B. LA RUSSIE A AUSSI BESOIN D'EUROPE

1. L'Union eurasiatique et le pivot vers l'Asie ne sont pas une alternative
a) L'intégration régionale de l'espace post-soviétique se heurte à des résistances

Contrairement à l'objectif poursuivi, l es échanges de la Russie avec les pays de l'espace post-soviétique tendent à diminuer . Ainsi, la baisse des exportations russes vers ces pays de la CEI observée dès 2013 (-7,2 %) s'est accentuée en 2014 (-17 %), du fait d'un recul des ventes de la Russie à ses trois premiers partenaires commerciaux au sein de la CEI : -28,1% (de manière attendue) avec l'Ukraine, -21,2 % avec le Kazakhstan et -2,5 % avec la Biélorussie.

La crise économique qui frappe la Russie n'est certes pas propice à l'intégration économique. En outre, la situation économique des Etats partenaires n'offre pas davantage de perspectives. La plupart sont des Etats pauvres (Kirghizistan, Arménie) ; Quant aux pays d'Asie centrale, leur modèle économique est fondé, comme celui de la Russie, sur la recherche de rentes au détriment de la diversification.

L'Union économique eurasiatique , projet phare de la troisième Présidence de Vladimir Poutine, connaît un succès relatif. Si elle a été rejointe récemment par l'Arménie et le Kirghizistan, cette Union reste, en l'absence de l'Ukraine, très déséquilibrée, à la fois géographiquement (privée d'un accès à l'Europe, elle risque de souffrir d'un certain enclavement), économiquement et démographiquement, la Russie représentant 80 % du PIB et 85 % de la population de l'ensemble.

Cette Union reste en outre très largement dominée par la Russie : le russe en est la langue officielle, la principale institution, la Commission économique eurasiatique, est localisée à Moscou, au grand dam du Kazakhstan, qui aurait, semble-t-il, souhaité l'accueillir.

Elle se heurte à une certaine méfiance des principaux pays partenaires - le Kazakhstan et la Biélorussie se montrant très attachés à leur souveraineté - et de leurs milieux d'affaires, souvent protectionnistes.

Cette méfiance s'est renforcée depuis la crise ukrainienne, l'annexion de la Crimée et la revendication par Moscou d'un droit à défendre les intérêts des russophones partout où ils se trouvent ne laissant d'inquiéter, en particulier le Kazakhstan, qui compte une importante minorité russophone (24 % de la population).

Enfin, l'embargo russe sur les produits agro-alimentaires occidentaux contribue à fragiliser cette Union . La Biélorussie et le Kazakhstan ne s'étant pas ralliés à cette mesure, la Russie a été contrainte de rétablir des contrôles douaniers aux frontières de ces Etats afin d'empêcher la pénétration, par leur intermédiaire, de marchandises occidentales interdites.

b) La Chine et l'Asie ne constituent pas non plus une alternative

Le virage asiatique de la Russie mis en avant de manière appuyée depuis la crise ukrainienne ne doit pas masquer les difficultés et les ambiguïtés de ce positionnement, s'agissant tout particulièrement de la relation avec la Chine .

De l'avis de plusieurs personnalités auditionnées, ce rapprochement est avant tout tactique . Il s'agit de desserrer l'étau des sanctions occidentales et d'éviter un isolement diplomatique pesant.

La relation russo-chinoise est cependant déséquilibrée, tant sur le plan économique que sur le plan démographique. L'économie russe représente aujourd'hui un cinquième de l'économie chinoise , alors que les deux économies étaient de taille comparable en 1991.

Le déséquilibre entre les deux pays est évidemment également frappant en termes démographiques, la Chine étant presque dix fois plus peuplée que la Russie (1,4 milliard de Chinois ; 143,7 millions de Russes).

Le caractère inégal de cette relation fait dire à certains observateurs que la Russie est en train de devenir le « junior partner » (- partenaire de second rang -) de la Chine, soit l'inverse de la situation qui prévalait pendant la guerre froide, où la Chine, quoiqu'appartenant au même camp idéologique, était considérée comme une puissance de second rang par l'URSS.

