II. UN HORIZON QUI S'ÉCLAIRCIT

On l'a dit, 1995 a vu naître une amorce de reprise dans le secteur aéronautique.

En outre, les prévisions des constructeurs pour les vingt prochaines années demeurent optimistes.

Elles reposent notamment sur l'hypothèse d'une croissance de l'économie mondiale à un taux annuel de plus de 3 % et sur une progression annuelle du trafic de plus de 5 %.

Cette évolution devrait, selon eux, se traduire d'ici 2015 par un besoin global supérieur à 15.000 appareils, soit un marché d'une valeur totale d'environ 5.600 milliards de francs.

C'est dans un contexte qui est arrivée une divine surprise au début du mois de novembre dernier : l'annonce de ce qui a été qualifié de « contrat du siècle », avec la commande d'Airbus par la compagnie américaine US Air, 6 e compagnie américaine, pour 12 milliards de dollars pour la commande ferme.

Airbus Industrie a ainsi enregistré l'un des plus gros contrats de toute l'histoire de l'aéronautique civile : un accord préliminaire avec cette compagnie, jusqu'ici client traditionnel de Boeing, portant sur la commande ferme de cent vingt biréacteurs moyen-courrier à couloir unique de la famille A 320 qui comprend, outre le modèle de base, l'A 321 (allongé) et l'A 319 (raccourci) dans une fourchette de 125 à 170 sièges, sur des distances jusqu'à 5.000 kilomètres. US Air prend, en outre, une option sur deux cent quatre-vingt appareils supplémentaires dans cette même gamme, dont cent vingt options reconfirmables.

Ce contrat consacre le succès du constructeur européen dans le moyen-courrier et il y a lieu de s'en réjouir.

Cependant, les prochaines batailles se livreront dans les programmes d'avions gros porteurs, pour lesquels Boeing a pris une avance certaine. Airbus prévoit qu'au cours des vingt prochaines années, ces appareils représenteront en valeur un tiers des dépenses effectuées par les compagnies pour l'acquisition d'avions neufs. Il est donc indispensable d'accélérer les projets à l'étude dans ce domaine, qu'il s'agisse de la version allongée de l'A 340 (l'A 340-600) qui pourrait être mise en service vers 2001 ou de l'A 3 XX, gros porteur de 500 places, dont le premier modèle pourrait être mis en service en 2003, alors que Boeing proposera dès 2001 un dérivé agrandi du B 747 (le B777).

Cet argument technique justifie d'ailleurs la décision de la direction d'Air France d'acquérir des Boeing 777. En outre, ce choix se justifie tant économiquement (la commande de la compagnie est équilibrée puisqu'elle porte à la fois sur des Airbus et des Boeing) et financièrement (Air France ayant contracté une dette auprès de Boeing pour retard de commande). Dans ces conditions, votre rapporteur pour avis estime que ce choix était le bon.

Par ailleurs, sachant que le marché asiatique sera le plus porteur dans les années à venir, on peut se féliciter du fait que le consortium Airbus-Industrie envisage de participer au projet sino-européen d'avion de 100 places, avec la Chine.

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