b) Le désenclavement, un des aspects du développement

Au niveau de l'ensemble du territoire, la présence d'infrastructures de transports constitue un élément de développement économique en renforçant l'attractivité de la France. Ces infrastructures comptent parmi les atouts de la France en Europe pris en compte, à juste titre, cités par les investisseurs internationaux.

Au niveau d'un territoire particulier, la théorie économique établit au moins deux types de corrélation entre le maillage du territoire et le développement économique.

En premier lieu, tout ce qui rend le transport moins cher, plus rapide ou plus efficace signifie, corrélativement, un abaissement des obstacles aux échanges. Ces échanges entraînent directement, ou par le biais de la spécialisation, une baisse des coûts de production. Ils intensifient la concurrence, éliminent les rentes, stimulent l'innovation et engendrent ainsi la croissance.

La seconde relation positive entre infrastructures de transport et développement économique tient à l'impact des transports sur le marché du travail. Il est établi de manière constante que la productivité d'un territoire 21 ( * ) augmente avec la taille du bassin de l'emploi même lorsque l'on contrôle les effets de spécialisation et de qualification. Plus le marché de l'emploi est grand, plus grande est la probabilité que chaque travailleur trouve l'emploi qui correspond le mieux à ses capacités, et plus est grande la probabilité que chaque entreprise trouve les travailleurs dont elle a besoin. Un vaste marché de l'emploi assure un meilleur ajustement de l'offre de travail à la demande de travail et donc une meilleure productivité, ainsi que des salaires plus élevés.

Cet effet a d'ailleurs été mesuré par une étude réalisée dans vingt-deux villes françaises (Prud'homme et Lee, 1999). Il en est ressorti que, toutes choses égales par ailleurs, augmenter la vitesse des déplacements de 10 % pouvait conduire à accroître la productivité et la production de près de 3 %.

Ces deux relations traditionnelles entre infrastructures et développement ont de plus été récemment complétées par les travaux de M. Jean Poulit, qui ont mis en évidence une corrélation entre l'accessibilité des territoires et les niveaux de richesse 22 ( * ) . La raison en est que l'augmentation du nombre de personnes qu'il est possible de rencontrer 23 ( * ) se traduit par des échanges plus faciles et plus intenses. Or, des échanges plus intenses produisent plus de richesses. Comme l'accessibilité aux actifs situés à moins d'une heure de transport dépend de la présence d'infrastructures, on comprend que des infrastructures nouvelles ou améliorées vont augmenter cette accessibilité et la productivité, donc la croissance.

* 21 Par travailleur et ainsi unité de capital.

* 22 Mesurée par le niveau des salaires et le PIB par tête.

* 23 En effet, comme l'écrit M. Jean Poulit à la page 57 de son ouvrage déjà cité, « Dans une heure de déplacement, il est possible de couvrir une distance égale à la vitesse et couvre un territoire proportionnel au carré du rayon, donc au carré de la vitesse [...] et je peux rencontrer un nombre de personnes égal à la superficie du territoire accessible dans l'heure multiplié par la densité d'occupation de ce territoire (D), soit donc un nombre égal à DxV 2 ».

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