D. REVALORISER LES MÉTIERS À FORTE PRÉSENCE FÉMININE

Revaloriser les métiers à forte présence féminine

Il convient de professionnaliser et de revaloriser certains secteurs professionnels. En effet, certains types d'activités se développent, tels que l'accompagnement des personnes âgées, la médiation sociale, la prise en charge de la petite enfance. Elles sont exercées dans des conditions le plus souvent précaires et quasiment exclusivement par des femmes. Certains secteurs professionnels, tels que le sanitaire et social ou l'éducation, se caractérisent par un faible niveau de rémunération, une surreprésentation des femmes et une image sociale dévalorisée. Dans ce contexte, il est essentiel de promouvoir la mixité et de mener des négociations, afin de rendre attractifs, aussi bien pour les hommes que pour les femmes, ces secteurs professionnels.

E. FAVORISER UNE PLUS GRANDE MIXITÉ DANS LES FILIÈRES D'ÉDUCATION ET DE FORMATION

Au cours des dernières décennies, la tertiarisation de l'économie a permis aux femmes, plus largement formées dans les filières des services, de bénéficier de la vague de créations d'emplois des dernières décennies. On constate cependant que les filières de l'enseignement, notamment professionnel, sont excessivement sexuées et que la mixité progresse peu dans ce domaine. Certains secteurs professionnels sont aujourd'hui quasiment exclusivement composés d'hommes, tels l'automobile, certains corps de métiers du bâtiment et l'électronique. L'objectif est donc de développer l'activité des femmes, notamment dans ces secteurs professionnels et à tous les niveaux de responsabilités, afin de favoriser une plus grande mixité professionnelle, gage pour les entreprises d'une amélioration de leur compétitivité.

Éliminer, notamment par une politique d'orientation scolaire non sexiste, les formes existantes de ségrégation professionnelle et sensibiliser l'ensemble de la communauté éducative aux questions d'égalité

C'est d'abord, en amont du marché du travail, dans le champ de la formation initiale que des choix décisifs pour l'avenir s'effectuent. Une nouvelle dynamique de développement de la société passe par un rééquilibrage de l'investissement en formation à destination des jeunes générations. L'élargissement des choix professionnels des filles doit aussi s'accompagner d'une éducation fondée sur le respect mutuel des deux sexes et par la sensibilisation, voire la formation, de l'ensemble de la communauté éducative aux questions d'égalité.

La délégation suggère également, dans l'esprit des propositions présentées par Mme Nicole Ameline (cf. annexe 2, propositions 3 et 4) de recenser dans les manuels scolaires et les livres destinés à la jeunesse les stéréotypes liés au sexe et sanctionner en milieu éducatif les atteintes au respect mutuel entre garçons et filles

Mobiliser les conseillers d'information et d'orientation ( CIO) ainsi que les enseignants sur le thème de la mixité professionnelle et de l'égalité salariale par la création d'un module de formation intégré dans leur cursus et, pour ceux déjà en poste, intégrer ces modules dans les cycles de formation continue.

Comme l'a indiqué Mme Marie-Christine Desbois lors de son audition du 27 novembre 2002 par la délégation, ces modules devraient pouvoir intégrer des données sur l'économie des bassins d'emploi, l'évolution des principaux métiers, ainsi qu'une approche en termes de savoirs et de savoir-faire les plus récents. Pour les professeurs principaux de collèges, cette formation pourrait être dispensée au sein des instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM).

Des interlocuteurs de la délégation, sur la base d'enquêtes de terrain, ont également évoqué l'insuffisance de l'effort d'orientation, les conseillers d'information et d'orientation (CIO) se sentant, pour la majorité, peu concernés par la diversification de l'emploi féminin. Certains « orientateurs » estiment ne pas disposer des outils nécessaires pour remplir efficacement une telle mission et ne se reconnaissent pas le droit de peser sur des choix qui peuvent s'avérer difficiles à assumer pour les jeunes filles. En outre, les professeurs principaux ont également un rôle important, bien que non formalisé, dans les choix d'orientation des jeunes, mais leur formation ne les prépare pas, a priori , à intervenir sur la diversification de l'emploi féminin.

Dans le cadre du partenariat avec le ministère de l'Éducation nationale, il convient d'améliorer l'orientation scolaire et professionnelle des filles et des garçons, notamment en direction des filières porteuses de débouchés sur le marché du travail et de veiller à l'adaptation de l'offre de formation initiale aux perspectives d'emploi. L'information des jeunes filles à tous les stades de l'éducation sur les possibilités qui leur sont réellement offertes, y compris dans des métiers non traditionnels, est une nécessité. Dans le même temps, des mesures incitatives doivent être prises à destination des éditeurs de manuels scolaires, ainsi que de livres et publications destinés à la jeunesse, pour éliminer les stéréotypes et offrir une représentation plus complète et plus équilibrée des activités féminines.

La délégation préconise également d'intégrer la dimension « égalité des chances » dans le plan régional de développement des formations professionnelles des jeunes , qui constitue un outil de mise en cohérence des différents dispositifs de formation professionnelle et, également, de mettre en oeuvre une politique contractuelle avec les autres partenaires de l'orientation et de l'insertion des jeunes. Ainsi, les actions pertinentes ne seraient plus laissées à l'initiative de quelques personnes de bonne volonté, mais organisées de manière cohérente au sein de chaque région.

Inciter par voie contractuelle les centres de formation d'apprentis (CFA) à prendre une part active dans la diversification de l'emploi féminin

Les acteurs de terrain entendus par la délégation ont fait observer que les difficultés d'insertion étaient un facteur de découragement très important des acteurs de l'orientation, et que les efforts faits en amont étaient souvent réduits à néant par les aléas rencontrés par les jeunes filles engagées dans des filières traditionnellement masculines.

Or, il convient de noter que si, par hypothèse, certaines spécialités traditionnellement masculines devaient s'ouvrir aux jeunes filles, les professionnels admettent qu'elles y seraient vraisemblablement performantes. Ainsi dans le bâtiment (peinture, carrelage, électricité et plomberie), la place des jeunes filles dans les chantiers d'intérieur, et notamment pour tous les travaux de finition, peut être envisagée. De même, un nombre grandissant de jeunes filles pourrait être accueilli dans les secteurs de la menuiserie et de l'ébénisterie, la charpente et les activités requérant une grande force musculaire restant, selon les professionnels, des métiers d'hommes.

Consciente des carences de l'emploi féminin dans les métiers du bâtiment et des travaux publics, ainsi que des difficultés de mise en oeuvre de ces recommandations, la délégation rappelle que, dans le même temps, les entreprises manifestent des difficultés de recrutement de personnel qualifié.

Sur la base de la fixation d'un objectif national de mixité des emplois qui répond à une nécessité économiquement démontrée, la délégation préconise d'établir un bilan des actions menées par les branches au cours des dix dernières années pour en généraliser les bonnes pratiques et analyser les freins, de soutenir les actions régionales qui s'initient actuellement avec les branches et d'envisager la mise en place d'une veille sur la mixité des emplois dans chaque ministère, tout en mobilisant les fonds européens disponibles, notamment par le canal d'actions au titre des contrats de plan État-régions.

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