B. PLUSIEURS FACTEURS REMETTENT AUJOURD'HUI EN CAUSE L'EFFICACITÉ DE CES DISPOSITIFS CONÇUS POUR FAIRE FACE AUX EFFETS LOCAUX DES GRANDES RESTRUCTURATIONS INDUSTRIELLES

Si les outils publics ont utilement accompagné les restructurations passées, les caractéristiques nouvelles des mutations industrielles les rendent aujourd'hui moins efficaces. Ils paraissent inadaptés à la multiplication des crises locales affectant de nombreux bassins d'emplois, plus réduits et n'offrant guère de perspectives endogènes de développement. De plus, leur institutionnalisation et leur banalisation ne sont pas sans créer quelques effets pervers.

1. Des problématiques nouvelles

La dissémination des crises en de nombreux points du territoire, la multiplicité des entreprises et des secteurs concernés, et la répétition des difficultés affectent la pertinence des politiques publiques mises en oeuvre.

a) La multiplication des bassins d'emplois « isolés » touchés

Dans les bassins d'emplois ruraux et isolés de régions peu industrielles, les coûts fonciers et salariaux bas, qui constituaient jusqu'à présent autant d'avantages permettant aux entreprises de conserver une compétitivité face à la concurrence internationale, ne suffisent plus à retenir les industries. L'isolement se transforme en handicap par rapport à la localisation en « grappes d'entreprises » . Si les difficultés industrielles ne touchent guère d'emplois - les pertes dépassent rarement 500 personnes -, les possibilités de reclassement endogène et de développement exogène sont cependant limitées, voire nulles : aucune structure locale n'est en mesure d'absorber le choc des reclassements, et les investisseurs extérieurs considèrent ne pas disposer d'un socle local d'activités suffisamment performant pour s'installer. Multiples et diffuses , ces mutations ne sont d'ailleurs guère visibles hors l'environnement immédiat , à l'exception des plus grandes, telles que, par exemples, les difficultés rencontrées par les entreprises Myris ou Hello .

La fermeture du site Myris de Limoux en 2000 aura supprimé 500 emplois sur moins de 7.000 emplois industriels du bassin de Carcassonne. 95 emplois auraient été localisés sur le site en 2002. Le plan social se caractérisait par une prime de 13.720 euros et vingt mois de congé conversion accordés aux 240 salariés restant. Toutefois, en 2002, seule une dizaine de personnes inscrites à la cellule de reclassement gérée par la Sodie avait trouvé un emploi à durée indéterminée. Sur l'unité urbaine de Limoux de 10.219 habitants, 46 entreprises seulement comptent plus de 10 salariés.

Le site Hello , ex- Bata , à Moussey, en Moselle, qui employait 800 personnes avant 2001, est à nouveau en difficulté en 2004, alors que l'entreprise compte aujourd'hui moins de 300 salariés. Lors de la fermeture de l'usine Bata fin 2001, 526 ouvriers avaient été licenciés. Le cabinet Altedia était chargé de reclasser 435 salariés ne bénéficiant pas de mesures d'âge. Sur ce nombre, 349 ont été pris en charge par la cellule de reclassement. Moins d'une centaine avaient un emploi à contrat à durée indéterminée en août 2003. L'agence de développement de la Moselle s'efforce depuis 2001 de placer la partie libre du site, qui totalise 60.000 m².

Ce type de bassins, ne disposant pas d'un tissu industriel dense et homogène et n'abritant que quelques entreprises isolées, ne peut ainsi être traité comme des agglomérations industrielles. La mise en oeuvre d'une logistique de soutien public efficace nécessite en effet des investissements de plate-forme de reconversion que l'Etat ne peut engager à si petite échelle .

Page mise à jour le

Partager cette page