B. UNE MODERNISATION ÉCONOMIQUE ENTRAVÉE PAR LA CRISE

1. Une économie en mutation rapide malgré la crise

Avec 4,4 millions d'habitants, dont le revenu moyen atteint 65 % de la moyenne de l'Union, la Croatie est, après la Slovénie, l'économie la plus avancée de la région des Balkans, avec un PIB par habitant de 10 700 euros par habitant en 2008, représentant plus du double de celui de la Roumanie.

Dans sa communication 8 ( * ) sur la stratégie d'élargissement et les principaux défis pour 2010-2011, en date du 9 novembre 2010, et son rapport annuel de progrès sur la Croatie, la Commission européenne conclut que « la Croatie est une économie de marché viable et qu'elle devrait être en mesure de faire face aux pressions concurrentielles et aux forces du marché à l'intérieur de l'Union, pour autant qu'elle mette en oeuvre son vaste programme de réforme avec détermination en vue de surmonter ses faiblesses structurelles ».

Le chômage reste élevé (14,1 % en février 2011 selon l'OIT), amorti par l'économie informelle (qui représenterait 15 % du PIB). Le taux d'activité (56,5 %) est l'un des plus faibles de l'Union.

a) Une stabilité monétaire indéniable

La Croatie est caractérisée par sa stabilité monétaire .

La monnaie (Kuna) est stable (+/- 6 %) depuis sa création en 1994. Le gouverneur indépendant de la Banque centrale pilote un taux de change de bande étroite autour de l'euro.

La Croatie se refinance bien sur le marché international (dernier emprunt du 24 mars 2011 à 6,375 %) ou domestique et n'a pas eu recours au Fonds Monétaire International pour assainir sa balance des paiements. La politique monétaire maintient la Kuna dans une bande de change étroite autour de l'euro, avec des réserves en devises de 11 milliards d'euros (soit 7 ans d'importations de biens et services environ, pour une dette extérieure de 45,8 milliards d'euros). La notation souveraine de long terme a toutefois récemment été dégradée de BBB à BBB- 9 ( * ) .

En outre, 90 % des actifs bancaires sont détenus par 6 grandes banques étrangères, dont la Société Générale, qui entretiennent une politique de partenariat avec les autorités locales. La Banque centrale exige une politique prudentielle stricte.

La Croatie a exclu l'utilisation de son taux change pour améliorer sa compétitivité-prix, à cause de la forte « euroisation » de la dette domestique : 80 % de l'endettement domestique est indexé sur l'euro ou le franc suisse. La Croatie est ainsi contrainte d'améliorer sa compétitivité, et de valoriser ses avantages comparatifs.

Or, le déficit budgétaire, alimenté par le déficit commercial, a alimenté la dette extérieure. L'endettement extérieur (public et privé) (100 % du PIB), a sensiblement augmenté depuis 2008 (+25 %). Le service de la dette rapporté aux exportations est passé de 25 % en 2005 à 48 % en 2010. Le tourisme (avec 10 millions d'entrées par an) reste une clé essentielle des comptes extérieurs et de la croissance.


* 8 (COM [2010] 660)

* 9 (notation Standard & Poors et Fitch)

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