La Russie est au demeurant consciente de l'inconfort de sa position par rapport à la Chine . En témoigne son souci de resserrer également ses relations avec les voisins de celle-ci, tels que l'Inde, la Corée du Nord et le Vietnam, voire avec le Japon (même si les relations avec ce dernier se sont refroidies depuis qu'il a rejoint les pays occidentaux en appliquant les sanctions).

La Chine n'a par ailleurs pas vocation à constituer un marché de substitution pour les hydrocarbures russes , comme l'espère la Russie, d'autant que cette dernière est en concurrence avec l'Asie centrale pour ce marché. Alors que Gazprom exporte actuellement quelque 160 milliards de m 3 de gaz par an vers l'Europe, les premières livraisons de gaz dans le cadre du contrat gazier signé en mai 2014, attendues au plus tôt en 2020, devraient dans un premier temps se limiter à un volume de 5 milliards de m 3, soit bien moins que la cible prévue (38 milliards de m 3 ) laquelle ne sera atteinte, dans le meilleur des cas que vers 2030. Il est, en outre, probable que la Chine cherchera à renégocier les prix du contrat à la baisse, compte tenu de l'évolution du prix des hydrocarbures. Il pourrait donc ne pas s'avérer aussi profitable à la Russie que celle-ci l'escompte 38 ( * ) .

Il est toutefois à craindre qu'en privilégiant le développement de relations économiques avec la Chine, la Russie s'enferme davantage dans un modèle économique fondé sur la rente énergétique et l'exploitation des matières premières qui la fragilise et la maintienne dans une situation de dépendance. En aucune manière cette option n'est de nature à favoriser la diversification économique dont elle a besoin.

Enfin, avec le ralentissement désormais confirmé de la croissance chinoise , qui réduit déjà sa demande en hydrocarbures, ce pari de la Chine pourrait finalement s'avérer un assez mauvais calcul.

L'intérêt porté par la Chine à ce nouveau partenariat stratégique n'est, quant à lui, pas dénué d'arrière-pensées .

Il présente pour elle un certain nombre d'avantages, en premier lieu l'opportunité de diversifier ses approvisionnements énergétiques . Le gaz ne couvre en effet actuellement que 5 % des besoins énergétiques chinois, largement satisfaits par le charbon dont la Chine souhaite limiter l'utilisation en raison des émissions de gaz à effet de serre 39 ( * ) . La Russie constitue aussi un réservoir de ressources naturelles (eau, bois, minerais, denrées alimentaires) dont la Chine a grand besoin.

Il faut noter également l'appétence chinoise pour les terres agricoles russes : des sociétés chinoises acquièrent ainsi, par des baux de très longue durée, l'usage de centaines de milliers d'hectares, notamment dans l'Extrême-Orient.

Pour le reste, la Chine se montre prudente et préserve avant tout ses intérêts. Ainsi il n'est pas sûr que les banques chinoises soient disposées à répondre à l'important besoin de financement de la Russie qui, avant la crise, empruntaient autant aux banques étrangères qu'aux banques russes. Méfiantes et relativement inexpérimentées en la matière, elles hésitent en effet à consentir des prêts à l'étranger.

Il risque d'en être de même s'agissant des investissements dans l'économie russe . Les travaux liés aux grands projets tardent à démarrer, la Chine craignant que la Russie ne puisse en assumer les coûts. La Chine ne semble par exemple pas prête à financer la construction du gazoduc Altaï, qui vise à relier les deux pays en Sibérie occidentale.

Son alliance avec la Russie procède aussi de visées stratégiques .

Outre le fait qu'elle trouve en elle un allié conciliant pour oeuvrer à la recomposition d'un ordre économique mondial qu'elle conteste, la Chine s'appuie sur la Russie pour contrecarrer la pression que le pivot asiatique américain fait peser sur elle dans la zone Pacifique .

Enfin, elle en profite pour avancer ses pions vers l'est. C`est ainsi qu'elle est parvenue à faire admettre par la Russie son projet de « nouvelle route de la Soie » (« One belt, one road ») lancé à l'automne 2013, qui vise à constituer un vaste réseau d'infrastructures terrestres (transports, télécommunications, oléoducs et gazoducs) reliant la Chine à l'Europe occidentale via l'Asie centrale. Les deux Etats ont ainsi annoncé le 9 mai 2015 leur décision de coordonner ce projet chinois avec le projet russe d'Union eurasiatique , soulignant leur caractère complémentaire et non concurrent.

