B. LES DÉFAILLANCES DE L'ÉTAT

1. La sécurité

Dans ses opérations de réhabilitation, l'EPARECA prend en compte les exigences de sécurité des commerçants. Celles-ci n'obéissent à aucune paranoïa mais à une réalité quotidienne vécue en première ligne. S'il n'y a pas de statistiques liées à la délinquance pour le périmètre des zones urbaines sensibles, le contexte des centres commerciaux est bien connu. Il suffit de partir du précepte selon lequel il n'y a pas de commerce sans sécurité pour constater que les incivilités commises peuvent faire fuir la clientèle. A fortiori , dès que des délits plus graves sont commis, c'est tout l'équilibre, déjà précaire, du centre qui peut être remis en question.

Les opérations de réhabilitation des centres commerciaux comprennent toujours des mesures de protection contre l'insécurité qui peuvent notamment passer par :

- une amélioration de l'éclairage,

- une diminution du nombre de points d'entrée et de sortie,

- une implantation de bornes de protection contre les voitures bélier,

- une fermeture du centre en soirée et la nuit,

- une vidéosurveillance,

- une présence de vigiles et la création d'un poste de sécurité.

Malgré ces mesures de bon sens, la réhabilitation d'un centre commercial, dont le coût se chiffre en millions d'euros, peut être remise en cause par la persistance de l'insécurité. Si l'environnement autour du centre ne s'améliore pas, l'opération de réhabilitation peut s'avérer inutile. Ainsi, dans le quartier de l'Argonne à Orléans, un investissement de la Caisse des dépôts dans un centre commercial est mis à mal par la permanence des petits délits : ceux-ci stérilisent l'ensemble des actions de restructuration architecturale et commerciale. Selon l'EPARECA, « le commerce représente dans un quartier la « cerise sur le gâteau » et une opération ne peut réussir si elle n'est pas accompagnée, voire précédée, par une remise à niveau profonde du quartier lui-même ».

Au-delà des mesures de bon sens prises par l'EPARECA, la lutte contre l'insécurité ne relève pas des gestionnaires de centres commerciaux mais de l'Etat. Elle en constitue la première mission régalienne. Les défaillances de l'Etat dans ce domaine nuisent à tous les efforts menés, tant par les acteurs privés, les collectivités locales que par ses établissements publics comme l'EPARECA. La responsabilité des administrations dans la situation dégradée des centres commerciaux est écrasante.

Dans des opérations de réhabilitation aussi lourdes que celles menées par l'EPARECA, des garanties d'une meilleure implication de la police devraient pouvoir être obtenues. Des rondes régulières, une coordination accrue avec les commerçants et les gestionnaires de centres, une ouverture des postes de police au-delà de six heures du soir constituent des mesures incontournables que le ministère de l'intérieur tarde souvent à mettre en oeuvre.

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