c) Un soutien désormais appuyé aux bio et nanotechnologies

La R&D en bio et nanotechnologies figure au titre des nouvelles priorités gouvernementales chinoises. Dans ces deux secteurs, l'activité des principaux laboratoires concernés est assurée par un organisme national unique : l'Académie des sciences (CAS).


• Un investissement massif dans les biotechnologies

La recherche en biotechnologies bénéficie d'un investissement de 500 millions de dollars, financés pour l'essentiel par le MoST. De très nombreux laboratoires sont impliqués ainsi qu'une communauté scientifique d'environ 50 000 personnes.

Le marché estimé dans ce secteur en Chine est évalué à 3 milliards de dollars et il s'élèverait à 9 milliards en 2010.

Plusieurs parcs technologiques sont en cours de développement à Pékin, la municipalité souhaitant combler son relatif retard sur Shanghai dans ce domaine.


• Un soutien plus tardif mais efficace des nanotechnologies

Le budget consacré à la recherche dans ce secteur est de l'ordre de 330 millions d'euros par an. A titre de comparaison, la France lui alloue, quant à elle, environ 180 millions d'euros.

Un centre national des nano sciences et technologies, regroupant plusieurs des grands acteurs du secteur, a été créé en 2003 et il dispose d'un budget annuel de 25 millions d'euros.

S'agissant des publications scientifiques dans ce domaine, la Chine se situe déjà au même rang que le Japon et l'Allemagne, loin derrière les Etats-Unis mais devant la France. En revanche, la part des brevets chinois dans ce secteur reste relativement faible.

d) Vers la première place dans une recherche mondialisée ?

Dans son rapport annuel sur les investissements internationaux de septembre 2005, la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (Cnuced) a étudié la mondialisation des activités de R&D conduite par les entreprises multinationales. Cette étude analyse la place importante prise par la Chine et l'Inde dans les stratégies de ces entreprises. C'est ainsi que la Chine compte d'ores et déjà 700 centres de recherche implantés par le secteur privé , alors qu'elle n'avait accueilli son premier centre (celui de Motorola) qu'en 1993.

Faut-il croire les conclusions de cette enquête, selon lesquelles ce pays deviendrait, d'ici à 2009, le premier lieu d'implantation de leurs activités de recherche ?

Telle est la conviction de M. Erik Izraelewicz 7 ( * ) , convaincu qu'en matière de R&D, le leadership des Etats-Unis basculera à terme vers la Chine, compte tenu des moyens financiers et humains qu'elle entend y consacrer.

MM. Jean-Marc et Yidir Plantade, dans leur ouvrage précité, semblent plus sceptiques. Ils estiment, en effet, que : « lancée par IBM ou L'Oréal, la mode de créer des centres de recherche en Chine a vite atteint ses limites. En matière d'ingénierie mécanique ou d'aéronautique, un ingénieur chinois ne coûte que deux fois moins cher qu'un ingénieur français, même si le niveau de vie chinois est très inférieur à celui de la France. Cela signifie que compte tenu des frais de déplacement et des inévitables coûts cachés (rotation extrême des employés haut de gamme, formation plus longue...), le centre de recherche coûtera presque aussi cher qu'en Europe ou aux Etats-Unis ».

Dans tous les cas, cette internationalisation de la R&D dans les pays en développement est une réalité dont la Chine profite pleinement, et qui n'est pas sans inquiéter les Occidentaux. Cette situation a d'ailleurs conduit la commission spéciale du Sénat, dans le cadre du récent examen du projet de loi de programme sur la recherche, à prôner tous les moyens de nature à la fois à améliorer l'organisation et la lisibilité du système d'enseignement supérieur et de recherche français, à encourager un développement équilibré de la recherche fondamentale et de la recherche appliquée, et à garantir une meilleure valorisation des résultats de la recherche.

Il est évident que de plus en plus de scientifiques et d'ingénieurs chinois formés en Occident retournent dans leurs pays afin de mener des activités de R&D pour le compte d'entreprises étrangères ou nationales. Le phénomène de mondialisation de l'enseignement supérieur et de la recherche ne peut qu'inciter la France à approfondir et mettre en oeuvre ses réformes et à inciter au retour ses propres chercheurs.

* 7 M. Erik Izraelewicz : « Quand la Chine change de monde » - (Editions Grasset & Fasquelle) -2005.

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