M. Michel Charasse

LES PRINCIPALES OBSERVATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR SPÉCIAL SUR LA MISSION
« AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT »

1 - Stratégie et périmètre de l'aide au développement

- Avec une APD équivalente à 0,42 % du RNB (hors UNITAID et IFFIm) et après avoir été approché en 2006 (0,47 %), l'objectif de 0,50 % en 2007 n'a pu être tenu. A plus long terme, le respect de l'objectif de 0,7 %, reporté à 2015, devient hasardeux. Les CP de la mission APD sont en légère diminution mais les AE augmentent de 13,5 %. Cette évolution s'inscrit dans un contexte de baisse globale de l'APD internationale en 2006 , pour la première fois depuis 10 ans.

- Le nombre important de programmes (15, dont 3 comptes d'opérations financières) considérés dans le DPT comme contribuant à la politique française d'aide témoigne des limites de la LOLF dans l'amélioration de la lisibilité de l'action gouvernementale.

- Les crédits multilatéraux de promotion de la culture française et de la francophonie ne constituent pas réellement de l'APD et pourraient donc ne pas figurer dans le programme 209 « Solidarité à l'égard des pays en développement ». Ils auraient sans doute davantage vocation à rejoindre le programme 185 « Rayonnement culturel et scientifique » de la mission « Action extérieure de l'Etat ».

- Ainsi que votre rapporteur spécial l'a déjà relevé, les dons privés aux ONG humanitaires devraient être comptabilisés dans la dépense fiscale affectée à la mission APD, qui ne comprend que les déductions fiscales afférentes au compte-épargne codéveloppement. Cette dépense fiscale devrait également être comptabilisée par le CAD.

- Les dépenses d'intervention de l'action 1 du programme 110 « Aide économique et financière au développement » relatives au Fonds « sarcophage » de Tchernobyl (6,2 millions d'euros de CP), au Northern dimension environmental partnership (1,8 million d'euros) et au Compte pour la sûreté nucléaire (5 millions d'euros) ont trait à la dépollution et à la sécurité nucléaires et ne devraient donc pas figurer dans la mission , ainsi que l'a également préconisé le CIAP.

- La subvention octroyée par le MINEFE à l'ADETEF pourrait être rattachée au programme 218 « Conduite et pilotage des politiques économique et financière » de la mission « Budget, comptes publics et fonction publique », compte tenu du champ géographique de cet opérateur, principalement tourné vers les pays émergents.

2 - Présentation des documents budgétaires et outils de la performance

- Les 12 objectifs et 24 indicateurs du DPT donnent une image assez exhaustive et cohérente de la politique publique d'APD. L'indicateur 9.1 , anecdotique et dont la méthodologie est sujette à caution, devrait cependant être supprimé .

- Un réel effort de pilotage et de coordination de l'aide a été accompli ces deux dernières années, ce qui était absolument nécessaire compte tenu de la multitude d'intervenants. Les documents-cadres de partenariat ne sont cependant pas exempts d'ambiguïtés, et les partenariats public-privé (tel que l'Alliance pour le développpement) doivent être amplifiés.

- Le contenu du DPT a été enrichi et se révèle assez précis sur les mécanismes de coordination et sur le rôle de l'AFD. Certaines lacunes devraient cependant être corrigées : explications parcellaires sur certaines composantes importantes de l'aide (quote-part du prélèvement sur recettes au profit du budget européen), imprécisions dans la ventilation par instruments, contradiction apparente sur l'impact des annulations et refinancements de dette.

- Les informations du DPT sur l'écolage et l'aide aux réfugiés , qui représentent environ 15 % de l'aide (soit 1,3 milliard d'euros en 2008), sont toujours inexistantes et entretiennent un réel doute sur la légitimité de leur notification complète en APD, que l'absence de réponses au questionnaire budgétaire de votre rapporteur spécial ne peut lever.

- L'impact concret de la LOLF sur la gestion des SCAC progresse trop lentement . La mise en place d'un logiciel unique de programmation et de suivi des crédits, en remplacement des 4 applications actuelles, est particulièrement opportune et permettra d'améliorer la productivité.

- Dans son rapport d'audit, le CIAP a souligné « l'absence de rattachement lisible et direct des objectifs à la finalité même du programme » 110. La difficulté structurelle de la mesure de l'impact réel de l'APD sur le développement demeure néanmoins inévitable. La justification au premier euro a été enrichie, mais est trop imprécise sur la rémunération de l'AFD, le financement de l'IFFIm et les bonifications des prêts de l'AFD à l'outre-mer .

- Les estimations à moyen terme (2008-2010) de couverture des engagements sur le programme 110 laissent prévoir une couverture insuffisante qui ne pourrait être résorbée que par une hausse substantielle des CP et une diminution des nouvelles AE.

- La justification au premier euro du programme 209 est complète et précise. La structure des actions a été largement révisée , conformément aux recommandations du CIAP, et permet de beaucoup mieux identifier les grands axes du programme. L'ancienne action 4, véritable « fourre-tout », a ainsi été reventilée. Certaines cibles ont été relevées et un nouvel indicateur de la performance du FED a été très opportunément intégré ; il pourrait néanmoins être amélioré et complété par un indicateur analogue sur le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

3 - Effectifs, opérateurs et assistance technique

- Le plafond d'emplois de la mission, quasi intégralement imputé sur le programme 209, prévoit une réduction nette de 110 ETPT , conformément aux engagements pris dans le contrat de modernisation du MAEE. La DGCID , qui emploie 485 ETPT dont 333 sur le programme 209, a vocation à se recentrer davantage sur des fonctions de stratégie, de pilotage et de coordination , en tant qu'administration « de mission ».

- La réforme des opérateurs se poursuit et s'est traduite par de nombreuses mesures dans le cas de CulturesFrance. En revanche l'AFD n'est pas considérée comme un « opérateur LOLF » bien qu'elle soit dans les faits traitée comme telle. La négociation des conventions d'objectifs et de moyens avec les opérateurs du MAEE tend à s'étirer dans le temps.

- La situation financière du GIP FCI s'est améliorée et les perspectives d'autofinancement apparaissent réelles. Il ne joue cependant pas encore le rôle transversal auquel il a vocation ; le projet de lui transférer la gestion de l'assistance technique du MAEE est à cet égard pertinent.

- La subvention de fonctionnement à l'ADETEF se maintient à un niveau élevé (4,7 millions d'euros) alors que cet opérateur bénéficie d'une amélioration de ses ressources propres sur jumelages et appels d'offres. Cet opérateur ayant vocation à s'autofinancer, comme FCI dont le financement par le MAEE est en diminution, il est proposé de réduire cette subvention .

- Les dépenses prévisionnelles afférentes aux contentieux sont désormais budgétisées.

- La dotation du HCCI est reconduite (620.000 euros), mais cette instance n'apparaît pas indispensable et fait en partie double emploi avec l'AFD, qui a engagé un effort substantiel d'augmentation de sa production intellectuelle.

4 - Agence française de développement

- La situation financière de l'Agence est satisfaisante (résultat net, ratio de solvabilité, niveau d'impayés) et bénéficie des revenus de prêts en croissance ; elle permet donc à l'Etat de la « solliciter » pour faire face à la pénurie budgétaire. L'intégralité du résultat de 2007 devrait ainsi être réinvesti : 100,7 millions d'euros au titre des bonifications de prêts du programme 110, 113,9 millions d'euros pour les C2D et 31 millions d'euros pour les dons-projets, soit un minimum de 245,6 millions d'euros , à comparer aux 248 millions d'euros de résultat enregistrés en 2006. Le CIAP comme votre rapporteur spécial s'interrogent sur la conformité de cette pratique aux principes budgétaires.

- La performance du portefeuille de projets en 2006 a légèrement régressé (35 % de projets à risques, contre 34 % fin 2005) mais demeure honorable compte tenu de la zone d'intervention de l'Agence. L'AFD s'est néanmoins fixé des objectifs très ambitieux voire surdimensionnés pour 2007 (en particulier une part de projets à risque inférieure à 30 %). Le nouveau plan d'orientation stratégique pour 2007-2011 et le plan d'affaires de Proparco énoncent par ailleurs des priorités et objectifs cohérents.

- L'implantation de l'Agence dans quatre pays émergents (Brésil, Chine, Inde, Indonésie) doit faire l'objet d'une évaluation , remise fin 2008. Compte tenu des réserves déjà émises par votre rapporteur spécial sur cette stratégie, que sa mission de contrôle en Chine a contribué à confirmer, il sera particulièrement vigilant sur les résultats de cette évaluation.

5 - Aide multilatérale

- Le nouveau Fonds d'appui à l'amélioration du secteur privé en Afrique ( FIAS ), auquel la France contribue sur le programme 110, fait en partie doublon avec les actions menées par l'AFD, Proparco, l'ADETEF et les SCAC en matière de certification de produits et filières et de formation des administrations et douanes.

- La France est très visible au sommet des grandes institutions économiques internationales (FMI, BERD, BCE, OMC) mais demeure insuffisamment représentée dans l'encadrement de la Banque mondiale et du FMI.

- Avec 160 à 170 millions d'euros en année pleine, les recettes de la contribution de solidarité sur les billets d'avion se révèlent inférieures de 30 millions d'euros aux prévisions .

- Les missions des institutions de la francophonie sont trop extensives et laissent planer une ambiguïté sur leur vocation première, qui semble aujourd'hui hésiter entre développement, diversité culturelle, promotion de la langue française et diplomatie pour la paix.

- L'amélioration des engagements et décaissements du FED, largement liée au recours à l'aide budgétaire et à des fonds multilatéraux, est appelée à se poursuivre dans les prochaines années et fait craindre - si aucun accord politique n'intervient - une importante sous-budgétisation de la contribution française en 2008 . Les estimations communiquées par le MAEE portent ainsi sur un versement de 955 millions d'euros, supérieur de 230 millions d'euros à la dotation inscrite sur le programme 209 ; une estimation a minima fait escompter une sous-budgétisation d'environ 60 millions d'euros.

6 - Aide bilatérale

- Les modalités de rémunération de Natixis, qui assure la gestion des prêts de la Réserve pays émergents pour le compte de l'Etat, ont été sensiblement revues à la hausse , notamment du fait de transfert de dossiers auparavant gérés par l'AFD.

- Les crédits de rémunération de l'AFD au titre des dons-projets et des C2D pourraient être transférés du programme 110 au programme 209, en cohérence avec les financements de ce programme.

- Parmi les nombreux programmes de bourse que finance le programme 209 (dont certains dédiés à l'attractivité des élites des pays émergents), le programme Quai d'Orsay-entreprises est bien conçu mérite d'être encouragé.

- L'aide-projet bilatérale du programme 209 augmente substantiellement , de 19,4 % pour les AE et de 9,4 % pour les CP, et illustre le rôle désormais prépondérant de l'AFD, qui dispose d'une expérience modeste dans les secteurs de la formation professionnelle et de l'éducation de base.

- Les dons du FASEP-études sont comptabilisés en APD bien que les dossiers concernent majoritairement des pays émergents et des pays non compris dans la liste du CAD (Bulgarie, Russie).

- Ainsi que votre rapporteur spécial le prévoyait fin 2006, la sous-budgétisation potentielle du Fonds français pour l'environnement mondial au regard des AE ouvertes en 2007 (70 millions d'euros) est compensée par un triplement des CP , à 15 millions d'euros. Un effort de sincérité budgétaire a également été accompli pour l'aide budgétaire post-conflit et aux sorties de crise, nettement sous-budgétisée en 2007.

- Le financement des C2D (185 millions d'euros prévus en 2008) est désormais intégralement débudgétisé , et repose à la fois sur un prélèvement du résultat de l'AFD et de nouvelles modalités de traitement des créances. Votre rapporteur spécial rappelle également que le canal de l'aide budgétaire globale (tel qu'il est pratiqué à Madagascar) n'est pas conforme à la doctrine d'emploi du C2D.

7 - Codéveloppement

- La création d'un programme dédié est opportune , malgré le volume modeste de ses crédits (répartis sur 3 actions), et traduit clairement une priorité du gouvernement. Votre rapporteur spécial préconise la fusion des deux premiers indicateurs et la création d'un nouvel indicateur , complémentaire de l'évaluation de la dépense fiscale et associé au second objectif, dédié aux résultats du compte et du livret d'épargne pour le codéveloppement.

PREMIÈRE PARTIE - GRANDES TENDANCES
DE L'AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT INTERNATIONALE ET FRANÇAISE

SECTION I. ÉVOLUTION INTERNATIONALE DE L'AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT

I. L'AMORCE D'UN RETOURNEMENT DE CYCLE ?

A. UNE AIDE EN BAISSE POUR LA PREMIÈRE FOIS DEPUIS DIX ANS

Selon les données préliminaires publiées par le Comité d'aide au développement (CAD) de l'OCDE en avril 2007, l'aide publique au développement (APD) des 22 pays membres de l'OCDE a affiché une baisse de 5,1 % en 2006 avec 103,9 milliards de dollars (dont 19,2 milliards de dollars au titre des allègements de dette), soit 0,30 % du revenu national brut (RNB) global. En termes réels, il s'agit de la première diminution de l'APD depuis 1997.

Cette contraction avait cependant été anticipée 1 ( * ) , le niveau de 2005 (106,8 milliards de dollars) ayant été considéré comme particulièrement élevé en raison de l'ampleur des allégements de dette conclus dans le cadre du Club de Paris, notamment en faveur de l'Irak (3 milliards de dollars) et du Nigeria (11 milliards de dollars). Si l'on fait abstraction de ces sommes, l'APD n'a fléchi que de 1,8 % en 2006.

Les apports nets d'APD bilatérale à l'Afrique subsaharienne ont progressé de 23 % en termes réels, mais de 2 % hors allègements de dette au profit du Nigeria, pour s'établir aux alentours de 28 milliards de dollars. En part du RNB, la France se maintient à son niveau de 2005 avec 0,47 % , selon un rythme conforme à l'engagement, pris par le précédent Président de la République, d'un seuil de 0,5 % en 2007.

Les seuls pays qui ont atteint ou dépassé l'objectif de 0,7 % du RNB fixé par les Nations Unies sont la Suède (plus de 1 % du RNB), le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas et le Danemark, la France figurant en septième position. En volume, la France figure au quatrième rang derrière les Etats-Unis, le Japon et le Royaume-Uni .

Les apports cumulés d'aide des 15 membres du CAD appartenant à l'Union européenne ont représenté 57 % de l'APD totale avec 58,9 milliards de dollars (soit une hausse de 2,7 %). L'objectif de 0,39 % du RNB fixé en 2002 a été dépassé avec 0,43 % , essentiellement grâce aux remises de dettes. Individuellement, seuls l'Espagne (du fait de changements comptables), la Grèce, l'Italie et le Portugal ont manqué l'objectif.

Depuis 2002, certains membres de l'Union européenne se sont fixés des objectifs encore plus ambitieux pour 2006, également atteints . La Belgique s'est engagée à consacrer 0,5 % de son RNB à l'APD ; la Suède a dépassé son objectif d'y affecter 1 % de son RNB ; et le Danemark s'est engagé à maintenir ce ratio à 0,8 % au minimum. La Norvège n'est cependant pas parvenue à atteindre son objectif de consacrer 1 % de son RNB à l'APD en 2005, en raison de la vigoureuse croissance de son RNB.

Certains importants donateurs enregistrent une baisse substantielle de leur aide : Etats-Unis (- 20 %), Japon (- 9,6 %, en raison de l'austérité budgétaire) ou Italie (- 30 %).

APD des principaux pays de l'OCDE membres du CAD (estimations pour 2006)

(en millions de dollars courants)

2003

2004

2005

2006

Variation réelle 2005/2006*

APD/ PNB en 2006

Allemagne

6.784

7.534

10.082

10.351

0,9 %

0,36 %

Belgique

1.853

1.463

1.963

1.968

-2,7 %

0,50 %

Canada

2.031

2.599

3.756

3.713

-9,2 %

0,30 %

Danemark

1.748

2.037

2.109

2.234

2,9 %

0,80 %

Espagne

1.961

2.437

3.018

3.801

20,3 %

0,32 %

Etats-Unis

16.320

19.705

27.622

22.739

-20 %

0,17 %

France

7.253

8.473

10.026

10.448

1,4 %

0,47 %

Italie

2.433

2.462

5.091

3.672

-30 %

0,20 %

Japon

8.880

8.922

13.147

11.608

-9,6 %

0,25 %

Norvège

2.042

2.199

2.786

2.946

4,9 %

0,89 %

Pays-Bas

3.972

4.204

5.115

5.452

4,2 %

0,81 %

Royaume-Uni

6.282

7.883

10.767

12.607

13,1 %

0,52 %

Suède

2.400

2.722

3.362

3.967

15 %

1,03 %

Suisse

1.299

1.545

1.767

1.647

-7 %

0,39 %

Etats de l'UE

37.130

42.910

55.745

58.902

2,7 %

0,43 %

Commission européenne

N.D.

8.704

9.390

10.204

5,7 %

N.S.

Total G7

49.983

57.578

80.492

75.138

-8,7 %

0,26 %

Total CAD

69.085

79.553

106.777

103.940

-5,1 %

0,30 %

* La variation en termes réels entre 2005 et 2006 tient compte de l'inflation et des fluctuations des taux de change.

Source : Comité d'aide au développement de l'OCDE

B. L'ÉTAT D'AVANCEMENT DES OMD

Les huit Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD, dont le contenu est précisé dans le document de politique transversale), adoptés par la communauté internationale en 2000, constituent un facteur de mobilisation internationale comme de structuration de l'aide française, mais sont également très ambitieux et contrastent avec l'évolution de la situation en Afrique subsaharienne 2 ( * ) . Le bilan à mi-parcours est contrasté et il est acquis que les OMD ne seront pas atteints partout , alors que le creusement des inégalités est un fait majeur depuis 7 ans.

Les besoins financiers sont importants pour garantir des avancées certaines dans l'atteinte des OMD. Ainsi l'initiative Education pour Tous requiert des flux annuels d'aide estimés à 3 milliards de dollars, soit trois fois les flux constatés en 2005 . Pour réaliser les OMD relatifs à la santé, les besoins annuels sont évalués à 28 milliards de dollars par an et ne sont que très partiellement couverts pour le moment. Rien que pour le paludisme, l'OMS estime les besoins à 2,9 milliards de dollars par an, or seuls 650 millions de dollars sont pour le moment garantis.

II. L'ÉVOLUTION ATTENDUE À MOYEN TERME

A. DES ENGAGEMENTS INCERTAINS

Se fondant sur les déclarations publiques de ses membres et sur la tendance récente, le CAD avait réalisé en 2005 des projections à l'horizon 2010 , dont il ressortait notamment que la France, si elle poursuivait son effort, pourrait consacrer 0,61 % de son RNB à l'APD . Les autres ratios significatifs sont de 0,51 % pour l'Allemagne, 0,80 % pour les Pays-Bas, 0,59 % pour le Royaume-Uni, 0,18 % pour les Etats-Unis et 0,22 % pour le Japon. L'inflexion constatée en 2006 contrevient à ce scénario, et l'APD devrait selon l'OCDE marquer un nouveau recul en 2007 , à mesure que s'amenuise le volume des remises de dette en faveur de l'Irak et du Nigeria.

L'UE a décidé en 2005 de renforcer encore son effort d'aide et d'affecter à cette dernière 0,56 % du RNB cumulé de ses membres en 2010, avec un objectif minimum par Etat membre de 0,51 %. L'Australie et le Japon ont également pris des engagements de hausse soutenue.

Le dernier sommet du G8 , qui s'est déroulé à Heiligendamm du 6 au 8 juin 2007, a été dominé par les enjeux liés au changement climatique, mais une déclaration sur la croissance et la responsabilité en Afrique a également été adoptée : elle confirme les engagements pris à Gleneagles en 2005 , soit la compensation de l'initiative d'annulation de la dette multilatérale (IADM), et le doublement de l'aide à l'Afrique entre 2004 et 2010.

Cette déclaration consacre un chapitre à la bonne gouvernance et au renforcement des capacités institutionnelles qui réitère le soutien du G8 au mécanisme de revue par les pairs du NEPAD , accueille favorablement le Plan d'action pour la bonne gouvernance financière adopté par les ministres des finances du G8 et d'Afrique, et adresse un appel clair à un comportement responsable en matière de réendettement.

Un autre chapitre est consacré à la paix et à la sécurité en Afrique et un troisième aux questions de santé , rappelant l'objectif d'accès universel aux traitements contre le sida d'ici 2010. Ce texte annonce par ailleurs la fourniture d'au moins 60 milliards de dollars « dans les années à venir » pour la lutte contre les trois grandes pandémies, et annonce que le G8, avec d'autres bailleurs, contribuera à la reconstitution des ressources du Fonds mondial en mentionnant, à l'horizon 2010, un objectif de dotation de 6 à 8 milliards de dollars par an. La France a par ailleurs annoncé qu'elle se fixait l'objectif de consacrer 1 milliard de dollars par an à la santé en Afrique.

Il est cependant clair que ce sommet n'a pas donné lieu à des percées sur les questions de développement, et que le texte consacré à l'Afrique reste assez général et ne comporte pas de nouveaux engagements chiffrés, reflétant avant tout la volonté du G8 de s'en tenir aux engagements déjà pris.

B. L'APPORT DES NOUVEAUX INSTRUMENTS DE FINANCEMENT IFFIM ET UNITAID

Afin de mieux contribuer aux OMD, la communauté internationale a entrepris certaines réflexions et initiatives sur de nouveaux moyens de financement permettant d'allier mutualisation et prévisibilité des ressources sur le long terme.

Le projet franco-britannique de facilité internationale de financement s'est concrétisé en avril 2004 par la facilité internationale de financement pour la vaccination ( International finance facility for immunisation - IFFIm ). Six Etats européens 3 ( * ) et l'Afrique du Sud (depuis mars 2007) participent à ce dispositif, qui donnera lieu à neuf émissions obligataires successives afin de lever plus de 4 milliards de dollars sur les marchés, la première émission ayant été lancée en novembre 2006. Les modalités de l'IFFIm sont explicitées infra .

La France a également mis en place, par l'article 22 de la loi de finances rectificative pour 2005, la contribution internationale de solidarité sur les billets d'avion (CIS), qui est effective depuis le 1 er juillet 2006 et prévoit une taxe de 1 à 40 euros, selon la nature du vol et la classe concernée 4 ( * ) , sur l'ensemble des vols commerciaux au départ du territoire français (à l'exception des territoires d'outre-mer qui ne relèvent pas du statut de DOM). Vingt-huit autres pays se sont également engagés dans une procédure d'adoption de cette contribution, finalisée pour 8 pays.

Cette contribution a rapporté 40 millions d'euros en 2006, et le produit devrait être de 160 à 170 millions d'euros en année pleine dès 2007 , soit un montant inférieur à l'estimation initiale de 200 millions d'euros. Conformément au décret du 12 septembre 2006, ces recettes sont affectées à un fonds de solidarité pour le développement et servent à financer à hauteur d'au moins 90 % la nouvelle facilité internationale d'achat de médicaments (FIAM/Unitaid), et l'IFFIm pour le solde.

La FIAM/UNITAID a été officiellement lancée en septembre 2006 par le Brésil, le Chili, la France, la Norvège et le Royaume-Uni . Depuis lors, 25 pays, la fondation Gates et la Banque islamique de développement ont confirmé leur soutien financier à cette initiative. Les ressources escomptées d'UNITAID pour 2006 et 2007 s'élèvent à 353 millions d'euros. La Facilité est hébergée par l'OMS et finance des programmes durables d'accès aux traitements et aux tests diagnostic, contre le sida, le paludisme et la tuberculose. Les programmes sont mis en oeuvre par des organisations partenaires (OMS, UNICEF, fondation Clinton, Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme). A l'instar de l'IFFIm, la mutualisation et la prévisibilité des ressources permettent de peser sur les prix et de garantir un accès durable aux traitements.

En juin 2007, UNITAID a déjà engagé un total de 258 millions d'euros d'actions dans 65 pays bénéficiaires, dont 85 % au moins en faveur des pays à faible revenu. Une part importante des médicaments achetés grâce à UNITAID est d'ores et déjà arrivée dans les pays. En 2007, 100.000 enfants séropositifs bénéficieront ainsi d'anti-rétroviraux dans 34 pays d'Afrique et d'Asie, 65.000 malades du sida et 150.000 enfants touchés par la tuberculose seront soignés, et 12 millions de traitements contre le paludisme seront fournis. Enfin, une baisse des prix des traitements de seconde ligne contre le sida a été obtenue en mai 2007 dans ces pays par l'intermédiaire de la Fondation Clinton (de 25 % à 50 % selon le niveau de revenu des pays).

SECTION II. L'AIDE PUBLIQUE FRANÇAISE AU DÉVELOPPEMENT,
UN PÉRIMÈTRE PLUS VASTE QUE LA MISSION BUDGÉTAIRE

I. ÉVOLUTION RÉCENTE DE L'APD FRANÇAISE ET PERSPECTIVES POUR 2008

A. UN COUP D'ARRÊT À L'EFFORT DE PROGRESSION DE L'AIDE

Entre 2000 et 2006, l'APD française globale (donc en incluant l'aide apportée aux collectivités d'outre-mer à statut particulier) a progressé de près 90 % pour s'établir à 8.446 millions d'euros, soit 0,47 % du RNB. Par rapport à 2005, l'année 2006 a en particulier été marquée par le maintien des allègements de dette à un très haut niveau (près du tiers de l'aide) et une diminution prononcée (- 29,3 %) des contributions aux fonds multilatéraux.

Pour la première fois depuis sept ans, les estimations en exécution pour 2007 prévoient une diminution de l'APD à hauteur de 605 millions d'euros , essentiellement en raison de la forte baisse des allègements de dettes et de l'aide-programme, pour une part du RNB qui passerait de 0,47 % à 0,42 %. Ces estimations se révèlent inférieures de plus de 1,3 milliard d'euros aux prévisions qui figuraient dans le document de politique transversale (DPT) annexé au projet de loi de finances pour 2007. L'objectif d'une aide se situant à 0,50 % du RNB en 2007 ne sera donc pas tenu ; en outre le second objectif de 0,7 % du RNB a été reporté à des temps plus lointains ( 2015 au lieu de 2012 ), renforçant les incertitudes sur sa réalisation.

L'évolution escomptée en 2008 (cf. tableau ci-après) table sur une progression de 931 millions d'euros , principalement au profit de l'aide bilatérale, pour atteindre un ratio de 0,45 % du RNB (0,46 % en incluant la contribution internationale sur les billets d'avion), ce qui ne permettrait toujours pas d'atteindre l'objectif annoncé en 2002. Les refinancements et allègements de dette augmenteraient de 56 % et l'aide-projet de 21 %.

La fiabilité de ces prévisions est toutefois fortement sujette à caution , compte tenu des écarts constatés dans le passé entre prévision et exécution, en particulier en 2007, et rien ne garantit que ce ratio de 0,45 % sera effectivement atteint, d'autant qu'il repose notamment sur des prévisions d'annulations et de refinancements massifs de dette au profit de la République démocratique du Congo et de la Côte d'Ivoire , dont le caractère reste hautement aléatoire 5 ( * ) .

Votre rapporteur spécial s'inquiète de cette évolution - certes liée à des contraintes budgétaires majeures - qui confirme ses inquiétudes de la fin 2006, comme la difficulté pour le budget de l'Etat de « tenir la distance » et de respecter des engagements sur le long terme. Avec la diminution progressive des allègements de dette et l'essoufflement des annonces des bailleurs internationaux, la capacité de la France à se positionner et à demeurer l'un des leaders mondiaux de l'aide éprouve ses limites.

Evolution de l'effort français d'aide publique au développement (au sens du CAD) depuis 2000

(en millions d'euros)

2000

2006

PLF 2007

2007 (1)

PLF

2008

Part de l'APD 2008

Evolution

2007/2008

1. Aide bilatérale (dont outre-mer) (2)

3.069

6.310

6.173

5.191

6.052

69 %

861

16,6 %

Coopération technique (3)

N.D.

2.235

1.949

2.254

2.244

25,6 %

-10

-0,4 %

Aide-projet (AFD + FSP) (4)

N.D.

345

664

583

706

8 %

123

21,1 %

Dont : - FSP (CP)

N.D.

149,5

172,7

164,1

132

1,5 %

-32,1

-19,6 %

- Collectivités territoriales

N.D.

54

61

60

61

0,7 %

1

1,7 %

Aide-programme

N.D.

244

612

201

200

2,3 %

-1

N.S.

Dont ajustement structurel AFD

N.D.

-80

236

-80

-60

N.S.

N.S.

N.S.

Allègements et refinancements de dettes

520

2.703

2.142

1.288

2.020

23 %

732

56,8 %

Dont - Coface

294

2.029

1.265

917

655

7,6 %

-262

-28,6 %

- Compte de consolidation

N.D.

776

761

178

795

9,1 %

617

x 3,5

Divers (5)

N.D.

783

806

865

882

10,1 %

17

2 %

Dont Mayotte et Wallis-et-Futuna

168

226

229

345

351

4 % %

6

1,7 %

2. Aide multilatérale

1.384

2.136

3.007

2.650

2.720

31 %

70

2,6 %

Dont : - Aide européenne

859

1.544

1.592

1.501

1.592

18,1 %

91

6,1 %

dont FED

N.D.

663

692

696

725

8,3 %

29

4,2 %

- Institutions et fonds multilatéraux

525

592

1.415

1.149

1.128

12,9 %

-21

-1,8 %

Total APD

4.453

8.446

9.181

7.841

8.772

100 %

931

11,9 %

Contribution sur billets d'avion (CIS)

0

45

200

170

170

APD (CIS inclus) rapportée au RNB

0,32 %

0,47 %

0,50 %

0,43 %

0,46 %

(1) : Prévision d'exécution à fin septembre 2007. Chiffres également provisoires pour l'exercice 2006.

(2) : Les crédits aux collectivités d'outre-mer à statut particulier sont ventilés à hauteur de 50 % sur la coopération technique, d'environ 30% sur l'aide programme et de 20 % sur l'aide projet.

(3) : Les dépenses de coopération technique relèvent essentiellement du MAEE. Elles recouvrent les dépenses d'assistance technique, les bourses d'études, les missions d'experts et les coûts des établissements culturels.

(4) : l'augmentation de l'aide-projet est principalement liée à l'accroissement des prêts de l'AFD.

(5) : La rubrique « Divers » comprend les coûts administratifs, les dépenses d'aide aux réfugiés (estimation de 439,7 millions d'euros en 2008), et certaines dépenses éligibles à l'APD afférentes aux opérations extérieures de l'armée française (environ 71 millions d'euros en 2008).

Source : document de politique transversale « Politique française en faveur du développement » annexé au projet de loi de finances pour 2008 et ministère de l'économie, des finances et de l'emploi

Outre le caractère contestable de l'inscription de certaines dépenses en APD (cf. infra ), deux conditions paraissent aujourd'hui réunies pour que la France dévie durablement de sa trajectoire d'augmentation de l'APD à l'horizon 2012-2015, avec l'achèvement progressif des initiatives d'annulation de la dette et la probable érosion à moyen terme de l'effet de levier des prêts de l'AFD, qui génèrent aujourd'hui un flux d'aide positif pour un coût budgétaire limité, mais constitueront des flux nets négatifs au moment des remboursements.

B. UNE AIDE EN PARTIE ARTIFICIELLE ?

Outre sa diminution récente, notre APD est loin de se traduire intégralement par des actions de coopération sur le terrain et clairement identifiées comme françaises , si l'on considère les éléments suivants pour 2008 :

- après avoir connu une forte augmentation pendant 10 ans, l'aide multilatérale se stabilise à un haut niveau et représenterait plus du tiers de l'APD en 2007 et 31 % en 2008 ;

Part de l'aide multilatérale et des allègements de dette dans l'effort français d'APD

1996

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

Part de l'aide multilatérale

23 %

31 %

38 %

34 %

28 %

34 %

28 %

25 %

34 %

31 %

Part des allègements de dette (aide bilatérale)

13 %

12 %

10 %

20 %

29 %

21 %

33 %

32 %

16 %

23 %

Part du multilatéral dans l'APD hors allègements de dette

26 %

35 %

42 %

42 %

39 %

43 %

44 %

37 %

40 %

40 %

N.B : prévisions pour 2007 et 2008.

Source : document de politique transversale

- l'aide aux deux collectivités d'outre-mer ( Mayotte et Wallis-et-Futuna ) comptabilisée en APD connaît une forte progression (+ 55 % par rapport à 2006) mais ne correspond pas à l'acception commune de l'aide au développement, qui concerne les Etats étrangers ;

- les refinancements et annulations de dette représenteraient encore près du quart de l'aide , après que leur montant en 2007 se révèle nettement inférieur aux prévisions (soit une évolution inverse à celle de 2006). Ce canal d'aide relève de mesures macroéconomiques (à l'exception des contrats de désendettement-développement prenant la forme d'une aide-programme) et laisse planer le doute sur leur remplacement à moyen terme ;

- l'écolage et l'aide aux réfugiés , constatés ex post , représenteraient 1,29 milliard d'euros en 2008, soit 14,7 % de l'APD globale , mais ne se traduisent pas par une aide sur le terrain et leur comptabilisation en APD , dont les modalités ne sont d'ailleurs pas explicitées dans le document de politique transversale, sont contestables. Ces deux composantes font figure de variable d'ajustement commode pour afficher un volume « décent » d'APD. Les critiques déjà formulées par votre rapporteur spécial sur les imprécisions méthodologiques, les graves lacunes de l'information du Parlement et l'absence de cadre stratégique demeurent valables.

C. VENTILATION SECTORIELLE ET GÉOGRAPHIQUE

Ainsi que l'illustrent les tableaux ci-après, la France a consacré en 2006 les deux tiers de son APD à l'Afrique dont 57 % à l'Afrique subsaharienne, conformément aux orientations fixées par le CICID.

APD de la France par type d'activité (prévisions pour 2007-2008)

(en millions d'euros)

Source : document de politique transversale annexé au projet de loi de finances pour 2008

Répartition de l'aide française bilatérale brute par groupe de revenu en 2005

(en millions de dollars)

Pays les moins avancés (PMA)

2.004

26,4 %

Pays à faible revenu (PFR)

2.010

26,4 %

Revenus intermédiaires tranche inférieure (PRITI)

1.910

25,1 %

Revenus intermédiaires tranche supérieure (PRITS)

584

7,7 %

Non ventilés

1.094

14,4 %

Total aide bilatérale pays APD

7.602

100 %

Source : CAD, OCDE

Ventilation géographique de l'aide française en 2006

Afrique subsaharienne

Afrique du nord

Moyen-Orient

Europe

Extrême Orient

Asie du sud

Amérique latine

Océanie

Non spécifié

57 %

9 %

12 %

4 %

6 %

1 %

4 %

1 %

6 %

Source : document de politique transversale annexé au projet de loi de finances pour 2008

Les dix principaux pays bénéficiaires de l'APD bilatérale française en 2006

(en millions d'euros)

Nigeria

1.620

Algérie

166

Irak

615

Tunisie

162

Maroc

235

Vietnam

122

Sénégal

221

Afrique du Sud

117

Cameroun

198

Chine

109

Source : document de politique transversale

II. LE DPT : UN OUTIL INDISPENSABLE QUI ILLUSTRE LA COMPLEXITÉ DE L'APD

A. 15 PROGRAMMES CONCOURANT À 3 AXES STRATÉGIQUES

La mission APD est rattachée à un document de politique transversale (DPT) intitulé « Politique française en faveur du développement », qui tient compte de l'ensemble des missions du budget général et des comptes spéciaux qui concourent à cette politique. Cette présentation met en évidence une politique transversale pilotée par plusieurs institutions (telles que le CICID) et processus communs (en particulier les stratégies sectorielles, la stratégie d'intervention dans les pays émergents et les documents cadres de partenariat). Le chef de file de ce DPT est le secrétaire d'Etat à la coopération et à la francophonie.