Ce projet risque pourtant à terme de contrarier les intérêts et de se heurter à l'influence russe en Asie centrale , en particulier, lorsque la Chine souhaitera y protéger ses investissements par des accords bilatéraux de sécurité avec les pays de cette zone.

2. La Russie reste tournée vers l'Europe

Malgré les tensions actuelles et l'affichage d'un virage vers l'Asie, la Russie reste dans les faits tournée vers l'ouest, en particulier vers l'Europe.

a) D'un point de vue économique

Cette orientation est d'abord économique, puisque la moitié de ses échanges économiques se fait encore avec les pays européens.

Ces échanges traduisent une forte interdépendance, la Russie ayant besoin des capitaux et des technologies occidentales alors que l'UE a besoin des hydrocarbures russes.

L'Union européenne reste le premier partenaire commercial de la Russie , aussi bien comme fournisseur ( 41,4 % des importations russes en 2014 , devant la zone Asie Pacifique qui en représente 36,4 %) que comme débouché ( 52,1 % des exportations russes en 2014 ), malgré une diminution (respectivement -1,2 % et -1,7 %) 40 ( * ) par rapport à 2013.

Le commerce avec les 28 Etats de l'UE représente ainsi plus des deux tiers (67 %) de l'excédent commercial de la Russie .

La Russie est, quant à elle, devenue le 3 ème partenaire commercial de l'UE, après les Etats-Unis et la Chine. Sa part dans le total du commerce de biens de l'UE est passée de 5 % en 2002 à 8 % en 2014 (chiffres Eurostat).

Au sein de l'Union européenne, les trois premiers clients de la Russie sont les Pays-Bas, du fait du rôle des ports hollandais dans l'approvisionnement énergétique de l'Europe (13,7 % des exportations russes en 2014), suivis de l'Italie (7,2 %) et de l'Allemagne (7,5 %), la part de la France s'établissant à 1,5 %.

Les trois premiers fournisseurs européens de la Russie sont l'Allemagne (11,5 % des importations russes), l'Italie (4,6 %) et la France (3,8 %), loin derrière la Chine (17,8 %).

Les biens que la Russie achète à l'Europe se composent principalement de biens d'équipements, de produits transformés et de produits agro-alimentaires.

Les exportations russes vers l'UE sont essentiellement des matières premières, en particulier des hydrocarbures. L'Europe est un débouché essentiel pour le gaz et le pétrole russe , puisqu'elle absorbe encore environ la moitié de ses exportations d'hydrocarbures . Compte tenu du poids que celles-ci représentent dans le budget fédéral (50 % des recettes) et dans l'ensemble des exportations russes (70 %), on mesure l'importance que revêt de facto la demande énergétique européenne pour la Russie.

Celle-ci est également très dépendante des investissements et des technologies occidentales pour développer l'exploitation de nouveaux gisements. Le gel récent de projets d'avenir comme ceux de Total visant à l'exploitation du pétrole de schiste en Sibérie occidentale (avec Lukoïl) et à l'extraction de gaz en Arctique (projet Chtokman avec Gazprom) apparaît ainsi très pénalisant pour l'économie russe.

Quant à la politique de substitution aux importations menée par la Russie en réaction aux sanctions occidentales, elle se heurte à des difficultés . Outre le fait qu'elle est pénalisée par l'insuffisante innovation, sa mise en oeuvre est retardée par le manque de visibilité des acteurs domestiques sur la durée des sanctions et l'horizon dont ils disposent pour investir, ainsi que par les difficultés d'accès au crédit. Elle risque, en outre, de de traduire par un renchérissement des produits vendus sur le marché interne. A titre d'exemple, dans le domaine agricole, les résultats de cette politique sont pour l'instant limités, même si des signes encourageants se dégagent.

