III. LES ORIENTATIONS DU GROUPE DE TRAVAIL

Le projet de loi de finances pour 2004 prévoit que la dotation globale de fonctionnement des départements se décomposerait en deux parts :

? Une dotation forfaitaire comprenant les parts de la DGF actuelle jugée « non péréquatrices » :

- la dotation forfaitaire,

- la dotation impôts ménages.

Et les compensations versées actuellement par l'Etat et qui seront intégrées à la DGF :

- le contingent d'aide sociale,

- la compensation relative à la suppression de la part salaires,

- 95 % de la DGD.

? Une dotation de péréquation comprenant en 2004 :

- la dotation potentiel fiscal,

- la dotation de fonctionnement minimale.

La réforme des mécanismes internes de répartition sera discutée au Parlement en 2004.

La DGF totale mise en répartition évolue conformément à l'inflation et à la moitié du produit intérieur brut. La fourchette d'évolution de la dotation forfaitaire se situerait entre 60 et 80 % de l'évolution de la DGF globale.

On relève que plus la dotation forfaitaire est indexée à un niveau faible, plus les marges dégagées pour la péréquation seront élevées.

Il résulte de cette nouvelle architecture que :

- Les ressources des départements sont garanties : elles sont globalisées dans la dotation forfaitaire.

- La garantie de progression minimale qui constituait une assurance forte de progression des ressources est supprimée. Elle est globalisée dans la dotation forfaitaire pour les départements qui la percevaient.

- Les départements qui contribuaient au « mécanisme de solidarité financière » verront le montant de leur dotation forfaitaire diminuer du montant prélevé en 2003, ce qui revient à geler leur contribution et à stopper le mécanisme de péréquation horizontale.

- L'alimentation du dispositif de péréquation est renforcée. En effet, la dotation forfaitaire évoluant désormais moins rapidement que l'évolution de la masse totale de la DGF, la différence majorera chaque année les sommes consacrées à la péréquation.

- La seconde étape de la réforme des dotations de l'Etat aux collectivités sera discutée au Parlement en 2004 et consistera à modifier les règles de répartition internes des dotations (règles d'éligibilité, critères et formules de répartition).

Le groupe de travail souhaite inscrire ses propositions dans la nouvelle architecture proposée dans le projet de loi de finances. Il émet le voeu que l'indexation de la dotation forfaitaire soit la plus basse possible pour dégager des marges de manoeuvre appréciables pour la péréquation.

Il demande aussi que les modalités de répartition de la dotation de péréquation soient discutées en 2004 pour une application en 2005 et que les dotations de péréquation actuelles soient garanties aux départements qui deviendraient inéligibles à la nouvelle dotation de péréquation.

La dotation globale de fonctionnement des départements évolue chaque année selon un indice composite égal à la moitié du taux de croissance du PIB augmenté du taux d'inflation. Cette dotation représentait un montant de 2,8 milliards d'euros en 2003 .

En 2004, cette masse financière atteindra près de 10,8 milliards d'euros avec l'intégration de la compensation de la part salaire de la taxe professionnelle (2,4 milliards), du contingent d'aide sociale (2 milliards), et de 95 % de la dotation globale de décentralisation (3,6 milliards).

En définitive, l'indexation de ces 10 milliards d'euros peut être en partie affectée à la péréquation.

Le tableau ci-après illustre le nombre d'années nécessaires pour dégager, sur la base de cette évolution, les marges de manoeuvre nécessaires pour subvenir aux besoins de la péréquation en fonction du seuil d'égalisation entre les départements qui aura été fixé.

Si l'on fait l'hypothèse d'un taux d'inflation de 1,5 % sur l'ensemble de la période et d'un taux de croissance annuel du PIB de 1,5 %, l'évolution de l'enveloppe de DGF globale sera de 2,25 % par an. Pour 2004, ce taux est de 1,93 %.

Part de la croissance de la DGF affectée à l'évolution de la dotation forfaitaire

Nbre d'années nécessaire pour obtenir 200 M€

Nbre d'années nécessaire pour obtenir 350 M€

Nbre d'années nécessaire pour obtenir 650 M€

0,00 %

1 année

2 années

3 années

10,00 %

2 années

2 années

4 années

20,00 %

2 années

2 années

4 années

30,00 %

2 années

3 années

4 années

40,00 %

2 années

3 années

5 années

50,00 %

2 années

3 années

5 années

60,00 %

2 années

4 années

6 années

70,00 %

3 années

5 années

8 années

80,00 %

4 années

6 années

10 années

Le groupe de travail estime que l'indice synthétique, défini dans la première partie de l'étude, doit servir de base à la répartition de la dotation de péréquation. Encore convient-il de définir l'objectif à atteindre :

- Quelle valeur de l'indice doit-on garantir ? A quel niveau met-on le curseur ?

