b) La croissance régulière des implantations d'entreprises étrangères en France

La présence croissante d'entreprises françaises à l'étranger s'accompagne d'un mouvement inverse d'implantation d'entreprises étrangères en France.

Les nombreux atouts structurels de la France, qui seront analysés plus loin, conjugués à la forte implication des pouvoirs publics, ont contribué, ces dernières années à une croissance importante des investissements étrangers en France, qui ont atteint, en 2000, 313 milliards de francs , soit 3,4 % du PIB, après 241 milliards de francs en1999.

La France se situe ainsi au quatrième rang des grands pays par la place des entreprises étrangères, lesquelles réalisent 32% du chiffre d'affaires des entreprises industrielles manufacturières et emploient 27% de la population active.

L'implantation d'entreprises étrangères en France, malgré leur croissance régulière, n'est pas au même niveau que les investissements directs à l'étranger des entreprises françaises.

Serions-nous devenus plus aptes à conquérir qu'à attirer ? Dans la mesure où ces évolutions ne révèlent pas de décrochage par rapport à nos principaux concurrents, il n'a pas paru possible à la mission de parvenir à une telle conclusion, à partit des analyses des experts qu'elle a consultés.

FLUX D'INVESTISSEMENT DE LA FRANCE AVEC L'ÉTRANGER DE 1990 À 1999

Source : Banque de France

Les sorties de capitaux sont le reflet de l'excédent de la balance des paiements courants dégagé désormais par la France et traduisent le dynamisme des grands groupes français.

Pour nombre de personnes auditionnées, les opérations de fusions et acquisitions dans l'industrie manufacturière, qui constituent l'essentiel des investissements sortants, traduisent, non pas une désaffection envers le territoire français, mais la bonne santé financière des groupes français et leur permet d'avoir l'ambition d'atteindre une masse critique au niveau international, en se positionnant sur tous les marchés-clés.

Le rôle prédominant des fusions et acquisitions, notamment à destination des États-Unis, confirme que la logique sous-jacente aux flux d'investissement est d'ordre stratégique. Le rapprochement de Renault avec Nissan illustre parfaitement ce type de stratégie visant à pénétrer un marché important.

Par ailleurs, sur le plan financier, il est sain, selon M. Marc-Antoine Autheman, directeur général du Crédit agricole - Indosuez « que la France, qui est naturellement une économie à taux d'épargne élevé, constitue un patrimoine à l'étranger élevé générateur d'un flux de revenus prélevés sur le reste du monde ». Comme l'a constaté M. Jean-Paul Betbeze, directeur des études économiques et financières du Crédit Lyonnais, la France est loin d'être le seul pays dans cette situation, ni le premier d'entre eux .

Si on doit donc se féliciter de l'augmentation des implantations françaises à l'étranger, l'aggravation du déficit entre les flux sortant et les flux entrants est-elle vraiment un motif de préoccupation ? Pour M. Éric Chaney, directeur de la recherche économique à la société Morgan Stanley Dean Witter, à propos des investissements français à l'étranger, « il n'y a pas de raisons de s'en plaindre, mais on peut se demander pourquoi la France n'en attire pas autant ».

La France a beau être le quatrième pays d'accueil des investissements internationaux, elle ne les accueille pas en proportion de ce qu'elle investit à l'étranger. De là à faire apparaître ce déficit comme un premier indice d'une diminution de l'attractivité du territoire français, il y a un pas que la mission ne veut pas franchir d'autant qu'il faut replacer cette observation dans le cadre plus global des relations entre l'Europe et les États-Unis.

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