2. Le règlement 1466/97 du 7 juillet 1997 : premier pilier du pacte de stabilité et de croissance

L'objet du règlement est, explicitement, de renforcer la surveillance des positions budgétaires ainsi la surveillance et la coordination des politiques économiques.

Les règles adoptées par le Conseil diffèrent selon la situation des Etats membres au regard de l'euro.

Pour ceux qui auront adopté l'euro , dénommés Etats membres participants, ils devront présenter au Conseil et à la Commission avant le 1 er mars 1999 puis, ensuite, chaque année, un programme de stabilité.

Le contenu du programme de stabilité
est précisé avec un certain souci de détail. Il doit fournir les informations suivantes :

l'objectif à moyen terme d'une position budgétaire proche de l'équilibre ou excédentaire ainsi que la trajectoire d'ajustement -les programmes doivent couvrir, outre l'année encours, au moins les trois années suivantes- qui doit conduire à la réalisation de cet objectif ;

les principales hypothèses et les principaux résultats de prévisions économiques sous-jacentes ;

la description des mesures budgétaires et économiques envisagées pour réaliser les objectifs du programme et un chiffrage de l'impact des mesures sur le budget ;

une analyse, sous forme de variante sans doute, des effets sur le budget et la dette publique d'un changement d'hypothèses économiques.

Il est prévu que les Etats membres rendent publics leurs programmes de stabilité.

C'est au Conseil de procéder à l'examen des programmes de stabilité.


Deux cas sont à distinguer. S'agissant des programmes initiaux, le Conseil les examine ; s'agissant de programmes actualisés, il peut les examiner.

En tout état de cause, il procède à son examen sur la base d'évaluations effectuées par la Commission et par le comité économique et financier qui succède, au début de la troisième phase, au comité monétaire institué à l'article 109C du traité.

Les objectifs poursuivis, lors de l'examen par le Conseil des programmes de stabilité, sont précisés . Il s'agit d'abord d'apprécier si l'objectif budgétaire à moyen terme offre une marge de sécurité pour prévenir l'apparition d'un déficit excessif et, si, compte tenu des hypothèses économiques sous-jacentes et des mesures budgétaires mises en oeuvre ou envisagées, l'objectif budgétaire est réaliste. Il s'agit, en outre, d'apprécier si le contenu du programme favorise une coordination plus étroite des politiques économiques et s'il est conforme aux grandes orientations de politique économique recommandées par le Conseil.

Dans les deux mois de la présentation du programme de stabilité, le Conseil rend un avis dans lequel, le cas échéant, il invite l'Etat concerné à adapter son programme.

Le Conseil surveille l'exécution du programme de stabilité et s'il constate un dérapage de la position budgétaire par rapport à l'objectif du programme, il adresse une recommandation à l'Etat membre concerné l'invitant à prendre les mesures d'ajustement nécessaires.

Si le dérapage persiste, le Conseil adresse une recommandation l'invitant à prendre rapidement des mesures correctrices.

Le Conseil peut rendre publique sa recommandation.

On sera plus bref pour décrire les obligations imposées aux Etats membres non participants , ceux qui n'auront pas adopté l'euro. Ils doivent présenter des programmes de convergence . Ces programmes sont identiques aux programmes de stabilité sauf sur un point. Ils doivent, en effet, présenter les objectifs à moyen terme de la politique monétaire et les relations entre ces objectifs et la stabilité des prix et des taux de change.

De la même manière, la procédure, les finalités et les sanctions de l'examen des programmes de convergence sont identiques à ce qu'elles sont pour les programmes de stabilité excepté sur un point, lui aussi relatif aux questions monétaires. Le Conseil doit suivre les politiques économiques des Etats membres afin de s'assurer qu'elles évitent les distorsions des taux de change réels et les fluctuations excessives des taux de change nominaux.

Engagement européen et affichage national, un hiatus récent :
le partage de la valeur ajoutée

On ne compte pas les déclarations du gouvernement issu de la nouvelle majorité sur les méfaits d'un partage de la valeur ajoutée supposé défavorable aux salariés. Par exemple, le rapport économique, social et financier associé au projet de loi de finances pour 1998 dénonçait "un partage de la valeur ajoutée préjudiciable à la consommation et à l'emploi". Il y était dénoncé la relative faiblesse de la part revenant aux salaires.

C'est dans ces conditions une profonde perplexité qui saisit le lecteur attentif de la recommandation du Conseil du 7 juillet 1997 concernant les grandes orientations des politiques économiques des Etats membres de la Communauté à laquelle s'est associé le nouveau gouvernement français. Elle précise en effet que le dosage souhaitable des politiques économiques en Europe doit comprendre "une évolution (...) des salaires réels (...) inférieure à la hausse de la productivité afin de renforcer la rentabilité des investissements créateurs d'emplois" .

En clair, notre engagement européen est radicalement à l'opposé des déclarations nationales.

Les programmes économiques de moyen terme de chaque Etat membre sont issus des gouvernements. Les premiers programmes devront être notifiés avant le 1er mars 1999, les programmes devant ensuite être révisés chaque année. Compte tenu de leur objet, ces programmes s'apparenteront beaucoup à des "budgets économiques" prolongés et enrichis ne serait-ce qu'en raison de l'existence dans leurs corps de variantes et d'évaluations spécifiques.

Il serait donc souhaitable que le calendrier d'élaboration de ces programmes puisse être compatible avec leur transmission au Parlement dans le cadre du rapport économique et financier produit chaque année à l'appui de la loi de finances. L'article 163 de l'ordonnance n° 58-1374 du 30 décembre 1958 devrait être modifié sur ce point.

Enfin, les recommandations adressées aux Etats membres sont issues des organes communautaires sans qu'a priori soit ménagée une association en amont des gouvernements. Ces éventuelles recommandations doivent être transmises aux commissions compétentes du Parlement.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page