Le DPT expose ainsi le contenu et les crédits d'APD des 12 programmes budgétaires, dont 9 n'appartenant pas à la mission APD , et des 3 comptes d'opérations financières extra-budgétaires qui concourent à la politique française d'aide au développement. Le nombre important de ces programmes témoigne des limites de la LOLF dans l'amélioration de la lisibilité de l'action gouvernementale. Ce document revêt une importance majeure, compte tenu de la multiplicité des intervenants (ministère ou opérateurs) et de la traditionnelle discordance entre la nomenclature budgétaire et la comptabilisation des crédits d'APD au sens du CAD (cf. infra ).

Les trois axes stratégiques de la politique d'APD ont évolué et font désormais explicitement référence aux biens publics mondiaux et au contexte international. Ils s'intitulent : « Participer à l'engagement international de réaliser les huit objectifs du Millénaire pour le développement » 6 ( * ) , « Promouvoir notre vision du développement durable et des biens publics mondiaux » et « Prendre part à la mobilisation internationale en faveur du renforcement de l'efficacité de l'aide au développement ».

Curieusement, la dimension d'influence et de promotion de l'expertise française apparaît donc moins présente que dans le DPT de 2007, qui retenait un axe intitulé « Promouvoir le développement à travers les idées et le savoir-faire français ». La France renonce-t-elle à faire valoir ses talents et ses compétences en la matière ?

B. 12 OBJECTIFS ET 24 INDICATEURS DE PERFORMANCE

Les objectifs et indicateurs (bien renseignés) du DPT n'ont quasiment pas évolué par rapport à 2007 7 ( * ) . L'objectif intitulé « Assurer un service culturel et de coopération de qualité » a été supprimé et est désormais intégré - ainsi que les indicateurs correspondants  - dans l'objectif transversal « Assurer une gestion rigoureuse des crédits octroyés à l'aide au développement ». Un nouvel indicateur, issu du programme 209, y fait son apparition et se révèle particulièrement utile puisqu'il retrace la performance de la gestion du Fonds européen de développement (FED).

Votre rapporteur spécial estime que ces indicateurs donnent une image assez exhaustive et cohérente de la performance de la politique d'APD, sous réserve des observations formulées infra sur les indicateurs relevant de la mission APD.

Il renouvelle également son souhait de suppression de l'indicateur 9.1 (pourcentage des interlocuteurs du ministère chargé de l'écologie considérant que celui-ci contribue significativement au renforcement de l'influence de la France à l'international), qu'il considère comme anecdotique, sujet à caution dans sa méthodologie, et trop éloigné de la mesure de la performance de l'APD. De même, l'indicateur 7.1 (nombre et répartition des élèves français, nationaux et étrangers tiers dans les établissements d'enseignement français à l'étranger) n'est qu'indirectement relié à l'évaluation de l'APD et révèle une appréhension ambiguë de l'apport des établissements d'enseignement français à l'étranger .

C. LES PROGRÈS ET LACUNES DE LA COMPTABILISATION DES DÉPENSES D'APD

1. La complexité structurelle des quatre « cercles concentriques » de l'APD

Dans ses rapports budgétaires antérieurs, votre rapporteur spécial a formulé à plusieurs reprises des critiques sur le manque de cohérence et de lisibilité des quatre périmètres d'aide tels qu'ils sont comptabilisés dans la mission APD, en crédits budgétaires de l'ensemble des missions, en crédits publics (incluant les dotations hors budget général) et dans les notifications au CAD. Il apparaît ainsi qu'en 2008, les crédits de la mission APD ne représenteraient qu'un peu plus du tiers de l'effort global d'APD au sens du CAD , ainsi que l'illustre le tableau ci-après.

Périmètres de comptabilisation de l'APD (en crédits de paiement) en 2007 et 2008

(en millions d'euros)

Prévision 2007

Prévision 2008

Part des crédits de la mission APD en 2008

Mission « Aide publique au développement »

3.108,3

3.106,2

100 %

Crédits des 15 programmes (dont crédits hors budget général) concourant à l'APD

5.650,2

6.735,5

46,1 %

Impact en APD des dépenses du budget général

6.117,7

6.220,8

50 %

Effort global d'APD au sens du CAD

7.841

8.772

35,4 %

Source : document de politique transversale « Politique française en faveur du développement » annexé au projet de loi de finances pour 2008

Bien que la « nomenclature LOLF » marque certains progrès quant à la lisibilité des multiples instruments de l'action publique en faveur du développement (stratégie et objectifs, justification plus précise des crédits demandés, création d'une mission dédiée à l'APD, meilleure lisibilité des processus d'annulation de dettes), l'amélioration de la concordance entre la structure budgétaire et la comptabilisation selon les normes de l'OCDE, qui restent la « vitrine » internationale de l'APD, est structurellement limitée par certaines caractéristiques :

- le poids dans l'APD de dépenses constatées ex post telles que l'écolage et l'accueil des réfugiés ;

- l'incidence budgétaire des annulations de dette est beaucoup plus réduite que le montant pris en compte au titre de l'APD , compte tenu, notamment, du poids des annulations imputées sur le résultat de la Coface et les découverts du Trésor (cf. infra , commentaire du programme 852) ;

- l'impact en APD de dépenses budgétaires peut être supérieur à 100 % du montant inscrit dans le projet de loi de finances. Tel est le cas des déclarations de prêts (nettement supérieures aux bonifications et indemnisations budgétées sur le programme 110) et de contrats de désendettement-développement de l'AFD, qui exercent un effet de levier sur les crédits budgétaires des programmes 110 et 209 8 ( * ) ;

- une part importante de l'APD (9,9 % en 2008) ressortit à la quote-part du prélèvement sur recettes effectué au profit du budget de l'Union européenne.

En outre, les directions internationales de plusieurs ministères (agriculture, jeunesse et sports, santé, intérieur, écologie) contribuent marginalement à l'effort d'APD notifié au CAD , et de façon plus ou moins concertée avec le MAEE, par des contributions à des fonds fiduciaires multilatéraux et des mises à disposition de personnels auprès d'organismes internationaux 9 ( * ) , des subventions à des groupements d'intérêt public impliqués dans des missions d'expertise internationale, le financement de programmes spécifiques ou des partenariats avec des ONG.

Les clefs de comptabilisation en APD retenues par le CAD sont complexes , peu explicitées par le DPT, et revêtent une dimension politique compte tenu de leur portée diplomatique dans les annonces internationales. Certaines dépenses pourraient ainsi être mieux prises en compte dans le périmètre retenu par l'OCDE (la dépense fiscale ou la coopération militaire, seules certaines actions civilo-militaires étant comptabilisées), tandis que d'autres pourraient être exclues du périmètre ou comptabilisées de façon plus stricte, en particulier l'écolage 10 ( * ) .

2. Les éclairages et imprécisions du DPT

Le périmètre des 15 programmes concourant à la politique et à la stratégie d'APD diffère de celui des programmes pris en compte dans les dépenses budgétaires comptabilisables en APD , ce qui complique l'analyse. Votre rapporteur spécial constate néanmoins que le programme 105 « Action de la France en Europe et dans le monde » figure désormais dans les deux listes de programmes, conformément à la recommandation qu'il avait formulée dans son rapport budgétaire sur le projet de loi de finances pour 2007. En revanche, le programme 151 « Français à l'étranger et étrangers hors de France » n'est plus retenu dans les deux périmètres.

Le tableau des dépenses budgétaires d'APD, qui figure en annexe du DPT (cf. supra ), exclut les trois comptes qui ne relèvent pas du budget général, mais comptabilise les dépenses budgétaires contribuant substantiellement à l'APD au sens du CAD, issues :

- des deux programmes 104 « Intégration et accès à la nationalité » et 303 « Immigration et asile » de la mission « Immigration, asile et intégration », pour une quote-part d'APD estimée à 439,7 millions d'euros de CP en 2008 au titre de l'accueil des réfugiés. En présentation, ces deux programmes participent manifestement davantage d'une logique comptable que de la stratégie transversale ;

- du programme 178 « Préparation et emploi des forces armées » (71,3 millions d'euros de CP) ;

- de la mission « Outre-mer » (351,3 millions d'euros de CP au titre de l'aide à Mayotte et Wallis-et-Futuna) ;

- et des programmes 172 « Recherche scientifiques et technologiques pluridisciplinaires » et 231 « Vie étudiante » de la mission « Recherche et enseignement supérieur » (248,7 millions d'euros).

En outre, certains programmes contribuant marginalement à l'APD (dont des dépenses de la mission « Sécurité » auparavant isolées) sont regroupés dans une rubrique « Autres dépenses du budget général », soit 25,7 millions d'euros en 2008.

Ainsi que le précise le DPT, quatre missions distinctes de la mission « Aide publique au développement » contribuent donc largement à l'effort d'APD, pour un montant global estimé à 2.422 millions d'euros en 2008 , soit plus du quart du montant global d'APD : les missions « Recherche et enseignement supérieur » (qui inclut l'écolage), « Immigration, asile et intégration », « Action extérieure de l'Etat » (coopération technique et fraction des contributions aux organismes internationaux et opérations de maintien de la paix), et « Outre-mer ».

Le contenu du DPT a été enrichi et se révèle assez précis sur les mécanismes de coordination et certains intervenants de l'aide, en particulier l'AFD (contribuant ainsi à compenser en partie son absence de statut d' « opérateur LOLF ») et les ministères « techniques » (recherche, écologie, dimension internationale des filières agricoles, santé et GIP ESTHER) qui concourent pour une moindre part à l'APD. Des imperfections et lacunes subsistent néanmoins :

- les prévisions d'APD ventilées par type d'activité sont moins claires que dans les « jaunes » antérieurs , bien que des précisions aient été apportées par rapport au DPT annexé à la loi de finances initiale pour 2007. Le contenu de la ligne « Divers » est peu explicité, les concours aux fonds multilatéraux et aux institutions des Nations Unies ne sont pas distingués au sein de l'aide multilatérale, les composantes et intervenants de l'aide-projet et de l'aide-programme ne sont pas détaillés ;

- les montants d'aide reçus en 2006 par les dix principaux pays bénéficiaires de l'aide française bilatérale ne sont pas précisés ; seul figure un histogramme ;

- les explications sur la comptabilisation en APD et le contenu de la quote-part du prélèvement sur recettes au profit du budget communautaire sont très sommaires, alors que cette fraction contribue pour plus de 800 millions d'euros à l'APD en 2007 et 2008 ;

- les explications sur les modalités de déclaration en APD de l'aide aux réfugiés et de l'écolage 11 ( * ) sont toujours quasiment inexistantes, contrastant avec les détails fournis sur l'impact des opérations de prêts. Bien que ces dépenses soient constatées ex post , l'indigence de l'information du Parlement sur ces deux vecteurs d'aide est irritante et conforte l'impression de « boîte noire » de ces dépenses d'APD alors que les montants en jeu sont élevés ;

- si les explications portant sur l'impact des prêts et annulations de dettes sur l'APD sont précises, les correspondances entre les tableaux de chiffres manquent encore de clarté, voire apparaissent contradictoires 12 ( * ) ;

- les informations relatives aux annulations de créances Coface sont insuffisantes au regard des montants en cause (917 millions d'euros de comptabilisation en APD en 2007) ; le questionnaire budgétaire constitue donc toujours un complément indispensable, en attendant les conclusions de la Cour des comptes, récemment saisie d'une demande d'enquête par votre commission des finances.

Ventilation des dépenses du budget général
comptabilisables en APD à périmètre constant

(en millions d'euros)

Missions

Programmes

CP LFI 2007

Estimation APD 2007*

APD / CP 2007

CP PLF 2008

Estimation APD 2008

APD / CP PLF 2008

Aide publique au développe-ment

110 - Aide économique et financière au développement

987,8

1.361,7

137,9 %

984,8

1.455,2

147,8 %

209 - Solidarité à l'égard des pays en développement

2.106

2.263,7

107,5 %

2.092,4

2.222,7

106,2 %

301 - Codéveloppement

15,5

0

0 %

29

24

82,8 %

Total

3.109,3

3.625,4

116,6 %

3.106,2

3.701,9

119,2 %

Action extérieure de l'Etat

105 - Action de la France en Europe et dans le monde

1.444

108,8

7,5 %

1.482,1

112,2

7,6 %

185 - Rayonnement culturel et scientifique

479,1

91,1

19 %

490,2

92,9

19 %

Total

1.923,1

199,9

10,4 %

1.972,3

205,1

10,4 %

Outre-mer

1.857,1

345,1

18,6 %

1.730,1

351,3

20,3 %

Immigration, asile et intégration

104 - Intégration et accès à la nationalité

198,6

141,1

71,1 %

195,3

140,9

72,1 %

303 - Immigration et asile

411,8

292,6

71,1 %

414,3

298,8

72,1 ù

Total

610,4

433,7

71,1 %

609,6

439,7

72,1 %

Défense

187 - Préparation et emploi des forces armées

21.020,7

70

0,3 %

21.262,7

71,3

0,3 %

Recherche et enseignement supérieur

150 - Formations supérieures et recherche universitaire

10.659,3

849,7

8 %

11.279

849,7

7,5 %

187 - Recherche dans le domaine de la gestion des milieux et des ressources

1.163,1

321,7

27,7 %

1.220,8

327,5

26,8 %

172 - Recherches scientifiques et technologiques pluridisciplinaires

3.839,2

201,2

5,2 %

5.004,6

204,8

4,1 %

231 - Vie étudiante

1.738

44

2,5 %

1.847

47

2,5 %

Total

17.399,6

1.416,6

8,1 %

19.351,4

1.429

7,4 %

Autres dépenses du budget général (dont sécurité, enseignement, santé, écologie...)

N.S.

29,4

N.S.

N.S.

25,7

N.S.

Total

N.S.

6.117,7

N.S.

267.847

6.220,8

N.S.

* Cette colonne correspond, pour la mission « Aide publique au développement », aux prévisions de consommation de CP en 2006, auxquels s'ajoutent les financements directs de l'AFD. Pour les autres missions sont repris les crédits votés en loi de finances initiale.

Source : document de politique transversale « Politique française en faveur du développement » annexé au projet de loi de finances pour 2008

DEUXIÈME PARTIE - LA MISSION
« AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT »
SECTION I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE LA MISSION

I. PRÉSENTATION GLOBALE DES EMPLOIS ET DES CRÉDITS

A. EMPLOIS ET DÉPENSES BUDGÉTAIRES ET FISCALES

La mission « Aide publique au développement » est une mission interministérielle qui traduit la double tutelle du ministère des affaires étrangères et européennes (MAEE) et du ministère de l'économie, des finances et de l'emploi (MINEFE) sur cette politique publique. Avec la création du nouveau programme 301 « Codéveloppement », elle est désormais constituée de trois programmes d'importance inégale , gérés respectivement par le MINEFE, le MAEE et le ministère de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du codéveloppement (MIIINC). Le programme 209 « Solidarité à l'égard des pays en développement » géré par le MAEE représente ainsi 67,4 % des CP de la mission. La mission représente :

- un plafond de 2.873 emplois équivalents temps plein travaillé (ETPT) autorisés, soit 0,13 % du total des emplois autorisés pour l'ensemble des missions de l'Etat. Ces effectifs sont tous financés par le programme 209 et sont en baisse de 3,6 % (soit 107 emplois) par rapport au plafond inscrit dans la loi de finances initiale pour 2006 ;

- 4,5 milliards d'euros d'autorisations d'engagement (AE) et 3,11 milliards d'euros de crédits de paiement (CP) , soit  1,14 % du total des CP des missions. Les AE de la mission s'inscrivent en hausse de 13,5 % et les CP en baisse réduite de 0,06 % par rapport à la loi de finances initiale pour 2007. Ces crédits seront marginalement complétés à hauteur de 550.000 euros en AE et CP, par des fonds de concours , affectés aux programmes 209 et 301, provenant du logement des assistants techniques et du fonctionnement des établissements à autonomie financière d'une part, de l'Union européenne d'autre part.

Une seule dépense fiscale est imputée sur cette mission, sur le nouveau programme n° 301 « Codéveloppement » (cf. infra la présentation de ce programme). Il s'agit de la déduction plafonnée, au titre de l'impôt sur le revenu, des sommes versées annuellement sur un compte épargne codéveloppement, dont le coût est estimé à 10 millions d'euros pour 2008. Votre rapporteur spécial réitère sa recommandation tendant à comptabiliser également les dons privés aux ONG humanitaires , qui bénéficient d'un crédit d'impôt de 66 % et plafonné.

B. COÛTS COMPLETS ET VENTILATION PAR TITRE

Les trois programmes bénéficient, en comptabilité analytique , de la ventilation de 91,5 millions d'euros de crédits (contre 63 millions d'euros dans le projet de loi de finances pour 2007) imputés sur d'autres programmes et missions, selon un « ratio de déversement » limité à 2,9 % des CP après ventilation.

Le programme 110 est ainsi récipiendaire de 3,95 millions d'euros (ratio de 0,4 %) de crédits issus de deux programmes ; le programme 209 se voit quant à lui affecter 87,3 millions d'euros de crédits de soutien ou polyvalents (ratio de 4 %), issus du programme 105 « Action de la France en Europe et dans le monde » de la mission « Action extérieure de l'Etat » ; et le programme 301 bénéficie de 240.761 euros issus du programme « Immigration et asile » de la mission « Immigration, asile et intégration ».

Au total, les crédits complets après ventilation de la mission APD augmentent de 0,5 % par rapport à la loi de finances initiale pour 2007.

AE et CP demandés pour 2008 (fonds de concours inclus), en comptabilité budgétaire et analytique

(en millions d'euros)

Programme

LFI 2007

PLF 2008

AE

CP

AE

Part des AE de la mission

CP avant ventilation

Part des CP de la mission

CP après ventilation

110 - Aide économique et financière au développement

1.816,2

987,8

2.250,3

50 %

984,8

31,7 %

988,75

209 - Solidarité à l'égard des pays en développement

2.126,25

2.105,95

2.187,4

48,6 %

2.092,7

67,4 %

2.180,1

301 - Codéveloppement

18,5

14,5

60

1,4 %

29,25

0,9 %

29,5

Total

3.960,97

3.108,25

4.497,7

100 %

3.106,75

100 %

3.198,35

Source : projet annuel de performances de la mission « Aide publique au développement » annexé au projet de loi de finances pour 2008

Conformément à sa vocation, cette mission est essentiellement constituée de crédits d'intervention du titre 6 :

Présentation des CP demandés pour 2008 par programme et par titre (hors fonds de concours)

(en millions d'euros)

Titres

110 - Aide économique et financière au dvpt

209 - Solidarité à l'égard des pays en dvpt

301 - Codéveloppement

Total

Part

2 -Personnel

-

243,7

-

243,7

7,8 %

3 - Fonctionnement

46,95

43,96

-

90,9

2,9 %

6 - Intervention

937,85

1.804,79

29

2.771,64

89,2 %

Source : projet annuel de performances de la mission « Aide publique au développement » annexé au projet de loi de finances pour 2008

II. LES EFFORTS D'AMÉLIORATION DE LA COORDINATION ET DE L'EFFICACITÉ DE L'AIDE

Bien que le CICID ne se soit pas réuni depuis juin 2006, la gamme des instruments de coordination entre les multiples acteurs et d'amélioration de l'efficacité de l'aide a été approfondie et étendue. Il importe à présent de respecter la doctrine de ces cadres d'intervention et de ne pas tomber dans le syndrome d'une « technocratie de la coordination ».

A. LE NOUVEAU PLAN D'ACTION POUR L'EFFICACITÉ DE L'AIDE

Dans la continuité de la Déclaration de Paris de mars 2005, construite autour de cinq principes (appropriation, harmonisation, alignement, résultats et responsabilité mutuelle), la France a élaboré un plan d'action détaillé, validé par la Conférence d'orientation stratégique et de programmation (COSP) le 14 décembre 2006, qui devrait permettre d'atteindre des objectifs fixés en cohérence avec le suivi et les indicateurs retenus au sein du CAD. Il est organisé autour de 12 mesures se rapportant à trois axes principaux :

- la priorité donnée au renforcement des capacités (opportunité pour valoriser l'expertise française en la matière) ;

- l'approfondissement des documents cadre de partenariat (DCP, cf. infra ), instruments de référence de la programmation de l'aide française à moyen terme et outil de mise en oeuvre de la Déclaration de Paris. L'annexe chiffrée des DCP doit devenir un outil de pilotage de l'aide et d'amélioration de la maîtrise des flux de décaissement, et il est prévu que l'aide s'inscrive davantage dans le cadre d'une approche par programmes (aide budgétaire, fonds communs, aide projet coordonnée) ;

- l'amélioration des procédures et des pratiques de gestion françaises : il devrait en résulter une déconcentration accrue de la prise de décision pour permettre aux acteurs de terrain de participer de façon efficace au dialogue sur la concertation et l'harmonisation entre bailleurs.

B. LES DOCUMENTS-CADRE DE PARTENARIAT (DCP) ET STRATÉGIES SECTORIELLES

1. Les DCP : outils structurant ou alibi ?

Validés par la COSP, les DCP constituent, pour chaque pays, l'instrument de cadrage pluriannuel (pour une durée de 5 ans) de l'APD française, et tendent à renforcer la concentration sectorielle de l'aide et la concertation de l'ensemble des acteurs. Signe par les deux parties et rendu public, le DCP est appelé à jouer un rôle de levier de changement et de modernisation de l'aide française, en la rendant plus lisible, prévisible, partenariale et efficace.

Localement, l'ambassadeur organise un rendez-vous annuel de bilan et de suivi du DCP, auquel sont associées les ONG, à l'issue duquel il adresse au Département un rapport sur l'exécution du DCP, comportant notamment un diagnostic sur la situation migratoire, et organise avec le pays partenaire une réunion d'évaluation de la mise en oeuvre du DCP. Une revue à mi-parcours doit permettre de dresser un bilan plus complet et, le cas échéant, d'actualiser le DCP.

Depuis septembre 2005, 30 DCP ont été signés et 16 autres 13 ( * ) sont en cours d'examen . Ces 30 pays concentrent 82 % de l'aide bilatérale programmable pour 2007 dans les pays de la ZSP. En montants agrégés, le secteur des infrastructures représente environ 37 % des actions bilatérales financées par la France dans le cadre des DCP signés, l'appui au développement du secteur productif 11,6 %, la santé et la lutte contre le sida seulement 4,1 % 14 ( * ) , et les secteurs transversaux non transférés à l'AFD 15 ( * ) 19,6 %.

Lors de ses contrôles effectués en Afrique australe et en Asie du sud est 16 ( * ) , votre rapporteur spécial a constaté que les DCP examinés étaient plutôt bien conçus et témoignaient d'un effort de réflexion stratégique comme de hiérarchisation des priorités. L'identification systématique de 2 ou 3 secteurs de concentration n'exclut toutefois pas la tentation de l'éparpillement et de la présence dans tous les domaines. La dimension partenariale peut aussi être ambiguë ou servir d'alibi : « shopping list » extensive du pays récipiendaire, objectifs de sélectivité et d'une meilleure acceptabilité d'une diminution des montants d'aide du côté français. En outre, avec 4 secteurs de concentration, le DCP de Madagascar n'est pas conforme aux règles d'élaboration de ces documents . Certaines fourchettes d'engagements sont apparues trop larges (DCP du Mozambique).

Le statut des DCP est hybride et sa portée juridique (en particulier s'agissant des montants d'aide) peut être perçue différemment : à caractère indicatif pour la France, ou « engageant » du point de vue du pays bénéficiaire. Il serait sans doute utile de prévoir deux tranches de crédits, l'une ferme et l'autre conditionnelle , pour préserver une certaine marge de négociation, et de mieux faire apparaître l'ampleur de l'aide française transitant par les canaux multilatéraux (FED, Fonds mondial de lutte contre le sida, Banque mondiale...).

2. Les stratégies sectorielles et thématiques

Afin de renforcer la lisibilité et l'efficacité de l'aide, le CICID a validé sept stratégies dans les secteurs suivants : éducation, eau et assainissement, santé et lutte contre le sida, agriculture et sécurité alimentaire, développement des infrastructures, protection de l'environnement et de la biodiversité, développement du secteur productif.

Une stratégie sur la gouvernance a également été validée par la COSP en décembre 2006 et repose sur des objectifs de modernisation de l'Etat, de renforcement de la gouvernance locale, de promotion d'une action publique transparente et de lutte contre la corruption. Enfin une stratégie d'intervention dans les pays émergents a été arrêtée dans la continuité de la mission confiée à M. Hervé Gaymard sur l'influence française dans ces pays, et est déclinée notamment dans les cadres d'intervention pays (CIP) de l'AFD afférents à sa nouvelle zone d'intervention (cf. infra le commentaire du programme 110).

C. LE RENFORCEMENT DES FONCTIONS DE PILOTAGE DE LA DGCID

Ainsi que votre rapporteur spécial l'a détaillé dans son rapport budgétaire sur le projet de loi de finances pour 2007, l'année 2006 a été marquée par des changements importants dans l'organisation de la DGCID , destinés à prendre en compte l'évolution du rôle du MAEE dans la coopération internationale et la montée en puissance des acteurs non gouvernementaux, et à rationaliser le réseau à l'étranger. Une direction des politiques du développement (DPDEV) et une sous-direction de la coordination géographique (par fusion des chargés de mission géographiques et des bureaux dits « stratégies-pays ») ont été constituées, et l'accompagnement de la coopération décentralisée et des ONG a été rationalisé.

La DGCID tend donc à se recentrer sur des fonctions de pilotage stratégique et de coordination d'acteurs (AFD, opérateurs, ONG, collectivités territoriales) qui jouent un rôle croissant dans la mise en oeuvre des actions de coopération. Cette coordination est indispensable pour maintenir la cohérence de l'aide française et se prémunir du risque de l'autonomie, de l'éparpillement et de l'illisibilité pour les pays récipiendaires . La revue générale des politiques publiques pourrait conforter ce mouvement consistant à « faire faire », ce qui suppose une implication totale de la DGCID dans le suivi et le contrôle des opérateurs.

Ce cadre d'intervention conduit le ministère à étendre la conclusion de conventions d'objectifs et de moyens avec les opérateurs (AFD, AFVP, FCI, CulturesFrance, CampusFrance, IRD, CIRAD... cf. infra le commentaire du programme 209) et à poursuivre la restructuration du réseau culturel et de coopération (regroupements de SCAC et établissements culturels, adaptation du réseau au contexte politique de certains pays, résorption de doublons alliances françaises - centres culturels). Votre rapporteur spécial considère que les centres culturels et alliances françaises doivent autant que possible fusionner dans les capitales et grandes villes, afin notamment de dégager quelques marges de manoeuvre pour ouvrir de petites alliances dans des régions isolées où perdure une forte demande de français.

Le réseau dans les pays éligibles à l'APD a connu quelques adaptations au cours des derniers mois avec la fermeture de l'ambassade de Kigali (Rwanda) en novembre 2006 à la suite de la rupture des relations diplomatiques, la création d'une antenne diplomatique au Sud-Soudan (Juba) fin 2006, et l'ouverture d'une ambassade à Monrovia (Libéria) début 2007. Aucune fermeture de centres culturels n'est intervenue en 2006 et 2007 dans ces pays, hormis la fermeture du centre de Lagos au Nigeria (après l'ouverture de celui d'Abuja en 2005).

Le ministère a également recours aux partenariats public-privé (PPP), permettant de mieux associer les acteurs privés à la politique française d'aide. L'Alliance pour le développement est ainsi un PPP entre l'Etat (MAEE et MINEFE), l'Institut Pasteur, Sanofi Aventis, Veolia Environnement et l'AFD, formalisé par un GIP institué en 2006. Ce groupement mène des actions de développement dans le domaine de la santé, de l'assainissement et de l'accès à l'eau. Trois projets sont en cours au Niger, au Vietnam et à Madagascar. En comptabilisant les frais de fonctionnement du GIP (pris en charge par le MAEE), le montant total mobilisé par l'Alliance est de 2,24 millions d'euros sur 3 ans, dont 52 % à la charge des partenaires publics.

De son côté, l'AFD envisage également la création d'une fondation AFD - Proparco , dont l'objet serait de promouvoir la responsabilité sociétale des entreprises dans les PME des pays en développement, par la formation professionnelle et le montage de projets ciblant des objectifs sociaux et environnementaux.

Votre rapporteur spécial promeut le développement de ce type d'initiative , qui permet d'associer le secteur privé aux objectifs gouvernementaux de l'APD française et de tirer profit de l'expérience d'entreprises privées en matière de montage de projets ou sur certaines compétences spécifiques.

D. UNE AMÉLIORATION ENCORE LIMITÉE DE L'IMPACT CONCRET DE LA LOLF SUR LA GESTION DES SCAC

1. La lente diffusion des outils de contrôle de la gestion et de la performance

La mise en oeuvre de la LOLF exerce quatre types de conséquences sur la gestion et l'organisation des services de coopération et d'action culturelle : prise en compte des objectifs stratégiques des programmes, fongibilité des crédits 17 ( * ) , recherche de la performance et contrôle de gestion , reporting des postes vers l'administration centrale. Votre rapporteur spécial, ainsi que notre collègue Adrien Gouteyron, rapporteur spécial de la mission « Action extérieure de l'Etat », avaient cependant considéré en 2006 que l'appropriation des enjeux de la LOLF était encore très insuffisante dans les postes .

Quelques progrès ont néanmoins été accomplis. Concernant la traduction des objectifs, la construction des indicateurs de performance et le reporting ascendant, la cellule contrôle de gestion de la DGCID a travaillé conjointement avec les postes diplomatiques et les services de la DGCID. Quatre postes diplomatiques sont en expérimentation depuis le début de l'année 2006 (Dakar, Ljubljana, Madrid, Prague) et l'expérimentation sera élargie à 10 postes pour le rapport annuel de performance de 2007. Douze indicateurs de performances 18 ( * ) ont été définis avec ces postes et sont présents dans le PAP du programme 185.

Des actions de sensibilisation et de formation à la LOLF ont été menées. L'ensemble des services de la DGCID, en liaison avec les postes en expérimentation, a défini les objectifs et sous-objectifs les concernant et a ainsi pu déterminer les indicateurs de performance y afférents. La cellule contrôle de gestion et chaque poste ont ensuite organisé la collecte des données relatives aux indicateurs, ainsi que le renseignement des tableaux de bord créés lors de la mise en place de la LOLF. Puis, il a été organisé des comités de gestion dans chaque poste, qui analysent les données du tableau de bord, expliquent les écarts et mettent en place des actions correctrices. Suite à ces comités de gestion, une remontée d'informations est effectuée auprès de l'ambassadeur et de l'administration centrale.

2. La finalisation d'un logiciel unique

L'indispensable adaptation des outils informatiques est également en cours. La DGCID utilise actuellement 4 logiciels (SCOP 19 ( * ) , BMI, Persat et Exepro 20 ( * ) ) pour programmer et suivre la consommation de ses crédits, outre le logiciel comptable Corège. Ces outils, développés grâce à des technologies anciennes, ne communiquent pas directement entre eux , ce qui nécessite un processus lourd de double saisie de la part des SCAC puis de vérification de la cohérence de ces chiffres par la sous-direction de la programmation et des affaires financières. Il n'y a pas non plus de lien avec les applications comptables. Les montants des dépenses comptables doivent donc être saisis une seconde fois dans l'utilitaire de suivi. De plus, ces outils ne sont pas adaptés aux nouveaux besoins introduits par la LOLF , en particulier à la pluriannualité des crédits. Enfin, ces outils ne sont pas stables et demandent une maintenance régulière au cas par cas.

La DGCID a donc lancé un projet de fusion de ces 4 applications en fin d'année 2006. Le futur logiciel unique, dont la mise en place est prévue pour mars 2008, doit permettre :

- d'assurer une continuité et un suivi entre le projet de loi de finances, la programmation des crédits et la programmation budgétaire initiale destinée au contrôleur budgétaire ;

- d'assurer le suivi de l'exécution (rapport annuel de performance et éventuellement contrôle de gestion) pour tous les types de crédits, y compris le titre 2, ainsi que le calcul des ETP aussi bien pour la centrale que pour l'étranger ;

- de restituer les données par étapes et d'être consulté par tous les agents de la DGCID, tant en centrale qu'à l'étranger, le contrôle de gestion et la hiérarchie ;

- de réaliser des gains de temps et de productivité à tous les niveaux.

Votre rapporteur spécial salue ces efforts de rationalisation , qui répondent notamment aux imperfections et lourdeurs qu'il a pu constater lors de ses contrôles sur pièces et sur place. Il constate néanmoins que les « expérimentations LOLF » s'étendent à un rythme très lent, qu'il importe donc d'accélérer. Les postes que votre rapporteur spécial a récemment contrôlés en Afrique et en Asie semblaient en effet plutôt éprouver les désagréments que les avantages de la LOLF, ne profitaient pas de la démarche de performance pour mieux suivre et évaluer les projets du FSP, et n'utilisaient que marginalement les marges de fongibilité , a fortiori asymétrique.

SECTION II. LE PROGRAMME 110
« AIDE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE AU DÉVELOPPEMENT »

I. PRÉSENTATION, EFFECTIFS ET COÛTS ANALYTIQUES

A. LES INTERVENANTS DU PROGRAMME

1. Un pilotage restreint en administration centrale pour des crédits « semi-standardisés »

Le programme 110, mis en oeuvre par le service des affaires financières internationales et du développement et par le service des relations bilatérales et du développement international des entreprises de la DGTPE du MINEFE, participe à la politique française d'APD, qui s'inscrit dans le cadre des objectifs du millénaire pour le développement. Il est doté de 2,25 milliards d'euros d'AE et de 984,8 millions d'euros de CP en 2008, respectivement en forte hausse de 23,9 % (en particulier dans la perspective de la quinzième reconstitution de l'AID) et en baisse de 0,3 % par rapport à la loi de finances initiale pour 2007.

Le MINEFE assure avec le MAEE la co-tutelle de l'Agence française de développement (AFD), qui n'est pas considérée comme un opérateur au sens de la LOLF (cf. infra ) mais dont certains crédits (bonifications de prêts concessionnels et indemnisation pour des annulations de dette) sont inscrits sur ce programme. Les subventions accordées à l'AFD pour le financement de dons-projets aux pays de la ZSP sont en revanche logées dans le programme 209 du MAEE.

2. L'ADETEF, opérateur unique dont l'activité est en croissance

Ce programme s'appuie sur un opérateur unique , le groupement d'intérêt public Assistance au développement des échanges en technologies économiques et financières (ADETEF), agence de coopération technique du ministère rattachée à l'action 2 du programme. Les actions de l'ADETEF ne sont toutefois pas principalement tournées vers les pays en développement , mais majoritairement vers les pays émergents, la Russie et les Etats candidats ou nouveaux membres de l'Union européenne.

