B. UNE REPRISE INCERTAINE

Les États ont mis en place des plans de relance vigoureux , et apporté des garanties au système financier, qui ont contribué à rétablir la confiance.

MONTANT DES PLANS DE RELANCE EN % DU PIB (hors soutien du secteur financier)

Italie

Royaume-Uni

France

Allemagne

Espagne

Japon

Etats-Unis

Chine

0,9

1,5

2,4

3,6

4,5

5,0

5,5

13,0

Sources : DGTPE, Coe-Rexecode

Les banques centrales ont réagi à la crise en abaissant leurs taux directeurs à des niveaux historiquement bas. Outre la baisse des taux, les banques centrales sont intervenues en injectant massivement des liquidités, afin de se substituer aux marchés interbancaires devenus défaillants. La crise les a obligées à adopter des politiques dites « non conventionnelles », conduisant à une expansion et à une modification de la nature de leurs bilans.

ÉVOLUTION DES TAUX DIRECTEURS DE LA BCE ET DE LA FED DEPUIS 2005

Source : BCE. Fed.

La seconde moitié de l'année 2009 a vu l'activité se redresser, grâce à un fort rebond des pays émergents asiatiques , et surtout de la Chine, qui a contribué à la stabilisation de l'activité dans les pays avancés.

L'inversion du cycle des stocks a par ailleurs influencé favorablement l'activité, l'arrêt du déstockage entraînant mécaniquement un redémarrage de la production, dans un contexte de reprise des carnets de commandes.

D'après l'OCDE, la reprise économique ne suffira toutefois pas à mettre fin à l'aggravation persistante du chômage . Dans la zone OCDE, le taux de chômage devrait se stabiliser légèrement sous les 9 % en 2010, tandis qu'il devrait être proche de 11 % dans la zone Euro.

LES PRÉVISIONS D'ÉVOLUTION DU CHÔMAGE AUX ÉTATS-UNIS, AU JAPON
ET DANS LA ZONE EURO

Source : OCDE (novembre 2009)

L'évolution de l'emploi diffère selon les pays : aux Etats-Unis, l'ajustement de l'emploi a été très rapide, avec un taux de chômage qui a augmenté de 4 points ; en Allemagne, en revanche, le chômage a augmenté de moins d'1 point, entraînant une diminution de la productivité par tête, compensée par une hausse de la productivité horaire (du fait de la baisse du nombre d'heures ouvrées par travailleur), en conséquence de mesures de chômage partiel.

Les marchés du travail des principaux pays de l'OCDE ont réagi diversement à la crise. L'ajustement de l'emploi fut très rapide aux États-Unis, où le chômage a augmenté de 4 points. En Allemagne, en revanche, le chômage a augmenté de moins de 1 point. Sous l'effet de la réduction du temps de travail, une diminution de la productivité par tête est intervenue, en partie compensée par une hausse de la productivité horaire. Dans la plupart des économies, la durée hebdomadaire moyenne de travail a diminué, du fait du renforcement des programmes d'indemnisation du chômage partiel et en lien avec les effets particulièrement forts de la crise sur l'industrie manufacturière et la construction, qui sont les deux secteurs où la durée du travail est la plus sensible au cycle.

Schématiquement, tandis que les pertes d'emplois étaient limitées en Europe continentale par la diminution du temps de travail, elles étaient en revanche très nombreuses aux États-Unis en conséquence d'un ajustement plus rapide aux variations de l'activité. L'évolution est généralement symétrique en période de reprise, l'emploi rebondissant plus rapidement dans les pays où les ajustements avaient été les plus brusques. Mais il n'y a pas d'automaticité dans ce processus et aux États-Unis un débat difficile concerne le contenu en emplois de la reprise.

En France, à la fin 2009, malgré la reprise de l'activité, l'emploi a continué à se contracter. Bien qu'une stabilisation du chômage soit observable à la fin de l'année 2009, l'OFCE estime que celui-ci devrait poursuivre sa hausse pour atteindre 10,6 % fin 2010, contre 7,8 % fin 2008, le recul conjoncturel de la population active permettant seul d'amortir cette progression. Plus généralement, d'après cet institut, la reprise de la demande se heurtera en 2010 à l'affaiblissement de la contribution de la consommation et de la demande extérieure. Cette reprise pourrait par conséquent ne constituer qu'une parenthèse technique liée à la cessation du déstockage des entreprises.

TAUX DE CHÔMAGE*

*Taux de chômage trimestriel au sens du BIT

Source : INSEE

Au total, les facteurs de soutien de l'activité économique tendent à s'épuiser, qu'il s'agisse des politiques économiques ou de l'arrêt du déstockage. Dans le même temps, les effets récessifs de la crise, la nécessité d'assainir les bilans financiers des agents, la montée du chômage, paraissent devoir peser sur les perspectives de croissance plus durablement que ce qui serait compatible avec une reprise économique forte et rapide.

L'hypothèse d'un profil de croissance en W - une reprise suivie d'une nouvelle récession - n'a pas disparu du paysage des prévisionnistes.

L'orientation des politiques budgétaires doit d'autant moins l'ignorer que des perturbations mal maîtrisées sur les marchés des dettes souveraines risquent de les déstabiliser, aggravant les risques macroéconomiques existants qui sont déjà lourds.

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