B. LA FORTE CROISSANCE DU MARCHÉ ILLÉGAL DES JEUX EN LIGNE

1. Un marché légal qui tend à plafonner mais dont l'impact économique est substantiel

L'offre légale actuelle de jeux et paris est restreinte en termes d'opérateurs puisque, outre les 197 casinos (fin 2008) et la dizaine de cercles de jeux autorisés, elle se limite au PMU et à la Française des jeux. Néanmoins sur le plan commercial, le réseau de distribution est très étoffé et l'offre s'est considérablement diversifiée depuis les années 1990, avec l'introduction de nombreux nouveaux jeux de grattage et de tirage dans une gamme tarifaire élargie, de nouveaux paris hippiques complexes et l'autorisation accordée (par un arrêté du 14 mai 2007) aux casinos et cercles de jeux de proposer des parties de poker Texas Hold'em et Omaha .

En outre, le monopole des paris hippiques et sportifs « en dur » a été étendu à l'offre en ligne par un décret du 17 février 2006. La Française des jeux détient également le monopole des loteries et jeux de tirage sur Internet . Les paris sportifs en ligne sont encore très marginaux dans son offre commerciale (0,43 % des mises en 2009, soit 43 millions d'euros) et ne proposent pas de fonctionnalité de paris en cours d'évènement (ou « live betting »), très prisée des parieurs et prévue par la grande majorité des sites illégaux. Ce désavantage compétitif devrait toutefois être compensé , lors de l'ouverture du marché, par une rapide courbe d'expérience et surtout par l'image « rassurante » et de sérieux véhiculée par le futur ancien monopole.

Si la consommation de jeux s'est révélée très dynamique jusqu'en 2007 avec une progression régulière des mises et des chiffres d'affaires, en particulier dans les casinos, la crise économique a eu un impact réel et s'est traduite par une forte baisse de la fréquentation et des mises dans les casinos : le produit brut des jeux a ainsi diminué de 8,5 % dans ces établissements sur l'exercice 2007/2008 pour revenir à 2,55 milliards d'euros, et la baisse devrait être comparable en 2008/2009.

De même, le chiffre d'affaires de la Française des jeux a diminué de 1,8 % en 2007 et de 1,1 % en 2008 (9,2 milliards d'euros), même s'il a de nouveau fortement progressé en 2009 ( cf . encadré infra ). En revanche celui du PMU est resté en augmentation, avec toutefois un fléchissement sensible d'une année sur l'autre : + 9,1 % en 2007 et + 4,7 % en 2008 (9,26 milliards d'euros de chiffres d'affaires et 2,18 milliards d'euros de produit brut des paris).

Les résultats commerciaux de la Française des jeux en 2009

Les mises enregistrées par la Française des jeux en 2009 se sont élevées à 9.997 millions d'euros (dont près de 200 millions d'euros de ventes additionnelles liées à trois vendredi 13), en progression de 8,6 % par rapport à 2008, ce qui en fait désormais la deuxième loterie mondiale derrière la loterie italienne.

Près de la moitié des Français ont joué , soit 28,2 millions de personnes dont 8,4 millions de joueurs réguliers, et ont misé en moyenne 6,7 euros par semaine. Le taux de retour aux joueurs a augmenté pour atteindre 63,1 % , dont 73,6 % pour les paris, et la société a ainsi reversé environ 800 millions d'euros, consacrant 113 nouveaux « millionnaires ». L'année 2009 a également été marquée par le gain record de 100 millions d'euros à Euro Millions , remporté le 18 septembre par un groupe de 15 joueurs, et un nouveau record de 19 millions d'euros au Loto le 2 mai.

Les mises sur les jeux de loteries ont atteint 9.214 millions d'euros et ont progressé de 7,5 % par rapport à 2008 , dont une hausse de 11,4 % pour le nouveau Loto et de 16,9 % pour les jeux de grattage (soit 1,8 milliard de tickets vendus). Certains jeux de tirage ont en revanche enregistré une diminution de leurs ventes (Euro Millions, Keno et Joker +), de même que le Rapido (- 5,3 %) en raison de l'interdiction de fumer et des mesures prises pour renforcer l'encadrement de ce jeu.

L'année 2009 a vu la fin du déploiement des 25.000 vérificateurs de reçus en libre-service et la signature d'un accord avec Sagem Sécurité pour la fourniture de terminaux de jeux de nouvelle génération dans l'objectif d'équiper la totalité du réseau d'ici à la fin 2013.

Enfin les ventes du canal multimédia ont progressé de 44 % pour atteindre 315 millions d'euros (dont moins de 14 % sur les paris sportifs) , soit 3,2 % des mises. Le site Fdjeux.com est le premier site de jeu grand public en France avec 935.000 joueurs actifs (soit 200.000 joueurs de plus qu'en 2008) et le premier site de jeu d'argent en terme de satisfaction des clients (source : baromètre Harris Interactive 2009).

Source : communiqué de presse de la Française des jeux du 8 janvier 2010

Malgré les aléas des deux dernières années, le secteur des jeux représente un poids économique important et est un élément déterminant de l'aménagement du territoire , au-delà des aspects liés à la fiscalité. Les points de vente de la Française des jeux et du PMU participent du maintien des cafés et bars dans les petites communes. Les casinos, dont l'offre de loisirs ne se limite pas aux jeux mais s'étend aux spectacles et à la restauration, contribuent fortement au tourisme local, parfois dans des communes de petite taille. Il reste qu'au-delà de l'impact conjoncturel de la crise, le secteur des casinos sera nécessairement affecté par la libéralisation encadrée des jeux en ligne et est soumis à un défi structurel de réforme de son modèle économique et de réduction progressive du nombre de ses établissements.

De même, la « filière cheval » représentait en 2008 68.700 emplois directs (dont 35.400 emplois agricoles), soit une croissance de 27 % en dix ans, et les 250 hippodromes de France (soit la moitié des hippodromes européens) sont un vecteur de convivialité, de rassemblement de la population locale et d'animation.

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