C. DES MONNAIES SOUS-ÉVALUÉES ?

Les taux de change du yen et du won ont connu des fluctuations importantes ces dernières années, comme l'indique le graphique ci-après.

Le taux de change du yen et du won

(en dollars, valeurs en fin de mois)

Source : Banque centrale européenne

Il convient de distinguer deux périodes :

- au cours de la décennie précédant la crise financière asiatique de 1997-1998, le yen s'est apprécié alors que le won se dépréciait, jusqu'à ce que la valeur de 10.000 wons devienne analogue à celle de 1.000 yens ;

- la crise financière asiatique a constitué une cassure, avec une dépréciation significative des deux monnaies, en particulier du won, qui a perdu 40 % de sa valeur, alors que le yen en perdait 15 % ;

- depuis 1998, les deux monnaies ont un taux de change stable, fluctuant entre 8 dollars et 10 dollars pour 10.000 wons ou 1.000 yens.

Quel que soit le critère retenu, le yen et le won semblent plutôt sous-évalués .

1. Selon une approche en termes de parité de pouvoir d'achat, le yen et le won pourraient être sous-évalués de respectivement 30 % et 15 % par rapport au dollar

On peut tout d'abord considérer que le « bon » taux de change est un taux de change « juste », c'est-à-dire un taux de change qui permet de faire en sorte que la conversion d'une monnaie à l'autre ne se traduit par aucun changement du pouvoir d'achat : c'est ce qu'on appelle l'approche en termes de « parité de pouvoir d'achat ». Par exemple, selon l'OCDE 50 ( * ) , pour qu'un Européen ne perde pas de pouvoir d'achat en convertissant des euros en dollars et en dépensant ceux-ci aux Etats-Unis, il fallait en 2002 qu'en échange d'un euro, on lui donne 1,14 dollar.

L'idée sous-tendant cette approche est que ce taux de change permet une concurrence équitable , tout en étant celui vers lequel tend le marché des changes, les prix mondiaux tendant à s'égaliser.

On peut à cet égard se référer à l'indice « Big Mac », mis en place par l'hebdomadaire The Economist , et définissant le taux de change « juste » comme celui permettant d'égaliser le prix d'un Big Mac 51 ( * ) . Selon ce critère, en mai 2006 le yen et le won auraient été sous-évalués de respectivement 28 % et 15 % par rapport au dollar.

Cependant, la thèse d'une surévaluation du yen et du won ne fait pas l'unanimité :

- selon BNP Paribas 52 ( * ) , en parité de pouvoir d'achat 1.000 yens valaient en 2005 environ 7,7 dollars, alors que le taux de change observé est actuellement de 8,5 dollars, ce qui correspond à une surévaluation du yen de 10 % ;

- comme le souligne la mission économique de l'ambassade de France en Corée, le taux de change effectif global du won s'est apprécié de 20 % environ au cours de l'année 2005, au point où certains évoquent même une surévaluation du won.

* 50 OCDE, «Purchasing Power Parities», 11 janvier 2005.

* 51 Bien standardisé par excellence, le Big Mac est très commode pour éviter les biais statistiques et donner une idée des PPA à travers le monde.

* 52 Caroline Newhouse-Cohen, « La politique de change de la BoJ », in « Ecoweek », BNP Paribas, 13 juin 2005.

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