3. La difficulté de la croissance interne et externe

Le problème majeur pour les casinos est d'assurer leur croissance, qui ne peut s'effectuer que de deux manières : externe et/ou interne.

La croissance externe concerne davantage les groupes et ne peut se réaliser que par des achats de casinos, ou la création de nouveaux établissements. Or la création d'un nouveau casino représente un véritable « parcours du combattant » . Il est coûteux et aléatoire; les critères d'autorisation de la Commission supérieure de jeux et du ministère de l'intérieur sont draconiens, les lieux d'implantation intéressants sont déjà bien occupés, voir saturés.

De plus les cahiers des charges sont de plus en plus difficiles à négocier avec les communes, tant ces partenaires incontournables se montraient exigeants avant que les activités des casinos ne chancellent sous les coups de l'instauration du contrôle aux entrées, de l'interdiction du tabac et, surtout, de la concurrence des jeux en ligne.

Les demandes de création déposées à la Commission supérieure des jeux, qui analyse et donne ses avis au ministre de l'intérieur, n'ont au cours de ces dernières années abouti qu'à deux ou trois nouvelles autorisations par an . Les opérations les plus significatives ont donc été des opérations d'absorption et de concentration.

Si les casinos misent sur leur croissance interne , il leur faut obligatoirement augmenter le nombre de leurs machines à sous puisque la fréquentation des tables de jeux traditionnels périclite ou, dans le meilleur des cas, stagne, malgré les récentes tentatives de « mixages » des jeux dans des salles communes.

Les machines constituent donc quelques 61 % du chiffre d'affaires d'un établissement; l'apport des tables de jeux reste minime et n'offre pas de perspectives importantes de croissance, même si l'autorisation, récente, du Texas Hold'em Poker a permis, au moins au début, d'espérer un nouveau développement. D'où les demandes incessantes de dotations supplémentaires de ces « bandits manchots » (terme déjà anachronique puisque le levier qui a donné son surnom aux machines est depuis longtemps remplacé par des boutons) présentées à la Commission supérieure des jeux.

Celle-ci les accordait au compte-goutte, respectant scrupuleusement la feuille de route (non écrite) qui lui demandait, c'est très clair, de jouer dans ce secteur davantage le rôle d'un frein que d'un accélérateur. Néanmoins ladite commission ne donne, faut-il le rappeler, qu'un avis. Tel ministre s'était engagé à toujours suivre la CSJ et à respecter cette règle, comme c'est le cas actuellement. Tel autre, harcelé par les casinotiers mécontent des refus qui leur étaient opposés, a déjugé la Commission qui s'est sentie tout à fait bafouée.

Pour en finir, un récent texte réglementaire du ministère de l'intérieur a tranché en modifiant profondément le mode d'attribution des machines, qui est désormais automatique et directement lié au nombre de tables de jeux ouvertes et actives . Le gendarme gênait, on a donc supprimé le gendarme. La CSJ voit maintenant son rôle limité à l'examen des demandes de création, des modifications des jeux traditionnels, des casinos, à ses pouvoirs disciplinaires et à l'administration des cercles de jeux. En attendant sans doute d'être intégrée dans le nouveau Comité consultatif des jeux que prévoit le présent projet de loi et dont votre rapporteur a souhaité préciser la structure.

Le frein de la CSJ disparaît donc et il est remplacé par le frein que constitueront peut être les calculs de gestion de l'opérateur. Ceux-ci lui seront propres et n'engageront que sa seule responsabilité économique. On verra plus tard ce que vaut cette nouvelle logique. On peut cependant souhaiter que la France, d'une manière ou d'une autre, ne devienne pas laxiste dans le domaine des machines à sous .

Il est en tout cas clair que l'offre importante de jeux qu'apportent ces machines a besoin d'être cantonnée dans les casinos pour éviter les débordements observés dans certains pays européens, où l'on trouve de telles machines quasiment n'importe où sur la voie publique.

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