B. DÉBAT LIBRE

La réforme du Règlement entrée en vigueur en janvier 2012 prévoit l'organisation d'un débat libre. Les parlementaires disposent de trois minutes pour intervenir sur un sujet qui n'est pas inscrit à l'ordre du jour.

Mme Josette Durrieu (Hautes-Pyrénées - SOC) a souhaité, dans ce cadre, insister sur le mouvement étudiant au Québec :

« Après les Printemps arabes et les différents mouvements en Tunisie, au Maroc, en Libye, en Égypte, au Yémen et en Syrie, d'autres printemps éclosent, notamment au Québec - c'est le « Printemps érable », qui bouleverse l'image qu'on peut avoir de cette région du monde.

Comme ailleurs, le mouvement est lancé par des jeunes étudiants, en l'occurrence contre la hausse de 75 % des frais de scolarité. Il dure depuis trois à quatre mois et touche toutes les catégories. Il se traduit par une adhésion bruyante de l'ensemble de la population et une réaction brutale du gouvernement, qui a fait adopter des lois spéciales, notamment la loi 78 dite « loi de la matraque ». La situation tourne à la crise politique.

Que nous révèlent ces mouvements, sinon que les jeunes sont, partout dans le monde, au coeur de la crise économique, qui les touche particulièrement, notamment en matière d'emploi ? Ils s'indignent, revendiquent plus de libertés, de justice, d'égalité et de solidarité. Ils ont raison. Au Québec, ils revendiquent également le droit de profiter d'une éducation accessible à tous. Voilà une revendication essentielle, car chacun sait que c'est par l'éducation que les inégalités essentielles seront résolues. L'éducation a certes un coût, mais elle n'a pas de prix ! Si l'austérité devait être un objectif, ce n'est donc pas dans ce domaine qu'il faudrait frapper. Je tiens à exprimer mon soutien à cette jeunesse et à toutes les jeunesses. »

M. Georges Colombier (Isère - UMP) a insisté, quant à lui, sur la situation des droits de l'Homme en Azerbaïdjan :

« Il y a un mois pratiquement jour pour jour, les projecteurs étaient braqués sur Bakou où se déroulait le concours de l'Eurovision. Les autorités avaient décidé de faire de cet évènement culturel une vitrine de l'Azerbaïdjan.

Les défenseurs des droits de l'Homme et l'opposition ont saisi l'occasion pour organiser des manifestations qui visaient à attirer l'attention sur la situation des droits de l'Homme dans le pays. Avec plus de 1 600 journalistes présents ainsi que de nombreux touristes venant de toute l'Europe, ils pensaient pouvoir faire entendre la voix de la liberté et leur « chanson pour une démocratie », du nom donné à leur manifestation prévue le jour du concours.

L'embellissement de Bakou, destiné à donner de cette ville une image de modernité et de richesse architecturale, s'est fait au prix d'expulsions forcées et de destructions de bâtiments.

L'usage systématique de la force et les arrestations de manifestants, mais également de journalistes et de blogueurs avant et pendant l'Eurovision, se sont multipliés. Le 24 mai, le Parlement européen a d'ailleurs adopté une résolution sur les droits de l'Homme en Azerbaïdjan en rappelant les engagements pris par le gouvernement en faveur des libertés fondamentales.

Malheureusement, la « chanson de la démocratie » n'a pu franchir les murailles du Palais de cristal, flambant neuf, où se déroulait la compétition. Les quelques participants, dont la gagnante suédoise Loreen, qui ont rencontré des représentants de l'opposition, ont provoqué la colère des autorités. Celles-ci ont porté plainte auprès de l'Union européenne de radiotélédiffusion, organisatrice du concours, et sont même intervenues lors de l'interview de Loreen pour interdire aux journalistes d'aller plus loin sur le sujet des droits de l'Homme.

Depuis un mois, la caravane de l'Eurovision est repartie mais les arrestations continuent, même si le 8 juin, le blogueur M. Haliyev a été libéré par anticipation ainsi que le vice-président du parti islamiste, M. Ganiev.

Le 12 juin, des manifestants du mouvement « chambre publique » ont été arrêtés et frappés alors qu'ils protestaient devant le parlement contre un projet de loi. Le photographe et blogueur M. Huseinov a été arrêté, puis libéré mais sans que les charges pesant contre lui soient retirées, ce qui fait peser une pression évidente sur ses reportages photos et tweets à venir.

Alors que selon le classement de Reporters sans frontières sur la liberté de la presse, l'Azerbaïdjan est à la 162 e position sur 179, je regrette que pas un mot n'ait été dit, en mai, en faveur des journalistes de ce pays qui essayent juste de faire leur travail avec courage.

Tout cela ne peut que renforcer notre inquiétude pour les droits de l'Homme en général et la liberté d'expression en particulier en Azerbaïdjan. Ce pays aurait-il oublié qu'il est membre de notre Assemblée ? »

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