- Quels sont les départements éligibles ?

- La remise à plat des critères de répartition de la dotation de péréquation peut-elle entraîner pour certains départements une baisse de ressources par rapport au système actuel ?

Une fois ces objectifs précisés, il sera possible de chiffrer les enveloppes nécessaires pour mettre un terme aux inégalités que l'on a décidé de corriger.

Le groupe de travail a envisagé deux hypothèses :

- Une première hypothèse modeste : rechercher un indice au moins égal à 0 .

Cette première méthode consisterait à garantir aux départements un niveau de ressources leur permettant de couvrir leurs charges obligatoires. Autrement dit, on ramène les indices négatifs à 0.

Or, les inégalités, dans cette hypothèse, ne seraient que très partiellement corrigées. A côté des départements ayant un solde nul subsisteraient des départements avec un solde largement excédentaire.

Par ailleurs, le niveau de l'indice serait très fluctuant en fonction des recettes que l'on désire prendre en compte. En effet, dans la variante de base, 27 départements ont un solde négatif. Si l'on prend en compte les droits de mutation et la totalité de la DGD, ce nombre passe à 4.

- Deuxième hypothèse : rechercher un indice au moins égal à la valeur médiane

Par définition, la moitié des départements se situe en-dessous de la valeur médiane, l'autre moitié au-dessus.

Dans la variante 1, la valeur médiane de l'indice synthétique après versement de la DGF est de 32 €/hab. Inférieure à la moyenne (73 €/hab) qui est tirée vers le haut par des départements très favorisés et très peuplés, la valeur médiane est un indicateur plus révélateur de la situation réelle des départements. Relever le niveau de l'indice de la moitié des départements à cette valeur médiane renforcerait le caractère péréquateur de la DGF et permettrait de garantir de réelles marges de manoeuvre aux départements pour assurer leur mission de service public qui ne se limite pas aux seules charges obligatoires. Cette méthode suppose de mettre en répartition une dotation plus importante.

- Troisième hypothèse : rechercher un indice compris entre 0 et la valeur médiane

Il s'agirait d'une solution intermédiaire qui consisterait à garantir aux départements un indice synthétique dont la valeur serait comprise entre 0 et la valeur médiane. Cet objectif aurait l'avantage de permettre aux départements de dégager un solde positif de ressources après prélèvement des charges obligatoires tout en mobilisant une enveloppe financière plus réduite compte tenu des ressources accordées aux départements.

Départements éligibles

Les départements éligibles seront ceux dont l'indice synthétique est situé en dessous de la valeur minimale garantie, les départements situés au-dessus étant inéligibles. Se pose alors la question de savoir si l'on garantit aux départements qui touchent actuellement des dotations de péréquation mais qui ont un indice synthétique élevé leur niveau de ressources ou si au contraire on remet en répartition suivant les nouveaux critères toute l'enveloppe de péréquation.

Le graphique ci-après met en évidence que les départements dont l'indice est le plus faible sont aussi ceux qui perçoivent actuellement le plus de dotation de péréquation par habitant. En revanche, la péréquation concerne tous les départements y compris ceux qui ont un indice élevé. En moyenne leur dotation s'établit entre 8 et 10 €/habitant.

Le groupe de travail est d'avis de garantir à tous les départements leur niveau de dotation de péréquation actuelle en euros constants. Ceci lui paraît conforme à l'esprit de la réforme qui est axée sur la préservation des ressources de tous les départements.

Le graphique a été réalisé à partir de la variante qui inclut la DGD fiscalisée, variante 1.

Enveloppes nouvelles à répartir

Le tableau ci-dessous met bien en évidence que l'enveloppe nécessaire pour ramener les indices à 0 est très fluctuante en fonction des recettes que l'on désire ou non prendre en compte pour mesurer les inégalités. Les deux autres solutions ont quasiment le même effet sur le volume de l'enveloppe à mettre en répartition. Par ailleurs, il convient de souligner le risque lié aux mesures des inégalités à partir de la variante 2 dans la mesure où l'on intègre une recette très fluctuante d'une année sur l'autre.