De fait, votre rapporteur spécial tend à partager la recommandation formulée dans le rapport d'audit du CIAP de mars 2007, portant sur le rattachement de l'ADETEF au programme 218 « Conduite et pilotage des politiques économique et financière » de la mission « Budget, comptes publics et fonction publique », qui regroupe les fonctions d'expertise, de conseil et de contrôle du MINEFE. Cette solution serait analogue à celle retenue pour le GIP ESTHER du ministère de la santé, rattaché au programme 124 « Conduite et soutien des politiques sanitaires et sociales », qui ne participe pas moins de la politique française d'APD.

Aucun ETPT relevant du plafond d'emploi du MINEFE n'est financé sur ce programme, mais il est prévu que 75 emplois hors plafond soient rémunérés par l'ADETEF en 2008 . Comme dans le PLF 2007, ces emplois hors plafond sont en forte hausse , les emplois inscrits sur le budget prévisionnel de l'ADETEF en 2007 se révélant déjà nettement supérieurs aux prévisions du PAP 2007 (respectivement 65 et 55). Le PAP justifie cette variation par l'augmentation des jumelages et des contrats financés par l'Union européenne ou d'autres bailleurs que l'ADETEF a remportés. Votre rapporteur spécial continue toutefois de regretter le manque de fiabilité de cette prévision . Cette évolution vient néanmoins compenser une légère diminution (- 3 ETPT, soit une prévision de 26 emplois en 2008) des personnels détachés à l'ADETEF rémunérés par d'autres administrations de l'Etat.

Votre rapporteur spécial constate que le PAP se montre désormais plus précis sur les actions conduites par l'ADETEF dans une cinquantaine de pays, ses emplois et son budget. L'importance des ressources propres, qui avec 16 millions d'euros représentent environ les trois quarts des ressources de l'opérateur (environ 21 millions d'euros), doit être relativisée puisqu'elle inclut la valorisation des avantages en nature (personnel mis à disposition, locaux, informatique) pour 2,66 millions d'euros, ce qui ramène la part effective des ressources propres 21 ( * ) à 63,5 %. En outre, il subsiste une incohérence (vraisemblablement due à des arrondis) sur le montant de la subvention de l'Etat, tel qu'il est mentionné dans la justification au premier euro de l'action 5 (4,71 millions d'euros) et dans la partie relative à l'opérateur (5 millions d'euros).

Les dépenses de l'ADETEF sont estimées à 17,98 millions d'euros, dont 29 % de dépenses de personnel, et se révèlent donc nettement inférieures aux ressources. Le fonds de roulement de l'opérateur n'est toutefois pas précisé. Votre rapporteur spécial estime que cette situation financière favorable justifierait une diminution de la subvention octroyée par le ministère .

B. UNE IMPUTATION RÉDUITE DES COÛTS ANALYTIQUES

La ventilation des coûts analytiques de soutien ou de polyvalence du programme - qui ne représentent guère que 0,4 % du montant total des crédits du programme après ventilation - fait apparaître les contributions, à hauteur de 3,94 millions d'euros (en baisse de 26,8 % par rapport au projet de loi de finances pour 2007) , de deux programmes - contre trois en 2007 compte tenu des reconfigurations de périmètre intervenues dans le PLF 2008 - émanant de deux missions distinctes gérées par le MINEFE :

- trois actions du programme 218 « Conduite et pilotage des politiques économique et financière » de la mission « Budget, comptes publics et fonction publique », sur lequel sont imputées certaines fonctions support autres que les crédits de rémunération de titre 2 ;

- et le programme « Politique économique et de l'emploi » de la mission « Pilotage de l'économie française », qui est le plus contributeur avec 2,45 millions d'euros, soit 4,23 % des crédits de titre 2 de ce programme.

Ces coûts correspondent notamment aux ressources humaines de la DGTPE concourant à la mise en oeuvre du programme 110, pour un nombre d'ETPT non précisé dans le PAP (41 dans le PAP 2007). Les coûts salariaux des deux programmes précités sont répartis en comptabilité analytique entre les actions du programme 110 au prorata des ETPT prévisionnels (et non pas constatés), soit 0,77 % pour l'action « Aide économique et financière multilatérale », 2,18 % pour l'action « Aide économique et financière bilatérale » et 1,28 % pour l'action « Traitement de la dette des pays pauvres ».

Conformément aux recommandations du Comité interministériel d'audit des programmes (CIAP), les crédits du programme « Conduite et pilotage des politiques économique et financière » afférents à un certain nombre de fonctions support (état-major, pilotage, mises à disposition, expertise et évaluation, contribution au respect du droit et à la sécurité juridique) ne sont pas ventilés sur le programme 110 car leurs activités correspondent à des montants peu significatifs.

II. STRUCTURE, CONTENU ET FINANCEMENT DES ACTIONS

A. STRUCTURE ET FINANCEMENT DES ACTIONS ET SOUS-ACTIONS

La structure du programme 110 n'a pas évolué par rapport au PAP de 2007. Elle comprend trois actions , dont celle relative à l'aide économique et financière multilatérale représente les deux tiers des CP et plus des trois quarts des AE .

Ainsi que le relève le rapport du comité d'audit, les transferts du programme 110 sont toutefois « semi-standardisés » , y compris ceux aux organismes multilatéraux de l'action 1. Ces contributions ne sont pas déterminées par un mode de calcul fixe (à la différence des contributions obligatoires) mais laissent quelques marges de manoeuvre quant à la fixation de leur niveau final.

Crédits demandés et évolution en 2008 pour les actions et sous-actions du programme 110
« Aide économique et financière au développement »

(en millions d'euros)

Actions et sous-actions

CP LFI 2007

AE PLF 2008

CP PLF 2008

Evolution des CP 2007/2008

En % des CP du programme

01 - Aide économique et financière multilatérale

640,7

1.711,7

654,8

2,2 %

66,5 %

1.1 - Participation au groupe de la Banque mondiale et au FMI

410,7

1.304,7

386,8

-5,8 %

39,3 %

1.2 - Participation aux groupes des banques régionales

158,6

402

175,1

10,4 %

17,8 %

1.3 - Contributions aux fonds sectoriels

71,4

3

92,9

30,1 %

9,4 %

02 - Aide économique et financière bilatérale

182,6

385,95

177,3

-2,9 %

18 %

2.1 - Interventions d'aide bilatérale relevant de l'AFD

N.D.

332,84

103,2

N.D.

10,5 %

2.2 - Aide budgétaire à destination des Etats étrangers

25

41

4,2 %

2.3 - Gestion des opérations de prêts de la RPE

9,11

9,1

0,9 %

2.4 - Coopération technique et ingénierie

19

24

2,4 %

03 - Traitement de la dette des pays pauvres

164,5

152,65

152,6

-7,2 %

15,5 %

3.1 - Indemnisation de l'AFD au titre du traitement de la dette

133,5

152,65

152,6

14,3 %

15,5 %

3.2 - Fonds multilatéraux de soutien aux pays très endettés

31

0

0

N.S.

0 %

Total

987,8

2.250,3

984,8

-0,3 %

100 %

Source : projet annuel de performances de la mission « Aide publique au développement » annexé au projet de loi de finances pour 2008 ; ministère de l'économie, des finances et de l'emploi

Les CP ouverts en 2007 ont bénéficié de reports de l'exercice 2006 à hauteur de 8,2 millions d'euros, ce qui porte l'évolution réelle des crédits en 2008 à - 1,1 %. 60 % des CP demandés pour 2008 (soit 590 millions d'euros) sont destinés à couvrir des AE engagées avant 2008.

Les estimations à moyen terme (sur la période 2008-2010) conduisent votre rapporteur spécial à prévoir une couverture insuffisante des engagements qui ne pourrait être résorbée que par une augmentation substantielle des CP et une diminution des nouvelles AE sur ce programme .

Ainsi, compte tenu de la forte hausse des AE demandées pour 2008, la prévision de solde d'engagements non couverts par des CP fin 2008 atteint un montant élevé, avec 3,4 milliards d'euros . En 2009 et 2010, malgré une hausse des CP correspondant à des engagements non couverts fin 2008 (respectivement 745,1 millions d'euros et 792,4 millions d'euros, soit des montants nettement supérieurs aux 590 millions d'euros demandés pour 2008), il subsisterait après 2010 un montant maximal de 1,86 milliard d'euros de CP destinés à couvrir des engagements non couverts fin 2008.

Il importe toutefois de rappeler qu'une fraction substantielle d'AE ouvertes en 2007 (soit 920 millions d'euros) constitue un engagement sur 20 ans couvrant le financement de la contribution française au remboursement du premier emprunt obligataire de la Facilité financière internationale pour la vaccination (IFFIm, cf. infra ).

B. LE CONTENU DES TROIS ACTIONS DU PROGRAMME

L'action 1 regroupe les participations (actionnariat et contributions) de la France dans les banques et fonds sectoriels multilatéraux , tels que les entités du groupe de la Banque mondiale, le FMI, la Banque interaméricaine de développement (BID), la Banque africaine de développement (BAD), le Fonds international de développement agricole (FIDA) ou le Fonds pour l'environnement mondial (FEM). Bien qu'ils en soient proches, ces financements ne sont pas réellement assimilables à des contributions obligatoires .

L'action 2 contribue au maintien de la stabilité macro-économique et à la création des conditions de croissance des pays en développement, à travers plusieurs canaux bilatéraux d'intervention : l'aide budgétaire sectorielle ou globale dans le cadre de programmes multi-bailleurs, les bonifications de prêts (afin d'abaisser le taux d'intérêt de la ressource financière proposée par l'AFD) et les rémunérations accordées à l'AFD, les dons du FASEP-études, le Programme français de renforcement des capacités commerciales (PRCC, cogéré par l'AFD), le Fonds français pour l'environnement mondial (FFEM), les projets de l'ADETEF et la mise à disposition de l'expertise du ministère.

L'action 3 met en oeuvre les traitements (annulations et restructurations) de la dette des pays les moins avancés et des pays à revenu intermédiaire décidés dans le cadre du Club de Paris , en particulier dans le cadre de l'initiative PPTE, par les institutions multilatérales de développement (Banque mondiale, BAD et FMI), ou de manière bilatérale (tels que les dispositifs « Dakar I » et « Dakar II »). Les crédits de cette action sont destinés à indemniser l'AFD et à compenser le coût supporté par les institutions multilatérales de développement pour les annulations décidées.

III. OBJECTIFS ET INDICATEURS

A. QUATRE OBJECTIFS INCHANGÉS ET CRITIQUÉS PAR LE CIAP

Le programme 110 comporte quatre objectifs , identiques à ceux exposés dans le PAP de 2007.

Le premier objectif (« Faire valoir les priorités stratégiques françaises au sein des banques et fonds multilatéraux ») rappelle les priorités géographiques affirmées par le CICID , qui incluent les pays les moins avancés, l'Afrique et les 56 Etats de la ZSP (y compris l'Afghanistan). La France s'est engagée à consacrer les deux tiers de son aide bilatérale à l'Afrique et à porter son aide dédiée aux PMA à 0,15 % de son RNB d'ici 2012.

Le deuxième objectif, intitulé « Participer au rétablissement de la stabilité macroéconomique et à la création des conditions de la croissance des pays en développement », s'inscrit dans la tendance, constatée depuis quelques années chez les principaux bailleurs et réaffirmée dans la Déclaration de Paris de mars 2005, à l'accroissement de l'harmonisation de l'aide , facteur d'efficacité et de réduction des coûts de transaction, en particulier dans le cadre de l'aide budgétaire.

Votre rapporteur spécial partage la volonté ainsi affichée d'accroître l'efficacité de l'aide et de réduire les coûts de transaction liés à la coexistence (voire à la concurrence) de plusieurs procédures et cahiers des charges émanant de multiples bailleurs. Il rappelle néanmoins que l'aide budgétaire doit être transparente, cohérente avec les capacités administratives des pays récipiendaires, et ne pas compromettre la capacité de la France à mettre en évidence ses apports .

Le troisième objectif (« Assurer une gestion efficace et rigoureuse des crédits octroyés à l'aide au développement ») est dédié à l'efficacité et à l'effet de levier de l'AFD. Enfin le quatrième objectif (« Promouvoir l'expertise française dans le domaine du développement durable et de la gouvernance économique et financière ») illustre plus particulièrement l'apport du FASEP et de l'ADETEF pour la promotion du savoir-faire des entreprises françaises . L'opérateur et les instruments spécifiques du MINEFE dédiés à l'aide extérieure sont ainsi couverts par les objectifs et indicateurs.

Le rapport d'audit du CIAP, en date du 1 er mars 2007, a souligné « l'absence de rattachement lisible et direct des objectifs à la finalité même du programme » : les objectifs 1 et 3 tendent à sécuriser au mieux le potentiel de l'aide plutôt qu'à évaluer son impact chez les bénéficiaires, et la préoccupation de « retour » profitable à l'expertise française, exprimée par le quatrième objectif, paraît éloignée de la finalité du programme. Il constate également une coordination insuffisante avec les objectifs et indicateurs du programme 209.

Votre rapporteur spécial souligne que les objectifs et indicateurs d'une politique d'aide au développement n'échappent à une double difficulté structurelle : la mesure de l'impact réel de l'APD sur la réduction de la pauvreté, qui demeure sujet à controverses, et la dilution de l'effort national dans une aide mobilisant une multitude de bailleurs, rendant plus ténu le lien entre les instruments spécifiquement français et le développement des pays bénéficiaires.

B. UN NOMBRE D'INDICATEURS DIVISÉ PAR DEUX EN DEUX ANS

Conformément aux recommandations du CIAP, le nombre d'indicateurs du programme 110 est passé de 10 dans le PAP de 2006 à 5 dans le présent PAP . L'indicateur mesurant le nombre de jours consacrés à l'assistance technique internationale par million d'euros de crédit budgétaire, qui figurait dans le PAP de 2007, a été supprimé. Les indicateurs sont intégralement renseignés et les cibles fixées pour 2009 seraient pour l'essentiel atteintes dès 2008. Cette gamme d'indicateurs est cohérente mais n'échappe pas aux limites ci-dessus évoquées pour les objectifs. LE CIAP a également formulé certains constats et recommandations que votre rapporteur spécial tend à partager :

- l'indicateur 1.1 (part des ressources subventionnées des banques multilatérales de développement et des fonds multilatéraux qui sont affectés aux zones géographiques prioritaires), dont la qualité a été améliorée, comporte des cibles relativement modestes qui illustrent sa vocation plutôt « défensive »et les limites de l'influence de la France sur l'allocation géographique des concours de ces bailleurs multilatéraux ;

- l'indicateur 2.1 (part de l'aide française qui s'inscrit dans un processus harmonisé entre les bailleurs de fonds et/ou dans un cadre régional) répond à une approche instrumentale et de « protection » du donateur (diminution des coûts de transaction), mais « se double d'un pari non démontré sur une meilleure efficacité 22 ( * ) des aides ainsi harmonisées ». Il est toutefois cohérent avec l'objectif affiché, indépendamment du jugement sur la pertinence de ce dernier ;

- l'indicateur 3.1 (montant d'aide au développement apportée par l'AFD sous forme de prêt par euro de subvention à l'Etat) retrace l'effet de levier des concours de l'AFD, dont la cible de 3 en 2011 est atteinte dès 2005 puis se stabilise à un niveau légèrement inférieur ou supérieur. Ce ratio est fonction du niveau de concessionnalité des prêts octroyés par l'AFD. La justification de cette cible est désormais mieux précisée 23 ( * ) et tient compte des observations du CIAP, qui relevait une ambiguïté, selon que l'évolution constatée était plutôt liée à la réduction du coût de la concessionnalité (du fait du niveau des taux d'intérêt à long terme) ou à un arbitrage favorable aux pays émergents, lesquels se voient octroyer les prêts les moins concessionnels. Il serait néanmoins utile de disposer d'une comparaison avec l'effet de levier pratiqué par les banques de développement des principaux bailleurs ;

- l'indicateur 3.2 (capacité de l'AFD et de la Banque mondiale à mener avec succès des projets compatibles avec la réalisation de leurs objectifs de développement) porte davantage sur l'efficience des procédures des bailleurs que sur l'efficacité socio-économique , et comporte deux sous-indicateurs mesurant la qualité des projets et la réactivité des deux bailleurs. Le fait que les cibles de la Banque mondiale soient supérieures de 5 points à celles de l'AFD (respectivement 80 % et 75 %) s'explique par la nature du portefeuille de projets de l'AFD, qui est plus exposée que la Banque mondiale en Afrique. La cible de l'AFD a toutefois été dépassée dès 2006 (80 %) avant de revenir à un niveau inférieur (73 %). Votre rapporteur spécial partage le souhait du CIAP que l'indicateur restitue également la qualité des projets du Fonds africain de développement, dont les instruments d'évaluation ne sont toutefois pas encore jugés suffisamment fiables ;

- le CIAP déplore le « peu d'impact » de l'indicateur 4.1 (part des études FASEP terminées ayant donné lieu à la réalisation de projet), sans toutefois le remettre en cause. La mesure du taux de retour pour les entreprises françaises de la composante d'aide française liée demeure néanmoins nécessaire, bien qu'elle concerne essentiellement les pays émergents. L'évaluation de la performance des entreprises françaises dans les appels d'offres de la Banque mondiale serait également utile. Enfin la cible du sous-indicateur relatif à la part des études FASEP terminées ayant donné lieu à la réalisation du projet d'investissement (22 %) apparaît modeste .

IV. JUSTIFICATION DES CRÉDITS AU PREMIER EURO (JPE) PAR ACTION

Votre rapporteur spécial relève que la JPE a été enrichie par rapport au PAP de 2007 , et comporte davantage d'explications sur le fonctionnement (structure, gouvernance, objectifs et missions) et les priorités géographiques des nombreux fonds multilatéraux auxquels la France participe (en particulier sur l'Association internationale de développement - AID - et le Fonds africain de développement - FAD), comme sur la doctrine d'emploi de l'aide budgétaire globale et les dispositifs bilatéraux d'annulation de dettes.

A. AIDE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE MULTILATÉRALE : 654,8 MILLIONS D'EUROS

1. De multiples contributions obligatoires aux banques et fonds multilatéraux

Les 654,8 millions d'euros de CP au titre de l'aide économique et financière multilatérale recouvrent exclusivement des dépenses d'intervention du titre 6, correspondant aux engagements de participation à divers fonds sectoriels, au FMI (bonifications de la Facilité pour la réduction de la pauvreté - FRPC - et de la nouvelle Facilité pour les chocs exogènes - FCE) et aux entités du groupe de la Banque mondiale et de ses banques régionales, dont le capital est reconstitué à échéances régulières. Les contributions les plus importantes concernent :

- la poursuite de la quatorzième reconstitution du capital de l'AID , fonds multilatéral de la Banque mondiale, dont la France est le cinquième contributeur avec une quote-part de 7,2 %. Notre pays s'est engagé le 12 janvier 2006 à verser 1.073 millions d'euros sur la période 2006-2008, les 352 millions d'euros de CP programmés en 2008 constituant la dernière annuité. La France a obtenu qu'au moins la moitié des ressources de l'AID-14 soient consacrées à l'Afrique, ce qui est déterminant pour le respect de l'objectif 1, dans la mesure où le financement de l'AID mobilise plus du tiers des crédits du programme.

Un montant de 1,29 milliard d'AE est également demandé au titre de la quinzième reconstitution de l'AID sur la période 2009-2011 , dont les négociations devraient être achevées à la fin de l'année 2007. Le PAP livre des explications détaillées sur les déterminants de cette ouverture d'AE. Il est en particulier précisé que le maintien de la valeur réelle des contributions des bailleurs résulte de l'engagement pris lors du sommet du G8 de Gleneagles en juin 2005 parallèlement au lancement de l'IADM, dont le coût aurait pu inciter les bailleurs à réduire leurs contributions ordinaires à l'AID, et in fine conduire à ce que les pays pauvres eux-mêmes financent une partie de leurs annulations de dettes ;

- le premier des trois versements ( 134 millions d'euros ) de la onzième reconstitution du Fonds africain de développement (FAD), guichet concessionnel de la Banque africaine de développement (BAD). La France est le premier contributeur du X ème FAD avec une quote-part de 9,2 %, mais seulement 4,96 % des droits de vote, la BAD disposant statutairement de la moitié. A l'instar de la contribution à l'AID, 402 millions d'euros d'AE sont demandés pour couvrir la totalité de l'engagement triennal sur cette reconstitution ;

- la compensation du coût de l'annulation de la dette PPTE à l'égard du FAD dans le cadre de l'IADM. Le coût pour la France est de 145 millions d'euros sur dix ans, soit 8,7 millions d'euros de CP en 2008 ;

- le quatrième et dernier versement ( 30,45 millions d'euros ) de la huitième reconstitution du Fonds asiatique de développement , pour laquelle la France s'est engagée le 12 mai 2004 à hauteur de 121,8 millions d'euros ;

- la deuxième annuité ( 35,1 millions d'euros , dont 2,5 millions d'euros au titre de la contribution au Fonds pour les PMA) de la quatrième reconstitution du Fonds pour l'environnement mondial , conclue en juin 2006. La France, sixième contributeur à ce fonds, s'est engagée à apporter 139,4 millions d'euros sur quatre ans, en tenant compte de l'optimisation du taux de change.

Des montants plus réduits de CP sont demandés pour divers fonds multilatéraux , dont : la deuxième tranche au profit du Fonds multilatéral d'investissement 24 ( * ) de la Banque interaméricaine de développement (2 millions d'euros) ; la deuxième tranche de la septième reconstitution triennale du Fonds international pour le développement agricole (8 millions d'euros) ; les tranches du financement triennal des trois centres d'assistance technique du FMI au Moyen-Orient et en Afrique (660.000 euros pour METAC et AFRITAC) ; la troisième annuité du Fonds multilatéral pour le Protocole de Montréal (8,1 millions d'euros) ; ou l'Initiative pour l'alimentation en eau et l'assainissement en milieu rural de la Banque africaine de développement (5 millions d'euros).

La France contribue également à un nouveau fonds , le Fonds d'appui à l'amélioration du secteur privé en Afrique ( FIAS ), dans le cadre de l'initiative pour le secteur privé en Afrique, approuvée par le CICID de juin 2006. Une ouverture de 2 millions d'euros d'AE est demandée, ainsi que d'un million d'euros de CP pour une première tranche.

Votre rapporteur spécial déplore cependant que les actions menées par ce fonds, aussi utiles soient-elles, doublonnent en partie des projets déjà menés par l'AFD, Proparco, l'ADETEF et les SCAC en matière de certification de produits et filières et de formation des douanes et administrations fiscales. Il est donc nécessaire que ce fonds n'exerce pas un effet d'éviction à l'encontre de nos opérateurs , dont les compétences constituent un des avantages comparatifs de la coopération française.

Votre rapporteur spécial réitère également ses réserves sur la contribution à l'APD et l'inscription sur ce programme des financements au profit des trois fonds de sécurité nucléaire 25 ( * ) , pour un montant de 13 millions d'euros en CP. Ces fonds n'ont aucun lien avec la finalité réelle du programme 110 , tant géographique que sectorielle, et leur inscription, contestée par le CIAP, répond à une logique d'instrument (gestion par la Banque européenne de reconstruction et de développement) qui n'est pas celle de la LOLF.

2. Les débuts encourageants de l'IFFIm

La Facilité financière pour la vaccination (IFFIm) , initiative lancée conjointement par la France et le Royaume-Uni pour une durée de 20 ans qui s'apparente à un mécanisme de titrisation, a fait l'objet d'une ouverture d'AE en 2007 pour un montant de 920 millions d'euros, correspondant à la participation française au montant nominal cumulé des neuf émissions obligataires. La France s'est politiquement engagée à verser 1,3 milliard d'euros sur 20 ans à l'IFFIm, mais cet engagement n'a été juridiquement confirmé que pour la première tranche du programme d'émissions obligataires, soit un montant de 373 millions d'euros échelonné entre 2007 et 2021.

Il est prévu de lever au total 4 milliards de dollars pour financer des programmes de vaccination et de renforcement des systèmes sanitaires, conduits par la fondation Global alliance for vaccination and immunisation ( GAVI ) dans 72 pays. Avec un engagement moyen de 100 millions de dollars annuels sur 20 ans, la France est le second pays contributeur à l'IFFIm, à laquelle participent également l'Afrique du Sud (depuis mars 2007), l'Espagne, l'Italie, la Norvège, le Royaume-Uni et la Suède.

Les annuités de remboursement par la France de l'emprunt IFFIm (couvrant le principal et les intérêts) sont financées par une fraction de 10 % des recettes de la contribution de solidarité sur les billets d'avion (CIS), en application de l'article premier du décret n° 2006-1139 du 12 septembre 2006. Elles sont versées par l'AFD 26 ( * ) , qui est le gestionnaire du Fonds de solidarité pour le développement (FSD), lequel recueille les recettes de cette contribution.

L'inscription de 20 millions d'euros de CP en 2008 n'est pas suffisamment explicitée. L'engagement juridique de la France en 2008 porte en effet sur un remboursement à hauteur de 20,6 millions d'euros, montant qui ne devrait pas être intégralement couvert par la fraction de 10 % de la CIS. Le produit de cette contribution est en effet estimé à 160 ou 170 millions d'euros en année pleine, soit un montant inférieur aux prévisions initiales portant sur 200 millions d'euros, ainsi que votre rapporteur spécial l'avait anticipé l'année dernière .

D'après les informations recueillies par votre rapporteur spécial, l'AFD devrait prendre en charge le différentiel . Indépendamment de cette première tranche, les 20 millions d'euros demandés seront affectés au financement de la prochaine émission obligataire , prévue pour le premier trimestre 2008 et dont le montant devrait être inférieur à la première émission.

Caractéristiques financières et premiers résultats de l'IFFIm

L'IFFIm a été formellement lancée à l'automne 2006. Après un certain « flottement » sur la date retenue pour procéder à l'émission inaugurale de l'IFFIm, dû essentiellement à l'attente de l'avis favorable du Comité de Bâle sur la qualification de l'IFFIm comme banque multilatérale de développement, la première tranche du programme d'émissions obligataires de l'IFFIm a été mise sur le marché le 7 novembre 2006. Cette opération a permis de lever 1 milliard de dollars , soit environ le quart du programme global d'émission de l'IFFIm.

Les banques « lead managers » de cette opération, Goldman Sachs et Deutsche Bank, ont souhaité calibrer le produit sur les standards des émetteurs supranationaux : émission en dollars, maturité à 5 ans, et coupon annuel à 5 %. De fait, bénéficiant d'une notation AAA par les trois principales agences de notation, l'opération a été bien reçue par les investisseurs puisque des ordres de souscription ont été passés pour 1,8 milliard de dollars. En termes de prix, l'IFFIm est sortie à 31 points de base au dessus du taux d'intérêt des obligations du Trésor américain à 5 ans, ce qui est une performance comparable à celle de la Banque européenne d'investissement.

Les investisseurs sont majoritairement situés en Europe (41 %) et en Amérique du Nord (36 %) ; le reste est situé au Moyen Orient et en Asie. Il s'agit essentiellement de fonds privés (48 %) et de banques centrales et d'institutions publiques (35 %). Le volume moyen des ordres de souscription est de 32 millions de dollars, en provenance de 54 investisseurs répartis dans 15 pays.

Sur le plan sanitaire, en dégageant 4 milliards de dollars pour financer les campagnes de vaccination et de renforcement des systèmes de santé des pays bénéficiaires que mènera le GAVI, l'IFFIm devrait, selon l'OMS, sauver les vies de 6,5 millions d'enfants d'ici 2015 . Ce seul programme assurerait la réalisation de plus de la moitié du 4 e objectif du millénaire (réduction de deux tiers du taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans d'ici à 2015).

Depuis l'émission inaugurale de novembre 2006, les premiers résultats de l'IFFIm sont encourageants : les engagements approuvés atteignent 927 millions de dollars et les décaissements 674 millions de dollars dans 30 pays, principalement dirigés vers la constitution d'un stock de vaccins .

Source : ministère de l'économie, des finances et de l'emploi

3. Une représentation française encore insuffisante dans les institutions financières internationales

Votre rapporteur spécial se montre traditionnellement vigilant sur la présence et l'influence françaises dans les institutions financières internationales (IFIs). Pour 14.751 cadres recensés fin 2006 dans les IFIs (hors BCE), 813 sont de nationalité française, soit un taux a priori relativement satisfaisant de 5,5 % . Le bilan par institution est néanmoins plus contrasté . En outre, une présidence française n'est pas une garantie de meilleure représentation au sein de l'institution, voire peut servir à justifier une faible représentation.

Plus que jamais, la France est très visible au sommet des grandes institutions puisqu'elle détient la direction générale de la BCE, de la BERD, du FMI et de l'OMC, ce qui constitue un indéniable vecteur d'influence sur leur stratégie. Mais cette influence passe aussi par une présence affirmée au sein de l'encadrement, qui relaie et traduit concrètement sur le terrain les orientations fixées par les organes de direction. Les nominations de MM. Pascal Lamy et Dominique Strauss-Kahn, dont on doit se féliciter, ne doivent cependant pas constituer « l'arbre qui cache la forêt » , d'autant que la présence des ressortissants occidentaux est appelée à décroître à moyen terme, avec la meilleure prise en compte des pays émergents, en particulier au FMI.

La présence de nos ressortissants au sein de la Banque mondiale régresse légèrement et demeure nettement inférieure à la quote-part française dans le capital du groupe , avec respectivement 2,9 % (3,02 % fin 2003) et 4,41 % fin 2006, et géographiquement concentrée en Afrique, alors que la Banque consacre des financements importants à l'Asie. Le départ des deux vice-présidents français (dont l'économiste en chef) a été partiellement compensé par deux promotions à des postes de vice-président 27 ( * ) et de directeur 28 ( * ) .

La situation est plus satisfaisante mais tend à se dégrader au FMI , avec une présence française mieux assurée (3,9 % des effectifs - mais 4,02 % en 2001 - pour une quote-part de 4,9 %) et qui se diversifie géographiquement (diminution au sein du département Afrique, hausse dans les départements financiers et au département Amériques). Notre absence au plus haut niveau (grade B 29 ( * ) ), quelques départs à venir, le rythme trop lent et l'insuffisance des promotions pour compenser ce vide continuent cependant à caractériser la situation actuelle. La France est au cinquième rang en valeur absolue avec 105 ressortissants en 2006, derrière les Etats-Unis (656), le Royaume-Uni (155), l'Inde (120) et l'Allemagne 30 ( * ) (110). L'Inde est le pays sans doute le plus sur-représenté dans les niveaux élevés de la hiérarchie du FMI comme de la Banque mondiale.

Le constat de sous-représentation française demeure à la Banque interaméricaine de développement (malgré une amélioration depuis 2005), à la Banque asiatique de développement et à la Banque européenne de reconstruction et de développement (mais les Français restent bien présents aux postes de direction). La France est, en revanche, sur-représentée dans les IFIs « francophones », tels que la Banque africaine de développement, le Fonds international de développement agricole, la Banque européenne d'investissement et la Banque de développement du Conseil de l'Europe. Les problèmes identifiés n'ont pas changé : déficit de reconnaissance de la valeur des diplômes et cursus français (en particulier face aux PhD américains), maîtrise linguistique, localisation et modes de recrutement inspirés des critères anglo-saxons.

Présence française et détention du capital dans les institutions financières internationales fin 2006

Institutions financières

Nombre total d'agents

Nombre de cadres français

Part des cadres français

Part des agents français

Part du capital détenue par la France

Nationalité du président

Groupe de la Banque mondiale (BIRD)

10.910

272

3,6 %

2,9 %

4,41 %

Américain

FMI

2.690

90

4,4 %

3,9 %

4,9 %

Français

Banque africaine de développement

987

44

6,7 %

5,3 %

3,75 %

Rwandais

Banque interaméricaine de dvpt

1.966

23

1,5 %

1,2 %

1,9 %

Colombien

Banque asiatique de dvpt

2.400

23

2,6 %

0,9 %

2,37 %

Japonais

Banque euro. de reconstruction et de dvpt

1.018

43

6,2 %

5,5 %

8,52 %

Français

Fonds international de dvpt agricole

469

14

6,1 %

6,2 %

4,81 %

Suédois

Banque européenne d'investissement

1.324

129

14,6 %

17,6 %

16,8 %

Belge

Banque de dvpt du Conseil de l'Europe

139

17

22,6 %

45,3 %

16,92 %

Français

Banque centrale européenne

1.314

107

N.D.

9,3 %

14,9 %

Français

Banque des règlements Internationaux

556

51

14 %

12,8 %

N.D.

Canadien

Source : ministère de l'économie, des finances et de l'emploi

Il importe donc de soutenir la candidature de cadres issus du secteur privé (et non pas des seuls hauts fonctionnaires...) et de renforcer les instruments déjà mis en place : programmes de mise à disposition (« secondment ») de fonctionnaires français à la Banque mondiale et à la Banque interaméricaine de développement, alerte précoce sur les postes vacants, journées « portes ouvertes », veille active sur les demandes formulées par les institutions, constitution d'associations d'agents français dans les institutions multilatérales, politique de stages ( via les grandes écoles en particulier), accords d'échange avec l'AFD depuis 2004... Ces outils existent parfois depuis longtemps mais ne sont peut-être pas suffisamment connus ni promus.

Etat des lieux sur la recherche de nouvelles ressources pour le FMI

Le FMI est soumis à des difficultés financières qui résultent pour l'essentiel de la forte diminution de son activité de prêts. L'encours de crédit à la fin juin 2007 s'élevait ainsi à 11 milliards de DTS, soit son niveau le plus bas depuis 30 ans. Compte tenu des modalités de financement du Fonds qui couvre ses charges de fonctionnement par la marge d'intermédiation qu'il réalise sur les prêts qu'il octroie, cette évolution s'est traduite par l'apparition d'un besoin de financement important, égal à 70 millions de DTS en 2007 et estimé à environ 265 millions de DTS à l'horizon 2010. Le montant actuel des réserves du FMI atteint 5,9 millions de DTS.

Ce besoin de financement ne place pas le Fonds dans une situation de risque à brève échéance, compte tenu de l'ampleur de ses réserves. Toutefois il exige la mise en place de mesures correctrices importantes , face à la difficulté d'escompter une reprise suffisante des activités de prêts. Des mesures correctrices provisoires ont été mises en oeuvre en avril 2006 (création d'un compte d'investissement pour placer les réserves) et en avril 2007 (adoption d'un budget triennal prévoyant une diminution de 2 % par an en termes réels des dépenses administratives), mais celles-ci ne sont pas à la hauteur des enjeux.

Dans ce contexte, la directeur général du FMI a demandé à un comité externe présidé par Sir Andrew Crockett , ancien directeur général de la Banque des règlements internationaux, de formuler des propositions pour rénover le modèle de financement du Fonds et dégager une « source de revenu de long terme plus stable », susceptible de couvrir les besoins opérationnels du Fonds y compris dans des périodes durables de faible activité de crédit. La question posée était ainsi de savoir si le modèle de financement du Fond ne devait pas être remplacé par un modèle dans lequel les activités récurrentes se rapportant à la production de biens publics (principalement la surveillance) recevraient un financement déconnecté de l'activité de prêt, fondé sur des ressources nouvelles plus stables.

