C. UNE NÉCESSAIRE COOPÉRATION DES POLITIQUES ÉCONOMIQUES

Les difficultés de la période sont accentuées par la pluralité des acteurs qui appelle une forte coordination .

Outre le défi que représente une surveillance des soutenabilités des régimes de croissance économique pour préserver à l'avenir les finances publiques de chocs aussi considérables que celui auquel elles sont confrontées dans la crise globale en cours, deux modalités de la coordination doivent être envisagées pour la période de sortie de crise.

1. La coordination des politiques économiques

La combinaison des politiques budgétaires et monétaires représente un premier défi.

Dans les scénarios envisagés, les taux d'intérêt sont conventionnellement fixés à leur niveau en cours qui correspond à une politique monétaire et à des conditions financières accommodantes.

En une variante au scénario central, on mesure les effets d'une hausse supérieure des taux apparents de la dette publique.

Le coût de la dette supporte une prime de risque supplémentaire qui provoque un renchérissement des emprunts publics de 1 point. Il s'ensuit une forte augmentation de la charge d'intérêts et une moindre amélioration du déficit public (4 % du PIB en 2030). La dette publique en est augmentée de 21 points de PIB en 2030 et s'établit à 103 points de PIB. La hausse de la dette publique serait plus importante si avait été simulé l'effet restrictif sur la croissance économique de la tension sur les taux d'intérêt.

DETTE PUBLIQUE SELON LES VARIANTES

(en points de PIB)*

* Les courbes des variantes doivent se lire par rapport à la courbe du compte central présenté dans ce rapport et non par rapport à celles des scénarios alternatifs.

Source : Calculs OFCE pour la Délégation à la prospective du Sénat.

Cette variante paraît livrer deux enseignements :

- il est d'abord souhaitable que la politique monétaire soit durablement orientée par la recherche d'une reprise économique forte et rapide et un esprit de coopération avec les autorités budgétaires ;

- celles-ci doivent conforter les autorités monétaires en mettant en oeuvre des politiques budgétaires crédibles de retour à des positions financières compatibles avec un équilibre sur les marchés des dettes publiques sans tensions sur les taux d'intérêt.

2. La coordination des politiques budgétaires

La plupart des pays ont à faire face à des situations budgétaires très dégradées susceptibles de déboucher sur des évolutions non-maîtrisables de la dette publique.

En même temps, le cadre général d'analyse des positions budgétaires ici appliquée à la France vaut aussi pour eux.

Ce n'est que dans l'hypothèse d'une reprise économique trop lente et trop faible que des orientations budgétaires impliquant un redressement progressif et mesuré des finances publiques se révèleraient insuffisantes pour maîtriser la dette publique.

Dans cette configuration, il existe un risque : celui que chaque pays adopte une politique budgétaire fortement restrictive en tablant sur le fait que les voisins privilégieront, de leur côté, le retour rapide à une forte croissance susceptible de compenser les effets de sa contraction budgétaire domestique. Dans cette configuration tous les pays adopteraient en fait une même politique exagérément restrictive avec des conséquences défavorables à la croissance économique.

L'autre risque, inverse, est que chacun imagine que l'autre fera des efforts le dispensant de mettre en oeuvre les orientations nécessaires à la maîtrise de ses finances publiques.

Ce dernier risque, le comportement de passager clandestin, paraît assez peu probable étant donné la nouvelle donne financière. Celle-ci diffère de la précédente par une réestimation des risques financiers et par l'éventualité désormais assez forte d'un remodelage des marchés financiers internationaux devenant moins propices au « recyclage » financier des déséquilibres courants dans le monde.

Le premier risque est plus élevé. Pour en conjuguer la survenance, il serait souhaitable que la coordination des politiques budgétaires soit institutionnalisée et qu'elle soit inspirée par le souci de mettre en oeuvre des politiques plus coopératives. On pourrait ainsi mettre en place des programmes de normalisation en bon ordre des finances publiques mondiales tenant compte des situations nationales et de leur éloignement plus ou moins grand avec des positions financières soutenables. Ceci demanderait des progrès considérables dans la régulation macroéconomique et macrofinancière.

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