C. UN TIMIDE RENOUVEAU DE LA CULTURE

1. Des réussites dans le domaine muséographique

S'agissant du domaine muséographique, la Chine s'est notamment intéressée au développement de musées scientifiques ; elle en compte une centaine. La plupart des provinces et des chefs-lieux de provinces possèdent leurs musées, qui abordent en général les sciences et technologies dans leur ensemble. En outre, certaines grandes villes (par exemple Qingdao et Dalian) ainsi que certaines villes secondaires abritent également des musées scientifiques : ce sont soit des musées généraux, soit des musées spécialisés dans un domaine (mer, dinosaures, minéraux, etc.). La géologie est fortement représentée avec 22 musées, suivie des thèmes liés à la nature (écologie, science de la vie, etc.) qui concernent 12 établissements.

Dans le domaine artistique, les grandes villes concentrent l'essentiel des musées d'importance. Si le musée de Xian, qui protège les merveilleuses sculptures enterrées représentant la célèbre armée des soldats de terre cuite de l'empereur King Xi Wang, n'a pas fait en tant que tel l'objet d'un ouvrage architectural remarquable, d'autres musées modernes bénéficient d'une architecture d'intérêt. Tel est, par exemple, le cas du musée qui accueille les bronzes anciens de Shanghai.

2. La récente mais timide renaissance de l'expression artistique

L'art traditionnel chinois a souffert au cours du XX e siècle. Au point que, jeune étudiante au début des années 1980, Mme Fabienne Verdier 17 ( * ) a pu constater la difficulté des maîtres calligraphes à vivre de leur art et à le transmettre, alors même que la calligraphie constitue un exercice initiatique majeur, qui trouve ses racines au plus profond de la culture chinoise.

La situation a aujourd'hui beaucoup évolué et l'on constate, au moins dans les grandes villes, une certaine renaissance de l'expression artistique, tant en matière de sculpture que de peinture, et dans une moindre mesure de spectacle vivant.

A Pékin, la délégation a visité le nouveau quartier Dastanzi, avec des ateliers et galeries présentant les oeuvres de jeunes artistes. Il semble que cette activité soit encouragée par le développement du tourisme.

Certains s'interrogent sur la réalité et la profondeur de cette évolution. Sévère sur le sujet, M. Guy Sorman, dans son livre précité, exprime ainsi son scepticisme : « La créativité, la mode, le design, la publicité ? Quelques galeries d'art nous rassurent sur le génie intact d'une nouvelle génération de plasticiens chinois. Mais il ne se crée à peu rien à Shanghai, en dépit des louables efforts des médias européens pour faire croire qu'ici naît une civilisation nouvelle. Pour justifier leurs reportages, les journalistes de passage gravitent autour d'une douzaine de stars dont on se repasse les adresses et les photos . »

Il ajoute : « Les artistes contemporains n'y survivent qu'à la marge, ou s'ils prospèrent c'est grâce aux amateurs occidentaux. Chinoise du continent, Li Ang aurait-elle pu y publier « Tuer son mari » ? La tyrannie, entre autres conséquences malheureuses, dénie à des milliers d'artistes la tentation ou la possibilité de s'exprimer. « C'est Mozart qu'on assassine. » La Chine communiste assassine beaucoup de Mozart, de Li Ang et de Gao Wingjian ; mais le régime engloutit des sommes considérables dans des salles de spectacle où rien ne se produit. L'Opéra de Shanghai accueille en 2005 les comédies musicales de Broadway, et celui de Pékin, un gigantesque OVNI de titane atterri à côté de la Cité interdite, oeuvre de Paul Andreu, sera achevé avant que l'on sache ce qui y sera programmé. »

* 17 Voir l'ouvrage de Mme Fabienne Verdier : « Passagère du silence » (Albin Michel) - 2003.

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