4. La Méditerranée et les crues

Les conséquences des pluies méditerranéennes peuvent enfin être aggravées, dans les régions côtières, par un phénomène de submersion marine . Le niveau de la mer s'élève alors en raison d'une tempête ( surcote ) associée à une faible pression atmosphérique et à une forte houle. Le fleuve en crue peine alors à s'écouler dans la mer et reflue à l'intérieur des terres. Des « bouchons » se créent aux débouchés des cours d'eau , aggravant encore l'inondation. Cette configuration est particulièrement valable pour les fleuves dont l'embouchure est orientée sud et sud-est, comme l'Argens ou le Gapeau.

Lors des événements de novembre 2011 , les houlographes du Centre d'études techniques maritimes et fluviales (CETMEF) ont ainsi mesuré des hauteurs de houle de plus de 3 m à Banyuls, Leucate, Sète, Espiguette, Le Planier, Porquerolles et Nice.

La mer elle-même peut devenir la cause de l'inondation lorsque des projections d'eaux marines franchissent ou détruisent des ouvrages de protection . Les dunes de la côte varoise font ainsi régulièrement les frais de ce phénomène de débordement : à Bormes-les-Mimosas en 2003, comme à Saint-Cyr-sur-Mer ou à Fréjus.

La ville de Gênes, où s'est rendue la mission, a, comme le sud-est de la France, été victime de précipitations violentes au mois de novembre 2011. Les inondations qui ont résulté de cette épisode pluvieux ont été aggravées par une importe surcote et par un phénomène de ruissellement urbain de très grande ampleur.

Les inondations des 4 et 5 novembre 2011 dans la région de Gênes

La région de Gênes, comme le littoral du sud-est de la France, est fréquemment sujette à des intempéries importantes. Ce fut notamment le cas en 1970 (27 morts), 1992, 1993 et 2010.

La ville est entourée de montagnes. Les cours d'eau descendent dans les vallées et, en cas de surcote, le niveau de la mer empêche l'écoulement naturel des torrents et des rivières, ce qui conduit à des crues.

Dans l'après-midi du 4 novembre 2011, une perturbation venant de l'ouest s'est heurtée à un mur de hautes pressions, qui a bloqué l'orage pendant 3 heures au-dessus de la région de Gênes, tandis que la mer était agitée et très haute. Les précipitations, intenses et localisées, ont gonflé les torrents, en particulier le Bisagno, qui, à couvert, traverse Gênes sur 1 500 m. Un phénomène de ruissellement urbain d'une rare violence s'est produit lorsque le Bisagno est brutalement sorti de son lit souterrain, canalisé, par les égouts en éventrant la chaussée.

La pluie a continué à tomber sur Gênes et Sestri jusqu'au lendemain, provoquant l'inondation des principaux quartiers de la ville, noyant les routes, les rez-de-chaussée et les commerces.

Grâce à une organisation des secours particulièrement efficace, faisant appel à de nombreux volontaires civils formés, seulement 6 personnes ont péri dans la catastrophe, dont 2 enfants qui revenaient de l'école (des critiques virulentes ont d'ailleurs été adressées à la maire de l'époque qui, pourtant prévenue du risque d'inondation, n'a pas pris la décision de fermer les établissements scolaires).

Le retour d'expériences sur cette catastrophe a pointé du doigt le mauvais entretien des cours d'eau, encombrés de détritus et de végétation, et l'existence de constructions anarchiques parfois jusque dans le lit des rivières et des torrents.

Il faudra cependant attendre la tempête Xynthia de février 2010, qui a affecté la côte atlantique, pour que cette problématique soit prise en compte.

Ainsi, le Plan national sur les submersions rapides (PSR) de juillet 2010 a-t-il annoncé :

• la mise en place, par Météo-France avec l'appui du SHOM, d'un volet « vagues-submersion » de la vigilance météorologique, opérationnel depuis le mois de novembre 2011 ;

• la poursuite du développement et l'utilisation opérationnelle de modèles océanographiques côtiers, visant à affiner la prévision du niveau de la mer à la côte (Météo-France et SHOM) ;

• l'extension du réseau surveillé par l'État au titre de la prévision des crues vers des secteurs sous influence marine ;

• enfin, le renforcement de la connaissance des zones littorales basses (altimétrie, vulnérabilité, liens hydrauliques avec la mer).

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