CONCLUSION

Phénomène structurel, durable, complexe, les migrations sont bien une question de développement.

Le développement ne peut certes apporter de réponse à court terme au phénomène des migrations incontrôlées. Pour autant, il ne peut s'en désintéresser tant elles représentent également un défi au développement et à la stabilité du continent africain.

A plus long terme, une politique résolue de rattrapage des retards de développement constitue bien la seule réponse au caractère irrépressible de la pression migratoire.

Le co-développement est une politique dont les principes s'appuient sur les deux espaces, valorisent la circulation et contribuent à articuler deux politiques publiques de façon plus cohérente : la gestion des flux migratoires ne peut être déconnectée d'une interrogation sur les causes profondes des flux migratoires.

Dans son état actuel, le co-développement est une politique publique à l'état de « prototype » ; il est constitué d'actions expérimentales sans effet massif sur les flux migratoires ni même sur les politiques de développement. Il est loin, dans l'économie générale de la politique d'immigration, de constituer un pilier d'importance comparable aux autres piliers que sont la lutte contre l'immigration illégale et l'intégration des immigrés. Sa montée en puissance ne semble pouvoir s'effectuer ni par l'élargissement de son champ géographique d'intervention, ni même par une augmentation considérable des moyens qui lui sont consacrés.

Se pose dès lors la question du changement d'échelle. La question n'est en effet pas tant celle des moyens financiers mais surtout celle de l'environnement dans lequel sont mis en oeuvre les projets : le co-développement rejoint ici le développement.

Ce changement d'échelle suppose une clarification des objectifs, des instruments, des priorités de notre aide, de la répartition de ses moyens et de son organisation administrative, dans un souci renforcé d'efficacité.

Les questions migratoires fournissent l'occasion de penser la question du développement en termes d'intérêt partagé et obtenir une réelle implication des africains est une condition première à la réussite de cette politique.

Le co-développement pose, en creux, la question des relations que la France souhaite entretenir avec l'Afrique et plus largement, des relations que l'Union européenne doit entretenir avec le continent africain. L'enjeu est de construire avec les Africains un partenariat politique solide dans la mondialisation, fondé sur des liens historiques anciens mais aussi des intérêts présents partagés.

L'alternative est la suivante : ou le co-développement reste enfermé dans un « réduit » du ministère de l'immigration et subordonné à la politique de contrôle et de restriction de l'immigration, ou bien il inspire globalement un renouveau de notre politique de coopération et de relations Nord/Sud au profit des deux hémisphères.

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