2. Le radar à très longue portée

Le radar à très longue portée (TLP) est un projet développé par Thales sur la base d'études amont qu'il a réalisées avec l'ONERA. Il repose sur une architecture transportable.

Avec les mêmes réserves et précautions que précédemment, le coût d'un radar TLP ne devrait pas excéder 200 millions d'euros, pour une face unique assurant une surveillance de 120° de la menace. Pour une surveillance tous azimuts, comme à Fylingdales 39 ( * ) il en coûterait entre deux et trois fois plus.

L'installation d'un radar très longue portée suppose donc que la menace soit identifiée de 120° en azimut et que son emplacement soit choisi en fonction de sa portée et de la trajectoire anticipée. C'est la raison pour laquelle, le projet prévoit la transportabilité des éléments du radar.

Il est prévu la construction d'un démonstrateur 1/8 eme à brève échéance sur le territoire français.

3. La complémentarité ou la substituabilité des deux projets

Le satellite ne voit que la phase propulsée, au dessus des nuages. Il permet de détecter l'origine du tir. Son rôle est plus large que la défense antimissile. Il participe à la surveillance de la prolifération et à la crédibilité de la dissuasion, par l'identification certaine de l'agresseur (voir avant-propos - notions de base).

Le radar TLP est indispensable dans une optique DAMB car il assure une fonction de trajectographie fine que ne peut remplir le satellite géostationnaire.

Tels qu'ils ont été conçus, le satellite d'alerte avancée et le radar TLP sont donc complémentaires et permettent une extension du domaine surveillé : le satellite détecte essentiellement la menace longue portée et le radar la menace courte et moyenne portée, à condition toutefois qu'ils surveillent la même zone. Un radar TLP installé sur la rive occidentale du Golfe persique ou en Turquie, permettrait de surveiller l'Iran et serait complémentaire d'un satellite d'alerte avancée centré sur ce pays.

4. La compétence de la France en matière systèmes de détection coopératifs

Dans le domaine de la défense aérienne navale DCNS a développé le concept de tenue de situation multi plates-formes (TSMPF). Ce système a vocation à apporter un accroissement de capacité de veille et de tenue de situation air et surface (3D, 2D) en temps réel, en élaborant une situation tactique air et surface basée sur les détections brutes de tous les senseurs de la force déployée. La tenue de situation multi plate-forme (partie détection du Multi Platform Engagement Capability ) est la composante navale indispensable de la mise en réseau des forces ( Network Centric Warfare ) sur tout théâtre.

Le besoin existe aussi bien en haute mer qu'en zone littorale. Il s'agit de passer de la notion de système de combat d'un navire à celle de système de combat d'une force déployée, exploitant tous les senseurs du dispositif, qu'ils soient sur les plates-formes navales, aériennes ou à terre. L'objectif est de permettre à terme d'engager plusieurs menaces à partir d'une situation temps réel enrichie et diffusée à l'ensemble des plates-formes d'un théâtre d'opération. Le pistage utilise la fusion de plots, avec des pistes enrichies (issues de radars, de détecteurs infrarouge et de détecteurs de radar - ESM).

En haute mer, la TSMPF apporte une capacité supplémentaire vitale dans la fonction de défense aérienne à la force navale, particulièrement en cas de combat de haute intensité, face aux menaces saturantes TSMPF est une alternative pour les nations alliées (à priori la seule) au système américain CEC fonctionnant selon le principe de la « boite noire ».


* 39 Le radar de Thule ne semble avoir que deux faces - 240 °, de même que celui de Beagle en Californie. Le radar de Shemya (Cobra Dane) ne semble avoir qu'une seule face 120°.

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