B. L'IMPACT EN TERMES DE PÉNÉTRATION DES IMPORTATIONS ET D'EMPLOI

Dans les pays de l'OCDE, de fortes craintes sont suscitées par les menaces que fait peser sur l'emploi, d'une part, la substitution d'importations à certains produits des pays de l'OCDE et, d'autre part, le redéploiement des moyens de production, les employeurs cherchant à acquérir un avantage concurrentiel en délocalisant des installations dans des pays en développement à bas salaires et à faibles charges sociales. Dans les deux cas, le risque pour les travailleurs non qualifiés et faiblement rémunérés de voir leur emploi supprimé est particulièrement préoccupant.

Il est toutefois difficile de dissocier les suppressions d'emplois dues à l'augmentation des importations de celles qui sont imputables à d'autres facteurs, comme l'innovation technologique qui résulte de la concurrence interne. En outre, si l'on ne veut pas négliger les créations d'emplois induites par le développement des exportations dans les secteurs favorisés par l'ouverture de nouveaux débouchés à l'étranger, il convient de se placer dans la perspective d'une analyse d'équilibre général pour évaluer, dans l'ensemble de l'activité économique, les liens entre le commerce et l'emploi.

Des travaux de cette nature montrent (le Japon étant une exception, dans une certaine mesure), que le commerce entre les pays de l'OCDE prend essentiellement la forme d'échanges intrasectoriels, c'est-à-dire d'échanges de biens provenant des mêmes secteurs, et comporte de nombreux échanges intra-entreprises. Une étude récente de l'INSEE sur la mondialisation industrielle estime, en effet, que le tiers du commerce extérieur de la France s'effectue à l'intérieur des groupes multinationaux.

En revanche, une plus large part du commerce avec les pays en développement porte sur des biens produits par des secteurs différents. Ce type d'échanges risque d'entraîner des effets de déplacement d'emplois plus marqués, du fait que les pertes et les gains se produisent dans des branches différentes. En outre, les bouleversements structurels sont préjudiciables aux travailleurs non qualifiés, dans la mesure où les secteurs exigeant un faible niveau de qualification représentent une part de plus en plus modeste de l'emploi dans l'ensemble des industries manufacturières. Ainsi, les textiles, l'habillement et la chaussure ne représentent plus aujourd'hui que 6 à 10 % de l'emploi dans le secteur manufacturier.

On peut s'étonner de cette affirmation de l'OCDE selon laquelle les effets du commerce sur l'emploi industriel restent modestes. Il note cependant qu'ils risquent d'accentuer d'autres tendances dans le secteur des services où il y aurait une influence négative nette sur les salaires relatifs et sur les niveaux d'emploi.

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