TROISIÈME PARTIE :

LES VULNÉRABILITÉS DE LA CROISSANCE
ÉCONOMIQUE CHINOISE

Le Gouvernement chinois s'est fixé comme objectifs à l'horizon 2020, et par rapport à 2000, le quadruplement du PIB, soit un PIB atteignant 4.000 milliards de dollars ainsi que le triplement du PIB par habitant, ce qui correspond à un chiffre de 3.000 dollars.

Ces annonces sont parfaitement réalistes dès lors que la croissance économique de la Chine se maintient au rythme actuel. Mais le pays, en quelque sorte victime de son succès économique et industriel, va se heurter, d'ici à 2020, à plusieurs obstacles tant environnementaux que sociaux ou économiques, qui sont autant de défis majeurs à relever pour maintenir ce taux de croissance.

I. LES ENJEUX LIÉS AUX BESOINS EN MATIÈRES PREMIÈRES ET AUX IMPACTS SUR L'ENVIRONNEMENT

A. L'EXPLOSION DES BESOINS CHINOIS EN CE QUI CONCERNE LES MATIÈRES PREMIÈRES

1. D'une situation d'autosuffisance à la dépendance vis-à-vis du marché mondial

Pendant longtemps, la Chine a vécu en autarcie, s'agissant des matières premières et était excédentaire en matière énergétique : autosuffisante en pétrole, elle exportait son charbon. S'agissant des minerais et métaux, elle occupait une place stratégique sur les marchés du zinc, de l'étain ou du tungstène. Dans le secteur agricole, elle était autosuffisante pour le caoutchouc et le coton.

Mais il faut relever qu'à partir des années 1990, la Chine constituait, sur le marché mondial, un facteur d'incertitude majeur en raison de l'évolution erratique tant de ses importations que de ses exportations.

A partir de 2000-2001 , quelques chiffres permettent d'illustrer la transformation du marché chinois s'agissant des matières premières et surtout l'accélération de ce phénomène.

- En 2002, la Chine importait 70 millions de tonnes de minerai de fer mais les importations ont doublé en 2003 et triplé en 2004.

S'agissant de l'alumine, les importations sont passées de 1,1 million de tonnes en 1998 à une projection de 8 millions pour 2005 et la Chine importe 30 % de l'acier mondial.

- Dans le domaine agricole, les besoins n'ont cessé de progresser, la Chine devenant notamment structurellement importatrice de coton : en 2004, et en dépit d'une récolte exceptionnelle, les importations chinoises dépassaient 1,5 million de tonnes. Les besoins du pays sont également croissants s'agissant du caoutchouc et la production intérieure ne couvre désormais qu'à peine un tiers des besoins.

- En ce qui concerne les productions agroalimentaires, la hausse du niveau de vie a entraîné une diversification de la consommation alimentaire chinoise, notamment une augmentation de la consommation de protéines animales, que la production chinoise ne peut satisfaire.

L'amélioration des rendements dans les différentes filières et la mise en place de filières OGM nationales ne permettent pas de compenser la faiblesse de la surface agricole utile (123 millions d'hectares) 12 ( * ) qui diminue en raison de la progression de l'urbanisation et la très petite taille des exploitations agricoles (0,6 ha en moyenne contre 42 ha en France), qui freine leur mécanisation. En conséquence, la Chine est devenue le premier importateur mondial de soja en 2003 et de blé en 2004. En outre, les exportations de maïs ne cessent de diminuer depuis 2002.

La montée en puissance des besoins chinois en matières premières et son caractère imprévisible expliquent en partie la flambée des cours mondiaux en 2003-2004 13 ( * ) . Faisant face à cette situation nouvelle, la Chine cherche désormais à sécuriser ses approvisionnements.

* 12 A rapporter à 1,3 milliard d'habitants. La France, par comparaison, dispose de 30 millions d'hectares de SAU pour 60,3 millions d'habitants.

* 13 Le cours de l'étain a progressé de 74 % entre 2003 et 2004, celui du nickel de 44 % et celui du fret maritime de 71 %.

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