3. Quelle stratégie énergétique pour l'Union européenne face à la Russie ?

a) Le « dialogue énergétique » n'a pas produit les résultats escomptés

Lors du Sommet de Paris, en octobre 2000, l'Union européenne et la Russie ont lancé un « dialogue énergétique » à l'initiative de l'ancien Président de la Commission européenne, Romano Prodi. Ce dialogue, établi dans le cadre de l'accord de partenariat et de coopération, vise à développer les relations énergétiques entre l'Union européenne et la Russie avec l'objectif d'établir à terme un véritable partenariat énergétique. Il couvre à la fois l'électricité, le pétrole, le gaz et le nucléaire.

Ses principaux axes sont les suivants :

- assurer tant la sécurité de l'offre que de la demande d'énergie ;

- établir une coopération en matière d'économies d'énergie ;

- rationaliser les infrastructures de production et de transport ;

- mettre en avant l'importance des interconnexions des réseaux électriques ;

- faciliter les investissements.

Ce dialogue énergétique a pris une dimension politique avec la création d'un Conseil permanent de partenariat des ministres de l'énergie, dont la première réunion s'est tenue en octobre 2005.

Le bilan que l'on peut tirer du dialogue énergétique, six ans après sa création, est toutefois mitigé . Certes, il a permis des discussions sur des sujets d'intérêt commun, comme les contrats d'approvisionnement à long terme, mais il n'a pas permis véritablement d'aller au-delà du stade du dialogue et de lancer des projets de coopération concrets.

En réalité, l'approche commune a montré ses limites et les relations en matière d'énergie sont restées fortement bilatérales. Le projet de gazoduc entre l'Allemagne et la Russie en a offert l'illustration la plus forte.


Le projet de gazoduc Nord européen

Le 8 septembre 2005, le Président russe Vladimir Poutine et le chancelier allemand Gerhard Schröder ont signé à Berlin un accord sur la construction d'un gazoduc de 1200 km de long sous la Mer Baltique permettant de relier directement la Russie à l'Allemagne : le North European Gas Pipeline.

Basé sur un consortium, contrôlé à 51 % par Gazprom et à 49 % par des compagnies allemandes (BASF et E.ON) et à la tête duquel a été nommé Gerhard Schröder après sa démission du poste de chancelier, ce gazoduc devrait entrer en fonction en 2010 et acheminer environ 27,5 milliards de m 3 de gaz par an, soit le quart de la consommation annuelle de l'Allemagne en 2006. Il pourrait être complété par un second tube, permettant de doubler ses capacités, et par des extensions vers la péninsule scandinave, l'enclave russe de Kaliningrad, les Pays-Bas et le Royaume-Uni.

Étant donné que son tracé permet de contourner la Pologne, l'Ukraine et les Pays Baltes, pays de transit des hydrocarbures russes et jugés hostiles par Moscou, il a suscité des critiques dans ces pays. L'ancien ministre polonais de la défense, Radek Sikorski, a même en avril 2006 comparé ce projet au pacte germano-soviétique du 23 août 1939. Ce projet a également soulevé des inquiétudes en Finlande, en raison de son impact environnemental, et en Suède, où l'on craint qu'il ne serve de centre d'observation et d'espionnage.

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