Ce rapport a été remis à la fin du mois de janvier 2007. Il propose plusieurs solutions novatrices mais le débat a peu progressé depuis le début de l'année . Ce rapport identifie deux sources principales de financement additionnelles :

- un revenu stable tiré des bénéfices de la vente d'une fraction du stock d'or du FMI (qui rapporterait 130 millions de DTS par an),

- le placement au compte d'investissement d'une partie des quotes-parts (qui rapporterait 100 à 200 millions de DTS an en fonction de la politique de placement).

D'autres solutions sont également examinées :

- la dynamisation de la politique de placement des réserves, avec les risques financiers que cela comporte ;

- la facturation de l'assistance technique (avec des exceptions pour les pays pauvres) tout en reconnaissant que cette ressource ne peut être que marginale ;

- enfin le remboursement au compte de ressources générales (CRG) des frais de fonctionnement de la FRPC (instrument de prêt concessionnel du FMI) actuellement supportés par le CRG, en raison des ressources dont elle dispose.

Le rapport propose également que le Fonds verse un dividende à ses actionnaires quand il dégage un profit sur son activité de prêt. En revanche, il écarte l'introduction d'une contribution annuelle provenant du budget des Etats membres , ainsi que la baisse du taux de rémunération ou l'augmentation du taux de charge.

Bien que les propositions constituent un « paquet » destiné à être appréhendé dans son ensemble, certaines d'entre elles (activation de la politique de placement, mobilisation et investissement d'une partie des quotes-parts) soulèvent des questions juridiques délicates et nécessiteraient une révision préalable des statuts , et par voie de conséquence un vote des Parlements dans plusieurs pays membres. D'autres, comme le remboursement des frais de fonctionnement de la FRPC au CRG, sont plus simples à mettre en oeuvre mais risqueraient de remettre en cause l'action du Fonds dans les pays pauvres. Enfin, concernant la vente d'une partie du stock d'or, un vote du Congrès américain serait nécessaire.

Le rapport Crockett a été accueilli dans l'ensemble favorablement. Cette appréciation ne doit toutefois pas masquer les divergences d'approche entre pays membres, qui se cristallisent sur les ventes d'or et le remboursement des frais administratifs de la FRPC. Par ailleurs, plusieurs pays souhaitent que la question des dépenses soit simultanément abordée avec des efforts conséquents pour en réduire le montant et garantir que les nouvelles ressources n'exonéreront pas le FMI des efforts appropriés pour maîtriser ses coûts.

Source : ministère de l'économie, des finances et de l'emploi

B. AIDE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE BILATÉRALE : 177,3 MILLIONS D'EUROS

1. Les dépenses de fonctionnement

Les crédits demandés en dépenses de fonctionnement de titre 3 s'élèvent à 42,9 millions d'euros et concernent :

1) L'évaluation rétrospective du suivi de la Déclaration de Paris (lancée fin 2006 avec de nombreux partenaires de l'OCDE et qui s'achèvera fin 2008) et d'opérations financées par la Réserve pays émergents (RPE) et le FASEP-Etudes (reconduction de la dotation de 500.000 euros).

2) La gestion des opérations de prêts aux Etats étrangers dans le cadre de la RPE, qui comprend la rémunération versée à Natixis pour la gestion d'opérations qu'elle assure pour le compte de l'Etat (4,1 millions d'euros) et 300.000 euros consacrés à l'évaluation et à l'appui pour le montage de projets RPE d'infrastructures et de reconstruction en Asie du sud-est, au Pakistan et au Maghreb. L'augmentation de 5,1 % de la rémunération par rapport à 2007 s'explique par le transfert à Natixis, dans un souci de cohérence, de dossiers de la RPE et du FASEP-Etudes 31 ( * ) auparavant gérés par l'AFD.

Votre rapporteur spécial relève que les modalités de cette rémunération ont été sensiblement révisées à la hausse dans la convention liant l'Etat à Natixis, avec un relèvement du montant fixe (passé de 2,1 millions d'euros à 2,6 millions d'euros) et de la part proportionnelle au montant des tirages des prêts et dons de l'année considérée (1,05 % au lieu de 0,8 % antérieurement).

3) Les subventions pour charge de service public accordées à l'ADETEF (4,7 millions d'euros comme en 2007). Votre rapporteur spécial relève que cette subvention est plus de 15 fois plus élevée que celle que le MAEE accorde à son opérateur France coopération internationale , et que les ressources globales de l'opérateur sont supérieures à ses dépenses. Ce dernier constat conduit votre rapporteur spécial à proposer un amendement de réduction de cette subvention ;

4) La rémunération de l'AFD au titre de quatre instruments : les dons-projets (10 % de l'assiette) financés par le programme 209, les contrats de désendettement-développement - C2D (2 % des décaissements), les aides budgétaires (1 % des décaissements), et les opérations au profit d'Etats étrangers faisant l'objet d'une convention spécifique (1,5 % de l'aide budgétaire à l'UEMOA par exemple). Le montant global de CP demandés s'élève 37,3 millions d'euros de CP, soit une hausse de 11 % par rapport au montant inscrit dans la loi de finances initiale pour 2007.

Il est très regrettable que la JPE ne précise pas, contrairement aux années précédentes, les hypothèses de décaissements sur ces quatre composantes de l'assiette de la rémunération. Cette lacune est peut-être liée aux incohérences qui avaient été relevées dans les PAP de 2006 et 2007 sur les montants d'AE et/ou de CP mentionnés dans les programmes 110 et 209...

Dans son audit du programme 110, le CIAP a préconisé, dans un strict respect de la logique de la LOLF, de transférer à tout le moins sur le programme 209 la dépense correspondant à la rémunération de la mise en oeuvre de crédits de ce programme (dons-projets et C2D), qui constituent la majeure partie de l'assiette de ces frais de gestion 32 ( * ) . Le comité explique cette imputation sur le programme 110 « par la volonté de la DGTPE, qui assure la tutelle financière de l'AFD, et de la Direction du budget, de garder le contrôle de la rémunération de l'Agence et ainsi d'en maîtriser les coûts ».

Le CIAP explique également que le MAEE souhaiterait faire évoluer les modalités de cette dépense vers un mode de rémunération moins forfaitaire et plus propice à la prise en compte de petits projets, par définition plus lourds en frais de gestion. Votre rapporteur spécial considère que ce souci de meilleure prise en compte des projets de faible montant est louable, mais craint qu'une individualisation trop poussée de la rémunération conduise à des procédures complexes et elles-mêmes sources de frais de gestion. Il doit être possible de fixer un taux global à un niveau tel qu'il « mutualise » l'écart-type des coûts fixes selon le montant du projet.

2. Les dépenses d'intervention

Les dépenses d'intervention sont fixées à 339 millions d'euros en AE et 129,6 millions d'euros en CP , et comprennent des transferts aux collectivités locales et à d'autres entités.

a) Les bonifications des prêts de l'AFD à l'outre-mer

Les transferts aux collectivités locales consistent en des bonifications pour des projets financés par l'AFD au profit de collectivités publiques et PME outre-mer (dans le respect des règles communautaires), à hauteur de 45 millions d'euros en AE et 22,5 millions d'euros en CP (dont 600.000 euros seulement pour de nouveaux projets, comme en 2007). Ces prêts financent notamment des infrastructures, des projets environnementaux, des équipements scolaires, et dans les collectivités du Pacifique, des investissements dans les secteurs de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche.

La JPE a progressé mais demeure perfectible (le CIAP l'a même qualifiée de « totalement insuffisante » dans le PAP de 2007), notamment en ce qu'elle ne permet pas de distinguer ce qui relève de l'APD . Cette part est vraisemblablement très minoritaire, dans la mesure où seules les collectivités de Mayotte et Wallis-et-Futuna sont considérées comme éligibles à l'APD par le CAD.

b) Les bonifications des prêts de l'AFD aux Etats étrangers

Des montants de 250 millions d'euros en AE 33 ( * ), et de 27,7 millions d'euros en CP (comme en 2007), sont demandés au titre des bonifications d'intérêts versées à l'AFD dans le cadre de ses prêts concessionnels aux Etats étrangers. Les AE tiennent compte de la comptabilisation des risques pays et de contrepartie, induites par le passage aux nouvelles normes comptables IFRS, mais la JPE se révèle encore quelque peu lacunaire.

Les CP demandés correspondent à un besoin de financement de 128,4 millions d'euros, après déduction de 100,7 millions d'euros autofinancés par l'AFD par prélèvement sur son résultat courant avant impôt (soit 22,7 millions d'euros de plus que dans le PAP de 2007) .

Rappelons que le principe d'un réinvestissement de la moitié du résultat a été introduit en 2003 et prend désormais un caractère permanent, et a été « exceptionnellement » porté à 100 % en 2007. La bonne santé financière de l'Agence, notamment permise par le développement de son activité de prêts peu concessionnels, facilite ces opérations de débudgétisation et constitue un « ballon d'oxygène » pour un budget d'APD de plus en plus contraint , mais le CIAP a considéré dans son rapport d'audit que cette couverture par l'AFD de dépenses de l'Etat « paraissait contraire aux principes budgétaires ».

La JPE expose les grandes lignes de l'élargissement du champ d'intervention de l'AFD et de son nouveau Plan d'orientation stratégique (POS) approuvé par le conseil de surveillance le 18 janvier 2007, mais votre rapporteur spécial juge que ces explications sont encore trop générales.

c) Le Fonds français pour l'environnement mondial (FFEM)

Le FFEM, créé en 1994 pour promouvoir la coopération bilatérale en matière d'environnement, permet à la France de mieux affirmer ses priorités géographiques (concentration sur la ZSP), en cohérence avec les objectifs du FEM. Il est géré par l'AFD et n'a bénéficié d'aucun CP de 2003 à 2006, compte tenu du niveau de sa trésorerie. Une nouvelle reconstitution quadriennale pour 2007-2010 a été décidée en 2006 et s'est traduite par l'ouverture de 70 millions d'euros d'AE et 5,2 millions d'euros de CP en 2007.

Votre rapporteur spécial s'était interrogé sur les risques de sous-budgétisation potentielle de cette dotation en CP , qui se voit a posteriori confirmée puisque le montant de CP demandé en 2008 triple pour atteindre 15 millions d'euros .

Le cadre de programmation stratégique pour 2007-2008 n'innove pas fondamentalement et entend approfondir les orientations des conventions internationales dans six secteurs d'intervention : biodiversité (forêts en particulier), climat, eaux internationales, dégradation des terres, polluants chimiques et couche d'ozone. La priorité de l'Afrique et de la Méditerranée est confirmée (65 % des engagements en 2006).

d) L'aide budgétaire aux Etats d'Afrique et de l'Océan Indien

Les besoins afférents à l'aide budgétaire sectorielle à destination des Etats d'Afrique et de l'Océan indien sont estimés pour 2007 à 25 millions d'euros en AE et à 41 millions d'euros en CP , ces derniers s'inscrivant en baisse de 37 % par rapport à la loi de finances initiale pour 2007. Les prévisions pour 2007 portent sur un montant de 59 millions d'euros 34 ( * ) d'aides budgétaires, affecté en particulier à l'Union économique et monétaire ouest-africaine - UEMOA (première tranche de 20 millions d'euros au titre d'un engagement triennal), au Mali (10 millions d'euros), au Niger (8,5 millions d'euros) et au Burkina-Faso (6,5 millions d'euros).

En 2008 , les aides seront à l'UEMOA, au Burkina-Faso et au Mali seront poursuivies, et une nouvelle aide sera octroyée au Bénin. Des opérations pourraient également être reportées de 2007 à 2008 (Togo, Guinée-Bissau, Haïti, CEMAC) si la levée des réserves ne se faisaient pas.

Lors de la conférence de Paris du 25 janvier 2007, la France a également annoncé une aide au Liban pour la mise en oeuvre de son programme de réformes économiques, à hauteur de 500 millions d'euros , dans le cadre du programme post-conflit mis en place par le FMI. Ce soutien financier devrait en particulier inclure un prêt d'ajustement structurel de l'AFD (donc ne nécessitant pas de dépense budgétaire) d'un montant de 375 millions d'euros , décaissé en trois tranches.

La JPE précise opportunément la doctrine d'emploi des aides budgétaires globales (ABG), telle qu'elle a été présentée aux membres du conseil de surveillance de l'AFD. Cette doctrine est fondée sur des principes de prévisibilité, de gestion axée sur les résultats et d'alignement, et distingue deux types d'ABG :

- les aides de stabilisation macroéconomique à court terme, qui conformément à la doctrine d'Abidjan, sont conditionnées par l'obtention d'un programme et d'un financement approuvés par le FMI ;

- les aides de réduction de la pauvreté à moyen terme. L es pays demandeurs doivent répondre à trois critères : mettre en oeuvre d'une politique macroéconomique saine et soutenable, présenter une stratégie nationale de croissance et de réduction de la pauvreté assortie d'un dispositif de suivi et d'évaluation, bénéficier d'une évaluation positive du système de gestion des finances publiques. Votre rapporteur spécial attache une importance particulière à ce dernier critère , qui permet d'apporter des garanties quant à une utilisation des fonds conforme aux objectifs.

e) La coopération technique et l'ingénierie (FASEP et PRCC)

Trois types d'instruments sont financés sur cette action. Les études de faisabilité et prestations d'assistance technique ou de coopération institutionnelle du FASEP-Etudes requièrent l'ouverture de 19 millions d'euros d'AE et de CP, soit un montant stable depuis plusieurs années.

Comme les années précédentes, les dossiers du FASEP-études n'avaient que peu trait aux pays les moins avancés en 2006 et durant le premier semestre 2007, ce qui en fait un instrument à la marge de l'APD . Sur 50 décisions de financement sur 24 pays, deux concernaient ainsi l'Afghanistan (élaboration d'un système d'adressage dans un district de Kaboul) et le Cambodge (schéma directeur d'aménagement du plan lumière de Phnom Penh), et 11 concernaient d'autres pays de la ZSP (Algérie, Liban, Maroc, Tunisie). L'essentiel était affecté à des pays émergents tels que le Brésil (4 études), la Chine (6 études), la Colombie (3 études), l'Indonésie (5 études) et des pays d'Europe centrale et orientale (Bulgarie, Russie, Ukraine).

Les secteurs privilégiés sur la même période sont l'environnement (26 % des financements), l'eau (25 % des financements) et les transports (24 %).

Le Programme bilatéral de renforcement des capacités commerciales ( PRCC ) a été mis en place par la France en 2002 et est cogéré par l'AFD et la DGTPE. Il constitue un élément de la participation française à l'effort global des Etats membres de l'OMC pour porter leur aide au commerce bilatérale à hauteur de 1 milliard d'euros par an à partir de 2010.

Votre rapporteur spécial a eu l'occasion , lors de ses missions de contrôle budgétaire (en particulier en Asie du sud-est), d'en constater l'utilité et l'efficacité . Le premier PRCC triennal (2002-2005), doté de 25 millions d'euros d'AE (dont 10 financés par l'AFD), a permis de conduire des actions couvrant l'amélioration des capacités d'exportation et l'assistance technique institutionnelle. Ses objectifs sont considérés comme atteints.

Un second PRCC a été décidé pour la période 2006-2008, selon les mêmes modalités financières, et a fait l'objet d'une convention entre le MINEFE et l'AFD en avril 2006. La troisième tranche requiert en 2008 des CP à hauteur de 5 millions d'euros . Ce nouveau PRCC vise une efficacité accrue avec une simplification des procédures et du déroulement des projets 35 ( * ) .

3. L'évolution quantitative et qualitative des ressources et concours de l'AFD

a) La poursuite du développement de l'activité

Les activités pour compte propre de l'AFD sont financées à partir de trois sources : des emprunts réalisés sur les marchés financiers sans la garantie explicite de l'Etat (émissions obligataires et placements privés), des ressources propres (reprises sur provisions et, depuis 2004, réinvestissement d'une partie du résultat de l'exercice précédent), et des ressources budgétaires issues du programme 110 (bonifications d'intérêts, rémunérations et subventions destinées à financer les aides budgétaires, le PRCC et la gestion des concours hors prêts), du programme 853 de la mission « Prêts à des Etats étrangers » (emprunts auprès du Trésor d'une durée de 30 ans au taux de 0,25 %), et du programme 209 (subventions pour les dons-projets et les C2D).

L'évolution de ces ressources depuis 2005 est la suivante :

Origine et évolution des ressources de l'AFD depuis 2005

(en millions d'euros)

Catégories de ressources

2005

2006

2007

2008 (prévision)

Emprunts nets sur les marchés

47

- 171,8

- 83,6

- 18

Besoins propres

Emission simple

0

0

305,3

0

Emission subordonnée

0

500

0

500

Placement privé

76

0

82,1

N. D.

Remboursements

- 735

- 671,8

- 471

- 518

Financement de la FRPC du FMI

Emissions

706

0

0

0

Remboursements

- 546

- 370

- 229

- 244

Ressources propres

83,5

179,4

278

245,3

Dividende réinvesti dans l'activité

83,5

94,5

247,8

160

Reprise de provisions et divers

0

84,9

30,2

85,3

Ressources en provenance de l'Etat

509,2

511,9

463,1

563,4

MINEFE

Bonifications

217,2

120,9

129,4

150,9

Tirages nets sur emprunts

45,9

49,5

62,8

56

Aides budgétaires globales

75,5

65

65

65

Rémunérations

25,1

21,5

33,6

37

PRCC

4,5

4,5

3,2

4,5

MAEE

Subventions projet

141

186,6

154,9

250

Dont transferts CP FSP

17

2,6

0

0

Refinancements par dons

0

63,9

14,3

0

Total

639,7

519,5

657,5

790,75

Total hors remboursements d'émissions

1.374,7

1.191,3

1.128,5

1.308,7

Source : ministère de l'économie, des finances et de l'emploi

L'encours brut global des prêts était stable à 10,4 milliards d'euros fin 2006 , dont 7 milliards d'euros aux risques de l'Agence (encours couvert à hauteur de 16 %). Il se répartit géographiquement entre 7,5 milliards d'euros dans les Etats Etrangers (7,4 milliards d'euros fin 2005) et 2,9 milliards d'euros dans les DOM et collectivités d'outre-mer à statut particulier. Les engagements de l'Agence dans les Etats étrangers ont franchi le seuil de 2 milliards d'euros en 2006 (soit une croissance de plus de 30 % par rapport à 2005), dont 330 millions d'euros au titre de l'aide-projet.

Engagements du groupe AFD (y compris prêts Proparco) dans les Etats étrangers
au titre de l'aide -projet et des concours d'ajustement structurel

(en millions d'euros)

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

Aide-projet

Dons-projets

174

166

160

176

174

249

330

Prêts-projets concessionnels

345

335

373

435

612

986

1.024

dont prêts souverains

312

293

296

339

478

700

555

dont prêts non souverains

33

42

77

96

134

297

426

Prêts-projets non concessionnels

185

158

152

195

167

280

163

Sous-total

704

659

685

806

953

1.515

1.517

Ajustement Structurel

Dons d'ajustement structurel (avant 2005) puis aide budgétaire globale

20

29

11

46

41

56

62

Prêts d'ajustement structurel

-

-

183

500

-

-

49

Sous-total

20

29

194

546

41

56

111

Contrats de désendettement-développement

-

3

28

30

49

21

388

Garanties

-

-

37

9

15

25

83

Total

724

691

944

1.391

1.058

1.617

2.099

Source : ministères des affaires étrangères et européennes

La répartition géographique et sectorielle des engagements de 2004 à 2006 est la suivante :

Evolution de la répartition géographique des engagements de l'AFD hors TOM
(dons, prêts hors garantie, C2D)

(en millions d'euros)

2004

2005

2006

Evolution 2005/2006

Part en 2006

Afrique subsaharienne

409,4

604,4

1.060,5

75,4 %

50,4 %

Méditerranée

341,5

297,3

519,3

75,7 %

24,7 %

Asie

119

459

321,2

-30 %

15,3 %

Amériques, Pacifique, Caraïbes

18,9

6,5

15,8

143,1 %

0,8 %

Non ventilé (dont Proparco)

153,4

241,5

181,4

-24,9 %

8,6 %

Total

1.042,2

1.608,8

2.098,2

30,4 %

100 %

Source : ministère des affaires étrangères et européennes

Evolution de la répartition sectorielle des engagements de l'AFD
(dons et prêts hors garantie)
)

2004

2005

2006

Agriculture et sécurité alimentaire

7,6 %

8,3 %

12,3 %

Education

2,3 %

3,7 %

19,4 %

Santé et lutte contre le sida

1 %

3,3 %

Eau et assainissement

13,6 %

11,5 %

15,2 %

Infrastructures

55 %

44,1 %

23,2 %

Secteur productif

16,6 %

23,3 %

12,7 %

Environnement et ressources naturelles

0,8 %

3,7 %

17,3 %

Hors secteurs définis par le CICID

3,1 %

2,1 %

3,6 %

Source : ministère des affaires étrangères et européennes

Votre rapporteur spécial constate qu'après une montée en puissance des concours en Asie, l'activité de l'AFD en Afrique subsaharienne et en Méditerranée a fortement augmenté en 2006 pour représenter les trois quarts des engagements, ce qui se révèle donc supérieur à l'objectif de l'AFD de consacrer les trois quarts de son activité à l'Afrique subsaharienne, qui ne concerne que les dons, largement minoritaires dans les concours (15,7 % en 2006).

b) Une situation financière qui demeure satisfaisante mais une qualité des projets en légère dégradation

La situation financière de l'Agence demeure satisfaisante. Compte tenu de son périmètre d'intervention, l'AFD présente de bons résultats en matière de recouvrement de créances puisque le montant des impayés représentait 13 % de l'encours fin 2006, en légère hausse par rapport à 2005 (12 %), dont 784 millions d'euros garantis par l'Etat français 36 ( * ) , 382 millions d'euros d'impayés souverains éligibles à des traitements en Club de Paris 37 ( * ) et 168 millions d'euros d'impayés non souverains. Le ratio de solvabilité de l'AFD est élevé avec 50,9 % fin 2006 contre 49,1 % fin 2005.

Le portefeuille de projets est désormais intégralement noté et fait apparaître les tendances suivantes fin 2006 38 ( * ) : 35 % de projets « à risque » (34 % fin 2005) dont 22,8 % de projets « à problèmes », et un taux de proactivité 39 ( * ) de 72 %. Cette performance, proche de celle des autres bailleurs de fonds, est pour l'essentiel due à l'Afrique, où les capacités institutionnelles sont plus faibles qu'ailleurs et nécessitent un travail de renforcement de longue haleine.

Bien que la qualité des projets n'ait pas progressé, l'AFD s'est fixée des objectifs ambitieux pour 2007 : une proportion supérieure à 90 % de projets dont la notation date de moins de 6 mois, une part de projets à risque inférieure à 30 %, un taux d'amélioration des projets à problèmes supérieur à 33 %, une part de projets restés à problèmes en fin d'année inférieure à 50 %, et un taux de proactivité voisin de 90 %.

Le sinistre de la banque Baninter en République dominicaine

Lors de son contrôle dans trois Etats des Caraïbes (Haïti, Cuba et République dominicaine) conduit en février 2006, votre rapporteur spécial avait constaté que Proparco avait dû faire face début 2003 à la faillite frauduleuse (et ce faisant difficile à prévoir) de la banque dominicaine Baninter , à laquelle avaient été consentis deux lignes de crédit pour un montant global de 15 millions de dollars. Cette fraude de grande envergure sur une banque de première importance était organisée depuis de nombreuses années par son président, avec des prises d'intérêt tant au niveau des milieux politiques que du superviseur bancaire. Une fraude de cette ampleur n'a pu avoir lieu qu'avec l'aide de multiples complicités, notamment pour le maintien sur une longue période d'une double comptabilité.

Dès 1999, certains signaux avaient attiré l'attention de Proparco : sur-rémunération des dépôts par rapport à la concurrence, train de vie du président, rumeurs dans la communauté bancaire, etc. La mission de Proparco d'avril 1999 avait alors décidé de mettre en place un système de nantissement des créances refinancées (« custody agreement ») avec Baninter et de réduire la deuxième ligne déjà largement engagée à un montant de 5 millions de dollars (au lieu de 10).

Pour apurer sa créance sur Baninter, Proparco a ainsi utilisé différents mécanismes, selon une démarche est analogue à celle des autres dossiers à problème. La banque centrale dominicaine a signé une lettre de confort le 16 avril 2003, par laquelle elle s'engageait à rembourser les créances de Proparco. Proparco a acquis le 6 avril 2004, par compensation de créances, un crédit détenu par Baninter sur la filiale dominicaine du groupe Bernard Hayot, puis l'a cédé sans décote à la maison-mère en Martinique. Enfin un accord a été signé le 30 juillet 2005 entre les banques de développement créancières et la banque centrale, dans lequel elle s'est engagée à payer aux banques de développement leurs créances moyennant une décote de 20 % sur le principal et un abandon des intérêts.

Le sinistre s'est finalement révélé réduit pour Proparco puisque le seul abandon de créances s'est élevé à 1,7 million d'euros sur une exposition de 11,4 millions d'euros. La situation des intérêts de Proparco en République dominicaine a fait l'objet de quatre présentations au conseil de surveillance en 2003 et 2004. Enfin le système de contrôle et de suivi des risques a été renforcé avec la création de la direction des engagements. Cette nouvelle direction émet une opinion indépendante sur les demandes d'octrois, elle gère le portefeuille à partir du premier décaissement et elle assure le suivi et la cotation des risques. Elle propose également les réaménagements nécessaires concernant les dossiers en difficulté.

Source : ministère de l'économie, des finances et de l'emploi

Lors des contrôles budgétaires qu'il a effectués en Afrique australe et en Asie du sud-est 40 ( * ) , votre rapporteur spécial a constaté - malgré le bien-fondé et l'amélioration de la démarche de notation - que la qualité et la précision de la notation des projets étaient inégales (meilleures au Mozambique qu'en Afrique du Sud par exemple), et qu'il subsistait dans certains cas une impression d'incohérence entre une notation favorable (A ou B) et un rythme d'exécution médiocre.

c) L'extension du périmètre d'intervention de l'AFD dans les pays émergents

Le 12 décembre 2003, le champ d'intervention de l'Agence a été étendu hors de la ZSP dans six nouveaux pays : Egypte, Jordanie, Syrie, Turquie, Chine et Thaïlande. Le CICID du 19 juin 2006 a autorisé l'AFD à intervenir à titre expérimental sur trois ans en Inde et au Brésil et à poursuivre ses interventions en Indonésie et au Pakistan , « par des crédits non concessionnels ou très faiblement concessionnels, sur des projets contribuant à une meilleure gestion des biens publics mondiaux et offrant un haut niveau de visibilité et d'influence à notre pays ». Ce même CICID a également autorisé l'AFD à intervenir à Maurice ainsi qu'à octroyer des prêts dans les autres pays d'Afrique sub-saharienne encore absents de la zone d'intervention de l'AFD (Zambie, Malawi, Lesotho, Swaziland, Botswana).

Un document d'orientation a été adopté par le conseil de surveillance du 18 janvier 2007, qui a également autorisé l'ouverture d'agences dans les quatre nouveaux pays émergents. Les négociations avec les autorités locales sont en cours et des premiers projets devraient pouvoir être engagés fin 2007 ou début 2008, notamment en partenariat avec la Banque asiatique de développement. Le cadre d'intervention de l'AFD dans ces pays sera présenté au conseil d'administration de l'AFD fin 2007 et les activités mis en oeuvre feront l'objet d'une évaluation , prévue au printemps 2008.

Dans son rapport d'information précité, votre rapporteur spécial a exposé les ambiguïtés du positionnement de l'AFD en Chine , trop proche de celui de la mission économique et hésitant en 2003-2004. Votre rapporteur spécial a en effet constaté les points suivants :

- une arrivée trop tardive et une montée en puissance progressive alors que la plupart des autres bailleurs bilatéraux commençaient à diminuer leurs engagements ;

- une stratégie de promotion de l'efficacité énergétique moins « différenciante » qu'escomptée, alors que des zones de pauvreté subsistent dans le centre du pays ;

- un soutien indirect aux entreprises françaises pour ne pas contrevenir ouvertement au principe de l'aide déliée ;

- et des prêts concessionnels moins compétitifs que ceux proposés par l'Allemagne ou le Japon (outre les dons octroyés par l'Australie, les Etats-Unis ou le Royaume-Uni).

Compte tenu des réserves déjà exprimées par votre rapporteur spécial sur les nombreuses implantations dans les pays émergents, qui tendent à distraire l'AFD de sa vocation de financement du développement des pays pauvres, une vigilance particulière s'imposera sur les résultats de l'évaluation qui sera conduite en 2008.

d) Les suites des contrôles exercés par la Cour des comptes et le nouveau Plan d'orientation stratégique

La quatrième chambre de la Cour des comptes a réalisé en 2006 un contrôle approfondi des comptes et de la gestion de l'AFD pour les exercices 2000 à 2004, qui a mis en avant cinq principaux thèmes de réflexion : le métier futur de l'Agence et son orientation stratégique (en particulier la diversification géographique et sectorielle), l'avenir de Proparco, l'adaptation de l'AFD à la concurrence croissante du privé et des autres bailleurs de fonds, la relation avec l'Etat (partage de compétences, degré d'autonomie...), et l'avenir de la politique d'aide au développement tant en volume qu'en nature.

Le projet d'orientation stratégique 2007-2011 de l'AFD (POS II), élaboré en concertation avec les tutelles, a permis de revoir les relations entre l'AFD et l'Etat (convention cadre et contrats d'objectifs) et de moderniser les procédures de l'Agence. Plusieurs objectifs y sont affirmés :

- le partage des activités de l'Agence en trois tiers (un projet pouvant cumuler plusieurs objectifs) : 40 % à la lutte contre la pauvreté, 40 % pour les biens publics mondiaux (y compris la responsabilité sociale et environnementale des entreprises) et 40 % pour la promotion de la croissance ;

- la priorité à l'Afrique subsaharienne , à laquelle sont consacrées 60 % des ressources Etat de l'AFD. Plus largement, le document identifie trois sous-ensemble d'intervention aux logiques différentes : Afrique-Méditerranée, pays émergents et outre-mer ;

- l'harmonisation concrète de l'aide et les partenariats, notamment avec le FMI et avec la Banque africaine de développement ;

- la recherche d'innovations financières (IFFIm, financements en monnaie locale, prêts contracycliques, etc ) et de nouveaux partenaires non souverains ;

- un fort accent sur la production intellectuelle : 42 millions d'euros en 2011, soit un doublement par rapport aux 21 millions d'euros de 2005, l'AFD prenant pour modèle la Banque mondiale dans ce domaine ;

Cette réflexion prend en compte les principales observations formulées par la Cour des comptes. 17 plans d'action viennent également décliner les objectifs du POS II. Les principaux points concernent :

- les ressources humaines : recrutement de 50 personnes par an pour remplacer les départs en retraite ; renforcement des compétences des agences par du personnel local ;

- l'architecture financière : optimisation de la tarification des frais généraux, des produits non souverains (passage aux normes IFRS et révision du provisionnement) et des produits souverains (développement des émissions en monnaie locale et couverture du risque). Le montant des fonds propres est identifié comme une contrainte limitative pour l'activité souveraine , d'où l'évocation d'une nouvelle émission subordonnée (dette assimilable à des fonds propres) de 600 millions d'euros ;

- la stratégie non-souveraine : développement des synergies entre l'AFD et Proparco, nouveaux outils de couverture des risques ;

- l'assistance technique au renforcement des capacités : pour faire suite à l'ambition affichée de la Banque mondiale d'augmenter le recours aux assistants techniques (AT), l'AFD entend établir un diagnostic des finalités et missions d'AT pour se doter d'outils de suivi et d'indicateurs d'atteinte des objectifs de renforcement des capacités en coordination avec les autres bailleurs de fonds ;

- le plan d'action pour l'animation sectorielle et l'appui à la définition des politiques publiques en coordination avec les SCAC, notamment le conseil aux autres acteurs français de développement (ONG en particulier) dans les 7 secteurs identifiés par le CICID.

Conformément aux recommandations formulées par la Cour des comptes à l'issue de son contrôle de Proparco, cette filiale devrait prochainement faire l'objet d'une augmentation de capital de 300 millions d'euros , qui serait notamment souscrite par l'AFD, sans préjudice de la cession de droits préférentiels de souscription à des actionnaires minoritaires actuels ou nouveaux, dans la limite de la détention majoritaire par l'AFD.

Le plan d'affaires de Proparco est aujourd'hui fondé sur 6 priorités stratégiques que votre rapporteur spécial juge pertinentes : confirmer la primauté du continent africain, promouvoir les biens publics mondiaux dans les grands pays émergents, inscrire le développement durable dans chaque secteur d'intervention, être plus subsidiaire et élargir la palette des instruments financiers en fonds propres, accroître l'effet de levier des interventions, et inscrire la mesure des impacts au coeur de l'action de Proparco.

e) Considérer l'AFD comme un opérateur au sens de la LOLF ?

Dans ses audits des programmes 110 et 209, le CIAP pose clairement la question du statut de l'AFD au regard de la LOLF et rappelle que ni le Parlement, ni la Cour des comptes, ni le MAEE ne partagent la position du MINEFE consistant à ne pas considérer l'AFD comme un « opérateur LOLF » , au motif que son activité marchande ne lui permettrait pas de remplir les quatre critères de qualification d'un tel opérateur, bien qu'elle satisfasse aux trois autres 41 ( * ) .

Il apparaît logique, dans une certaine mesure, d'exciper le caractère marchand de l'activité de l'AFD de son double statut d'EPIC et d'établissement de crédit. La Cour des comptes a néanmoins considéré 42 ( * ) que son activité commerciale (sans doute assimilée à Proparco) était nettement minoritaire et que sa mission première, l'APD, était bien de nature non marchande. En outre, le critère du financement 43 ( * ) retenu par le règlement communautaire CE n° 2223/96 du 25 juin 1996 peut conduire à considérer l'Agence comme un établissement du secteur non marchand, le produit de ses ventes issu des engagements actuels couvrant 23 % ou 34 % des frais de production, selon que l'on prend ou non en compte les dons . Les arguments existent donc pour inclure l'AFD dans le secteur non marchand.

Au surplus, l'AFD satisfait aux 3 critères cumulatifs 44 ( * ) emportant présomption d'appartenance au périmètre des opérateurs de l'Etat , tels qu'ils sont présentés dans le fascicule relatif aux opérateurs de l'Etat annexé au projet de loi de finances.

Indépendamment de ces critères, votre rapporteur spécial estime qu'il serait pertinent d'inclure l'AFD dans le champ des opérateurs , solution que tend également à privilégier le CIAP, afin d'assurer une information plus complète sur les missions, les emplois et l'utilisation des crédits publics de l'Agence, comme une meilleure cohérence entre ses objectifs et ceux de la mission APD. Il y'a en effet quelque paradoxe à ce que l'opérateur qualifié de « pivot » de l'APD ne soit pas un opérateur LOLF. L'AFD devrait à tout le moins faire l'objet d'une présentation similaire à celle des autres opérateurs.

Le DPT de 2008 innove d'ailleurs en consacrant, dans ses annexes, des développements substantiels sur l'activité et les ressources de l'Agence. Dans les faits, l'AFD est donc traitée comme un quasi-opérateur LOLF (triple tutelle, participation de l'Etat au conseil d'administration, indicateur spécifique dans le programme 110, JPE sur les ressources budgétaires, objet du programme 853...), sans pour autant en revêtir la qualité juridique.

