B. ARTE-FRANCE : LA CHAÎNE « PREMIUM » DU SERVICE PUBLIC ?

1. Une stratégie éditoriale de qualité qui séduit un public de plus en plus large

Votre rapporteur pour avis ne peut que saluer les résultats de la chaîne franco-allemande qui connaît une progression de son audience tant en France qu'en Allemagne. Les objectifs du COM 2012-2016 sont donc respectés, Arte progresse dans un secteur en constante mutation, caractérisé par une concurrence accrue et des moyens budgétaires limités.

Les audiences se sont stabilisées en France à un niveau record de 2 % de part d'audience en 2014 et continuent leur progression en 2015 (2,2 % sur la période janvier-septembre 2015) . Au cours des quatre dernières années, l'audience d'Arte a augmenté de +47 % (de 1,5 % à 2,2 %). L'image de la chaîne s'améliore également puisqu'elle est perçue comme plus accessible sans transiger sur la qualité. Les valeurs fondamentales de la chaîne sont respectées : engagement pour la culture, soutien à la création européenne, attachement à la diversité des genres et des sensibilités artistiques. Le succès des séries d'Europe du Nord (« Real Humans », « Borgen ») ou françaises (« Ainsi soient-ils ») comme celui des documentaires ou de l'information permet de penser que l'équilibre du modèle a été trouvé et qu'il convient de le consolider.

Le développement du numérique doit pouvoir constituer un relais de croissance. Les résultats communiqués par la chaîne sont, à cet égard, encourageants : 13,4 millions de visites sur Internet par mois sur les huit premiers mois de 2015 (le double de 2011), un âge moyen de 45 ans sur Internet et de 35 ans sur les réseaux sociaux et une durée moyenne de visionnage de 11'34''. La stratégie éditoriale multi-supports porte ses fruits ainsi que le choix de développer une galaxie d'offres numériques (Arte+7, Concert, Créative, Future, Info, Cinéma). La chaîne estime que le numérique représente un relais de croissance important pour elle notamment grâce à la télévision de rattrapage (11,2 millions de vidéos Arte+7 vues en moyenne sur les 8 premiers mois 2015, soit le triple du niveau de 2011).

2. Des moyens qui demeurent limités

Alors même que sa dotation publique est en baisse (260,51 millions d'euros en 2014 contre 262,65 millions d'euros en 2013), Arte France a préservé au maximum ses investissements dans les programmes (130,8 millions d'euros soit une hausse de 1,1 million d'euros par rapport à 2013), grâce aux recettes complémentaires apportées par les activités commerciales, à ses efforts de gestion et à la mobilisation de son report à nouveau (fonds de roulement net disponible). La direction d'Arte France estime également que « les dépenses de fonctionnement modestes de l'entreprise ont été maîtrisées grâce à de réels efforts d'économies et à une politique d'appels d'offres efficace » .

La direction d'Arte France entend continuer à donner la priorité à ses investissements dans les programmes en 2016 afin de consolider la dynamique éditoriale favorable, de s'adapter au contexte de forte concurrence (offre linéaire et non linéaire, rattrapage, VoD et SVoD) qui fragmente les audiences et accroît les coûts de certains programmes et maintenir l'équilibre des apports de programmes avec Arte Deutschland. L'objectif stratégique à court terme est de revenir au niveau d'investissement dans les programmes réalisé en 2012 (133,1 millions d'euros) après trois années de tassement.

Pour 2016, le niveau de CAP prévu (264,3 millions d'euros HT soit 269,8 millions d'euros TTC) augmente de 2,5 millions d'euros soit +1 % . Compte tenu des économies prévues par l'arrêt de la diffusion en SD (-4 millions d'euros), il devrait permettre un niveau d'investissements dans les programmes de 132,7 millions d'euros proche de 2012. Au total, le budget d'Arte France s'établira en 2016 en équilibre emplois - ressources à 270,4 millions d'euros.

Votre rapporteur pour avis ne peut que saluer les performances d'Arte France dans un contexte marqué par une forte contrainte sur les moyens depuis 2012. Il regrette quelque peu, à cet égard, que le développement d'Arte France n'ait pas bénéficié d'un véritable soutien depuis 2012. On peut rappeler, à cet égard, que les objectifs de CAP fixés par le COM initial pour la période 2012-2016 n'ont pas été respectés ce qui se traduit par exemple pour 2016 par une moindre affectation de la CAP de 34,6 millions d'euros par rapport à l'objectif initial .

Les bons résultats d'Arte France justifient de préserver son modèle propre. Elle constitue aujourd'hui la véritable offre « Premium » du service public comme l'illustre la nette progression de son audience adossée à une qualité de ses contenus unanimement reconnue. C'est pourquoi votre rapporteur pour avis n'a pas proposé d'inclure Arte France dans le périmètre du regroupement des sociétés de l'audiovisuel public qu'il préconise, même s'il estime que les mutualisations entre Arte France et France Télévisions pourraient être développées.

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