CHAPITRE VII

LES ARTICLES RATTACHÉS

A. L'ARTICLE 80 : LE RECENTRAGE DES PRIMES D'APPRENTISSAGE

Depuis la loi du 27 juillet 1993 relative au développement de l'apprentissage existent des aides forfaitaires au profit des employeurs qui embauchent des jeunes, notamment dans le cadre de contrats d'apprentissage. Par ailleurs, la loi du 6 mai 1996 portant réforme du financement de l'apprentissage a mis en place une indemnité compensatrice à l'embauche de 6.000 francs et une aide à la formation versée à l'issue de chaque année du cycle de formation.

L'article 80 du présent projet de loi prévoit de recentrer à compter du 1er janvier 1999 les primes à l'embauche s'agissant des contrats d'apprentissage sur les jeunes qui ont le plus de difficulté à accéder au marché du travail 13( * ) . Les niveaux de qualification donnant droit au versement de cette prime à l'embauche sont désormais les niveaux V (niveau BEP et CAP), V bis et VI (non qualifiés). Cela exclura de ce dispositif près du quart des apprentis soit 50.000 jeunes. Cette disposition permet au gouvernement de réaliser une économie budgétaire pour 1999 d'un montant de 60 millions de francs dans un secteur, celui de la formation en alternance déjà touché par de telles économies. Cela ne peut être accepté par votre commission qui vous proposera en conséquence d'adopter un amendement de suppression de cet article.

Cette position est d'ailleurs partagée par le rapporteur spécial de l'Assemblée nationale pour les crédits de la formation professionnelle : " L'apprentissage est un maillon essentiel de notre dispositif de formation professionnelle. Il pourrait être possible de trouver ailleurs le financement nécessaire aux actions menées par le gouvernement ".

Il relève également que " le recentrage proposé s'assimile à une diminution pure et simple d'une partie de l'incitation à l'embauche d'apprentis. Ce n'est pas une opération de recentrage ou de redéploiement, mais une mesure d'économie budgétaire. Elle diminue les avantages de certaines catégories d'apprentis et ne prévoit aucune mesure d'amélioration de la situation des autres catégories d'apprentis. Globalement, le dispositif de l'apprentissage perd donc en pouvoir attractif ".

En outre, votre rapporteur s'étonne de ce que le gouvernement, qui a déjà réalisé près de 11 milliards de francs d'économies sur ce budget, aux dépens notamment des dispositifs de préretraite, s'en prenne ainsi au financement de l'apprentissage pour un gain budgétaire faible, au risque de perturber le bon fonctionnement de l'ensemble de la filière de formation professionnelle.

Cette mesure lui semble donc inopportune.

On doit également relever que, lors de l'examen de cet article à l'Assemblée nationale, le gouvernement s'est opposé à l'adoption de l'amendement présenté par la commission des finances qui constituait, pourtant, une solution de compromis, permettant au moins de maintenir, dans des conditions certes discutables le financement pour 1999 de ces primes. En effet, le recentrage de cette aide était compensé par un prélèvement de même hauteur sur les excédents de trésorerie de l'AGEFAL.

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