En outre, à l'instar des autres opérateurs, ses relations avec ses trois ministères de tutelle sont désormais définies par une convention-cadre signée le 4 janvier 2007 et par des contrats d'objectifs . La convention-cadre prévoit notamment :

- la formalisation de l'information des ambassadeurs sur les activités et projets des agences locales 45 ( * ) ;

- un objectif de porter le montant moyen des dons à 6 millions d'euros, et celui des prêts à au moins 10 millions d'euros ;

- un objectif de renforcement de la présence de l'AFD en matière de recherche et de production intellectuelle, en concertation avec le MAEE et le MINEFE (un programme conjoint est établi) ;

- des précisions sur le taux forfaitaire de rémunération de l'AFD (versée en 2 tranches) visant à couvrir les coûts réels engagés. Les produits nets de placement de la trésorerie issus du placement des crédits budgétaires viennent naturellement en déduction de la rémunération ;

- la confirmation de l'intervention de l'Agence, à titre expérimental, en Inde, au Brésil, en Indonésie et au Pakistan ;

- l'affirmation d'une plus grande association des ONG aux opérations de l'Agence.

C. TRAITEMENT DE LA DETTE DES PAYS PAUVRES : 152,6 MILLIONS D'EUROS

Cette action ne comporte que des crédits d'intervention, pour 152,65 millions d'euros en AE et CP. Ils sont consacrés à l'indemnisation de l'AFD au titre des échéances d'annulations de dettes consenties dans le cadre de la Conférence de Paris (600.000 euros au profit d'Haïti) et des dispositifs « Dakar I » (34,15 millions d'euros au profit de 20 pays) et « Dakar II » (83,16 millions d'euros au profit de 13 pays) et intervenues en Club de Paris (34,71 millions d'euros). Ces dernières annulations concernent plus particulièrement le Burundi (19,8 millions d'euros), la RDC (6,8 millions d'euros) et les Seychelles (2,85 millions d'euros).

A la différence de 2007, il n'est pas prévu en 2008 de reconstitution du « fonds fiduciaire PPTE », fonds multilatéral destiné à couvrir auprès des institutions financières régionales participant à l'initiative PPTE « renforcée » le coût des allègements et annulations de dettes des pays éligibles.

SECTION III. LE PROGRAMME 209 « SOLIDARITÉ À L'ÉGARD DES PAYS EN DÉVELOPPEMENT »

I. PRÉSENTATION ET EFFECTIFS

A. ARCHITECTURE, STRATÉGIE ET OPÉRATEURS

1. Un découpage géographique simple mais facteur d'ambiguïtés

Le programme 209 regroupe l'essentiel, mais pas la totalité, des moyens du MAEE consacrés à l'APD et aux interventions dans les pays en situation de crise. Un certain nombre d'actions partagées avec la mission « Action extérieure de l'Etat » (réseau culturel en particulier) sont réparties selon une clef géographique , le programme 209 ayant vocation à recevoir les crédits afférents aux 152 pays figurant dans la liste des bénéficiaires d'APD établie par le CAD (qui n'a pas évolué en 2007 par rapport à 2006).

Cette clef de répartition a le mérite de la simplicité mais conduit à des incongruités , relevées par le rapport d'audit du CIAP de juin 2007, avec l'inclusion de pays tels que l'Arabie saoudite, la Croatie et la Turquie dans le champ du programme, et de pays émergents à l'égard desquels la politique d'influence et la promotion des intérêts économiques français sont prépondérantes et n'entretiennent qu'un rapport lointain avec la réduction de la pauvreté.

L'architecture des budgets opérationnels de programme (BOP) des 5 programmes du MAEE a été opportunément simplifiée selon les principes suivants :

- il n'y a que des BOP centraux, donc aucun BOP déconcentré ;

- la fonction du BOP consiste à mettre à disposition les crédits vers les unités opérationnelles (UO) centrales ou locales ;

- un seul BOP par programme peut déléguer des crédits aux UO locales ;

- les UO locales répondent à une logique pays ;

- le rôle des UO réside dans l'utilisation des crédits, elles engagent et liquident la dépense.

Le programme 209 s'appuie donc sur 2 BOP (dispositifs multilatéraux et pilotage central) et 10 UO centrales . Le BOP « pilotage central » est notamment chargé de la répartition des crédits en direction de 113 UO locales à l'étranger.

2. La question du rattachement de l'action culturelle et de la francophonie

Le rattachement au programme 209 des crédits de la francophonie multilatérale et de l'action culturelle menée dans les pays éligibles à l'APD suscite des interrogations, relevées par le CIAP dans son rapport précité. Le positionnement de la francophonie paraît polyvalent et ambigu puisqu'il recouvre à la fois la défense du français, la promotion de la diversité culturelle et linguistique et le soutien aux institutions de la francophonie, qui sont susceptibles de jouer un rôle diplomatique.

De même, l'action culturelle se situe à mi-chemin entre la solidarité (la culture comme composante du développement) et l'influence (diffusion de la culture française), qui pourrait justifier son intégration dans le programme 185 « Rayonnement culturel et scientifique » de la mission « Action extérieure de l'Etat », indépendamment du partage géographique.

Votre rapporteur spécial tend sur ce point à partager les recommandations du CIAP, soit le maintien de l'action culturelle dans le programme 209 et l'inscription des crédits de la francophonie multilatérale (Fonds multilatéral unique) sur le programme 185 . Outre le surcroît de complexité pour les postes qu'occasionnerait un rattachement à 4 programmes au lieu de 3, il apparaît en effet difficile de distinguer, au sein des actions culturelles conduites dans les pays de la liste du CAD, ce qui relève du don et du développement des cultures locales de ce qui relève d'une logique de marché et de promotion de l'offre culturelle française.

3. Un programme qui ne regroupe pas tous les crédits d'APD du ministère des affaires étrangères et européennes

Ainsi que le précise le DPT, un volume non négligeable de crédits comptabilisables en APD demeure également logé dans les programmes 105 (pour 108,8 millions d'euros, soit 7,5 % de la dotation du programme) et 185 (à hauteur de 91,1 millions d'euros, soit 19 % de la dotation du programme) de la mission « Action extérieure de l'Etat » :

- la quote-part des crédits de l'AEFE (Agence pour l'enseignement français à l'étranger) correspondant aux élèves étrangers scolarisés dans les établissements des pays de la ZSP (soit 37.401 élèves sur un total de 88.532), figurant dans l'action 5 « Service public d'enseignement à l'étranger » du programme 185 « Rayonnement culturel et scientifique » ;

- les coefficients d'APD 46 ( * ) pour les contributions aux organismes des Nations Unies, figurant dans l'action 4 « Contributions internationales » du programme 105 « Action de la France en Europe et dans le monde », dont une partie des activités relèvent du domaine du développement en application des directives du CAD. Le CAD permet également de déclarer en APD 7 % (soit 27,6 millions d'euros pour 2008) des contributions aux Nations Unies pour ces opérations, au titre des actions civilo-militaires.

A contrario , la coopération militaire et de défense (98 millions d'euros de CP demandés en 2008), qui constitue l'action 5 du programme 105, n'est comptabilisée par le CAD comme de l'APD que pour une fraction très faible 47 ( * ) , et n'est d'ailleurs pas reprise dans les DCP des ambassades. Dans son rapport d'audit du programme 209, le CIAP a écarté l'idée d'un rattachement à ce programme des crédits de la coopération militaire et de défense.

Le programme 209 est mis en oeuvre par la Direction générale de la coopération internationale et du développement ( DGCID ). Il s'appuie également sur un réseau diplomatique étendu , au sein duquel les 112 services de coopération et d'action culturelle (SCAC) collaborent avec 87 établissements culturels, 142 Alliances françaises et 19 centres de recherche.

4. Une stratégie en quatre axes

La stratégie du programme 209, dont la présentation dans le PAP est claire et précise, fait référence à la lettre de mission adressée le 27 août 2007 par le Président de la République au ministre des affaires étrangères et européennes, selon laquelle « il est fondamental de donner une nouvelle impulsion à notre politique d'aide au développement. Celle-ci doit être plus efficace, plus lisible, plus stratégique. Elle doit rechercher et atteindre des résultats concrets et visibles ». Votre rapporteur spécial ne peut que partager ces orientations, mais ne voit guère pour l'instant de « nouvelle impulsion » dans le volume prévisionnel d'APD pour 2007 et 2008.

La stratégie s'articule autour de 4 axes, au sein desquels apparaît clairement la promotion des intérêts français dans les pays émergents :

- mise en oeuvre de l'aide bilatérale aux 77 pays les plus pauvres, dont les 55 pays de la ZSP ;

- coopération avec les « géants économiques de demain », dont le Brésil et la Chine, en particulier au travers de la préservation des biens publics mondiaux ;

- participation au renforcement du caractère européen et multilatéral de l'aide ;

- aide aux pays touchés par les crises (catastrophes ou conflits).

5. La poursuite de la rationalisation des opérateurs

a) Cinq opérateurs dont deux dédiés à l'APD

Ce programme s'appuie sur cinq opérateurs (contre huit en 2006) , dont trois ne ressortissent pas exclusivement à l'APD : CulturesFrance, l'Association française des volontaires du progrès (AFVP), le groupement d'intérêt public France coopération internationale (FCI), l'agence CampusFrance (groupement d'intérêt public assurant la promotion dans le monde de l'offre française de formation supérieure) et l'association Egide (Centre français pour l'accueil et les échanges internationaux), dans l'attente de son intégration dans CampusFrance.

Seul Egide fait toutefois l'objet d'une présentation détaillée dans le PAP 48 ( * ) . Cette association est mandatée par le MAEE et ses prestations font l'objet d'une mise à disposition de trésorerie, la rémunération à l'acte d'Egide étant déterminée par un barème révisable annuellement par avenant à la convention de mandat. Le MAEE ne lui verse aucune subvention pour charges de service public, les frais de gestion acquittés par le ministère étant évalués à 9,34 millions d'euros en 2007 sur un budget global de 18,97 millions d'euros.

b) Des réformes organisationnelles et financières indispensables

Plusieurs réformes ont été ou sont en cours de mise en oeuvre afin d'accroître l'efficacité de ces opérateurs, de maîtriser leurs coûts de gestion et d'améliorer la cohérence de leurs actions avec la stratégie d'APD :

- la réorganisation de la DGCID liée à l'entrée en vigueur de la LOLF a notamment abouti à la création d'un bureau dédié au suivi et à la tutelle des opérateurs ;

- la signature de conventions pluriannuelles d'objectifs et de moyens , selon un calendrier qui tend à s'étirer : le 18 décembre 2006 avec l'AFVP 49 ( * ) , mai 2007 pour CulturesFrance, d'ici fin 2007 pour FCI et Egide ;

- en application de la convention d'objectifs et de moyens, le MAEE ne verse plus de subvention de restructuration à l'AFVP à compter de 2008 ;

- la fusion en septembre 2006 de l'Association française d'action artistique (AFAA) et de l'Association pour le développement de la pensée française (ADPF) au sein de l'association CulturesFrance, opérateur unique de coopération culturelle à l'étranger. Dans la continuité du rapport fondé sur l'enquête demandée à la Cour des comptes, en application de l'article 58-2° de la LOLF, la direction de CulturesFrance a entrepris de nombreuses actions de modernisation , dont elle a rendu compte lors de l'audition de suivi du 25 septembre 2007.

On peut ainsi mentionner l'amélioration de la tenue des assemblées générales, l'établissement d'un règlement administratif et financier, la définition des pouvoirs respectifs du conseil d'administration, du bureau et du président, la (difficile) mise en place d'une comptabilité analytique au premier semestre 2007, la mise en conformité des documents budgétaires, la double signature du président et du directeur pour les engagements à portée pluriannuelle, ou la suppression de 10 ETPT.

Le statut de CulturesFrance n'est toutefois pas encore pleinement clarifié , puisque la proposition de loi de notre collègue Louis Duvernois, tendant à faire de CulturesFrance un établissement public, a été adoptée par le Sénat à l'unanimité le 13 février 2007, mais n'a pas encore été, à ce jour, examinée par l'Assemblée nationale.

Il convient enfin de relever les perspectives de rapprochement entre l'INRA, le CEMAGREF et le CIRAD , en application des décisions du CICID de mai 2005. Au cours du premier semestre 2006, les ministres de tutelles du CIRAD et de l'INRA ont demandé aux dirigeants des deux organismes d'élaborer dans les six mois une stratégie commune et « de proposer des évolutions de structures et d'organisation permettant de renforcer l'ensemble du potentiel de recherche français dans ces domaines ». Les organismes et le ministère partagent en effet le constat d'une globalisation des questions sur la recherche agronomique , adossée à la production de biens publics mondiaux.

Le scénario de rapprochement adopté en décembre 2006 comprenait la mise en commun de la programmation de la recherche dans toutes ses composantes, et le développement de synergies dans les domaines de la recherche horticole, forestière et de la santé animale ainsi que dans les fonctions d'appui à la recherche. Le processus de rapprochement s'est concrétisé par la constitution du GIP « Initiative Française pour la Recherche Agronomique Internationale » (IFRAI) , créé le 25 avril 2007 pour une période de 5 ans renouvelable. Le GIP représentera notamment l'INRA et le CIRAD au comité mis en place par l'IRD pour organiser une fonction d'agence de coopération scientifique de la recherche académique française avec les pays du Sud.

Il ne s'agit donc pas d'une fusion entre les deux établissements, dont les statuts diffèrent (EPIC pour le CIRAD, EPST pour l'INRA), et votre rapporteur spécial considère la constitution de ce GIP comme une première étape.

c) Les vertus et risques de l'unification au sein de CampusFrance

Le GIP CampusFrance est né en mars 2007 du regroupement de trois opérateurs : Edufrance, Egide et le Cnous. Si chacun d'eux garde son autonomie de fonctionnement durant une période transitoire de 3 ans, le GIP a pour mission de servir de cadre à une stratégie globale et de préfigurer un opérateur intégré, qui pourrait voir le jour au terme de cette période. Votre rapporteur spécial que cette intégration doit intervenir au plus tard d'ici 3 ans.

CampusFrance dispose d'un effectif de 38 personnes et d'un budget de 8,52 millions d'euros , subventionné à hauteur de 39 % par le MAEE, le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, et le ministère de la culture. Sa mission s'exerce en liaison avec les établissements d'enseignement supérieur (188 établissements adhérents en février 2007) et par un réseau de 82 espaces répartis sur 50 pays et installés au sein du réseau des établissements culturels sous l'autorité des ambassadeurs. Parmi ces espaces, 20 sont aujourd'hui dotés de la procédure dite « CEF » (Centre pour les études en France) qui facilite les démarches d'inscription (inscription en ligne) et d'obtention du visa.

S'agissant des espaces CampusFrance , votre rapporteur spécial partage les appréciations de notre collègue Adrien Gouteyron et insiste sur les aspects suivants :

- l'outil informatique doit achever sa modernisation ;

- bien que les prestations de ces espaces soient au moins en partie facturées auprès des étudiants étrangers, le MAEE octroie une subvention d'un montant non négligeable, dont 763.000 euros imputés sur l'action 2 du programme 209. Ces espaces ont bien vocation à s'autofinancer à moyen terme ;

- le louable souci de simplification et de facilitation par la création d'un guichet unique dans chaque pays peut aussi être perçu comme une bureaucratie centralisatrice, en particulier dans les pays de vastes dimensions (Russie par exemple) ;

- le succès de ces espaces est largement tributaire d'une bonne coordination et communication avec les universités françaises , qui n'ont pas toujours fait preuve d'un état d'esprit coopératif. La dématérialisation des dossiers est un moyen d'améliorer cette coordination.

d) La question de la création d'un programme dédié à la recherche

Le MAEE exerce également, avec le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, la co-tutelle de l'IRD et du CIRAD, dont les subventions pour charges de service public ne relèvent pas de la mission « Aide publique au développement » mais du programme 187 « Recherche dans le domaine de la gestion des milieux et des ressources » de la mission « Recherche et enseignement supérieur », pour un montant total de 325 millions d'euros en AE comme en CP 50 ( * ) .

La question de la création d'un nouveau programme dédié à la recherche pour le développement, défendue par votre rapporteur spécial, a été abordée par le CIAP , qui a proposé d'évaluer cette proposition avec le CIRAD, l'IRD et le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, malgré la dimension relativement modeste de cet éventuel programme supplémentaire.

B. 2.873 EMPLOIS À TEMPS PLEIN

1. Des statuts multiples et un effort de réduction des effectifs

a) Une diminution du plafond d'emplois de 110 ETPT en 2008

La quasi-totalité des 2.873 ETPT de la mission pour 2008 - compte tenu de la création du programme « codéveloppement » (transfert de 3 ETPT) - relève de ce programme et du plafond d'emplois du MAEE. Ils s'inscrivent en diminution de 3,6 % par rapport à 2007, soit une réduction nette de 110 postes .

Cette évolution correspond en particulier aux engagements pris dans le cadre du contrat triennal de modernisation du ministère, qui se traduit par une diminution du plafond d'emplois du MAEE de 234 ETPT, dont 116 ETPT pour le programme 209. L'application de la loi du 26 juillet 2005 (« loi Dutreil ») conduit à la transformation de 66 emplois à durée déterminée en contrats à durée indéterminée. Un solde de 9 assistants techniques , sur les 320 ETPT prévus sur la période 2006-2008, sera également transféré à l'AFD dans le cadre du processus initié en 2005 (cf. infra sur le FSP).

Evolution du plafond d'emplois entre les PLF 2007 et 2008

Titulaires et CDI en adm. centrale

Titulaires et CDI dans le réseau

CDD et volontaires internat.

Militaires

Agents de droit local

Total

PLF 2007

204

96

2.125

0

558

2.983

Contrat de modernisation 2008

-116

-116

Requalifications loi Dutreil

18

48

-66

0

Transferts 2008

-3

-3

Ajustements internes

42

11

91

-135

9

PLF 2008

261

155

2.034

0

423

2.873

Source : projet annuel de performance du programme 209 annexé au projet de loi de finances pour 2008

Les départs en retraite ne font pas l'objet d'un suivi par programme mais uniquement au niveau ministériel, en raison des imperfections des systèmes actuels de gestion des ressources humaines. Le projet de loi de finances pour 2007 prévoyait 250 départs à la retraite pour les quatre programmes du MAEE. La prévision ministérielle pour 2008 est de 275 départs , dont 225 titulaires et contrats à durée indéterminée. Le remplacement de tous les partants est envisagé, à l'exception des suppressions d'effectifs au titre du contrat de modernisation.

Un volume hors plafond de 255 ETPT (243 en 2007) est également rémunéré par les deux opérateurs subventionnés FCI et EGIDE , soit la grande majorité des emplois en fonction dans le groupement FCI (22 ETPT sur 26 en 2007, le solde consistant en des détachements inclus dans le plafond d'emplois du MAEE) et la totalité (221 ETPT en 2007) des emplois d'EGIDE.

b) Des personnels très majoritairement contractuels et déconcentrés

Plus de 70 % des emplois sous le plafond sont des contrats à durée déterminée et des volontaires internationaux (CDD et VI). Les effectifs sont répartis sur 4 des 6 actions du programme, parmi lesquelles l'action 1 « Animation et coordination de l'aide au développement » accueille le tiers des 2.983 ETPT autorisés, et l'action 3 « Politiques et stratégies sectorielles bilatérales dans les pays « ZSP PMA » » un peu plus de la moitié de ces emplois (exclusivement des CDD et VI).

Les effectifs (hors personnel de droit local 51 ( * ) ) financés par le programme 209 en 2007 et les effectifs globaux des services correspondants se répartissent de la façon suivante :

Répartition par structure des ETPT du programme 209 en 2007

Effectifs imputés sur le programme 209

Effectifs totaux

Part du programme 209

Personnel en administration centrale DGCID

333

485

68,7 %

Délégation de la coopération culturelle et du français

39

74

52,7 %

Délégation pour l'action extérieure des collectivités locales

10

10

100 %

DG et contrôle de gestion

14

26

53,8 %

Direction de la coopération scientifique et universitaire

45

72

62,5 %

Direction de l'audiovisuel extérieur

17

47

36,2 %

Direction des politiques du développement

123

130

94,6 %

MAAIONG

20

22

90,9 %

Service des moyens et du réseau

65

104

62,5 %

Autres personnels en administration centrale

25

25

100 %

Service des affaires francophones

10

10

Délégation à l'action humanitaire

15

15

Personnel expatrié et VI à l'étranger

2.090

2.979

70,2 %

SCAC

580

988

58,7 %

Alliances françaises

239

314

76,1 %

Etablissements à autonomie financière

294

517

56,9 %

Assistance technique

977

1.160

84,2 %

Total

2.448

3.489

70,2 %

Source : ministère des affaires étrangères et européennes

Votre rapporteur spécial, qui s'est souvent montré critique sur la gestion et le périmètre de la DGCID, considère que l'évolution de l'APD française, désormais confiée de manière croissante aux SCAC et à des opérateurs extérieurs au MAEE, au premier rang desquels l'AFD, Egide et CulturesFrance, plaide clairement en faveur d'un recentrage de cette direction générale sur des fonctions d'état-major, de pilotage et de coordination des nombreux intervenants .

D'après les informations recueillies par votre rapporteur spécial, moins de 25 % des actions financées sur le programme 209 en 2008 seraient ainsi directement conduites par la DGCID , le solde étant « délégué » aux organismes multilatéraux (64,4 %), aux « opérateurs LOLF » et à l'AFD (11,1 %).

Si la création opportune en 2006 d'un bureau de la tutelle des opérateurs et du contrôle (au sein du service des moyens et du réseau) répondait à une réelle nécessité, la DGCID ne dispose pas encore d'effectifs cohérents avec sa vocation. En outre, les bureaux géographiques de la direction des politiques du développement tendent à doublonner les directions et sous-directions régionales du Quai d'Orsay.

Votre rapporteur spécial vous propose donc un amendement portant sur une réduction de 20 ETPT au sein de la DGCID, afin d'initier le mouvement de mutation de la DGCID en une administration « de mission » et de « donner un signal » dans la perspective des conclusions de la Revue générale des politiques publiques. Cet amendement est le pendant de celui présenté par notre collègue Adrien Gouteyron, rapporteur spécial de la mission « Action extérieure de l'Etat ».

En termes budgétaires, les AE et CP de titre 2 du programme 209 demandés pour 2007 s'élèvent à 243,69 millions d'euros (dont 22,92 millions d'euros au titre de la contribution employeur au compte d'affectation spéciale des pensions et 3,66 millions d'euros de prestations sociales et allocations diverses 52 ( * ) ) soit une hausse limitée à 0,5 % par rapport aux crédits ouverts en loi de finances initiale pour 2007, qui s'inscrivaient en augmentation de près de 20 % par rapport à la loi de finances initiale pour 2006 en raison de la sous-estimation en 2006 des coûts paramétriques de l'assistance technique.

Coûts moyens annuels par catégorie d'emploi en 2007 et 2008

(en euros)

PLF 2007

PLF 2008

Ecart

Titulaires et CDI administration centrale

37.200

72.033

93,6 %

Titulaires et CDI à l'étranger

99.034

113.997

15,1 %

CDD et volontaires internationaux

89.257

84.035

-5,8 %

Agents de droit local

16.065

14.714

-8,4 %

Source : projet annuel de performance du programme 209 annexé aux projets de loi de finances pour 2007 et 2008

2. La baisse continue du personnel d'assistance technique

Le personnel d'assistance technique géré directement par le MAEE a poursuivi sa diminution en 2006 puisqu'il représentait 1.454 personnes au 1 er janvier 2007, soit une baisse de 10,4 % par rapport à début 2006 et de moitié par rapport à 1999 , essentiellement au détriment de l'Afrique subsaharienne. Les trois quarts des effectifs sont constitués de chargés de mission recrutés en France ou sur place. Ils sont essentiellement impliqués dans la coopération technique et la culture.

Ventilation sectorielle du personnel d'assistance technique en 2006 et 2007

01/2006

01/2007

Evolution

Part 2007

Audiovisuel et communication

33

32

- 3 %

2,2 %

Coopération culturelle et français

457

437

- 4,4 %

30 %

Coopération non gouvernementale et décentralisée

20

27

+ 35 %

1,9 %

Enseignement supérieur et recherche

344

367

+ 6,7 %

25,2 %

Gouvernance

254

258

+ 1,6 %

17,7 %

Multilatéral

15

8

- 46,7 %

0,5 %

OMD et coopération technique

499

325

- 34,9 %

2,2 %

Total

1.622

1.454

-10,4 %

100 %

Source : ministère des affaires étrangères et européennes

Ventilation géographique du personnel d'assistance technique en 2006 et 2007

01/2006

01/2007

Evolution

Part 2007

Afrique subsaharienne

953

802

-151

55,2 %

Amérique du nord

50

49

-1

3,4 %

Amérique du sud et centrale

57

49

-8

3,4 %

Asie

113

106

-7

7,3 %

Europe centrale et de l'est

159

150

-9

10,3 %

Europe du nord et de l'ouest

67

79

+12

5,4 %

Extrême-Orient et Pacifique

38

34

-4

2,3 %

Maghreb

73

72

-1

5 %

Proche et Moyen-Orient

112

113

+1

7,8 %

Total

1.622

1.454

-168

100 %

Source : ministère des affaires étrangères et européennes

L'assistance technique a connu au cours des dernières années un certain nombre d'évolutions structurantes qui ont trait au positionnement géographique (élargissement aux pays émergents et en transition), aux compétences (professionnalisation accentuée et renforcement de l'appui institutionnel), à la durée des missions (diminution des besoins en assistance résidentielle), à la diversification des partenaires et des recrutements et à la nécessaire présence dans les programmes multilatéraux , en particulier via FCI.

Votre rapporteur spécial constate que la baisse de l'assistance technique dans les pays de la ZSP 53 ( * ) tend à s'accentuer et fait donc courir le risque de voir s'effriter un de nos avantages comparatifs . En outre, les recrutements et renouvellements sur les ex-projets FSP transférés l'AFD ne se font pas à un rythme aussi rapide que le transfert des 320 postes correspondants. Il est également nécessaire de poursuivre l'effort de positionnement sur les appels d'offres européens et multilatéraux , afin de faire valoir nos priorités dans ces canaux trop souvent assimilés par les pays récipiendaires à une assistance apatride ou anglo-saxonne.

Le renforcement des compétences et moyens du GIP FCI, que votre rapporteur spécial avait contrôlé en mars 2006 54 ( * ) s'inscrit dans ce contexte de meilleure visibilité à l'international. La situation financière du groupement s'est sensiblement améliorée : son budget a ainsi plus que doublé en 2007 pour atteindre 19,8 millions d'euros, la comptabilité analytique a été mise en place et l'exercice 2006 s'est soldé par un excédent de 591.000 euros, du fait de la nouvelle compétence qui lui a été attribuée. Les perspectives d'autonomie financière à moyen terme apparaissent donc réelles.

Dans le cadre des orientations fixées par le CICID de mars 2005, FCI est en effet en charge du recrutement des experts techniques internationaux (ETI), fonctionnaires français en position de détachement et financés par l'AFD sur crédits délégués par le MAEE. Il devrait ainsi recruter une centaine d'ETI en 2007, essentiellement dans les secteurs de l'éducation, de la santé et de l'agriculture. FCI ne joue cependant pas le rôle transversal qui devrait être sa vocation. A cet égard, votre rapporteur spécial soutient pleinement le projet de transférer à ce GIP l'assistance technique aujourd'hui gérée par le MAEE , et souhaite que ses modalités juridiques et pratiques soient rapidement fixées.

Votre rapporteur spécial souligne également que chaque ministère exerçant une action internationale soutient un opérateur d'assistance technique, ce qui accroît les risques d'illisibilité pour les donneurs d'ordre étrangers et de renforcement de la stratification administrative . Votre rapporteur spécial estime qu'il serait pertinent, à terme, de prévoir la fusion de certains opérateurs , en particulier des trois opérateurs Santé, ESTHER et FVI ressortissant au pôle « santé-protection sociale ».

II. STRUCTURE, CONTENU ET FINANCEMENT DES ACTIONS

A. VENTILATION ET ÉVOLUTION DES CRÉDITS

1. Une dotation en léger retrait par rapport à 2007

Le programme 209 comprend désormais cinq actions d'importance très variable, les actions 3 « Politiques et stratégies sectorielles bilatérales dans les pays de la ZSP et les PMA » et 5 « Coopération multilatérale » constituant près de 88 % des CP du programme, compte tenu en particulier des importantes contributions au Fonds européen de développement (FED) et au Fonds mondial pour le sida, la tuberculose et le paludisme, qui représentent près de la moitié des CP du programme, et le tiers de ceux de la mission APD.

A périmètre constant , le montant global des CP s'inscrit en baisse de 0,7 % par rapport à la loi de finances initiale pour 2007. Cette évolution tient compte d'importantes modifications de périmètre entre actions (cf. infra ) et, plus modestes, entre programmes de la mission, avec la création du programme 301 « Codéveloppement » qui induit le transfert à son profit de 23,24 millions d'euros d'AE et 13,24 millions d'euros de CP du programme 209, dont 240.761 euros de crédits de titre 2 pour le transfert de 3 ETPT.

Un montant de 300.000 euros, identique à celui de 2007, en provenance de fonds de concours est également escompté.

Crédits demandés et évolution en 2008 à périmètre constant pour les actions du programme 209
« Solidarité à l'égard des pays en développement »

(en euros)

Actions

CP LFI 2007

AE PLF 2008

CP PLF 2008

Evolution CP 2007/2008

En % des CP du programme

01 - Animation du réseau et coordination de l'aide au développement

87.948.863

104.467.890

104.467.890

18,8 %

5 %

02 - Politiques et stratégies sectorielles bilatérales dans les pays émergents et à revenu intermédiaire

116.240.051

105.611.227

105.611.227

- 9,1 %

5,05 %

03 - Politiques et stratégies sectorielles bilatérales dans les pays de la ZSP et les PMA

699.060.792

764.409.586

669.409.586

-4,2 %

32 %

05 - Coopération multilatérale

1.160.225.891

1.171.676.125

1.171.676.125

1 %

56 %

06 - Aide humanitaire et alimentaire

42.475.134

41.267.000

41.267.000

- 2,8 %

2 %

Total

2.105.950.731

2.187.431.828

2.092.431.828

- 0,6 %

100 %

Source : projet annuel de performances de la mission « Aide publique au développement » annexé au projet de loi de finances pour 2008

Les estimations à moyen terme de couverture des AE par les CP ne laissent pas craindre de décalage flagrant sur les prochains exercices. Les AE demandées pour 2008 s'inscrivent en progression modérée de 2,5 %, et la prévision de solde d'engagements non couverts par des CP fin 2008 atteint un montant inférieur de près de moitié, avec 1,26 milliard d'euros . En 2009 et 2010, les montants de CP couvrant des engagements non couverts fin 2008 se situent à un niveau proche de celui des CP demandés en 2008 sur des AE antérieures (soit entre 310 et 360 millions d'euros), et il subsisterait après 2010 un montant maximal de 595 millions d'euros de CP nécessaires pour couvrir des engagements non couverts fin 2008.

2. Imputation des coûts analytiques

La ventilation des coûts analytiques au sein du programme 209, essentiellement au profit des actions 2 et 3, inclut deux composantes :

- 103,5 millions d'euros de CP d'affectation interne au programme, issus de l'action « Animation du réseau et coordination de l'aide au développement » ;

- la contribution, à hauteur de 87,3 millions d'euros , du programme 105 « Action de la France en Europe et dans le monde » de la mission ministérielle « Action extérieure de l'Etat », qui comprend deux actions - intitulées « Réseau diplomatique » et « Soutien » - de support à l'ensemble des actions des quatre programmes du MAEE. Ces deux actions du programme 105 contribuent ainsi à hauteur de 13 % de leur dotation.

Ces « déversements » sont appelés à être affinés à moyen terme, avec l'entrée en service fin 2007 des outils de contrôle de gestion du réseau.

Les trois critères de ventilation sur les actions du programme 209 ont été améliorés et sont les suivants : la nature des crédits de rémunération et de fonctionnement (personnels de soutien 55 ( * ) , réseau de communication, chiffre et informatique, gestion des ressources humaines et formation, équipement immobilier et sécurité...), la répartition au prorata des ETP analytiques, et la sélection de l'action de destination.

B. UNE RÉORGANISATION PERTINENTE DES ACTIONS

Le programme 209, et la politique d'APD de manière générale, est dédié aux pays de la zone Afrique-Caraïbes-Pacifique, dont ceux de la ZSP, et aux pays émergents , qui font effectivement partie de la liste du CAD mais dont votre rapporteur spécial rappelle qu'ils constituent davantage une priorité pour l'expansion des entreprises françaises qu'en termes de réduction des inégalités Nord/Sud.

Conformément aux recommandations du CIAP, les actions du programme ont fait l'objet d'une importante refonte afin de mieux identifier les grands axes du programme, le précédent découpage ayant été considéré comme « un peu confus et foisonnant » et source de complications pour les arbitrages budgétaires comme d'une nomenclature comptable très lourde pour les SAFU. Ce constat était plus particulièrement valable pour l'ancienne action 4 « aide en faveur du développement durable et lutte contre la pauvreté et les inégalités », dotée de 11 sous-actions et que votre rapporteur spécial avait qualifiée de « fourre-tout ». La nouvelle architecture en 5 actions, selon une logique plus géographique instrumentale et moins thématique , permet désormais d'améliorer la lisibilité du programme en distinguant clairement les actions bilatérales et multilatérales comme les crédits destinés aux pays émergents, et en renforçant l'appropriation de la LOLF par une simplification de la nomenclature.

L'action 1 est une « action support », majoritairement composée de crédits de titre 2, regroupant désormais l'ensemble des dépenses de fonctionnement transversales du ministère participant à la mise en oeuvre de l'APD, destinées à assurer la coordination et la cohérence des actions mises en oeuvre par l'administration centrale, le réseau des SCAC, les établissements à autonomie financière (EAF) et les opérateurs. Elle regroupe notamment les subventions versées aux établissements culturels et de recherche comme aux opérateurs LOLF.

Elle comprend trois sous-actions intitulées « fonctionnement des SCAC et des services centraux », « fonctionnement des EAF et des espaces CampusFrance » et « soutien aux actions de coopération ».

L'action 2 , désormais intitulée « Politiques et stratégies sectorielles bilatérales dans les pays émergents et à revenu intermédiaire », regroupe les crédits consacrés à la coopération avec ces 70 pays dans toutes ses composantes (culturelle, scientifique, universitaire et de gouvernance). Cette action promeut un dynamisme accru de la France dans les pays émergents, notamment une politique de soutien à l'installation de formations « à la française », conformément aux conclusions de la mission d'examen de la stratégie française d'influence dans les pays émergents, conduite par M. Hervé Gaymard et dont le rapport a été remis au Premier ministre en novembre 2006.

Elle comprend trois sous-actions intitulées « Promotion de l'enseignement supérieur et recherche en faveur du développement », « Affirmation de la dimension culturelle du développement » et « Développement durable, gouvernance et lutte contre la pauvreté ».

L'action 3 recouvre les « politiques et stratégies sectorielles bilatérales dans les pays de la ZSP et les PMA », en cohérence avec les documents stratégiques de réduction de la pauvreté (DSRP) élaborés par les pays concernés en concertation avec les bailleurs et la Banque mondiale. Cette coopération s'exerce par divers canaux et instruments tels que l'aide-projet du Fonds de solidarité prioritaire (FSP), les dons-projets et contrats de désendettement-développement (C2D) de l'AFD, le soutien à la création culturelle des pays en développement, l'appui aux établissements d'enseignement supérieur et à l'intégration dans la communauté scientifique internationale, la coopération décentralisée et le partenariat avec les ONG et organisations de solidarité internationale (OSI).

