3. La multiplication des emplois précaires

a) L'augmentation de la précarité au Japon

Comme on a eu l'occasion de l'indiquer, bien qu'il demeure faible, le taux de chômage du Japon s'est considérablement accru depuis le début des années 1990, passant de 2,1 % en 1990 à 5,4 % en 2002 et 4,4 % en 2005, comme l'indique le graphique ci-après.

Le taux de chômage du Japon

(en % de la population active)

Source : OCDE

En conséquence de cette augmentation du chômage, le licenciement, qui, comme ceci a été indiqué ci-avant, avait jusqu'alors correspondu à un vide juridique, a vu son régime défini par la loi en juin 2003.

Cette augmentation du taux de chômage est d'autant plus préoccupante qu'elle a coïncidé avec le début du déclin de la population active.

La population active du Japon

(en personnes)

Source : OCDE

Par ailleurs, l'emploi est de plus en plus précaire, comme l'indique le graphique ci-après.

Les différents types d'emploi au Japon

(en millions)

Source : OCDE

De 1990 à 2003, 6,5 millions d'emplois ont été créés au Japon. La quasi-totalité de ces créations d'emplois ont consisté en des emplois dits « irréguliers », alors que les emplois « réguliers », si l'on en excluait ceux des cadres, diminuaient. Ainsi, 2,4 millions d'emplois « non réguliers » à temps plein ont été créés, de même que 3,8 millions d'emplois « non réguliers » à temps partiel.

Au total, la proportion des emplois « non réguliers » est passée de 20 % en 1990 à 30 % en 2003.

Le système de l'emploi au Japon semble donc se diriger vers une certaine remise en cause du système d' « emploi à vie », alors qu'augmente la proportion des « freeters » 60 ( * ) , forme d'emploi temporaire légal se caractérisant par une précarisation très grande et une réduction considérable des charges sociales. Selon les termes utilisés par un des économistes rencontrés, « les japonais font massivement du CPE sans le dire ».

Ces évolutions réduisent fortement l'originalité du marché du travail japonais.

b) L'augmentation de la précarité en Corée

La précarité du travail augmente également en Corée.

Ainsi, la délégation a pu constater que le débat français sur le contrat première embauche (CPE), instauré par la loi n° 2006-396 du 31 mars 2006 pour l'égalité des chances, et immédiatement supprimé par la loi n° 2006-457 du 21 avril 2006 sur l'accès des jeunes à la vie active en entreprise, avait rencontré un certain écho en Corée.

En effet, le 11 septembre 2004, le gouvernement coréen a déposé deux projets de loi, tendant respectivement à instaurer une loi relative à la protection des travailleurs à contrat à durée déterminée et à contrat à court terme (« Act on Protection etc. of Fixed-term and Short-term Workers »), et à réformer la loi sur la protection des travailleurs (« Act on Protection etc. of Dispatched Workers »). Ces projets de loi, qui tendent à assurer une certaine protection aux travailleurs précaires - en particulier, un emploi précaire serait automatiquement transformé en contrat à durée indéterminé au bout de deux ans -, sont considérés par une partie de l'opinion publique comme la manifestation d'une volonté de légitimer l'emploi précaire.

Bien que le droit de grève ne soit pas reconnu en Corée, des grèves ont eu lieu, organisées en particulier par le second syndicat coréen, la KCTU ( Korean Confederation of Trade Unions ), retardant l'examen des projets de loi par le Parlement.

* 60 L'étymologie du mot, apparu en 1987, est incertaine. Elle proviendrait de l'anglais « free time », ou de l'allemand « frei Arbeiter » (« travailleur inoccupé »).

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