La politique de substitution aux importations agro-alimentaires

En 2014, l'augmentation de la production russe (+ 3,3 % en 2014) n'a pas été suffisante pour infléchir les importations. Depuis le début de l'année 2015, elle montre cependant des signes de progression: selon Rosstat, la production russe de volaille a augmenté de 10,3 % entre janvier et avril 2015 par rapport à la même période de l'année précédente. Il en est de même pour la viande porcine (+7,4 %). En ce qui concerne la viande bovine, les produits laitiers, les fruits et légumes et les produits de la pêche, qui requièrent des investissements lourds, l'augmentation de la production ne peut être attendue avant deux ou trois ans.

Les produits laitiers sont les plus difficiles à substituer, tant par la production russe que par les importations, l'Union européenne restant le plus important fabricant de fromages au monde.

Ces difficultés expliquent que malgré l'embargo, la Russie a vu ses importations augmenter de 9 % en valeur en 2014, dans la mesure où elle a dû importer de pays tiers des produits globalement plus chers, ce qui a en outre contribué à alimenter l'inflation.

Enfin, même si elle s'en défend, la Russie reste attirée par le modèle de l'UE, dont le projet d'Union économique eurasiatique s'inspire très largement . A l'occasion d'un entretien avec Mme Tatiana Valovaya, ministre membre de la Commission économique eurasiatique , vos rapporteurs ont noté l'aspiration de cette Union eurasiatique à développer de bonnes relations avec l'UE, dans la perspective à long terme d'un « grand espace économique commun » et en particulier le souhait d'un dialogue politique avec celle-ci, les contacts actuels n'ayant lieu qu'à un niveau technique.

b) Sur un plan culturel

Culturellement ensuite, la Russie reste européenne . Les élites continuent à se penser européennes et se sentent éloignées de la mentalité asiatique. Si une part importante du territoire russe se situe en Asie, l'essentiel de la population vit à l'ouest du pays, qui continue d'attirer les flux migratoires internes, au détriment de la façade asiatique, en déclin démographique.

Comme le relève une récente étude de l'observatoire franco-russe 41 ( * ) , l'histoire des relations entre la Russie et l'Occident est marquée par une alternance de périodes de rapprochement et d'éloignement . Ce mouvement de balancier, oscillant entre attraction et rejet, renvoie au débat opposant, depuis le XVII e siècle, les occidentalistes qui revendiquent « l'européanité » de la Russie et les slavophiles qui la contestent au nom de l'identité russe. La société russe est aujourd'hui incontestablement dans un « moment slavophile » mais il est permis d'espérer qu'il prendra fin un jour et qu'une phase de rapprochement pourra lui succéder.

3. Un modèle de croissance à bout de souffle

Si la crise économique que traverse actuellement la Russie est pour partie conjoncturelle, elle révèle aussi des fragilités structurelles qui posent la question de la viabilité de son modèle de croissance.

a) Une crise conjoncturelle

Après une croissance de seulement 0,4 % en 2014, la Russie devrait connaître une récession de -3 % en 2015 (-2,2 % en glissement annuel au premier trimestre, -4,6 % au deuxième trimestre).

Ces difficultés sont pour partie liées à la combinaison de deux facteurs conjoncturels : les sanctions internationales en vigueur depuis l'été 2014 et la chute des cours du pétrole (qui passent de 115 USD le baril en juin 2014 à 50 USD en janvier 2015).

Plusieurs effets peuvent être identifiés :

L 'incertitude géopolitique provoquée par la crise en Ukraine à partir de mars 2014 a freiné les investisseurs étrangers et favorisé les sorties nettes de capitaux (-154 milliards de dollars en 2014, soit 8,3 % du PIB, contre 61 milliards de dollars en 2013), traduisant une perte de confiance dans l'économie russe.

Les sanctions internationales prises en juillet-août 2014 ont achevé de dégrader le climat d'investissement et pesé sur l'activité en limitant l'accès des acteurs des secteurs bancaires et énergétiques à des financements en devises.

La baisse des prix du pétrole, la fuite des capitaux et les tensions géopolitiques ont fait pression à la baisse sur le cours du rouble que la Banque centrale de Russie (BCR), après l'avoir soutenu en puisant dans ses importantes réserves 42 ( * ) , a finalement laissé flotter le 5 novembre 2014 , précipitant sa dépréciation (le 16 décembre 2014, il chute de 20 % en une seule journée ; sur l'ensemble de l'année 2014, il a perdu de 43 % de sa valeur face à l'euro ). Le cours du rouble affiche depuis une très forte volatilité : après d'être apprécié de 36 % entre février et mi-mai 2015, il est de nouveau orienté à la baisse, en raison de la conjoncture du marché des hydrocarbures.