Ses trois sous-actions sont identiques à celles de l'action 2. L'action 4 a été supprimée mais la numérotation des actions est maintenue.

L'action 5 concerne la coopération multilatérale et la promotion des positions françaises dans les enceintes multilatérales. Elle regroupe dans trois sous-actions les contributions volontaires aux organismes des Nations Unies (dont 75 % sont concentrées sur quatre organismes 56 ( * ) ), au Fonds européen de développement (FED) - dont la France est le premier contributeur avec une quote-part de 24,3 % au titre du IX e FED - au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et au Fonds multilatéral unique (FMU) de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF, qui rassemble 53 Etats membres et 10 associés). La description de cette action dans le PAP tend à mieux mettre en évidence les actions de suivi de ces contributions et de renforcement de l'influence française.

Enfin l'action 6 , désormais intitulée « Aide humanitaire et alimentaire », comporte deux sous-actions , relatives à l'aide humanitaire d'urgence (crédits du Fonds d'urgence humanitaire - FUH) et à l'aide alimentaire (y compris celle d'urgence), dédiée à la prévention et la gestion des crises alimentaires et le soutien aux populations vulnérables sur le plan nutritionnel.

III. OBJECTIFS ET INDICATEURS

A. CINQ OBJECTIFS INCHANGÉS

Les cinq objectifs du programme 209 n'évoluent pas par rapport au PAP de 2007. Le CIAP a souligné une coordination très insuffisante entre les objectifs et indicateurs des programmes 110 et 209, témoignant notamment d'une différence de culture entre le MAEE et le MINEFE, et suggéré un reclassement en quatre types d'objectifs : géostratégique (dont la référence aux OMD), de gouvernance, de rayonnement et de bonne gestion.

Le CIAP a également relevé que le premier objectif, intitulé « Contribuer à la réalisation des OMD adoptés par les Nations Unies concernant la lutte contre la pauvreté et le développement durable » constitue en apparence une référence claire, mais le caractère très extensif des OMD « donne finalement à cet objectif une imprécision telle que sa place serait plus appropriée parmi les objectifs stratégiques retenus dans la présentation stratégique du programme ». Votre rapporteur spécial tend à partager cette appréciation, mais constate que les OMD occupent désormais une place suffisamment explicite, tant dans le DPT que dans la présentation stratégique du programme 209, en tant qu'objectif principal de la coopération bilatérale avec les 77 pays les plus pauvres.

B. TREIZE INDICATEURS AU LIEU DE DOUZE EN 2007

Les indicateurs du programme sont dans l'ensemble correctement renseignés, hormis les réalisations en 2006 , et ont été peu remaniés , le PAP de 2008 faisant apparaître les évolutions suivantes :

- l'indicateur 5.4 relatif à l'efficience de la procédure de financement des projets de coopération des ONG soutenues par le MAE 57 ( * ) est désormais placé sous l'objectif 5 (Assurer une gestion efficace et rigoureuse des crédits octroyés à l'aide au développement) au lieu de l'objectif 2, ce qui est effectivement plus logique . Votre rapporteur spécial rappelle que cet indicateur s'inscrit dans la continuité des conclusions de l'enquête réalisée en 2005 par la Cour des comptes à la demande de votre commission des finances, et du rapport d'information correspondant de votre rapporteur spécial 58 ( * ) .

Cet indicateur demeure perfectible. Le sous-indicateur relatif à l'instruction des projets par la DGCID repose désormais sur un délai ramené de 12 à 10 semaines , ce qui témoigne d'un effort de réactivité, mais la cible afférente au taux de sélection, de 45 %, ne traduit pas une sélectivité suffisante des projets et devrait être abaissée aux alentours du tiers pour ne pas donner l'impression d'une logique de guichet que la réforme en cours tend justement à éviter. Inversement, la cible du taux d'évaluation est trop modeste (6,5 %) pour permettre d'apprécier réellement l'efficience des projets cofinancés ;

- un nouvel indicateur 5.3 mesure la performance de la gestion du Fonds européen de développement (FED) par trois sous-indicateurs relatifs aux montants annuels des engagements et des décaissements, et au taux d'engagement. Votre rapporteur spécial approuve pleinement cette initiative , qui permet de mieux rendre compte de la contribution de ce programme à l'aide multilatérale, et estime que le volume important de cette aide plaide en faveur de la création d'un indicateur analogue relatif à la performance du Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose , dont la France est le deuxième contributeur (cf. infra ).

Ce nouvel indicateur 5.3 est bien renseigné, illustre la progression des décaissements du FED et la stagnation de ses engagements, de telle sorte que la cible du taux d'engagement, fixée à 100 % en 2010, est atteinte dès 2007 . Votre rapporteur spécial relève également que le PAP de 2009 pourrait très opportunément intégrer un sous-indicateur relatif à la qualité des projets du FED , ce qui est nécessaire dans la mesure où l'efficience de l'aide ne se mesure pas à l'aune de la seule rapidité de décaissement.

En outre, certaines remarques formulées fin 2006 par votre rapporteur spécial demeurent valables :

- la signification ambiguë des indicateurs de l'objectif 3 , à mi-chemin de l'APD et de l'attractivité de la langue et de l'enseignement français ;

- la portée limitée de l'indicateur 5.2 (ratio d'efficience du réseau de coopération et d'action culturelle, avec ou sans les cofinancements) dès lors qu'il ne porte que sur un poste pilote pour le programme 209. La méthodologie relativement complexe du ratio d'efficience conduit le ministère à entourer de précautions l'interprétation des résultats, qui seront revus une fois les données pour 2006 connues ;

En revanche, votre rapporteur spécial approuve le relèvement de certaines cibles dont il avait souligné le manque d'ambition, en particulier celles des indicateurs 3.4 (qualité des projets éligibles aux programmes scientifiques bilatéraux), relevée à 21 % dans le PAP de 2007 puis à 30 % dans le PAP de 2008, et 4.1 (part de l'APD européenne et multilatérale allouée à l'Afrique subsaharienne, à la ZSP et aux PMA), dont les résultats pour 2006 dépassaient déjà les cibles antérieures de 2010. En revanche, les cibles de 3 des 5 sous-indicateurs de l'indicateur 3.1 (nombre d'élèves et d'étudiants inscrits dans les sections scolaires bilingues, les filières universitaires francophones et dans les établissements culturels) seraient atteintes dès 2007.

IV. JUSTIFICATION DES CRÉDITS AU PREMIER EURO PAR ACTION

Votre rapporteur spécial se félicite des nouveaux progrès de la JPE par rapport au PAP de 2007, dans l'explication plus exhaustive du contenu précis des actions financées. En revanche la mention des prévisions de consommation en 2007 est en recul.

A. ÉLÉMENTS TRANSVERSAUX

Certains instruments transversaux très représentatifs de l'action du ministère en matière d'APD et relevant ou non de l'aide-projet sont ventilés sur plusieurs actions, et doivent donc faire l'objet d'une analyse consolidée.

1. Bourses, missions d'experts et invitations

Les bourses de stage et d'études, mises en oeuvre par l'administration centrale (pour les programmes « d'excellence » et d'appel que sont les bourses Eiffel et Major) ou les postes, devraient représenter un montant de 84 millions d'euros en 2008, analogue à celui de 2007 et incluant la subvention pour les bourses de l'Agence universitaire de la francophonie. Comme en 2007, la priorité est donnée à l'attractivité des élites des grands pays émergents.

18.629 bourses ont été octroyées en 2006 (dont 11.910 bourses de stage), soit une diminution de 7,6 % par rapport à 2005 et de 17 % par rapport à 2002. 42,8 % des boursiers étaient originaires des Etats d'Afrique subsaharienne et du Maghreb.

Les missions d'expertise de courte ou moyenne durée, mis en oeuvre par Egide, sont évaluées à 11.219 en 2008 et devraient représenter un coût d'environ 16,8 millions d'euros, majoritairement imputé sur l'action 3 d'aide bilatérale aux pays de la ZSP et autres PMA. L'agence CampusFrance a pour principaux objectifs de promouvoir l'enseignement supérieur français à l'étranger et d'offrir aux étudiants étrangers des prestations d'information, d'orientation et d'inscription pour suivre des études supérieures en France, par l'instauration progressive d'un guichet unique d'accueil (cf. supra sur les espaces CEF). Pour les années 2007 et 2008 un accent particulier sera mis sur l'Europe.

Enfin 5.329 invitations de professionnels, pour un montant global de 12,1 millions d'euros (en baisse de 9 % par rapport à 2007), devraient être accordées en 2008.

2. Opérations de transfert hors FSP

Ces opérations recouvrent la majeure partie des interventions du MAEE dans les domaines linguistique, culturel et scientifique : diffusion, soutien au français, appui aux opérateurs audiovisuels hors LOLF, soutien aux formations supérieures délocalisées, projets dans le domaine de la gouvernance... Le PAP mentionne deux exemples que votre rapporteur spécial juge relativement éloignés du « coeur de cible » de l'APD française : le Fonds d'Alembert (promotion de la production intellectuelle française sur les enjeux majeurs de la mondialisation et du développement technique) et le projet quadriennal de coopération technique européenne Eurosocial en Amérique du sud.

3. Une aide-projet croissante et davantage confiée à l'AFD

a) La finalisation des transferts sectoriels à l'AFD

L'aide-projet bilatérale dans les pays de la ZSP est financée par le Fonds de solidarité prioritaire (FSP) et l'AFD, selon la nouvelle répartition sectorielle initiée en 2005 au profit de l'Agence. Le FSP reste néanmoins conçu comme un instrument privilégié de partenariat avec les collectivités publiques des Etats, de concertation et de cofinancement avec les autres bailleurs de fonds, de lutte contre la pauvreté et d'implication de la société civile, notamment via le Fonds social de développement (FSD).

Sur plus de 480 projets FSP actifs, 55 ont été transférés à l'AFD en 2005 et 2006 , en deux vagues : 26 concernent les secteurs sociaux, 18 le développement rural et l'environnement, 6 les infrastructures et le développement urbain et 5 d'autres secteurs. L'AFD a pris les décisions d'octroi correspondantes pour 90,8 millions d'euros, soit 99,7 % des engagements transférés. A fin juillet 2007, l'AFD avait décaissé 39,55 millions d'euros sur ces projets transférés, soit un taux de décaissement moyen de 43,5 % moins de deux ans après leur octroi en moyenne, ce qui apparaît satisfaisant.

De manière générale, et après une période d'apprentissage des nouvelles procédures, la mise en oeuvre des projets sous maîtrise d'ouvrage des bénéficiaires, et non plus des services de coopération, se déroule correctement : 3 projets sont d'ores et déjà achevés et 42 projets sur 56 notés sont classés A ou B dans l'échelle de notation de l'AFD.

L'AFD, qui s'est engagée à maintenir le potentiel de l'assistance technique résidentielle, a également procédé au recrutement, avec l'aide de FCI, de la majorité des 320 assistants techniques affectés aux projets. Le coût moyen élevé des experts techniques 59 ( * ) n'a apparemment pas constitué un obstacle majeur et les pays partenaires ont fait prévaloir la continuité de l'expertise française.

Ce constat positif ne dispense pas de veiller à ce que l'offre française soit financièrement compétitive. Or aucune étude comparative n'a été conduite sur le coût et le régime juridique de l'expertise publique française par rapport à celle des principaux bailleurs.

b) Des montants en hausse soutenue

L'évolution des AE et CP de l'aide-projet en 2007 et 2008 est la suivante :

Dotations du MAEE au titre de l'aide-projet du FSP et de l'AFD en 2007 et 2008

(en millions d'euros)

AE

CP

Exécution 2006

LFI 2007

PLF 2008

Evolution 2007/2008

Exécution 2006

LFI 2007

PLF 2008

Evolution 2007/2008

FSP

143,4

123,5

102

-17,4 %

149,5 )

164,1

132

-19,6 %

AFD

332

230

320

39,1 %

200

163 )

226

38,7 %

Total

475,4

353,5

422

19,4 %

349,5

327,1

358

9,4 %

N.B : les AE et CP du FSP en 2007 intègrent la déduction pour réserve légale. Les CP de l'AFD en 2006 et 2007 incluent les crédits destinés au transfert de l'assistance technique ; ceux de 2008 incluent 31 millions d'euros de ressources non budgétaires prélevées sur le résultat de l'Agence.

Source : projet annuel de performances du programme 209 annexé au projet de loi de finances pour 2008

Votre rapporteur spécial constate que l'aide-projet n'est pas sacrifiée et s'inscrit même en forte augmentation pour l'AFD , qui détient désormais une compétence sectorielle extensive, le FSP étant essentiellement positionné sur les secteurs de la gouvernance, de la société civile, de la culture et de l'enseignement supérieur. La hausse de près de 20 % des AE en 2008 répond à cette « montée en puissance ». Le plan d'orientation stratégique de l'AFD traduit également cette évolution puisque les montants prévisionnels d'engagement et de versements sont en forte hausse sur 2008-2012. Cette projection impliquera que les dotations budgétaires « suivent » sur la période, dans un contexte global de fortes incertitudes sur le niveau de l'APD française (cf. supra ) et de prélèvement croissant sur le résultat de l'AFD.

Projection de l'aide-projet de l'AFD en 2008-2012 (hors PRCC)

(en millions d'euros)

2008

2009

2010

2011

2012

Evolution 2008/2012

Engagements

400

450

500

550

550

37,5 %

Versements

252

275

306

341

382

51,2 %

Source : projet annuel de performances du programme 209 annexé au projet de loi de finances pour 2008

Votre rapporteur spécial estime que l'AFD a prouvé sa capacité à piloter efficacement des projets dans des domaines variés, sans toutefois être en mesure de toujours tenir les délais. La gestion des projets est également confortée par un système de notation et de suivi qui, s'il n'est pas exempt de faiblesses et d'incohérences (cf. supra ), n'en est pas moins devenu systématique et harmonisé, à la différence des pratiques hétérogènes des SCAC. L'attribution à l'AFD des secteurs de la santé, de la formation professionnelle et de l'éducation de base constituent cependant un réel défi , parfois considéré comme quasiment insurmontable par les SCAC compte tenu du peu d'expérience de l'Agence dans ces domaines, mais dont votre rapporteur spécial pense qu'elle parviendra à l'assumer, comme le prouve d'ailleurs la bonne qualité d'ensemble des projets FSP transférés (cf. supra ).

c) Un portefeuille de projets FSP qui pourrait être davantage rationalisé

Les crédits attribués au FSP sont désormais inscrits sur la seule action 3 (aide bilatérale) et financent un portefeuille de 295 projets en cours d'exécution 60 ( * ) (contre 320 fin 2006) représentant un montant cumulé d'un peu plus de 600 millions d'euros .

Comme en 2006, le PAP précise que le portefeuille de projets du FSP « a été passé en revue afin de clôturer les projets les plus anciens », sans davantage de précisions. D'après les informations recueillies par votre rapporteur spécial, l'essentiel de la revue a été réalisé en 2004 et 55 projets sur 536 projets opérationnels ont été fermés fin 2004 . Dans le même esprit, le contrôle stratégique sur la programmation et les modalités de suivi des projets FSP ont été renforcés avec les postes. Enfin il ne subsiste plus fin 2007 aucun projet en gestion « hors réforme », c'est-à-dire de projets de l'ex-FAC dont le comptable assignataire était l'AFD.

Votre rapporteur spécial n'en a pas moins constaté, lors de ses dernières missions de contrôle, que les SCAC hésitaient encore trop à interrompre les projets anciens , « en panne » ou dont l'appropriation par le pays partenaire était insuffisante.

Au premier semestre 2007, plus de la moitié (53 %) des projets FSP concernaient l'Afrique sub-saharienne, et près de 40 % étaient des projets « tous pays ». La reprise des projets FSP devrait être effective en 2008 en Côte d'Ivoire, au Libéria et au Rwanda. Les 15 projets dans les pays hors ZSP (Afghanistan, Irak, Territoires palestiniens, projets mobilisateurs) représentaient un montant cumulé, au premier semestre de 2007, de 52,5 millions d'euros , un montant élevé ayant été approuvé en 2006 (plus de 30 millions d'euros).

B. ANIMATION DU RÉSEAU ET COORDINATION DE L'AIDE AU DÉVELOPPEMENT : 104,5 MILLIONS D'EUROS

Cette action comprend majoritairement des dépenses de rémunération de titre 2 (60,5 millions d'euros). Ainsi qu'il a été précisé supra , son périmètre a été élargi pour en faire une réelle « action support » , ce qui se traduit par l'augmentation des effectifs imputés 61 ( * ) , le transfert des subventions aux opérateurs LOLF, et l'imputation dans une sous-action spécifique des dotations de fonctionnement aux EAF et aux espaces CampusFrance.

En outre, les frais de justice afférents à des contentieux initiés par d'anciens assistants techniques sont désormais budgétisés à hauteur de 401.759 euros - répondant en cela à une observation formulée par votre rapporteur spécial dans son rapport budgétaire sur le PAP de 2007 - et diverses indemnités pour les personnels expatriés et assistants techniques (dont l'indemnité de changement de résidence - ICR) ont été transférées sur le programme 105, soit 11 millions d'euros.

Les 43,96 millions d'euros de crédits de fonctionnement demandés (AE = CP) concernent :

- les dépenses d'informatique (830.000 euros) et les actions de communication (624.706 euros), d'évaluation (972.824 euros) et de formation. Il est notamment prévu de lancer en 2008 des évaluations portant sur la coopération avec le Mozambique, l'assistance technique au Cambodge et les structures de concertation inter-ONG ;

- les frais de missions, représentation et tournées, qui devraient diminuer légèrement en 2008 (2,9 millions d'euros) ;

- la reconduction de la subvention de fonctionnement de 620.000 euros accordée au Haut conseil de la coopération internationale - HCCI. Votre rapporteur spécial considère que cette instance, qui compte 45 membres et bénéficie de la mise à disposition de 12 emplois, n'a pas fait la preuve de son utilité et vous propose donc un amendement tendant à supprimer cette subvention. Votre rapporteur spécial regrette également que les moyens humains et matériels mis à disposition du HCCI ne soient pas valorisés dans le PAP ;

- les dotations de fonctionnement aux EAF culturels (23,9 millions d'euros), de recherche (5,7 millions d'euros) et aux espaces CampusFrance (763.000 euros) ;

- les subventions pour charges de service public accordées trois aux opérateurs FCI (300.000 euros, soit une diminution de 40 % par rapport à 2007), CulturesFrance (5,8 millions d'euros, stable par rapport à la dotation de 2007 telle qu'amendée par le Sénat) et CampusFrance (1,01 million d'euros).

C. POLITIQUES ET STRATÉGIES SECTORIELLES BILATÉRALES DANS LES PAYS ÉMERGENTS ET À REVENU INTERMÉDIAIRE : 105,6 MILLIONS D'EUROS

1. Promotion de l'enseignement supérieur et recherche en faveur du développement

Les 20,6 millions d'euros demandés pour cette sous-action sont majoritairement dédiés aux bourses (14,86 millions d'euros) dans la continuité des recommandations du rapport précité de M. Hervé Gaymard. Les principales actions mises en oeuvre sont le programme de mobilité « Eiffel » 62 ( * ) , le programme post-doctoral « Hermès » (orienté prioritairement vers l'Argentine, le Brésil, le Chili et l'Indonésie) et le programme « Quai d'Orsay-entreprises », nouveau programme décidé en mai 2006 et qui repose sur des partenariats avec des acteurs privés.

Votre rapporteur spécial soutient fortement cette initiative qui paraît très bien conçue 63 ( * ) , répond à un besoin et renforce les nécessaires liens avec les acteurs économiques privés. Il constate cependant que les entreprises aujourd'hui partenaires (Alstom, RATP, SNCF et Thalès) ressortissent encore largement à la sphère publique , et souhaite que la DGCID accentue ses efforts de prospection.

Les échanges d'expertises et les programmes conjoints de recherche mobilisent 1,95 million d'euros, notamment pour des programmes mis en oeuvre par la DGCID tels que le programme ARCUS (Action en région de coopération universitaire et scientifique), les partenariats Hubert Curien pour la mobilité des chercheurs, ou le programme STIC AmSud. La JPE de la sous-action fournit des informations exhaustives sur le fonctionnement de ces instruments. Votre rapporteur spécial souligne la nécessité de renforcer l'effet de levier , et approuve à cet égard le principe du cofinancement du programme ARCUS par les régions et les pays partenaires, compte tenu de leur niveau de développement.

Enfin les opérations de transfert hors FSP (3,8 millions d'euros) ont trait à des actions très variées telles que l'appui à la formation au patrimoine en Inde ou la mise en place d'un programme transversal de recherche sur l'Asie du Sud-Est.

2. Affirmation de la dimension culturelle du développement

Cette sous-action est dotée de 12,88 millions d'euros , dont 6,6 millions d'euros pour les transferts hors FSP, 2,9 millions d'euros pour les bourses et 2,26 millions d'euros pour les échanges d'expertise. La Chine est présentée comme une priorité pour la promotion de la diversité culturelle et l'apprentissage du français.

3. Développement durable, gouvernance et lutte contre la pauvreté

Les 26,7 millions d'euros de crédits demandés sont consacrés aux bourses (5 millions d'euros), aux échanges d'expertises (5,94 millions d'euros), aux transferts à l'AFD pour le soutien à la gouvernance démocratique (14,8 millions d'euros), aux fonds de soutien paritaires (entre la France et le pays partenaire), à la coopération décentralisée (1,5 million d'euros) et aux cofinancements de projets d'ONG françaises, notamment dans les domaines de la protection de l'enfance et des droits de l'homme (410.000 euros).

D. POLITIQUES ET STRATÉGIES SECTORIELLES BILATÉRALES DANS LES PAYS DE LA ZSP ET LES PMA : 764,4 MILLIONS D'EUROS EN AE ET 669,4 MILLIONS D'EUROS EN CP

1. Les bourses, échanges et instruments d'aide-projet

Cette action est structurée en trois sous-actions identiques à celles de l'action 2 relative à la coopération bilatérale dans les pays émergents, et met également en oeuvre des bourses 64 ( * ) (52,4 millions d'euros), des échanges d'expertise (19,8 millions d'euros) et des programmes d'échanges scientifiques (3,5 millions d'euros). Sur cette action sont logiquement imputées les subventions à l'AFD (320 millions d'euros en AE et 195 millions d'euros en CP) et la majeure partie des crédits du FSP (62,8 millions d'euros en AE et 88,6 millions d'euros en CP).

Le Fonds de coopération pour le Pacifique (créé en 1986) est doté de 2,9 millions d'euros. Le PAP précise les critères d'éligibilité des projets, parmi lesquels figurent le renforcement des échanges avec les collectivités françaises du Pacifique et le soutien à la francophonie dans une région très dominée par la langue anglaise.

Les opérations de transfert hors FSP (54,31 millions d'euros), toujours très diversifiées dans la continuité de la logique de l'ex-titre IV, sont par exemple consacrées à des programmes transversaux de recherche (problématiques Maghreb-Sahel, sécurité en Afrique), à l'appui à 7 plates-formes de l'Agence nationale de recherche sur le sida, au renforcement des capacités institutionnelles des agences de bassin transfrontalières (Niger, Volta, Mékong), au soutien aux institutions régionales pour la préservation des biens publics mondiaux et de la biodiversité, ou au renforcement des systèmes de santé en association avec l'OMS.

Le soutien à l'éducation de base , élément déterminant du développement endogène par constitution du capital humain, constitue un axe majeur de l'aide française et est identifié comme secteur de concentration dans 17 des 30 DCP signés, pour une enveloppe indicative de 450 millions d'euros pour les 5 ans à venir . Cet appui passe par différents canaux : contrats de désendettement-développement 65 ( * ) ; aide-programme (aide budgétaire globale ou sectorielle) et prêts 66 ( * ) de l'AFD ; soutien technique du pôle français d'expertise régional 67 ( * ) basé à Dakar auprès de l'Unesco depuis 2002 ; participation à l'initiative Fast Track - Education pour tous 68 ( * ) ; projets locaux dans le cadre de la opération décentralisée et de l'appui aux ONG ; contributions aux fonds multilatéraux.

L'appui de la France en faveur des systèmes éducatifs reste toutefois modeste en comparaison des sommes mobilisées par d'autres partenaires de l'OCDE, ce qui est mal restitué par les statistiques du CAD qui incluent les coûts d'écolage et la subvention à l'AEFE. Ainsi, le Royaume Uni a annoncé, en avril 2006, 12 milliards d'euros sur 10 ans en référence explicite aux objectifs d'Education pour tous. Pour mieux traduire ses priorités, la France a annoncé en avril 2007, lors des réunions de printemps de la Banque Mondiale et du FMI, un engagement de 300 millions d'euros supplémentaires sur 5 ans en financement bilatéral dans le secteur de l'éducation de base des pays africains.

2. L'aide budgétaire post-conflit et aux sorties de crise

Les crises des Balkans, notamment au Kosovo et en Macédoine, ont illustré la nécessité d'instruments adaptés au financement d'opérations de reconstruction dans des délais rapides, au-delà de l'aide d'urgence proprement dite dont est responsable la Délégation à l'action humanitaire (DAH).

Ce type d'intervention de sortie de crise s'est poursuivi, en 2005 et en 2006, en Afghanistan, en Palestine, au Liban, en RDC (processus électoral), en Sierra Leone (tribunal spécial) et au Darfour, pour lequel des moyens importants ont été mis en place via l'Union africaine. De janvier à août 2007, 18,9 millions d'euros d'aides, sur une dotation annuelle de 22 millions d'euros abondée en cours d'exercice 69 ( * ) , ont été consacrées à l'Afghanistan, aux Territoires palestiniens (15 millions d'euros), au Burundi et à la Guinée-Conakry.

Dans un souci de sincérité budgétaire , la dotation pour 2008 a été dès l'origine révisée à la hausse pour atteindre 20,12 millions d'euros .

3. La diminution du soutien à la coopération décentralisée

Le budget de l'appui à la coopération décentralisée s'inscrirait en baisse prononcée en 2008 avec 8,3 millions d'euros (dont 6,8 millions d'euros imputés sur l'action 3), après s'être élevé à 11,5 millions d'euros en 2007 (dont un million d'euros imputés sur le programme 185). Depuis 2007, un appel à projet annuel et triennal a été lancé, remplaçant les délégations de crédits dans le cadre des contrats de plan Etat-région. 23 régions ont répondu à l'appel à projet et plus de 200 collectivités infra-régionales se sont également inscrites dans cette dynamique pour une demande de subvention d'un montant global supérieur à 15 millions d'euros.

Le MAEE maintient également son soutien à Cités Unies France, aux organismes qui fédèrent des collectivités territoriales, aux associations qui coordonnent et organisent des actions en matière de coopération décentralisée, et aux grandes associations d'élus (ARF, ADF, AMF). Il cofinance l'organisation des rencontres de coopération décentralisée 70 ( * ) , et apporte en tant que de besoin un appui conseil aux préfectures de région dans le cadre d'une déconcentration accrue des procédures d'instruction et de cofinancement des projets de coopération de centralisée.

Comme en 2007, les axes géographiques censés structurer les appuis du MAEE à la coopération décentralisée ne constituent absolument pas des priorités . En revanche les priorités sectorielles paraissent mieux formalisées : appui institutionnel, développement durable et projets mutualisés inter-collectivités pour éviter le saupoudrage.

4. Le soutien aux ONG

La majeure partie des crédits de soutien aux organisations non gouvernementales de solidarité internationale (ONG/OSI) est imputée sur cette action, millions d'euros . Les moyens consacrés par la Mission d'appui à l'action internationale des ONG (MAIIONG) aux ONG/OSI et à leurs collectifs devraient poursuivre leur progression en 2008 (21,3 millions d'euros en 2003, 32,2 millions d'euros en 2006), conformément à l'engagement pris de les doubler entre 2004 et 2009 71 ( * ) . Les moyens publics consolidés (MAAIONG, autres crédits d'administration centrale, SCAC, coopération décentralisée, autres ministères) représentent toutefois des montants nettement supérieurs, de l'ordre de 88,5 millions d'euros en 2005 .

Les priorités géographiques et sectorielles du CICID devraient être mieux respectées, et l'expérience de déconcentration des décisions et des crédits de subventions auprès de 5 ambassades (Sénégal, Madagascar, Cambodge, Yémen et Guinée-Conakry) sera sans doute étendue afin de mieux intégrer l'action des ONG soutenue par le ministère à celle des ambassades.

Votre rapporteur spécial souhaite l'accélération de cette démarche , qui s'inscrit dans la continuité des engagements 72 ( * ) sur l'amélioration de la cohérence, de l'instruction et du contrôle des ONG, pris par le directeur général de la coopération internationale et du développement lors de son audition par votre commission le 25 octobre 2005. Ainsi qu'il l'a précisé dans ses conclusions sur les contrôles effectués en Afrique australe et en Asie du sud-est 73 ( * ) , votre rapporteur spécial recommande également que la MAIIONG consolide les appréciations des postes et établisse une sorte de notation interne des ONG/OSI en fonction de leur efficacité et de leur conformité aux priorités de l'aide gouvernementale. Compte tenu de la situation très hétérogène des ONG 74 ( * ) , il engage également la DGCID à accentuer son incitation au regroupement d'associations atomisées et disposant trop rarement de la surface nécessaire pour asseoir leur crédibilité internationale.

De nouveaux outils contractuels seront également développés en 2008 (appels à initiatives envisagés sur le genre, l'environnement ou les droits de l'homme) afin d'apporter un appui plus important et plus visible aux ONG françaises les plus importantes en capacité à intervenir, en concertation avec le ministère, dans les grandes conférences et débats internationaux.

Outre les évaluations conduites par le F3E (Fonds pour la promotion des études préalables, études transversales et évaluations), la MAAIONG et le bureau de l'évaluation de la DGCID organisent des évaluations de programmes importants, de politiques ou d'associations (Coordination Sud).

La MAAIONG a cofinancé en 2006 128 ONG et OSI pour un montant de 45,7 millions d'euros . L'année 2007 a vu le lancement de nouvelles conventions d'objectifs (Médecins du Monde et Handicap International) et de nouveaux programmes concertés pluri-acteurs (PCPA), notamment sur la Guinée et l'Algérie.

D'après les informations recueillies par votre rapporteur spécial auprès de l'ambassade de N'Djamena, l'association L'Arche de Zoé n'a bénéficié au cours de la période récente d'aucun soutien financier d'organismes publics français - SCAC, DGCID ou AFD. Une assistance (mise à disposition de véhicule) lui a simplement été récemment fournie, au titre de l'aide humanitaire et selon les modalités de droit commun.

5. La débudgétisation intégrale des C2D

Les C2D constituent le volet français additionnel à l'initiative PPTE pour l'annulation de créances d'APD . Quatre principaux domaines d'affectation sont privilégiés : l'éducation de base et la formation professionnelle, les soins de santé primaires et la lutte contre les grandes pandémies, les équipements et infrastructures, l'aménagement du territoire et la gestion des ressources naturelles. Pour les pays de la ZSP, l'AFD a un rôle de mise en oeuvre des C2D (instruction et exécution des points d'affectation) sous le pilotage conjoint de la DGCID et de la DGTPE.

Au 1 er juin 2007, sur les 22 pays éligibles aux C2D, 13 ont atteint le point d'achèvement et 9 75 ( * ) ont signé leur premier C2D avec la France . Le Mozambique, la Mauritanie, l'Ouganda et la Tanzanie ont signé leur deuxième C2D. Les C2D Honduras et Malawi sont par ailleurs en cours d'instruction et devraient être signés fin 2007. Quant au Rwanda , la signature du C2D est reportée sine die, compte tenu de la décision des autorités rwandaises de rompre les relations diplomatiques avec la France.

En juin 2006, le Cameroun a signé son premier C2D pour un montant de 537,6 millions d'euros sur la période avril 2006-mars 2011, ce qui en fait le plus important programme d'APD jamais signé par la France . Les financements de ce C2D sont affectés à 5 secteurs prioritaires : l'éducation de base, la santé et la lutte contre le sida, l'agriculture et la sécurité alimentaire, l'environnement et la biodiversité, les infrastructures routières et urbaines. Un dispositif de pilotage du C2D, associant l'ensemble des partenaires et chargé de veiller au respect des principes de transparence, de contrôle, d'efficacité et de mesure des résultats, a été mis en place. Il comprend un comité d'orientation et de suivi appuyé par un comité technique bilatéral.

Les prévisions de décaissement en 2008 s'élèvent à 184,4 millions d'euros , essentiellement au profit du Cameroun (107,6 millions d'euros), de la République démocratique du Congo (39,7 millions d'euros), du Ghana (7 millions d'euros) et de Madagascar (5,75 millions d'euros).

Compte tenu du décalage persistant entre prévision et exécution, il est probable que cette dotation est sur-calibrée. Les C2D se révèlent en effet plus difficiles à mettre en place que prévu, tant en raison des aléas politiques et économiques des pays concernés que de la complexité de la procédure, de telle sorte que les prévisions annuelles de décaissements sont « glissantes » et systématiquement supérieures aux déboursements effectifs . A titre d'exemple, les décaissements en 2007 devraient être inférieurs de près de 36 millions d'euros aux prévisions établies fin 2006, et les premiers versements prévisionnels afférents à certains contrats de montant élevé (Congo, RDC notamment) ont été décalés de plusieurs années.

Le financement des C2D , qui tendait à reposer de manière croissante sur le résultat de l'AFD, est désormais totalement débudgétisé et repose sur deux sources de financement :

- l'autofinancement de l'AFD à hauteur de 113,9 millions d'euros , par prélèvement sur sont résultat net et libération de provisions constituées au titre des créances incluses dans les C2D 76 ( * ) . Ce prélèvement vient s'ajouter à celui (de 78 millions d'euros) opéré sur le résultat net dans le programme 110 et au complément de 38 millions d'euros destiné à financer les dons projets, soit un prélèvement total de 200 millions d'euros sur les ressources de l'AFD, correspondant à l'intégralité du résultat escompté ;

- 70,5 millions d'euros (50,4 millions d'euros dans le PAP 2007) résultant de la modification des modalités de traitement des créances . Il s'agit des économies réalisées en distinguant les échéances AFD de celles de la Banque de France et de Natexis. Le mécanisme consiste à refinancer par des crédits budgétaires les seules créances portées par l'AFD 77 ( * ) . L'opération, qui consiste en un jeu d'écriture, reste neutre pour le pays bénéficiaire et permet d'économiser environ 30 % du coût budgétaire des C2D.

Votre rapporteur spécial, à la suite de la mission de contrôle qu'il a effectuée en Afrique australe en juillet 2006, se montre vigilant sur la prévention des risques de détournement lorsque les C2D utilisent le canal de l'aide budgétaire affectée ou globale , comme c'est le cas dans trois pays (Ghana, Madagascar et Mozambique). Dans le cadre de concertation avec les autres bailleurs, des missions conjointes de revues de l'exécution budgétaire et de la bonne utilisation des fonds versés sont organisées, et des examens de la situation des finances publiques sont effectués à cette occasion. Par ailleurs, toute rupture des relations avec le FMI remettrait en cause l'aide budgétaire accordée.

