B. ...UNIES PAR UN LIEN FONCTIONNEL MAJEUR

1. L'efficacité par la pertinence du couple « moyens de stockage et ampleur du réseau ».

Un réseau intelligent a pour vertu cardinale de réduire les besoins en capacité de stockage, mais ne peut pas toujours les supprimer totalement, sauf à disposer d'une source de production mobilisable à la demande. Or, cette solution est particulièrement coûteuse, car elle impose de financer un marché de capacité. Cet aspect important fait l'objet de développements spécifiques dans la seconde partie du rapport, parmi les développements consacrés au modèle économique des ENR, qui tend aujourd'hui à déstabiliser le système énergétique.

Il importe donc d'identifier ou de créer des réseaux consommateurs nets d'énergie tels que les variations de production et de consommation en leur sein permettent de régulariser au maximum l'appel à la production d'électricité extérieure.

Le cas d'un réseau producteur net - par exemple une agglomération dont les ressources photovoltaïques, éoliennes ou tirées de la biomasse excéderaient la consommation de ses habitants au cours de l'année - s'analyserait par analogie avec une centrale électrique, en ajoutant l'éventuelle nécessité de stocker au moins une partie de l'énergie excédentaire lorsqu'elle ne correspond à aucune demande extérieure audit réseau. D'autre part, un excédent global est compatible avec des épisodes d'insuffisance temporaire des ressources locales, comblées soit par l'importation d'énergie, soit par l'utilisation de celle antérieurement stockée.

La grande complexité du sujet ne fait donc aucun doute, l'optimisation obtenue au sein de chaque réseau géographique ne garantissant pas un résultat optimal dès lors que l'on prend en considération le « réseau de réseaux » d'échelon supérieur : plus on s'éloigne géographiquement d'un point élémentaire de consommation, de stockage et de production, plus il faut prendre en compte le coût du transport d'énergie - via des lignes à haute tension ou dans des gazoducs.

Simultanément, la cohérence à la fois annuelle et instantanée entre production et consommation au sein d'un réseau plus vaste doit conduire à des choix d'investissement en capacité de production et de stockage complétant ceux opérés pour satisfaire les besoins de chaque réseau de niveau inférieur. C'est la problématique de l'empilement cohérent des réseaux.

2. L'empilement cohérent des réseaux

En passant de niveau géographique donné au niveau supérieur, on aboutit nécessairement à l'échelle nationale, puis européenne.

Cette simple constatation suffit amplement pour justifier que la détermination des réseaux énergétiques, la cohérence de chacun et sa gestion optimisée constituent un axe fondamental pour la coopération énergétique au niveau de l'Union, que votre rapporteur appelle de ses voeux.

Dans cet esprit, un « EADS de l'énergie » serait incontestablement utile, en commençant par le couple franco-allemand, puisqu'une réussite à cette échelle permettant d'envisager sérieusement son extension progressive. Le régime juridique pourrait être celui de la « coopération renforcée », conduisant à un certain transfert de décision en direction d'une structure interétatique chargée de déterminer l'empilement des réseaux et d'organiser leur gestion optimale.

La nécessité d'opérer les bons choix d'investissement, au bon moment et à l'échelle adéquate, tout comme l'impératif d'utiliser au mieux les équipements réalisés : ces deux orientations principales qui apparaissent de façon permanente en filigrane de considérations purement techniques conditionnent la dimension proprement économique de la transition énergétique, un aspect capital de la coopération franco-allemande en ce domaine.

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