F. AMÉLIORER LES CONDITIONS DE COMMERCIALISATION POUR GARANTIR UN PARTAGE ÉQUITABLE DE LA VALEUR AJOUTÉE

1. Renforcer l'organisation économique de la filière viande

Lors de ses déplacements, votre mission d'information a pu constater que la filière élevage était peu organisée dans les groupements de producteurs . En effet, dans la filière bovine, seule la moitié des éleveurs est regroupée dans des organisations de producteurs, qu'elles soient commerciales ou non.

Or cette désorganisation de la filière est préjudiciable au développement économique des éleveurs car ces derniers ne sont pas en mesure de peser dans les négociations commerciales, notamment face à la grande distribution.

Aussi votre mission sera tout particulièrement attentive à la réforme de l'organisation économique des éleveurs qui sera proposée prochainement. Elle souhaite que cette réforme puisse contribuer à accélérer et à renforcer cette organisation afin de donner à la filière les moyens de peser de tout son poids dans les négociations commerciales .

Une telle évolution permettrait en effet de structurer la filière afin qu'elle puisse négocier des prix plus rémunérateurs et s'opposer, avec plus d'efficacité, à des pratiques commerciales inacceptables, comme le système des « marges arrières ».

2. Objectiver les relations avec les abattoirs

La fixation du prix de la carcasse rend souvent difficile les relations entre producteurs et abatteurs, les premiers reprochant aux seconds un manque d'objectivité dans cet exercice délicat.

Votre rapporteur est donc tout à fait favorable au développement des machines à classer et au renforcement du corps de contrôle des classificateurs, qui devraient permettre de rémunérer les animaux en fonction de critères plus objectifs.

La machine à classer permet d'établir de manière automatique un classement de la carcasse, tout en respectant les deux critères utilisés par les classificateurs : la conformation de l'animal, selon une grille dite « grille EUROP », et son état d'engraissement, évalué selon cinq classes. La machine fonctionne par analyse d'images, des caméras filmant la carcasse et analysant les images transmises.

Plusieurs machines à classer fonctionnent actuellement, sans toutefois se substituer au classificateur. Une telle évolution suppose, en effet, de faire agréer les machines à classer au niveau européen. Or, ce n'est pas encore possible du fait de l'absence de consensus sur la méthodologie de l'agrément et sur les performances à prendre en compte.

En outre, les chercheurs travaillent actuellement à des améliorations de la machine pour que cette dernière puisse rendre un résultat objectif, fondé sur le rendement du muscle . Cette technique révolutionnerait le marché car les animaux seraient payés en fonction de leur valeur intrinsèque et non de leur apparence .

La mise en place de la machine à classer pose toutefois le problème de son financement, chaque machine coûtant 120.000 et 150.000 euros . C'est pourquoi l'interprofession bétail et viande (INTERBEV) s'est entendue, en septembre dernier sur une cotisation interprofessionnelle, fixée à 1,20 euro par carcasse et payable à parts égale par les éleveurs et les abatteurs. En outre, chaque machine pourrait bénéficier d'une subvention de l'OFIVAL.

Votre rapporteur plaide en faveur d'une mise en place rapide des machines à classer, qui faciliteront, espérons-le, les relations entre éleveurs et structures d'abattage. Il souscrit sans réserve au mouvement initié par INTERBEV et ne peut qu'encourager les pouvoirs publics à négocier au niveau européen, dans les plus brefs délais, l'agrément des machines à classer.

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