Calendrier et estimation des refinancements au titre des C2D de 2006 à 2009

(en millions d'euros)

Pays éligibles

CP 1 (date effective / anticipée )

Date C2D

Cumul échéances à partir du CP 1

2006

2007

2008

2009

Commentaires

Ouganda

mai-2000

mars-2002

12,3

0,5

1,2

1,6

1,6

2 C2D : 3,2 M€ et 8 M€

Mozambique

sept-2001

nov-2001

95,7

7,2

6,7

5

3,8

2 ème C2D signé 11/2004 (30,3 M€)

Tanzanie

nov-2001

juin-2003

12,7

0,9

0,9

0,9

0,9

2 e C2D signé en 2006

Mauritanie

juin-2002

juillet 2003

69,6

4,1

4

3,8

3,7

2 e C2D signé 06/2006

Bolivie

juin-2001

mai-2003

20

1,1

1,6

1,4

1,3

2 e C2D prévu en 2007

Nicaragua

janv-2004

mars 2005

2,4

1,2

1,2

-

-

C2D unique

Ghana

juil-2004

nov. 2004

56,3

7

7

7

7

2 e C2D en 2008

Madagascar

oct-2004

février 2005

49,7

6,5

6,1

5,7

4,6

2 e C2D en 2008

Honduras

avril 2005

Reporté

8

-

0,9

0,8

0,8

Regroupement sur C2D unique

Rwanda

avril 2005

Reporté
sine die

3,2

-

0

0

0

Rupture des relations diplomatiques

Cameroun

avril 2006

juin 2006

1.498

109,2

113,7

107,6

103,9

C2D le plus élevé

Malawi

août 2006

9

-

0,1

0,1

0,1

Hypothèse C2D unique

Sao Tome

mars 2007

0,3

-

0,1

0,4

0,4

Hypothèse : C2D unique (2007-2009)

Guinée

fin 2008

125

-

-

5,5

9,5

RDC

début 2008

84

-

-

39,7

42

Refinancement d'une seule échéance

Côte d'Ivoire

pas de calendrier

1.140

-

-

-

-

Guinée

fin 2008

125

-

-

5,5

9,5

Haïti

fin 2008

N.D.

0,7

1,4

Burundi

décembre 2007

22,5

-

-

4,6

4,2

Congo

fin 2009

354

-

-

-

-

Soudan

2011

9

-

-

-

-

Liberia

pas de calendrier

2

-

-

-

-

Myanmar

pas de calendrier

6,6

-

-

-

-

Somalie

pas de calendrier

N.D.

-

-

-

-

Total

3.578,3

137,7

143,5

184,6

185

(1) : CP : point d'achèvement de l'initiative PPTE.

Les prévisions de décaissements demeurent difficiles dans la mesure où elles sont liées, notamment, aux perspectives d'atteinte du point d'achèvement et de la réunion consécutive du Club de Paris.

N.B : pour mémoire, les décaissements furent de 13,1 millions d'euros en 2002, 24,9 millions d'euros en 2003, 15,8 millions d'euros en 2004 et 33,1 millions d'euros en 2005.

Source : ministère des affaires étrangères et européennes

E. COOPÉRATION MULTILATÉRALE : 1,17 MILLIARD D'EUROS

Comme dans le programme 110, les versements aux organisations et fonds multilatéraux, désormais clairement isolés dans une action, représentent une part prépondérante du programme 209 avec 1,16 milliard d'euros (AE = CP) demandés en 2008, soit plus de la moitié des crédits du programme.

1. La poursuite de l'augmentation des contributions volontaires à l'ONU et aux organisations internationales

Au milieu des années 90, les contributions volontaires 78 ( * ) ont connu une baisse brutale (- 57 % en 1997) et n'ont que récemment retrouvé leur niveau initial 79 ( * ) . Le précédent Président de la République a, dans un courrier du 7 janvier 2005 au secrétaire général des Nations Unies, annoncé une augmentation de 60 millions d'euros de nos contributions volontaires en 3 ans. Avec 85,5 millions d'euros en 2007, l'engagement n'est encore pas rempli et la dotation inscrite pour 2008 sur l'action 5 atteint 90 millions d'euros , soit une augmentation de 5,3 %. Cette augmentation irait de pair avec une poursuite de la concentration des moyens sur 3 thématiques : développement, santé, réfugiés et migrations.

Pour compenser cette relative faiblesse, les contributions françaises sont plus concentrées, puisque les trois-quarts bénéficient en 2007 à 4 organisations : le PNUD (28 millions d'euros), le HCR (15,2 millions d'euros), l'UNICEF (13,8 millions d'euros), et l'Office de secours pour les réfugiés en Palestine - UNRWA (5,7 millions d'euros). Même dans ces organisations, la France se situe au delà du 10 e rang parmi les contributeurs.

Le PAP précise néanmoins opportunément, ainsi que l'a souligné à plusieurs reprises votre rapporteur spécial, que le niveau traditionnellement élevé de contribution des pays nordiques et des Pays-Bas 80 ( * ) est notamment lié au fait qu'ils ne disposent pas d'un réseau d'opérateurs et de services de coopération aussi étendu que le nôtre.

Cette action contribue également à financer, à hauteur de 9 millions d'euros , la présence française dans les enceintes multilatérales à travers le programme Jeunes Experts Associés (77 experts en poste dans 28 agences et 6 à la Banque mondiale au 1 er juillet 2007) et la participation aux fonds fiduciaires de développement (Banque mondiale, PNUD, UNESCO, OCDE, Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes - CEPALC).

2. La quasi-stabilité des crédits de la francophonie

Outre les bourses de l'Agence universitaire de la francophonie (9 millions d'euros), les dotations affectées aux programmes multilatéraux pour la francophonie s'inscrivent en légère augmentation de 0,4 % par rapport à 2007, avec 58,4 millions d'euros . La répartition de cette enveloppe entre les contributions volontaires au Fonds multilatéral unique (FMU) et les contributions obligatoires à l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) n'est pas précisée dans le PAP 81 ( * ) . La dotation au FMU devrait cependant être reconduite en 2007.

Le français occupe le 11 ème rang dans le monde en tant que langue maternelle , sur plus de 2.000 langues comptabilisées, le 9 ème rang si l'on prend en compte le français langue seconde, la 5 ème place des langues à diffusion intercontinentale, et demeure la 2 ème langue la plus enseignée. On estime à 118,6 millions les francophones dans le monde , auxquels il faut joindre près de 60 millions de francophones partiels. On compte également 90 millions de personnes apprenant le français. Deux programmes doivent contribuer à promouvoir la langue française : le plan pluriannuel pour le français dans l'Union européenne, mis en oeuvre par l'OIF, et le programme de bourses de l'AUF.

Depuis le Sommet de Ouagadougou de novembre 2004, la francophonie s'est dotée d'un cadre stratégique décennal portant sur les années 2005-2014, qui fixe les objectifs stratégiques correspondant aux quatre missions extensivement définies : langue française et diversité culturelle ; paix, démocratie et droits de l'homme ; éducation, enseignement supérieur et recherche ; développement durable et solidarité. Ce faisant, l'ambiguïté persiste sur la vocation première des institutions de la francophonie, entre développement, diversité culturelle, promotion de la langue française et diplomatie pour la paix.

La conférence ministérielle de Tananarive, en novembre 2005 a également simplifié les institutions de la francophonie, donné une assise juridique à l'OIF, mieux affirmé les attributions du Secrétaire général et approuvé la programmation quadriennale de l'OIF (2006-2009). Le rôle politique de la francophonie a également été souligné. Une conférence ministérielle thématique a été organisée en mai 2006 par le Canada sur la prévention des conflits et la sécurité humaine. La France a proposé comme domaines d'action de la francophonie la lutte contre le trafic illicite d'armes légères de petit calibre, la participation des francophones aux opérations de maintien de la paix et la question des enfants-soldats.

Votre rapporteur spécial partage l'appréciation critique de notre collègue Jacques Legendre , rapporteur pour avis au nom de la commission des affaires culturelles. La réforme de l'OIF n'est pas achevée et les statuts de ses membres devraient être clarifiés. Surtout, cette organisation n'a pas vocation à intégrer tous les pays ayant un tropisme francophile , mais bel et bien des pays dont l'objectif premier, en son sein, est de diffuser la langue française dans le monde.

3. La France, deuxième contributeur au Fonds de lutte contre le sida

La participation au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (créé en janvier 2002) s'établit à 280 millions d'euros, soit une diminution de 6,7 % par rapport à 2007 82 ( * ) . Lors de la conférence qui s'est tenue à Berlin fin septembre 2007, la France s'est engagée à participer à hauteur de 900 millions d'euros à la troisième reconstitution du Fonds pour la période 2008-2010. La France est ainsi le deuxième contributeur à ce fonds, derrière les Etats-Unis.

Depuis 5 ans, le Fonds a obtenu des engagements financiers à hauteur de 7,1 milliards de dollars. Son rythme d'engagement et de décaissement se révèle plutôt rapide : il a engagé un montant total de 5,3 milliards de dollars et décaissé 3,24 milliards de dollars, appuyant 450 programmes dans 136 pays. 81 % des décaissements ont été dépensés par l'utilisateur final. Les financements du Fonds représentent 64 % de l'ensemble du financement international de la lutte contre le paludisme, 67 % du financement de la lutte contre la tuberculose et 21 %du financement de la lutte contre le sida.

Plus de 60 % des fonds approuvés lors des 6 premiers appels à projets vont à l'Afrique subsaharienne ; 56 % des sommes déjà engagées iront à la lutte contre le sida 83 ( * ) et 26 % à la lutte contre le paludisme 84 ( * ) . Alors qu'un septième appel à projets a été lancé au printemps 2006, les projets actuellement mis en oeuvre devraient notamment permettre, d'ici 5 ans, de :

- placer 1,8 million de malades sous traitement anti-retroviral (cible de 1,3 million pour 2010) ;

- proposer à 62 millions de personnes des tests et des conseils volontaires ;

- fournir 264 millions de doses supplémentaires de traitement anti-paludéen à base d'artémisine contre le paludisme résistant ;

- financer 109 millions de moustiquaires pour protéger les familles de la transmission du paludisme ;

- traiter 3 millions de tuberculeux 85 ( * ) (traitement DOTS).

4. Une augmentation sous-estimée de la contribution de la France au FED

a) Une forte hausse probable de la contribution française

La participation de la France au FED représente une part importante de l'APD puisqu'elle est évaluée à 725 millions d'euros en 2008 , soit une hausse de 4,2 % par rapport au montant inscrit en loi de finances initiale pour 2007 (696 millions d'euros).

Les engagements au titre du IX e FED et des reliquats des FED précédents ont à nouveau progressé pour atteindre fin 2006 3,41 milliards d'euros, de même que les décaissements avec 2,83 milliards d'euros, niveau encore jamais atteint par le FED en une année . En montants cumulés, 13,8 milliards d'euros avaient été engagés au 31 décembre 2006, soit 80 % du IX e FED et des reliquats précédents, et 5,7 milliards d'euros avaient été payés (soit 33 %).

La Commission et la Banque européenne d'investissement (BEI) ont revu en hausse sensible leurs prévisions de décaissements pour 2007/2008 et ont procédé à un appel supplémentaire de 375 millions d'euros 86 ( * ) (soit un total de 3,24 milliards d'euros), poursuivant ainsi la progression du rythme d'exécution constatée depuis 2003. Cette demande a été refusée par une majorité d'Etats membres qui ont souhaité maintenir le plafond défini par le Conseil en décembre 2006. Elle aurait alourdi la contribution française de 91 millions d'euros (soit 784 millions d'euros).

Il reste que ce refus n'offre sans doute qu'un court répit avant le franchissement probable de nouveaux seuils de contribution , compte tenu de la montée en puissance du IX e FED, dont la France est de loin le premier contributeur avec une quote-part de 24,3 % et dont l'enveloppe ne devrait être épuisée qu'en 2011, et de l'entrée en vigueur au 1 er janvier 2008 du X e FED, pour lequel la clef de contribution française passera à 19,55 % (deuxième contributeur derrière l'Allemagne).

Malgré cette diminution bienvenue de la clef de contribution, l'inertie des paiements sur les FED antérieurs (et donc un démarrage effectif du X e FED reporté à 2010), la juxtaposition des FED, le recours accru à l'aide budgétaire et la « clause couperet » (obligation d'engager la totalité du IX e FED avant le 31 décembre 2007) conduisent à escompter une poursuite de la hausse des contributions française jusqu'en 2010.

Dans ces conditions et bien que la fiabilité des prévisions d'appels de fonds du FED demeure aléatoire, votre rapporteur spécial craint que la dotation inscrite pour 2008 soit largement sous-budgétée au regard des estimations communiquées par le MAEE sur les versements de la France de 2008 à 2011 : 955 millions d'euros en 2008 (dont 80 millions d'euros pour les appels de fonds non couverts en 2007 87 ( * ) ), 840 millions d'euros en 2009, 865 millions d'euros en 2010 et 902 millions d'euros en 2011.

Même en considérant que ces prévisions sont « optimistes », donc a minima et sans intégrer les éventuels appels de fonds non couverts en 2007, les prévisions de décaissements du FED en 2008 telles qu'elles figurent dans le nouvel indicateur 5.3 du PAP (fondées sur les estimations de la Commission européenne et de la BEI fournies en juillet 2007), en hausse de 12,5 % par rapport à 2007 (respectivement 3,6 millions d'euros et 3,2 millions d'euros), conduisent votre rapporteur spécial à estimer la contribution française à 783 millions d'euros en 2008 , soit une sous-budgétisation de 58 millions d'euros.

Caractéristiques du X e FED (2008-2013)

Pour la période 2008-2013, l'enveloppe globale du X e FED, financée hors budget communautaire, est de 22,7 milliards d'euros, dont la quasi-totalité va aux pays ACP. Ce budget comporte trois grandes rubriques :

- la coopération nationale (programmes indicatifs nationaux dits PIN, recouvrant deux enveloppes, cf. infra ) et régionale (programmes indicatifs régionaux, dits PIR) pour 19,5 milliards d'euros, dont 1,77 milliard d'euros pour les PIR ;

- la coopération intra-ACP pour 2,7 milliards d'euros, qui recoupe une multitude d'actions sectorielles et est co-gérée par la Commission et le Secrétariat des pays ACP ;

- la Facilité d'investissement gérée par la BEI, pour 1,5 milliard d'euros.

Le X e FED est doté d'une vaste gamme d'instruments : aide-projet et aide-programme (dont aides budgétaires globales et sectorielles) financés sur les enveloppes nationales « A » (aides programmables, pour 13,5 milliards d'euros) et « B » (aides imprévues non-programmables, pour 1,8 milliard d'euros) ; programmes régionaux ; programmes thématiques via un certain nombre de facilités (eau, énergie, paix, infrastructures) de la ligne intra-ACP et la participation à des fonds multilatéraux (Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme) ; prêts bonifiés de la BEI à travers la Facilité d'Investissement dite de Cotonou.

Les priorités géographiques et sectorielles du FED recoupent les secteurs d'activité définis dans le consensus européen de décembre 2005 (commerce, environnement, infrastructures, développement rural, eau et énergie, gouvernance, prévention des conflits, développement humain, cohésion sociale et emploi), en mettant l'accent sur trois domaines :

- lutte contre la pauvreté (90 % des crédits du X e FED seront affectés aux pays PMA parmi les pays ACP) et Afrique subsaharienne ;

- gouvernance démocratique : création d'une tranche incitative (2,7 milliards d'euros sur l'enveloppe « A ») allouée aux pays partenaires en fonction de leurs engagements en matière de gouvernance ;

- appui à l'intégration régionale : la dotation des PIR passe de 350 millions d'euros sous le X e FED à 1,8 milliard d'euros sous le X e FED.

Concernant la programmation du X e FED, on relève deux innovations par rapport au X e FED : une programmation conjointe européenne des PIN dans une dizaine de pays et un effort de programmation des programmes horizontaux (ligne intra-ACP). La programmation pays a été achevée à l'été 2007, tandis que les programmes régionaux et thématiques devraient être prêts à la fin de l'année 2007.

Source : ministère des affaires étrangères et européennes

b) Le suivi financier du FED et le recours croissant à l'aide budgétaire

S'agissant du suivi financier , la Commission transmet sur une base trimestrielle des états budgétaires 88 ( * ) au comité du FED ou du groupe ACP du Conseil. La Commission améliore ses modes de gestion et travaille notamment sur des indicateurs qui permettent de suivre de plus près les dépenses. La revue annuelle de l'aide du FED par les délégations locales offre l'occasion d'un bilan avec les postes diplomatiques mais c'est surtout au moment de la revue à mi-parcours du FED que l'ambassade peut examiner le profil des décaissements.

Au niveau local, ainsi que votre rapporteur spécial a pu le constater lors de ses missions de contrôle, la déconcentration ne semble pas exercer pleinement ses effets et certains responsables de délégation déplorent la lourdeur des procédures et leur manque d'autonomie dans les décisions d'investissement. De même, la concertation entre Etats membres est très inégale selon les pays.

L'amélioration des décaissements du FED est en grande partie liée au recours à l'aide budgétaire 89 ( * ) et à des versements à des initiatives et fonds multilatéraux 90 ( * ) (dans le cadre de la ligne intra-ACP). L'utilisation à grande échelle de l'aide budgétaire date du IX e FED (2003-2007), dont elle représente environ 30 % des crédits. Cette tendance va s'accentuer puis l'aide budgétaire globale ou sectorielle pourrait constituer plus de la moitié de l'enveloppe programmable du X e FED, et jusqu'à 80 % des versements dans certains pays (Ghana). Compte tenu des très importantes masses financières du FED, le recours à ce type d'aide, qui permet des décaissements massifs et rapides, apparaît inévitable, mais votre rapporteur spécial regrette qu'elle devienne progressivement le canal privilégié d'intervention.

Outre les conditions de recours à l'aide budgétaire et les critères d'éligibilité des pays ACP fixés par l'Accord de Cotonou 91 ( * ) , l'aide budgétaire se décompose en une tranche fixe (65 % en moyenne des crédits totaux) et une tranche variable (35 %). La tranche fixe ne peut être déboursée qu'en totalité, dès lors que sont remplies trois conditions générales : mise en oeuvre d'une politique de réduction de la pauvreté, bonne gestion des finances publiques, stabilité macro-économique. La décision de décaisser ou non la tranche variable est prise en fonction des conditions générales qui s'appliquent à la tranche fixe et d'indicateurs de performance liés aux domaines de la santé, de l'éducation et de la gestion des finances publiques.

F. AIDE HUMANITAIRE ET ALIMENTAIRE : 41,3 MILLIONS D'EUROS

1. La situation toujours tendue du Fonds d'urgence humanitaire

Le Fonds d'urgence humanitaire (FUH) finance les interventions humanitaires d'urgence mises en oeuvre par l'Etat, les envois de matériels humanitaires, les délégations de crédits auprès des postes pour soutenir des interventions d'urgence, et des subventions aux ONG françaises pour contribuer partiellement à des projets d'action humanitaire.

Sa dotation est reconduite en 2008 avec 9,3 millions d'euros et demeure inchangée depuis 2001 . Elle a parfois du être abondée en cours de gestion pour faire face à des crises majeures. Le FUH peut également recevoir des dons versés par les collectivités territoriales, entreprises et particuliers sur le fonds de concours (non budgété pour 2008 comme en 2007) administré par la Délégation à l'action humanitaire (DAH).

Au cours de l'année 2006 , les 6 principaux pays bénéficiaires du FUH ont été le Liban avec 3,6 millions d'euros (crise du Liban été 2006), le Soudan avec 1,45 million d'euros (conflit du Darfour), les Territoires Palestiniens avec 1 million d'euros, l'Irak avec 676.393 euros, l'Ouganda avec 650.000 euros, et l'Indonésie avec 552 976 euros.

Au cours du premier semestre de l'année 2007 , le FUH a été essentiellement consacré à des subventions et des délégations de crédits à certains postes diplomatiques pour soutenir des programmes locaux d'action humanitaire. Il est également intervenu aux Iles Salomon à la suite du tsunami du 3 avril 2007, en Guinée et au Pérou (tremblement de terre de l'été).

Au rythme où se succèdent les catastrophes naturelles majeures, le FUH reste soumis à une gestion budgétaire très tendue , se traduisant par des reports de créances sur l'exercice suivant. Ainsi, une partie du coût de l'intervention au Liban n'a pu être comptabilisée fin 2006 et la mise en règlement de ces dépenses sur la gestion 2007 risquait de tarir brutalement le solde du Fonds. Le MAEE déplore donc que le FUH ne bénéficie d'aucun arbitrage en sa faveur, contrairement à la tendance relevée chez nos principaux partenaires européens. La DAH s'est néanmoins engagée dans une démarche d'évaluation plus stricte des projets proposés par les ONG et se refuse désormais à ce que le FUH se substitue aux contributions volontaires aux organismes multilatéraux.

Au niveau communautaire, il convient de souligner la création, par l'article 188 du nouveau Traité de Lisbonne, d'un Corps volontaire européen d'aide humanitaire qui doit permettre à des jeunes de venir en aide aux populations frappées par des catastrophes ou des crises à travers le monde. Son statut et ses modalités de fonctionnement seront fixés par le Conseil et le Parlement européen selon la procédure législative ordinaire.

2. L'aide alimentaire

Dans le cadre de la Convention de Londres, la France s'est engagée à mobiliser, sur une base prévisible et quelles que soient les fluctuations de prix, l'équivalent de 200.000 tonnes de céréales par an sous forme de denrées alimentaires et de semences. Toutefois le budget de l'aide alimentaire a été de 31,8 millions d'euros en 2006 (soit une baisse de 10 % par rapport à 2005) et de 30,4 millions d'euros en 2007. Sur cette base, la France a ainsi mobilisé 93.000 tonnes d'aide alimentaire sur la période 2005-2006, soit un volume nettement inférieur à l'engagement. L'Afrique en a été le principal bénéficiaire (71 %) suivie par le Moyen-Orient (populations palestiniennes et Yémen, pour 17 %). La dotation de 32 millions d'euros pour 2008 représente un effort substantiel puisqu'elle s'inscrit en hausse de 5,3 %.

La mise en oeuvre de l'aide suit depuis 2005 de nouveaux principes visant une plus grande efficacité et que votre rapporteur spécial approuve pleinement : identification préalable des besoins, ciblage des groupes effectivement touchés, arrêt des pratiques coûteuses et inefficaces de revente de l'aide dans les pays bénéficiaires , allocation de l'aide uniquement sous forme financière et non plus en nature, promotion d'achats locaux, renforcement de la coordination avec les Etats bénéficiaires et les partenaires humanitaires. Il s'en est suivi notamment un accroissement sensible des interventions dans le cadre d'urgences humanitaires stricto sensu , de même que l'émergence du Programme alimentaire mondial comme opérateur le plus important.

En 2008, il est notamment prévu de contribuer aux débats internationaux dans la perspective de la renégociation de la Convention de Londres , et d'améliorer la cohérence des actions des agences des Nations Unies en matière de sécurité alimentaire.

SECTION IV. LE PROGRAMME 301 « CODÉVELOPPEMENT »

I. PRÉSENTATION ET STRATÉGIE

Le programme 301 est mis en oeuvre par le ministère de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du codéveloppement (MIIINC), sous la responsabilité du secrétaire général de ce ministère. La création d'un programme dédié au codéveloppement, de dimensions plus beaucoup plus modestes que les deux autres programmes de la mission, conforte le caractère interministériel de la mission APD et traduit une priorité politique du gouvernement , exprimée dans le discours de politique générale du Premier ministre, auquel la présentation stratégique du programme fait explicitement référence.

Selon les termes du PAP, l'objectif central du programme est de « favoriser l'aboutissement d'un ensemble d'actions multilatérales, bilatérales mais aussi individuelles, portées par les diasporas ou plus généralement par les migrants résidant en France, au profit du développement dans leur pays d'origine ». Le PAP mentionne une liste de 28 pays prioritaires pour les programmes de codéveloppement, de coopération et d'aide au développment dans l'objectif de contrôle de l'immigration.

La stratégie du programme s'inscrit dans les orientations définies par le CICID le 19 juin 2006 92 ( * ) et par le Comité interministériel de contrôle de l'immigration (CICI). Elle prévoit 4 axes : la promotion de l'investissement productif, la mobilisation des compétences des élites et de la diaspora, les projets de développement local et les aides à la réinsertion ou à la réinstallation des migrants dans leur pays d'origine.

Prioritairement tourné vers les pays d'Afrique subsaharienne et du Maghreb, ce programme entend donc opérer une synthèse entre les intérêts du pays d'accueil et des pays d'origine, entre la maîtrise de l'immigration et l'implication des ressortissants dans le développement de ces pays, selon une logique distincte de l'aide traditionnelle, parfois assimilée à de l'assistance. Il contribue à la réduction des écarts de richesses, cause majeure de migrations, et à faciliter la reconnaissance des nouveaux acteurs du développement que sont les migrants. L'association de ces migrants présente le triple avantage de démultiplier l'impact des initiatives sur le développement, de renforcer les liens entre les migrants et leur pays d'origine et de participer à la reconnaissance du rôle positif joué par les ressortissants étrangers installés en France.

La reconnaissance et le soutien des initiatives des diasporas doivent se traduire par un appui financier et méthodologique aux porteurs de projets, le recours à la compétence des migrants et à leur connaissance du terrain pour la définition de programmes ou de stratégies, et par un recours accru à l'expertise de la diaspora pour mettre en oeuvre l'aide française.

Cette démarche est cohérente avec les initiatives de nos partenaires européens , dont certains ont mis en place des stratégies de renforcement des capacités des diasporas (Allemagne), de structuration de leurs réseaux (Pays-Bas) ou d'orientation des transferts d'épargne (Allemagne, Espagne). La Commission européenne a également invité les Etats membres à engager en 2007 une réflexion concertée sur le rôle des diasporas dans le développement, et des rencontres d'experts ont été organisées 93 ( * ) pour échanger sur des méthodologies d'action et identifier des partenariats.

Ce programme s'appuie sur un « opérateur LOLF », l'Agence nationale de l'accueil des étrangers ( ANAEM ), dont la présentation figure dans le PAP de la mission « Immigration, asile et intégration » (programme 104 « Intégration et accès à la nationalité »). Cette agence assure la mise en oeuvre des dispositifs d'aide au retour des étrangers souhaitant regagner leur pays d'origine (aide au retour volontaire, aide au retour humanitaire et frais de voyage 94 ( * ) ), et les accompagne par un appui à la création d'activités économiques génératrices de revenus, dans le cadre d'accords de codéveloppement 95 ( * ) ou de programmes spécifiques, cofinancés notamment par l'Union européenne 96 ( * ) .

II. STRUCTURE ET FINANCEMENT DES ACTIONS

A. VENTILATION ET ÉVOLUTION DES CRÉDITS

Le programme 301 comprend 3 actions , respectivement dédiées :

- à des aides multilatérales appelées à transiter par un fonds fiduciaire géré par la Banque mondiale ou la BAD ;

- aux aides à la réinstallation de migrants avec le concours de l'ANAEM ;

- et à des actions bilatérales de codéveloppement telles que la conclusion d'accords de gestion concertée des flux migratoires et le soutien à des projets collectifs, notamment via le Fonds de solidarité prioritaire (FSP).

La politique de codéveloppement ne naît pas ex nihilo avec ce programme. Il bénéficie ainsi du transfert de 23 millions d'euros en AE et 13 millions d'euros en CP du programme 209 , dont 3 millions d'euros de crédits de soutien aux ONG et 10 millions d'euros de CP du FSP. Au total, les AE du programme s'élèvent à 60 millions d'euros et les CP à 29 millions d'euros , soit, respectivement, un triplement et un doublement par rapport aux crédits ouverts en loi de finances initiale pour 2007, à périmètre constant. L'action 3 recueille environ les trois quarts des crédits , qui sont exclusivement des dépenses d'intervention de titre 6.

Crédits demandés et évolution en 2008 à périmètre constant pour les actions du programme 301 « Codéveloppement »

(en euros)

Actions

CP LFI 2007

AE PLF 2008

CP PLF 2008

Evolution CP 2007/2008

En % des CP du programme

01 - Aides multilatérales en faveur du codéveloppement

-

10.000.000

3.000.000

-

10,3 %

02 - Aides à la réinstallation des migrants dans leur pays d'origine

5.000.000

5.000.000

5.000.000

stable

17,2 %

03 - Autres actions bilatérales de codéveloppement

9.500.000

45.000.000

21.000.000

121 %

72,4 %

Total

14.500.000

60.000.000

29.000.000

x 2

100 %

Source : projet annuel de performances de la mission « Aide publique au développement » annexé au projet de loi de finances pour 2008

A moyen terme, compte tenu de la fraction majoritaire que représentent les CP demandés en 2008 pour couvrir des AE nouvelles, les prévisions de CP correspondant à des AE non couvertes fin 2008 portent sur 15 millions d'euros en 2009, 16 millions d'euros en 2010 et un montant maximal de 8 millions d'euros après 2010, soit un échéancier a priori raisonnable.

B. LES DÉPENSES FISCALES AU TITRE DE L'ÉPARGNE POUR LE CODÉVELOPPEMENT

Ce programme se voit affecter la seule dépense fiscale de la mission, soit la déduction plafonnée des sommes versées annuellement sur un compte épargne codéveloppement, pour un montant évalué à 10 millions d'euros en 2008 97 ( * ) . Cet outil d'incitation au codéveloppement, mis en place par l'article premier de la loi du 24 juillet 2006 relative à l'immigration et à l'intégration (complétée par un décret du 19 février 2007), permet de déduire du revenu imposable, dans la double limite de 20.000 euros et 25 % des revenus, les sommes transférées en faveur d'investissements productifs dans 54 pays d'origine éligibles. Une première convention a été signée le 13 septembre 2007 avec le groupe des Caisses d'épargne, et des négociations sont en cours pour étendre le dispositif à d'autres établissements bancaires.

Ce compte épargne devrait être complété par un livret d'épargne pour le codéveloppement (LEC), introduit par l'article 52 du projet de loi relatif à la maîtrise de l'immigration, à l'intégration et à l'asile. Ce livret est « destiné à recevoir l'épargne d'étrangers majeurs ayant la nationalité d'un pays en voie de développement [...], titulaires d'un titre de séjour d'une durée supérieure ou égale à un an et fiscalement domiciliés en France, aux fins de financer des opérations d'investissement dans les pays signataires d'un accord avec la France prévoyant la distribution du livret d'épargne pour le codéveloppement ».

A l'issue d'une phase d'épargne au cours de laquelle les sommes placée sont bloquées pour une durée d'au moins 3 ans, le titulaire du livret bénéficie d'une prime d'épargne plafonnée et fonction de son effort d'épargne, lorsqu'il contracte un prêt pour investir dans le codéveloppement. Les investissements ouvrant droit à la prime sont définis dans les accords signés entre les pays en développement et la France.

Ces deux instruments financiers sont innovants et constituent des leviers essentiels de promotion du codéveloppement , le LEC étant plutôt dédié à des bénéficiaires modestes désireux de participer au développement de leur pays. Ils contribuent également à capter et orienter une partie des transferts d'épargne des migrants , qui représentent des montants élevés 98 ( * ) et transitent majoritairement par des circuits d'utilisation certes aisée mais dont le coût peut être élevé et qui ne présentent pas toujours toutes les garanties au regard de la lutte contre le blanchiment ou de la sécurité lors de la réception des fonds. Un site Internet de comparaison des coûts de transferts des fonds ( www.envoidargent.fr ) sera opérationnel d'ici la fin de l'année 2007 et couvrira 12 pays en 2008.

Le MIIINC et le MINEFE tireront un premier bilan de ces dispositifs au troisième trimestre de 2008 et proposeront de les adapter si nécessaire.

C. LES COÛTS ANALYTIQUES

La ventilation des coûts analytiques fait apparaître la contribution modeste, à hauteur de 240.761 euros , de l'action « Soutien » du programme « Immigration et asile » de la mission « Immigration, asile et intégration », à la seule action 3 du programme. En application du décret du 31 mai 2007 fixant les attributions du nouveau ministère, ce montant représente le transfert de 3 ETPT du programme 209, soit l'ambassadeur au codéveloppement et deux collaborateurs (catégories B et C).

III. DEUX OBJECTIFS ET TROIS INDICATEURS

Ce programme est doté de deux objectifs , respectivement intitulés « Promouvoir les actions de gestion concertée des flux migratoires et de codéveloppement » et « Contribuer au développement des projets individuels ou collectifs portés par les migrants dans leur pays d'origine », qui restituent correctement ses finalités.

Deux indicateurs sont associés au premier objectif et mesurent les taux de conclusion des accords de gestion concertée des flux migratoires et des accords de codéveloppement, les cibles étant fixées à 100 % en 2010. Il est prévu, d'ici cette date, de conclure 20 accords de gestion concertée des flux migratoires et 14 accords de codéveloppement, dont 30 % en 2008 et 65 % en 2009. Ces indicateurs de moyens se révèlent d'une utilité limitée en ce qu'ils ne rendent pas suffisamment compte de l'objectif et des résultats de ces accords.

Le second objectif est servi par un indicateur mesurant le nombre de projets de codéveloppement financés dans les pays d'origine des migrants. Il comporte 4 sous-indicateurs relatifs au nombre et au montant moyen des projets individuels et collectifs de codéveloppement et au montant moyen de ces projets financés dans les pays d'origine 99 ( * ) . L'indicateur n'est renseigné que pour la prévision de 2008 .

Les cibles fixées pour 2010 sur le volume des projets sont réalistes (1.000 projets individuels et 100 projets collectifs) mais peuvent sembler peu ambitieuses et reposent prioritairement sur un effet de périmètre (élargissement du champ des pays cibles 100 ( * ) ). En revanche, les cibles afférentes au montant moyen des projets seraient d'ores et déjà dépassées en 2008 (respectivement 7.150 euros et 37.500 euros), mais l'objectif est vraisemblablement de diminuer puis stabiliser ces montants. Faute de données antérieures à 2008 et donc de tendance discernable, le PAP gagnerait à être plus explicite sur ce point.

Votre rapporteur spécial préconise la fusion des deux premiers indicateurs et la création d'un nouvel indicateur associé au second objectif et dédié aux résultats du compte et du livret d'épargne pour le codéveloppement . Cet indicateur, complémentaire de l'évaluation du montant de la dépense fiscale, pourrait restituer le nombre de comptes ouverts, l'effet de levier (compte tenu du prêt et de la prime d'épargne) du livret et les résultats financiers consolidés enregistrés sur deux années glissantes par les projets d'investissement productif financés par ces instruments.

IV. JUSTIFICATION DES CRÉDITS AU PREMIER EURO PAR ACTION

A. AIDES MULTILATÉRALES EN FAVEUR DU CODÉVELOPPEMENT : 3 MILLIONS D'EUROS

Cette action, dotée à titre indicatif (en l'absence de prévisions sur le nombre projets susceptibles d'être financés) de 10 millions d'euros d'AE et 3 millions d'euros de CP, est consacrée à la création d'un fonds fiduciaire qui, à l'issue d'un appel d'offres et d'un choix selon 4 critères (précisés dans le PAP), sera placé auprès d'une banque multilatérale de développement (Banque mondiale ou Banque africaine de développement) et administré par celle-ci.

Ce fonds appuiera le développement en Afrique des activités liées au codéveloppement et aux transferts de fonds des migrants, et les actions nouvelles en matière de codéveloppement. Il s'agira en particulier de permettre à la banque de développement de travailler sur les maillons manquants (études et appuis à projets) de la chaîne de valeur des transferts de fonds.

