4. Des remblaiements intempestifs et mal contrôlés

Autre facteur d'inondation, les modifications intempestives du profil des rivières et des fleuves sous l'effet des remblais illégaux réalisés par des propriétaires riverains. Constitués de terres et de matériaux généralement extraits de chantiers de la région, les remblais permettent aux propriétaires privés de renforcer leur sécurité contre le risque d'inondation, au détriment des autres. Apparemment peu sensibles au problème jusque-là, les services de l'État ont récemment intensifié leurs contrôles. Ainsi, note la Cour des comptes, depuis juin 2010, 15 procès-verbaux ont été dressés contre seulement 33 entre 2007 et juin 2010. Reste à savoir pendant combien de temps l'effort pourra être poursuivi.

5. Des services de sécurité civile peu sensibles au risque inondation

Les services en charge de la sécurité civile, eux-mêmes, n'étaient pas particulièrement préoccupés par le risque inondation : SDIS et CPS en zone inondable, sous-estimation de l'alerte orange en juin 2010 99 ( * ) , PCS peu adapté à ce risque ou peu opérationnel, absence de moyens alternatifs de communication 100 ( * ) . Dépourvus de moyens de transmission dédiés (poste Antares noyés dans les sous-sols), PC mobile immobilisé sur le parking par plus d'1 m d'eau, centre opérationnel départemental d'incendie et de secours (CODIS) inaccessible au deuxième étage d'un SDIS situé en zone inondable, les services de secours n'ont disposé aux premières heures de la crise que des moyens classiques de téléphonie lesquels, non protégés, sont très vite tombés. Le dispositif s'en est trouvé éclaté et la Dracénie isolée.

Lorsque le risque est abstrait, la prévision est difficile, la prévention encore plus à mettre en oeuvre et les conséquences d'une mise hors jeu des moyens dont on dispose impensables. Occulté par le risque incendie de forêt, le risque inondation n'était pas un souci, encore moins une priorité.


* 99 Ceci dit, encore, les responsables de la défense au vu des informations météo disponibles ont mis préventivement en alerte le dispositif d'intervention aérienne, plusieurs heures avant le déluge. Ceci tend à prouver que la technique, aussi sophistiquée soit-elle, ne peut remplacer le jugement humain, jugement dépendant largement de l'expérience passée. Et dans le Var, le risque d'inondation restait alors du domaine de la menace abstraite. Elle ne deviendra menace vécue qu'après la catastrophe, ce qui fut manifeste en novembre 2011.

* 100 La possibilité d'utiliser d'autres réseaux disponibles n'avait pas été anticipée comme les moyens radio dont pouvaient disposer certains services ou organisations : services techniques du département, radios des CCFF.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page