Valeur de l'indice

Variante 1 :

Prise en compte de la DGD fiscale

Variante 2 :

Prise en compte de la totalité de la DGD et des droits de mutation

1- Valeur égale à 0

222 M€

17 M€

2- Valeur intermédiaire

396 M€

indice = 16 €/hab

344 M€

indice = 75 €/hab

3- Valeur médiane

635 M€

indice = 32 €/hab

659 M€

indice = 96 €/hab

Illustration graphique - variante 1

* les données chiffrées sont fournies dans le tableau ci-après.

Départements

IS 6 ( * ) avec DGD fiscalisée

IS avec DGF

actuelle

IS avec péréquation médiane

IS avec péréquation intermédiaire

Creuse

-257

-121

32

16

Lozère

-201

4,5

32

16

Cantal

-189

-82

32

16

Corse-du-Sud

-156

-60

32

16

Gers

-136

-32

32

16

Orne

-130

-56

32

16

Indre

-127

-50

32

16

Haute-Corse

-118

-26

32

16

Nièvre

-117

-35

32

16

Aveyron

-112

-38

32

16

Meuse

-106

-17

32

16

Tarn

-104

-55

32

16

Haute-Marne

-104

-22

32

16

Lot

-103

-12

32

16

Corrèze

-103

-31

32

16

Haute-Saône

-98

-24

32

16

Yonne

-89

-29

32

16

Haute-Loire

-89

-17

32

16

Aisne

-83

-33

32

16

Lot-et-Garonne

-77

-26

32

16

Dordogne

-76

-14

32

16

Allier

-72

-20

32

16

Mayenne

-66

-17

32

16

Deux-Sèvres

-64

-18

32

16

Aude

-64

0

32

16

Ariège

-63

25

32

25

Charente-Maritime

-60

-15

32

16

Cher

-58

2

32

16

Tarn-et-Garonne

-57

-4

32

16

Ardèche

-53

-9

32

16

Côtes-d'Armor

-47

0

32

16

Jura

-44

7

32

16

Landes

-40

17

32

17

Maine-et-Loire

-40

3

32

16

Charente

-39

10

32

16

Pas-de-Calais

-38

4

32

16

Saône-et-Loire

-34

12

32

16

Haute-Vienne

-33

14

32

16

Sarthe

-32

12

32

16

Somme

-29

19

32

19

Hautes-Pyrénées

-29

26

32

26

Alpes-de-Haute-Provence

-27

57

57

57

Loir-et-Cher

-21

24

32

24

Vendée

-18

23

32

23

Ardennes

-17

30

32

30

Eure

-17

24

32

24

Calvados

-16

27

32

27

Gard

-13

35

35

35

Vienne

-13

29

32

29

Indre-et-Loire

-11

32

32

32

Finistère

-9

36

36

36

Côte d'Or

-8

39

39

39

Aube

-8

42

42

42

Manche

-7

36

36

36

Eure-et-Loir

-4

41

41

41

Hautes-Alpes

-4

87

87

87

Seine-et-Marne

-3

32

32

32

Loire

-1

47

47

47

Puy-de-Dôme

2

49

49

49

Pyrénées-Orientales

3

48

48

48

Nord

8

51

51

51

Morbihan

8

53

53

53

Marne

12

55

55

55

Val d'Oise

13

55

55

55

Loire-Atlantique

15

55

55

55

Gironde

16

58

58

58

Vaucluse

17

60

60

60

Drôme

20

63

63

63

Ille-et-Vilaine

20

58

58

58

Ain

23

55

55

55

Pyrénées-Atlantiques

23

67

67

67

Hérault

31

78

78

78

Haute-Garonne

35

79

79

79

Seine-Maritime

35

80

80

80

Loiret

36

75

75

75

Oise

37

81

81

81

Meurthe-et-Moselle

42

89

89

89

Territoire de Belfort

43

86

86

86

Doubs

48

91

91

91

Vosges

48

94

94

94

Moselle

73

113

113

113

Var

78

119

119

119

Rhône

80

121

121

121

Essonne

87

129

129

129

Bouches-du-Rhône

89

135

135

135

Isère

92

132

132

132

Alpes Maritimes

98

143

143

143

Bas-Rhin

106

140

140

140

Seine-Saint-Denis

106

149

149

149

Haut-Rhin

114

149

149

149

Haute-Savoie

118

149

149

149

Val-de-Marne

144

186

186