Une étude sur les transferts de fonds des migrants (volume, modalités, impact), dont les conclusions seront connues d'ici fin 2007, a été lancée par le MINEFE sur 4 pays (Comores, Maroc, Mali, Sénégal), en lien avec la Banque mondiale et la BAD. La Banque mondiale a également lancé en septembre 2007, en partenariat avec l'AFD et d'autres bailleurs européens, un concours de projets innovants d'entrepreneuriat (prix de 10.000 à 40.000 euros).

B. AIDES À LA RÉINSTALLATION DES MIGRANTS DANS LEUR PAYS D'ORIGINE : 5 MILLIONS D'EUROS

Les crédits de cette action, dotée de 5 millions d'euros ((AE = CP) sont gérés par l'ANAEM , et seront complétés à hauteur de 250.000 euros par un fonds de concours du Fonds européen pour les réfugiés (FER II). L'ANAEM intervient par une aide au retour volontaire des migrants dans leur pays d'origine (cf. supra ), financée sur ses ressources propres, une aide au projet individuel financée sur cette action , et des partenariats avec des opérateurs 101 ( * ) qui amplifient ses actions d'accompagnement et démultiplient les micro-projets des migrants.

L'objectif de l'aide au projet individuel est de financer 700 dossiers en 2008, pour un montant moyen d'environ 7.150 euros. L'ANAEM instruit chaque projet avant de le soumettre à un comité de sélection qui, sur place, est composé de représentants de l'ambassade de France et d'acteurs institutionnels et économiques locaux.

C. AUTRES ACTIVITÉS BILATÉRALES DE CODÉVELOPPEMENT : 21 MILLIONS D'EUROS

Cette action, conduite auparavant par le MAEE via le FSP, vise à amplifier les politiques de codéveloppement en lien avec les 28 pays prioritaires et sources d'immigration (dont la liste figure en annexe du programme 102 ( * ) ), selon 4 axes : le soutien des projets de développement local initiés par les associations de migrants ; l'accompagnement des initiatives économiques des migrants (projets de réinsertion et de réinstallation ou investissement à distance) ; la mobilisation des diasporas qualifiées pour des actions dans leur pays d'origine ; et le soutien à des initiatives de jeunes.

Les investissements de proximité déjà financés (en particulier au Mali, Maroc et Sénégal) concernent principalement l'éducation, l'hydraulique rural, l'électrification, les coopératives artisanales et agricoles, l'adduction d'eau, la santé et le maraîchage.

Les 21 millions d'euros de CP demandés pour 2008 sont ventilés en trois dispositifs :

- le financement des projets FSP en cours (6 millions d'euros, dont 500.000 euros de rémunération de l'assistance technique et 800.000 euros de subventions aux associations et opérateurs de projets) ;

- l'élargissement du champ géographique d'intervention , tel que défini dans la liste des 28 pays (3 millions d'euros) ;

- et l'accompagnement des actuels et futurs (10 d'ici fin 2008 103 ( * ) ) accords de gestion concertée des flux migratoires , pour 45 millions d'euros en AE et 21 millions d'euros en CP (dont 12 millions d'euros pour les nouveaux accords). Les opérateurs seront sollicités par appels d'offres restreints, et un comité de sélection sera mis en place pour recueillir l'avis des différentes parties prenantes (autorités locales, société civile, ambassade...).

AMENDEMENTS ADOPTÉS PAR
LA COMMISSION DES FINANCES

AMENDEMENT

présenté par

M. CHARASSE

au nom de la Commission des Finances

_________________

ARTICLE 33

état B

Modifier comme suit les crédits des programmes :

( en euros )

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

110. Aide économique et financière au développement

1.000.000

1.000.000

209. Solidarité à l'égard des pays en développement
Dont Titre 2

1.000.000

1.000.000

TOTAL

1.000.000

1.000.000

1.000.000

1.000.000

SOLDE

0

0

OBJET

Le GIP « Assistance au développement des échanges en technologies économiques et financières » (ADETEF) est l'unique « opérateur LOLF » du MINEFE en matière de coopération technique.

L'ADETEF bénéficie en 2008 de la reconduction d'une subvention de fonctionnement de 4,2 millions d'euros , imputée sur l'action 2 du programme 110, sans compter la valorisation des avantages en nature (personnel mis à disposition, locaux, informatique) pour 2,66 millions d'euros. Aucun ETPT relevant du plafond d'emploi du ministère n'est financé sur le programme, mais il est prévu que 75 emplois hors plafond soient rémunérés par l'ADETEF en 2008.

L'ADETEF déploie une importante activité de coopération dans les pays émergents et son budget prévisionnel en 2007 s'élève à 17,98 millions d'euros. Le GIP bénéficie cependant d'un montant nettement supérieur de ressources, évalué à 21 millions d'euros en incluant les avantages en nature. Il en résulte une réelle aisance financière, qui témoigne des succès remportés par l'ADETEF dans plusieurs appels d'offres, en particulier auprès de l'Union européenne.

Dans ces conditions, le maintien à un haut niveau de la subvention du ministère ne se justifie pas. Le GIP a vocation à s'autofinancer à terme, comme c'est le cas pour le GIP France coopération internationale, qui a été créé beaucoup plus récemment, n'atteint pas encore le même volume d'affaires et auquel le MAEE réduit d'ores et déjà sa subvention, qui passe de 500.000 euros en 2007 à 300.000 euros en 2008.

Cet amendement propose donc de réduire la subvention de l'ADETEF à hauteur de 1.000.000 euros , et de transférer ce montant, comme la LOLF nous y autorise, en deux fractions égales sur deux destinations :

- le nouveau programme de bourses « Quai d'Orsay-Entreprises » financé sur l'action 2 « Politiques et stratégies sectorielles bilatérales dans les pays émergents et à revenu intermédiaire » du programme 209. Ce programme, créé en mai 2006, est en effet bien conçu et mérite donc d'être pleinement soutenu ;

- le Fonds d'urgence humanitaire (action 6 du programme 209), dont la situation financière est régulièrement tendue.

AMENDEMENT

présenté par

M. CHARASSE

au nom de la Commission des Finances

_________________

ARTICLE 33

état B

Modifier comme suit les crédits des programmes :

( en euros )

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

209. Solidarité à l'égard des pays en développement

1.440.660

1.440.660

Dont titre 2

1.440.660

1.440.660

301. Codéveloppement

1.440.660

1.440.660

TOTAL

1.440.660

1.440.660

1.440.660

1.440.660

SOLDE

0

0

OBJET

La Direction générale de la coopération internationale et du développement ( DGCID ) du MAEE emploie en 2007 485 ETPT , dont plus des deux tiers (333 ETPT) sont imputés sur le programme 209 de la mission « Aide publique au développement » (le solde sur le programme 185 de la mission « Action extérieure de l'Etat »).

L'évolution de l'APD française, désormais confiée de manière croissante aux SCAC et à des opérateurs extérieurs au ministère , au premier rang desquels l'AFD, Egide et CulturesFrance, plaide clairement en faveur d'un recentrage de cette direction générale sur des fonctions d'état-major, de pilotage et de coordination des nombreux intervenants.

Moins de 25 % des actions financées sur le programme 209 en 2008 seraient ainsi directement conduites par la DGCID, le solde étant « délégué » aux organismes multilatéraux (64,4 %), aux « opérateurs LOLF » et à l'AFD (11,1 %).

Si la création opportune en 2006 d'un bureau de la tutelle des opérateurs et du contrôle (au sein du service des moyens et du réseau) répondait à une réelle nécessité, la DGCID ne dispose pas encore d'effectifs cohérents avec sa vocation . En outre, les bureaux géographiques de la direction des politiques du développement tendent à doublonner les directions et sous-directions régionales du Quai d'Orsay.

Cet amendement porte donc une réduction de 20 ETPT au sein de la DGCID, afin d'initier le mouvement de mutation de la DGCID en une administration « de mission » et de « donner un signal » dans la perspective des conclusions de la revue générale des politiques publiques . Cet amendement est le pendant de celui présenté par notre collègue Adrien Gouteyron, rapporteur spécial de la mission « Action extérieure de l'Etat » (suppression de 10 ETPT sur le programme 185).

Le montant de 1.440.660 euros d'AE et CP de titre 2 transféré est fondé sur le coût moyen des titulaires et contrats à durée indéterminée de l'administration centrale, évalué à 72.033 euros.

Ces crédits seraient affectés, comme la LOLF nous y autorise, aux dépenses d'intervention de titre 6 de l'action 3 « Autres actions bilatérales de codéveloppement » du nouveau programme 301 « Codéveloppement ».

AMENDEMENT

présenté par

M. CHARASSE

au nom de la Commission des Finances

_________________

ARTICLE 33

état B

Modifier comme suit les crédits des programmes :

( en euros )

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

209. Solidarité à l'égard des pays en développement

1.000.000

1.000.000

301. Codéveloppement

1.000.000

1.000.000

TOTAL

1.000.000

1.000.000

1.000.000

1.000.000

SOLDE

0

0

OBJET

Le Haut conseil à la coopération internationale ( HCCI ), créé en 1999 dans le cadre de la réforme du dispositif de coopération, a pour mission de permettre une concertation régulière entre acteurs publics et privés de la coopération internationale et de favoriser l'adhésion du public aux actions d'aide au développement. Instance consultative placée auprès du Premier ministre, il émet des avis et formule des recommandations . Il bénéficie en 2008 d'une subvention de fonctionnement de 620.000 euros (stable par rapport à 2007), mais le coût des emplois publics qui lui sont mis à disposition n'est pas précisé dans le projet annuel de performances.

Votre rapporteur spécial s'interroge de longue date sur l'utilité de cet organisme et en propose la suppression par le présent amendement . De manière générale, il se demande s'il est vraiment indispensable d'affecter à chaque politique publique un Haut conseil ou comité...

Le HCCI produit des rapports, avis et notes de lecture dont votre rapporteur spécial ne nie pas l'intérêt, mais cette action fait double emploi :

- avec la Commission coopération développement , commission consultative interministérielle qui rassemble les représentants des pouvoirs publics et des associations concernées par l'APD et l'aide d'urgence. Son coût est beaucoup plus modeste avec 19.000 euros. La Mission d'appui à l'action internationale des ONG (MAAIONG) et la Délégation pour l'action extérieure des collectivités locales associent également des acteurs importants de la coopération ;

- avec les fonctions de contrôle et de proposition des rapporteurs spéciaux des assemblées ;

- et surtout avec l'AFD . Dans le cadre de son nouveau Plan d'orientation stratégique, l'Agence prévoit de mettre un fort accent sur la production intellectuelle et s'est dotée d'un ambitieux programme de recherche sur l'APD, en concertation avec le MAEE et le MINEFE. Les crédits consacrés à cette politique devraient ainsi doubler pour atteindre 42 millions d'euros en 2011. En outre, l'AFD a récemment publié les résultats d'une intéressante enquête sur la perception de l'APD par les Français.

Il est donc proposé, comme la LOLF nous y autorise, d'affecter la subvention à cet organisme, d'un montant de 620.000 euros, sur le nouveau programme de codéveloppement, plus précisément aux aides aux projets individuels financées par l'ANAEM sur l'action 2 du programme.

GLOSSAIRE

ADETEF : Association pour le développement des échanges en technologies économiques et financières (opérateur du MINEFE)

AFVP : Association française des volontaires de progrès

AID : Association internationale pour le développement (Banque mondiale)

AFD : Agence française de développement

C2D : contrat de désendettement-développement

CAD : Comité d'aide au développement (de l'OCDE)

CIAP : Comité interministériel d'audit des programmes

CICID : Comité interministériel de la coopération internationale et du développement

COSP : Conférence d'orientation stratégique et de programmation

DCP : document-cadre de partenariat

DGCID : Direction générale de la coopération internationale et du développement (au sein du MAEE)

DPT : document de politique transversale

EAF : Etablissement (culturel ou de recherche) à autonomie financière

ETPT : équivalent temps plein travaillé

FASEP : Fonds d'études et d'aide au secteur privé

FSP : Fonds de solidarité prioritaire FUH : Fonds d'urgence humanitaire

GIP FCI : groupement d'intérêt public France coopération internationale

JPE : justification au premier euro

IADM : Initiative d'annulation de la dette multilatérale

MAEE : ministère des affaires étrangères et européennes

MAIIONG : mission d'appui à l'action internationale des organisations non gouvernementales (au sein de la DGCID)

MINEFE : ministère de l'économie, des finances et de l'emploi

PAP : projet annuel de performances PMA : pays les moins avancés

(Initiative) PPTE : pays pauvres très endettés

OMD : Objectifs du Millénaire pour le développement

RPE : Réserve pays émergents UMAC : Union monétaire d'Afrique centrale

UMOA : Union monétaire ouest-africaine

ZSP : Zone de solidarité prioritaire

* 1 Cf. la contribution de votre rapporteur spécial au tome II du rapport n° 418 (2005-2006) sur le projet de loi portant règlement définitif du budget de 2005.

* 2 Le nombre de personnes vivant en situation d'extrême pauvreté est ainsi passé de 217 millions en 1990 à 317 millions en 2005, et l'espérance de vie des adultes a reculé de 51 ans à 46 ans sur la même période.

* 3 Outre la France et le Royaume-Uni, l'Espagne, l'Italie, la Norvège et la Suède.

* 4 Un euro en classe économique pour les vols intérieurs et les vols intra-européens, 4 euros en classe économique pour les vols internationaux, 10 euros en classes affaires et première pour les vols intérieurs et intra-européens, et 40 euros pour les vols internationaux en classe affaires ou en première classe.

* 5 Prévues pour mi 2006, puis fin 2006, puis pour l'année 2007, ces annulations ne sont toujours pas intervenues du fait de l'absence d'accord avec le FMI.

* 6 La formulation a été modifiée (il s'agissait antérieurement de « en oeuvre les objectifs du Millénaire adoptés par les Nations Unies », mais le fond reste le même.

* 7 Cf. le tableau des objectifs et indicateurs figurant dans le rapport budgétaire de votre rapporteur spécial relatif au projet de loi de finances pour 2007. Les axes des objectifs et indicateurs reprennent sont également les mêmes que ceux du DPT de 2007 et ne sont donc pas totalement cohérents avec les nouveaux axes stratégiques.

* 8 Dont les montants notifiés au CAD en 2008 seraient ainsi équivalents à, respectivement, 148 % et 106 % des crédits budgétaires.

* 9 Les actions multilatérales sont en particulier menées avec la Banque mondiale, l'Organisation mondiale de la santé, le Bureau international du travail, ONUSIDA ou l'Organisation des Nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO).

* 10 Six pays (l'Allemagne, l'Autriche, le Canada, l'Espagne, la France et le Portugal) notifient leurs dépenses d'écolage au CAD, mais celles de la France et de l'Allemagne en représentent plus de 90 %. Le CAD prévoit trois conditions cumulatives de comptabilisation du coût imputé aux étudiants, mais ne donne aucune garantie quant au respect par la France des critères afférents à la sélection des étudiants et aux programmes d'étude.

* 11 Ces dépenses sont imputées sur le programme 150 « Formations supérieures et recherche universitaire », qui fait l'objet d'une présentation détaillée dans le DPT au titre des programmes concourant directement à la politique transversale. Les explications portent toutefois essentiellement sur les bourses de mobilité, formations conjointes et actions de recherche et de diffusion scientifique, certes intéressantes mais qui représentent un enjeu financier bien moindre que les frais d'écolage, qui ne font l'objet que d'une phrase sibylline.

* 12 L'impact des annulations et refinancements de dettes sur l'APD en 2008 est ainsi évalué, d'une part, à 1.531 millions d'euros hors refinancements et 2.920 millions d'euros refinancements inclus, et à 2.020 millions d'euros dans la synthèse des prévisions d'APD.

* 13 Afghanistan, Algérie, Guinée équatoriale, Haïti, Mauritanie, Namibie, Nigeria, République centrafricaine, République dominicaine, Rwanda, Sao Tome et Principe, Suriname, Togo.

* 14 L'annexe de programmation du DCP ne rend cependant pas compte des financements par les canaux multilatéraux.

* 15 Soit la gouvernance, la diversité culturelle, la francophonie, la recherche et la coopération universitaire.

* 16 Cf. rapport d'information n° 374 (2006-2007).

* 17 Les postes peuvent demander en juin des réaffectations de crédits et des redéploiements d'emplois, mais cette faculté paraît encore insuffisamment mise en oeuvre.

* 18 7 indicateurs de performance pour les SCAC ; 4 indicateurs pour les EAF et un indicateur pour les instituts de recherche.

* 19 Programmation des crédits sous forme de projet.

* 20 Suivi de la consommation des crédits.

* 21 Qui en 2007 proviennent de recettes de jumelages sur financements de l'Union européenne à hauteur de 40 %, et pour 55 % de recettes sur contrats.

* 22 Le CIAP souligne cependant avec raison qu' « une approche plus directe de l'efficacité paraît impraticable, tant l'évolution de la situation macroéconomique d'un pays dépend de facteurs externes ou autres qui peuvent contrarier ou au contraire favoriser le rétablissement pour lequel l'aide a été accordée ».

* 23 Elle correspond à « un équilibre jugé satisfaisant entre prêts aux PMA et prêts aux pays émergents ».

* 24 Dédié au développement du secteur privé et à la promotion de la micro-finance.

* 25 Le Northern Dimension Environmental Partnership , le Fonds du sarcophage de Tchernobyl et le Compte pour la sûreté nucléaire.

* 26 En application de l'article 97 de la loi de finances pour 2007, l'AFD bénéficie ainsi de la garantie de l'Etat, plafonnée à 372,8 millions d'euros , sur les versements que l'Agence effectuera auprès de l'IFFIm - via le fonds de solidarité pour le développement dont elle a la charge - au titre de la contribution française au remboursement de la première émission obligataire. Cette garantie publique justifie la notation élevée du véhicule d'émission et contribue donc à faciliter la mobilisation de fonds privés.

* 27 En charge des financements concessionnels et des partenariats, notamment de l'AID.

* 28 Dans une fonction considérée comme sensible, celle liée aux politiques de passation des marchés.

* 29 La France compte 15 administrateurs de grade B, soit sensiblement autant que l'Italie (14) mais moins que l'Allemagne (20) et surtout l'Angleterre (43) et les Etats-Unis (90).

* 30 Les Allemands, dont la quote-part et les droits de vote sont respectivement de 6,09 % et 5,99 %, sont très bien représentés et parviennent à poursuivre leur progression. Cela est le résultat d'une politique systématique menée par le directeur général Köhler de 2000 à 2004. A l'opposé, l'Italie doit se contenter de 61 nationaux.

* 31 Les paiements des dons FASEP par Natixis sont effectués selon les termes de la convention de financement signée entre Natixis et le prestataire. Cette convention stipule notamment le montant maximum du concours financier décidé suite à l'avis du Comité, et les modalités et conditions de versement des fonds (notamment fourniture de rapports, avis de la mission économique, accord de la DGTPE, etc) au fur et à mesure de la prestation. Dans la plupart des cas les paiements sont effectués en trois fois : un acompte de 20 %, un paiement intermédiaire de 40 % et un terme final de 40 % maximum, à la fin de la prestation, après analyse des justificatifs de dépenses.

Lorsque les conditions sont remplies, au fur et à mesure des besoins effectifs de paiements, Natixis sollicite auprès de l'administration la mise à disposition des fonds dans la limite de ce qui lui est nécessaire pour effectuer les versements aux prestataires. Il n'existe pas de reliquat auprès de Natixis, les montants versés venant s'imputer sur la dotation de CP prévue pour le FASEP.

* 32 En se fondant sur les hypothèses du programme 209 (113,9 millions d'euros de décaissements de l'AFD pour les C2D et millions d'euros de dons-projets), la fraction de la rémunération assise sur des actions figurant au programme 209 ressort à de la rémunération globale de l'AFD.

* 33 Ces engagements sont également financés à hauteur de 269 millions d'euros par le programme 853 « Prêts à l'Agence française de développement en vue de favoriser le développement économique et social dans les Etats étrangers », soit un coût actuariel global de 519 millions d'euros pour l'Etat.

* 34 Compte tenu du prélèvement d'une réserve de précaution de 5,5 millions d'euros sur les 65 millions d'euros de CP ouverts en loi de finances initiale pour 2007.

* 35 Notamment : extension de la couverture géographique à la ZSP, possibilité de procéder à une approche régionale, appréciation élargie du concept d'appui à l'exportation, délégation accrue aux agences de l'AFD, en liaison avec les missions économiques, possibilité de conclure des partenariats avec des collectivités locales et des entités privées, évaluation de chaque projet exécuté selon les procédures de l'AFD et évaluation a posteriori de l'ensemble du programme en lien avec la DGTPE.

* 36 Dont 780 millions d'euros au titre de la Côte d'Ivoire, risque pays en augmentation puisque l'exposition était de 618 millions d'euros fin 2005 et de 457 millions d'euros fin 2004.

* 37 Dont 167 millions d'euros sur la Côte d'Ivoire, 54 millions d'euros sur la Somalie et 53 millions d'euros sur l'Angola.

* 38 Les réponses fournies par le MINEFE se révèlent toutefois moins précises qu'en 2006.

* 39 Soit les projets à risque pour lesquels une action correctrice a été entreprise.

* 40 Rapport d'information n° 374 (2006-2007).

* 41 En application d'un arrêté du 21 mai 2004, ces critères sont : être doté de la personnalité morale, mener une activité non marchande, être placé sous le contrôle direct de l'Etat et contribuer à la mise en oeuvre d'une politique de l'Etat dont la traduction se trouve dans la loi de finances.

* 42 Dans son rapport sur l'exécution des lois de finances en vue du règlement du budget de l'exercice 2004.

* 43 Une unité institutionnelle de la sphère publique est considérée comme producteur marchand dès lors que « le produit de ses ventes couvre au moins 50 % de ses frais de production ». Le CIAP rappelle qu'en ce qui concerne l'AFD, le produit des ventes recouvre l'ensemble des produits de l'Agence, à l'exception des montants versés par l'Etat et du montant des produits financiers correspondant à la rémunération des fonds propres dont l'Etat a doté l'Agence, qui ne font l'objet de rémunération et ne relèvent pas d'une activité commerciale.

* 44 Ces critères sont : une activité de service public, un financement assuré majoritairement par l'Etat, et un contrôle direct par l'Etat relevant de l'exercice d'une tutelle ayant capacité à orienter les décisions stratégiques.

* 45 Le cadre d'intervention et la lettre de mission du directeur d'agence lui sont soumis pour avis conforme, et l'ambassadeur cosigne chaque convention de don.

* 46 Parmi les organisations du système des Nations Unies bénéficiant de contributions obligatoires, une seule, l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), est intégralement prise en compte par le CAD au titre de l'APD. Cinq autres font l'objet d'une comptabilisation partielle : l'OMS, l'OMM, l'OAA, l'OIT et l'UNESCO. La quote-part d'APD attribuée à l'ONU elle-même est quant à elle de 12 %.

* 47 0,5 % en 2006 correspondant à une opération de formation de policiers en République démocratique du Congo.

* 48 CulturesFrance et CampusFrance sont présentés dans le programme 185 « Rayonnement culturel et scientifique » de la mission « Action extérieure de l'Etat ».

* 49 Cette convention reprend en particulier les 4 objectifs suivants : réduction des coûts de structure de 1,7 million d'euros entre 2005 et 2009 ; obtention par l'AFVP, hors commande du MAEE, de ressources d'un montant estimé à 4,7 millions d'euros ; objectif de 6.000 mois-volontaires en 2009 ; passage à un coût paramétrique de 1.073 euros par mois-volontaire en 2009 (1.990 euros en 2007).

* 50 Soit 196,5 millions d'euros pour l'IRD et 128,5 millions d'euros pour le CIRAD. Le DPT indique qu'un montant de 235 millions d'euros serait comptabilisé en APD en 2007.

* 51 2.936 emplois imputés sur le programme 209, dont 2.513 ETPT hors plafond dans les établissements à autonomie financière.

* 52 Congés de longue durée et de fin d'activité, trajets domicile-travail, accidents du travail, allocations pour perte d'emploi (87 % de l'enveloppe), action sociale ministérielle et interministérielle.

* 53 En particulier dans les pays suivants : Djibouti, Gabon, Guinée, Cameroun, Madagascar et Tchad.

* 54 Rapport d'information n° 346 (2005-2006) « Opérations de contrôle budgétaire effectuées dans le Pacifique, les Grandes Antilles et auprès du GIP France coopération internationale ».

* 55 Services administratifs et financiers et centres d'archives et de documentation des ambassades, conducteurs, personnels de sécurité et de service, standardistes...

* 56 Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Haut Commissariat aux Réfugiés, l'UNICEF et l'UNRWA

* 57 Cet indicateur rend compte du délai d'instruction par la DGCID des projets déposés par les ONG, du taux de sélection des projets de ces associations, et de la part des projets qui sont évalués a posteriori .

* 58 Rapport d'information n° 46 (2005-2006).

* 59 Estimé fin 2006 à 162.000 euros en moyenne pondérée, dont 148.000 euros pour les experts recrutés par FCI.

* 60 Dont 205 projets pays, 9 projets inter-Etats et 81 projets mobilisateurs.

* 61 En particulier des titulaires et CDI en administration centrale (261 ETPT contre 138 ETPT dans le plafond d'emplois de 2007) et des CDD et volontaires internationaux (104 ETPT contre 14 ETPT dans le plafond d'emplois de 2007).

* 62 Le nombre de bourses octroyées est passé de 430 en 2005 à 370 en 2007 ; la DGCID prévoit cependant d'octroyer 100 nouvelles bourses en 2008.

* 63 Le MAEE offre une formation linguistique avant le départ et une bourse de couverture sociale qui confère à l'étudiant le statut de boursier du gouvernement français ; l'entreprise partenaire offre l'allocation de vie et un tutorat personnalisé et des stages d'application rémunérés ; les écoles et universités partenaires offrent des frais de scolarité réduits.

* 64 Dont un nouveau programme pour les mobilités africaines sud-sud, dans un souci de décloisonnement de l'Afrique francophone et anglophone.

* 65 Au Cameroun 90 millions d'euros sur cinq ans seront ainsi affectés au secteur de l'éducation.

* 66 En particulier en Afrique du Sud, Namibie et au Maroc.

* 67 La consolidation de ce pôle d'expertise, qui fait aujourd'hui référence au plan international, s'inscrit dorénavant dans une logique de multilatéralisation, pour valoriser l'expertise française dans la mobilisation multilatérale en faveur des objectifs d'Education pour tous.

* 68 Sous forme d'appui technique au secrétariat (2 assistants techniques prévus en 2007) et de contribution aux fonds fiduciaires de l'initiative (20 millions d'euros sur 3 ans à partir de 2007).

* 69 La dotation prévue en loi de finances initiale était de 12 millions d'euros.

* 70 Journées franco-chinoises, franco-burkinabès, balkans, franco-vietnamiennes et franco-brésiliennes en 2007.

* 71 Avec 1,18 % de l'APD transitant par les ONG et OSI en 2005 et 1,07 % en 2004, la France se situait au neuvième rang, selon les données incomplètes (afférentes à seulement 10 pays) fournies par le CAD.

* 72 Portant en particulier sur la réforme du FONJEP, la réduction des d'instruction et de paiement des subventions, la mise en oeuvre d'appels à initiatives pour sortir d'une simple logique de guichet, le renforcement du dialogue avec les ONG, les demandes de reversement des trop-perçus, l'évaluation, le renforcement des capacités des ONG françaises pour faciliter leur accès aux financements multilatéraux, et la mention explicite des cofinancements du ministère dans les publications et médias utilisés par les associations.

* 73 Rapport d'information n° 374 (2006-2007).

* 74 Pour certaines ONG françaises, la part de fonds publics peut représenter jusqu'à 75 % de leurs ressources totales. A contrario d'autres ONG, surtout dans le domaine de l'urgence humanitaire, mobilisent un réseau dense de bénévoles et de donateurs et obtiennent jusqu'à 90 % de fonds privés.

* 75 Le Mozambique, l'Ouganda, la Tanzanie, la Bolivie, la Mauritanie, le Ghana, Madagascar, le Nicaragua et le Cameroun.

* 76 La convention de 2003 sur la gestion des C2D prévoit en effet qu'« en contrepartie de la garantie octroyée par l'Etat, l'AFD reversera à l'Etat un montant correspondant à la totalité des provisions constituées dans ses livres au titre des concours concernés, sur le principal et sur les intérêts ». Les provisions ainsi libérées correspondent à la signature des C2D de la RDC, de la Guinée et de Sao Tomé.

* 77 Les échéances remboursées par les autorités du pays co-contractant à la Banque de France et à Natexis - correspondant aux créances portées par l'Etat - sont transférées à l'AFD et directement reversées au pays concerné sans appel de fonds de l'AFD auprès de l'Etat. Les échéances de la Banque de France et de Natexis étant ainsi annulées d'un point de vue comptable, elles sont ensuite transportées aux découverts du Trésor.

* 78 Il s'agit des contributions volontaires :

- aux activités opérationnelles de développement, humanitaires et d'urgence conduites par les fonds et programmes des Nations Unies, qui ne bénéficient pas de contributions obligatoires ;

- pour des montants moindres, à des institutions spécialisées de l'ONU (UNESCO, ONUDI, OIT, OACI, CNUCED/CCI), dont le fonctionnement courant est assuré par les contributions obligatoires des Etats membres.

* 79 83,2 millions d'euros en 1994, 38,8 millions d'euros en 1998, 49,5 millions d'euros en 2000, 53 millions d'euros en 2002, 63,8 millions d'euros en 2004, 68,9 millions d'euros en 2005 et 85,7 millions d'euros en 2006.

* 80 En 2007, la contribution non affectée des Pays-Bas au PNUD (86 millions d'euros) est ainsi à elle seule supérieure au total des contributions françaises, et la contribution du Danemark au HCR s'élève à 50 millions d'euros.

* 81 Pour mémoire, les crédits en 2007 ont été ventilés en 12,16 millions d'euros de contributions obligatoires à l'OIF et 46 millions d'euros de contributions volontaires au FMU , dont 20,9 millions d'euros au titre des bourses de l'AUF, précitée, 20,6 millions d'euros au profit de l'OIF, 1,93 million d'euros au profit de l'AIMF et 1,75 million d'euros pour l'Université Senghor.

* 82 300 millions d'euros en 2007, soit un doublement par rapport à 2005.

* 83 En 2003, près de 3 millions de personnes sont mortes du sida, dont les trois-quarts en Afrique subsaharienne ; 5 autres millions de personnes ont été infectées.

* 84 Le paludisme tue plus d'un million de personnes chaque année, 90 % des décès survenant en Afrique et principalement chez les moins de 5 ans.

* 85 Chaque année, près de 2 millions de personnes meurent de la tuberculose malgré la disponibilité de traitements peu onéreux et efficaces dans près de 95 % des cas.

* 86 Les appels de fonds de la Commission et la BEI interviennent trois fois par an sur la base d'un échéancier et d'un plafond budgétaire proposés par la Commission et adoptés par le Conseil. Ils sont obligatoires et reposent sur des prévisions de dépenses établies par la Commission en octobre de l'année n-1 et susceptibles d'être revues en cours d'année, dans la limite du plafond.

* 87 Pour 2008, la Commission et la BEI prévoyaient en juillet 2007 une forte hausse des appels de fonds à 3,6 milliards d'euros , ce qui établirait la contribution de la France pour 2008 à près de 875 millions d'euros. La Commission devrait y reporter les appels de fonds non couverts en 2007, soit environ 300 millions d'euros, portant la contribution française à plus 950 millions d'euros.

* 88 Ces états comprennent la situation en engagements et en paiements (par rapport à l'objectif fixé par la Commission en début d'année), par région et par pays ; les prévisions d'engagements et de paiements pour les mois/les années à venir ; et l'impact à la hausse ou à la baisse des montants d'engagements et de décaissements sur les appels à contributions des Etats membres.

* 89 La Commission européenne fût l'un des premiers donateurs à définir une doctrine dans le domaine de l'aide budgétaire, en 2002. Elle a utilisé l'aide budgétaire dès le VII e FED (1990-1995), avec la création d'une facilité d'ajustement structurel, puis sous le VIII e FED (1995-2000), avec les premiers appuis budgétaires directs.

* 90 Fonds global de lutte contre le sida, Initiative « Fast track Education pour tous », soutien à l'Union africaine, Fonds PPTE et Fonds fiduciaire Infrastructures dans le cadre d'un partenariat UE-Afrique.

* 91 Qui dispose en particulier :

« L'aide budgétaire directe en appui aux réformes macroéconomiques ou sectorielles est accordée lorsque :

« a) la gestion des dépenses publiques est suffisamment transparente, fiable et efficace ;

« b) des politiques sectorielles ou macro-économiques bien définies, établies par le pays et approuvées par ses principaux bailleurs de fonds ont été mises en place ;

« c) les règles des marchés publics sont connues et transparentes. ».

* 92 Qui a notamment prévu l'extension des programmes de codéveloppement à 14 pays francophones d'Afrique subsaharienne, à Haïti et aux Comores.

* 93 Associant des représentants de la France, de l'Allemagne, du Royaume-Uni, des Pays-Bas, de l'Espagne, de la Suède et de la Suisse.

* 94 Soit un budget primitif de 6,7 millions d'euros pour 2007.

* 95 En particulier avec le Mali (95 projets au 30 septembre 2007, pour un montant de 428.925 euros) et le Sénégal (17 projets pour 105.060 euros).

* 96 Programmes concernant l'Arménie, le Cameroun, la République démocratique du Congo, la Géorgie, la Guinée Conakry, la Moldavie et l'Ukraine.

* 97 Votre rapporteur spécial relève toutefois que le MIIINC évalue la charge de défiscalisation à 15 millions d'euros annuels .

* 98 Les transferts formels et informels au départ de la France sont évalués à près de 8 milliards d'euros, dont 1,5 milliard d'euros vers le Maroc, 449 millions d'euros vers le Sénégal et 295 millions d'euros vers le Mali. Les transferts de toutes origines représentent près du quart du PIB dans le cas des Comores, et 19 % de celui du Sénégal.

* 99 Pour les projets individuels, il s'agit en réalité du montant moyen de l'aide hors coûts de départ (soit les coûts de l'aide au montage et d'accompagnement personnalisé par des opérateurs conventionnés), et non du montant final du projet . Votre rapporteur spécial estime que le libellé de ce sous-indicateur devrait être précisé.

* 100 3 pays concernés en 2006, 13 en 2007 et environ 20 en 2008.

* 101 Tels que l'Ordre de Malte, l'Office international des migrations, Entreprendre Réussir en Afrique, et dans les pays d'origine, des associations telles que l'Association pour la formation, l'insertion et le développement rural en Afrique ou le Collectif ingénieurs développement Sahel.

* 102 Il s'agit des pays suivants : Algérie, Bénin, Burkina-Faso, Burundi, Cap Vert, Cameroun, Comores, Congo, RDC, Côte d'Ivoire, Gabon, Guinée, Haïti, Madagascar, Mali, Maroc, Mauritanie, Niger, Nigeria, République centrafricaine, Rwanda, Sénégal, Somalie, Surinam, Tchad, Togo, Tunisie, Vietnam.

* 103 Bénin, Congo, Cameroun, RDC, Gabon, Haïti, Madagascar, Mali, Sénégal, Togo.