6. Auditions de MM. Jean Quiot, Michel Prugue et André Valadier, Présidents des comités sectoriels de l'Institut national des appellations d'origine (INAO)

Puis la commission a procédé à l'audition de MM. André Valadier, Jean Quiot et Michel Prugue, présidents de comités sectoriels de l'Institut national des appellations d'origine (INAO).

M. André Valadier, président du comité national des produits laitiers, a, tout d'abord, rappelé que l'INAO se fondait sur des critères humains et naturels pour assurer la valorisation des produits.

Evoquant la mise en place des indications géographiques protégées (IGP) comme signe autonome d'identification, il a insisté sur la nécessité de ne pas " plaquer " ce nouveau signe sur les sigles existants, afin d'éviter toute confusion, tout en soulignant le rôle que l'INAO pourrait jouer dans l'organisation et l'utilisation des IGP, grâce à la création d'un quatrième collège en son sein. Puis il a évoqué la nécessité de poursuivre avec les interprofessions une démarche partenariale en matière de gestion des enseignes, de préservation des intérêts des producteurs et des transformateurs, et de définition des produits. M. André Valadier, président du comité national des produits laitiers, a ensuite précisé que les produits biologiques n'étaient susceptibles de recevoir une AOC que s'ils remplissaient des conditions spécifiques que supposait la délivrance de cette appellation. Il a en outre indiqué qu'en matière d'étiquetage, l'INAO recherchait un maximum de transparence sur l'origine et l'identité des produits. Il s'est enfin dit préoccupé par les risques de confusion en matière de logos.

Evoquant à son tour les IGP, M. Jean Quiot, président du comité des vins et eaux-de-vie, a observé que les viticulteurs, sans être directement concernés par ces indications, seraient spécialement attentifs à la prise en compte de la plus-value issue de l'aménagement rural.

Il a déclaré que les problèmes relatifs au rôle et à la place des interprofessions suscitaient des inquiétudes et considéré que le morcellement de celles-ci, possible en raison de la multiplication des filières " biologiques ", n'était pas souhaitable.

Il a, en outre, souligné la nécessité de renforcer le rôle des syndicats, notamment dans la définition des conditions de production et des rendements, et évoqué les discussions en cours au sujet de la mise en bouteille réalisée sur une même aire de production.

M. Michel Prugue, président du comité des produits agro-alimentaires, a ensuite évoqué le risque de fraude à l'utilisation des IGP. Il s'est déclaré soucieux d'un renforcement de la législation en la matière, afin de permettre aux producteurs de bénéficier de la valeur ajoutée née du nouveau dispositif, soulignant la capacité de l'INAO à gérer l'ensemble de ces dossiers. Il a souhaité que ces indications servent à créer de la valeur ajoutée agricole sur les terroirs auxquels elles s'appliqueraient.

En ce qui concerne les questions d'étiquetage, il a considéré que le nom et l'adresse des fabricants devaient figurer en clair sur les étiquettes apposées sur les produits.

Après avoir rappelé l'existence des labels de qualité, des certifications, des AOC et des labels relatifs à l'agriculture biologique, M. Michel Souplet, rapporteur, s'est déclaré préoccupé par la " prolifération des sigles " et par le risque de banalisation des produits qui pourrait en découler.

M. André Valadier, président du comité national des produits laitiers, lui a répondu qu'il partageait ses craintes et qu'il souhaitait que l'INAO participe, en conséquence, à la gestion des IGP. M. Michel Prugue a estimé, sur ce même sujet, qu'il était nécessaire de rechercher " le meilleur positionnement possible " pour éviter d'altérer les signes de qualité existants, en mettant en avant l'origine ou la qualité intrinsèque du produit, et sans utiliser de façon abusive les références géographiques.

A M. Michel Souplet, rapporteur, qui l'interrogeait sur la création de nouvelles filières " biologique " et " montagne ", M. Jean Quiot, président du comité des vins et eaux-de-vie, a répondu qu'il était souhaitable d'éviter d'une part les chevauchements de compétences entre l'INAO et les syndicats, et d'autre part, la multiplication des organismes interprofessionnels.

Après une observation du rapporteur qui évoquait le rôle des représentants des organisations agricoles dans les commissions chargées de gérer les fonds publics, M. André Valadier a observé que la préservation des produits constituait le meilleur gage de la défense des producteurs.

A une autre question du rapporteur sur les dispositions de l'article 43 bis du projet de loi relatives à la mise en bouteille, M. Jean Quiot a rappelé que le droit communautaire interdisait les pratiques déloyales vis-à-vis des embouteilleurs étrangers. Il a estimé que cette opération pouvait être considérée comme l'un des modes de production susceptibles d'améliorer la qualité du produit et, à ce titre, comme l'un des critères de délivrance des labels de qualité.

Puis M. Jean-Marc Pastor a évoqué les problèmes posés aux producteurs de produits " fermiers " par la prolifération des marques commerciales et souligné la nécessité de renforcer l'action promotionnelle en faveur de ces produits. M. André Valadier, président du comité national des produits laitiers, lui a répondu que l'INAO n'exerçait pas de responsabilité directe en matière de soutien promotionnel aux produits fermiers, hormis l'aide -indirecte- qu'elle apportait à ceux qui bénéficiaient d'une AOC. Il a considéré que la promotion des produits résultait avant tout de l'action coordonnée des filières et des interprofessions.

Evoquant, à son tour, la question des marques commerciales, M. Jean Quiot, président du comité des vins et eaux-de-vie, a observé que dans le secteur du vin, l'apparition des marques de distributeurs avait pour conséquence de priver les producteurs d'une partie de la plus-value qu'ils contribuaient à dégager, avant de souligner le rôle essentiel des interprofessions en matière de publicité.

M. Michel Prugue, président du comité des produits agro-alimentaires, a rappelé que le projet de loi renvoyait à un décret la définition des produits fermiers et a souhaité que l'INAO soit associé à la préparation de ce texte.

Répondant à M. Bernard Barraut qui soulignait les risques de confusion entre les volailles certifiées et celles bénéficiant d'un label, M. Michel Prugue a rappelé que des dispositions régissaient les volumes de production par exploitation et le mode d'élevage.

Après s'être déclaré favorable à une simplification des signes de qualité, M. Gérard César a souligné la part importante que l'interprofession devait prendre en ce qui concerne les décisions relatives à la mise en bouteille des vins. M. Jean Quiot a souligné que cette opération n'était possible que dans certains cas très précis, qu'il convenait de satisfaire les demandes issues des interprofessions et de faire preuve de pragmatisme.

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