186

Savoie

147

180

180

180

Yvelines

160

190

190

190

Hauts-de-Seine

450

477

477

477

Illustration graphique - variante 2

* les données chiffrées sont fournies en annexe 2

Départements

IS avec DMTO 7 ( * ) et DGD

IS avec DGF

actuelle

IS avec péréquation médiane

IS avec péréquation intermédiaire

Creuse

-172

-36

97

75

Cantal

-132

-25

97

75

Indre

-84

-7

97

75

Lozère

-69

137

137

137

Gers

-68

36

97

75

Haute-Loire

-65

7

97

75

Tarn

-65

-16

97

75

Haute-Marne

-57

26

97

75

Orne

-52

22

97

75

Lot

-43

48

97

75

Aveyron

-39

35

97

75

Nièvre

-39

43

97

75

Meuse

-37

52

97

75

Mayenne

-27

22

97

75

Lot-et-Garonne

-25

27

97

75

Haute-Saône

-24

50

97

75

Allier

-20

32

97

75

Ariège

-16

72

97

75

Aisne

-16

34

97

75

Corrèze

-14

58

97

75

Deux-Sèvres

-13

34

97

75

Jura

-4

47

97

75

Yonne

-3

57

97

75

Saône-et-Loire

-2

44

97

75

Tarn-et-Garonne

1

54

97

75

Charente

10

60

97

75

Aude

11

75

97

75

Ardèche

12

56

97

75

Manche

13

57

97

75

Puy-de-Dôme

15

61

97

75

Maine-et-Loire

16

59

97

75

Cher

22

82

97

82

Charente-Maritime

23

68

97

75

Alpes-de-Haute-Provence

23

108

108

108

Sarthe

26

70

97

75

Eure-et-Loir

31

76

97

76

Loir-et-Cher

32

77

97

77

Somme

32

81

97

81

Côtes-d'Armor

32

79

97

79

Dordogne

33

95

97

95

Hautes-Pyrénées

37

91

97

91

Aube

39

88

97

88

Haute-Vienne

45

92

97

92

Vendée

47

88

97

88

Pas-de-Calais

47

89

97

89

Hautes-Alpes

48

140

140

140

Vienne

48

90

97

90

Côte d'Or

49

96

97

96

Seine-et-Marne

49

85

97

85

Loire

49

97

97

97

Gard

50

98

98

98

Landes

51

107

107

107

Eure

52

93

97

93

Marne

53

97

97

97

Calvados

55

99

99

99

Pyrénées-Orientales

62

107

107

107

Haute-Garonne

62

107

107

107

Indre-et-Loire

63

106

106

106

Ardennes

68

115

115

115

Gironde

69

111

111

111

Ain

76

108

108

108

Val d'Oise

77

119

119

119

Vaucluse

83

126

126

126

Pyrénées-Atlantiques

84

128

128

128

Doubs

85

129

129

129

Drôme

86

129

129

129

Loiret

87

125

125

125

Finistère

87

132

132

132

Morbihan

89

135

135

135

Loire-Atlantique

91

130

130

130

Hérault

91

138

138

138

Vosges

93

138

138

138

Seine-Maritime

95

140

140

140

Ille-et-Vilaine

96

134

134

134

Haute-Corse

97

189

189

189

Oise

97

141

141

141

Meurthe-et-Moselle

100

147

147

147

Territoire de Belfort

106

149

149

149

Corse-du-Sud

115

211

211

211

Nord

120

163

163

163

Essonne

133

176

176

176

Moselle

142

182

182

182

Isère

145

186

186

186

Bas-Rhin

148

182

182

182

Rhône

149

190

190

190

Haut-Rhin

155

190

190

190

Bouches-du-Rhône

167

213

213

213

Seine-Saint-Denis

180

223

223

223

Var

186

227

227

227

Haute-Savoie

188

220

220

220

Alpes Maritimes

201

246

246

246

Savoie

202

235

235

235

Val-de-Marne

218

260

260

260

Yvelines

220

250

250

250

Hauts-de-Seine

536

563

563

563

* 6 Indice synthétique.

* 7 Droits de mutation à titre onéreux.

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