CHAPITRE II - LA SNCF DANS L'ATTENTE DE SON DESENDETTEMENT

Le contrat de plan proposé au cours de l'automne 1995 était celui de la dernière chance. Il n'y a plus de contrat de plan en vue, mais la réforme proposée par le gouvernement est toujours celle de la dernière chance. La SNCF est dans un état financier extrêmement critique. Un sauvetage est nécessaire. A défaut, même la garantie de passif que lui accorde l'État ne saurait sortir la SNCF d'un déclin irrémédiable et historique.

I. LE FLÉCHISSEMENT DE L'ACTIVITÉ DE LA SNCF

L'activité de la SNCF a connu en 1995 un nouveau fléchissement. La compagnie n'a pu maintenir l'évolution favorable de l'année 1994. La grève de l'automne 1995 a certes causé d'importantes pertes de trafic, mais l'observation de l'année entière montre un retournement de l'activité dès le deuxième trimestre, qui fait suite à cinq trimestres de vive reprise. Sans doute est-ce là l'effet d'un certain essoufflement de la reconquête commerciale, mais aussi le reflet de la dégradation de la conjoncture économique générale.

Une certaine rémanence du phénomène est observable dans la première moitié de l'année 1996. La SNCF tente de l'enrayer par de nouveaux -et visibles- efforts commerciaux.

A. LE TRAFIC VOYAGEURS

Le trafic voyageurs accuse une forte baisse en 1995, baisse que ne semble pas pouvoir compenser l'évolution des premiers mois de 1996.

Par-delà le mouvement de grève de la fin d'année 1995, on doit malheureusement constater qu'il s'agit là de la prolongation - certes accentuée d'une tendance apparue dès 1989.

Le trafic voyageurs de la SNCF

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

En milliards de voyageurs/kilomètres

64,03

63,74

62,37

62,23

58,61

58,93

55,56

55,00

En millions de voyageurs

839

842

863

854

823

806

741

734

*en rythme annuel au 30/6/96

Malgré son caractère incontestable, la reprise du trafic de l'année 1994 restait très fragile : elle était relativement faible, le trafic n'atteignant pas le niveau de 1992, et n'enrayait pas l'érosion de la clientèle, puisque le nombre global de voyageurs continuait de diminuer.

Cette évolution témoigne de la profondeur de la crise du transport ferroviaire de voyageurs en France, situation qui se retrouve dans toute l'Europe (avec des nuances par pays), et que ne peut expliquer seule la mauvaise situation économique des années quatre-vingt-dix (en témoignent les progrès du transport par route sur la période).

La grève de la fin de 1995 a joué un rôle non négligeable : le trafic a reculé de 4 %, alors que sans la grève, il aurait progressé de 3,5 %. Néanmoins, la hausse du premier semestre 1995 était de 6,3 %, ce qui montre que le trafic a recommencé à fléchir bien avant la grève.

Le fléchissement a touché le trafic dans toutes ses composantes, à l'exception une nouvelle fois des lignes à grande vitesse (+ 4,5 %) grâce à la première année pleine de service du TGV Eurostar et de la jonction Est en Île-de-France. Cette progression du TGV est uniquement imputable à cette augmentation de capacité, car les lignes existantes ont reculé : - 2,5 %pour le

TGV Atlantique ; - 2,9 %pour le TGV Sud-Est et - 4,2 %pour le TGV Nord Europe.

Évolution détaillée du trafic

(milliards de voyageurs/kilomètres

1994

1995

Grandes lignes hors TGV

21,58

19,00

TGV

20,51

21,43

Services régionaux hors Île-de-France

7,38

6,65

Île-de-France

9,48

8,48

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