de la mission « Culture ». La problématique de la diffusion est donc un axe majeur de l'action de l'État. Or si le soutien à la création semble à peu près maintenu avec un budget d'acquisition du CNAP avoisinant les trois millions d'euros et des aides stabilisées (cf. annexe), il semble que la politique de diffusion des arts plastiques ne soit pas à la hauteur des moyens consacrés par l'État.

Votre rapporteure souhaite mettre l'analyse des crédits en perspective avec le constat dressé par M. Jean-Pierre Plancade dans son rapport 5 ( * ) d'information sur l'art d'aujourd'hui , adopté par votre commission le 18 octobre dernier. En effet, le ministère indique que l'action de l'État dans ce domaine repose essentiellement sur une politique de commandes et d'acquisitions d'oeuvres et sur un dispositif d'aides directes aux artistes et aux professionnels attribuées par les directions régionales des affaires culturelles (DRAC) ou le Centre national des arts plastiques (CNAP). Or le rapport d'information précité met en évidence les carences suivantes :

- la diffusion de la collection du CNAP est faible puisque sur 99 385 oeuvres inscrites dans les inventaires du Fonds national d'art contemporain (FNAC), seules 52 822 oeuvres sont déposées dans des structures culturelles (musées nationaux ou territoriaux, etc.). C'est donc seulement un peu plus de la moitié des oeuvres qui circule sur le territoire . Difficulté des prêts, coûts croissants des réserves pour une bonne conservation, etc. : on peut donc s'interroger sur l'accès du plus grand nombre à la culture et sur la pertinence d'une stratégie de développement de la collection publique d'art contemporain qui n'est pas accompagnée d'une politique de diffusion plus efficace ;

- tous les témoignages abondent dans le même sens en ce qui concerne les FRAC. Or, si des crédits 6 ( * ) sont destinés aux FRAC de nouvelle génération comportant systématiquement des espaces d'exposition et de médiation artistique, dans le même temps l'indicateur 4.1 mesurant l'effort de diffusion territoriale est revu à la baisse. En effet, de 82 % de taux d'exposition hors les murs réalisés par les FRAC, l'objectif est abaissé à 70 % en 2011-2012, puis à 60 % en 2013. Diminuer de 22 points l'objectif de diffusion sous prétexte que 6 FRAC de seconde génération vont être inaugurées paraît regrettable compte tenu de la faiblesse de la politique de diffusion rappelée dans le rapport précité sur l'art d'aujourd'hui ;

- les crédits 7 ( * ) alloués aux établissements culturels comme le CNAC - Pompidou pour l'acquisition de nouvelles oeuvres ne cesse de diminuer, rendant difficile le développement d'une dynamique française. Ceci est d'autant plus pesant dans un contexte où le mécénat culturel connaît une chute depuis 2009 et que les débats budgétaires en cours laissent entrevoir une réforme fiscale qui lui serait préjudiciable. En outre la baisse de 5 % décidée en 2011 a contraint l'établissement à revoir à la baisse sa programmation culturelle.

Enfin, selon M. Bengio, directeur général adjoint de la région Rhône-Alpes, les structures culturelles telles que les centres d'art ou les FRAC ne jouent pas assez leur « rôle d'animateur culturel » par le biais d'une diffusion large auprès des citoyens. Selon lui, l'État devrait renforcer la médiation entre le plus grand nombre de personnes et l'art contemporain, ce qui passe notamment par l'éducation artistique dès le plus jeune âge. La médiation culturelle est un élément essentiel de la démocratisation culturelle car « montrer des oeuvres ne suffit pas » . Il faut accompagner les visiteurs pour leur donner les clés de l'appréhension de l'art d'aujourd'hui.


* 5 Rapport d'information n° 34 de M. Jean-Pierre Plancade « Agissons pour l'art d'aujourd'hui, expression vivante de notre société », 18 octobre 2011 (2011-2012).

* 6 9,27 millions d'euros en AE et 8,14 millions d'euros en CP. Sont concernés les FRAC Centre, Bretagne, Provence-Alpes-Côte d'Azur (2012), puis Nord-Pas-de-Calais, Franche-Comté et Aquitaine (2013-2014).

* 7 Ces crédits sont prévus dans le cadre du programme 175 « Patrimoines ».

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