La dépréciation du rouble et l'embargo sur les importations de produits alimentaires occidentaux, qui a renchéri le prix des produits disponibles, ont eu pour effet une hausse sensible de l'inflation à compter d'août 2014, qui atteint 11,4 % en glissement annuel en décembre 2014 et un pic de 16,9 % en mars 2015. Pour tenter de la réduire, la Banque centrale de Russie a mis en oeuvre une politique monétaire restrictive qui l'a conduit à augmenter fortement les taux d'intérêt (le taux directeur atteignant 17 % en décembre 2014), au détriment de l'investissement. La Banque centrale de Russie a néanmoins été en mesure d'assouplir sa politique à compter de janvier 2015 dans un contexte d'appréciation du rouble et de baisse des anticipations inflationnistes.

La chute du rouble et l'inflation n'en ont pas moins provoqué une forte baisse de la demande .

Privé d'accès aux financements internationaux et confronté à la hausse des taux d'intérêts, le secteur bancaire russe subit la crise de plein fouet, à tel point que l'Etat doit lui apporter son soutien, à la fois par des mesures de refinancement (prêts en devises destinés à assurer la liquidité) et par un programme de recapitalisation doté de 18 milliards de dollars.

Très dépendantes des recettes tirées des hydrocarbures, qui représentent 50 % des recettes du budget fédéral, les finances publiques sont fragilisées . Aux effets de la crise s'ajoute la charge financière de représente l'annexion de la Crimée et la guerre en Ukraine. Si le budget est resté proche de l'équilibre (0,5 % du PIB) en 2014, il subira davantage les effets de la baisse du prix du pétrole en 2015 (-1 7 % de recettes par rapport au montant initialement prévu )

En outre, fin janvier 2015, le gouvernement a en effet adopté un plan anticrise , doté de 2 500 milliards de roubles, dont une grande part est destinée à soutenir le secteur bancaire par des mesures de recapitalisation. Pour le reste, ce plan prévoit des soutiens aux grandes entreprises, des mesures en faveur du marché du travail et du secteur agricole ainsi que l'indexation des pensions de retraites.

Un déficit budgétaire de l'ordre de 3 % devrait en résulter pour 2015, qui sera financé par les fonds de réserve 43 ( * ) alimentés par les recettes provenant de la vente d'hydrocarbures. Les trois quarts de ces réserves pourraient ainsi être dépensées en 2015, ce qui pose question pour le financement du déficit en 2016 si la reprise n'est pas au rendez-vous.

S'il n'a pour l'instant pas été procédé à un ajustement massif des dépenses (réduites seulement de 2 % par rapport au budget initial), un problème de soutenabilité risque néanmoins de se poser si le prix du pétrole ne remonte pas, un baril à 100 USD étant actuellement nécessaire à l'équilibre selon le projet de budget établi pour la période 2015-2017.

Les dépenses sociales (22,7 % des dépenses) et les dépenses militaires (20,5 %) restant prioritaires, ce sont celles destinées à la relance de l'économie, aux infrastructures, à l'amélioration de l'éduction et de la formation, ainsi que celles relatives aux soins médicaux et à la santé publique qui risquent d'être remises en cause, comme le craint M. Alexeï Koudrine, ancien ministre des finances (2000-2011) de la Fédération de Russie 44 ( * ) .

Il convient également de souligner les difficultés budgétaires des régions, dont les dépenses ont augmenté depuis 2012 en raison d'une sensible progression des salaires de la fonction publique et des dépenses de construction, mises à leur charge en 2012 à la suite de l'élection présidentielle. Sur 83 budgets régionaux, 74 étaient ainsi en déficit au début de l'année 2015, ce qui, compte tenu de la hausse des taux d'intérêt, pourrait rendre nécessaire à terme un soutien du budget fédéral 45 ( * ) .

Certes, on ne peut parler d'effondrement de l'économie russe, dont la situation reste meilleure qu'en 1998, année où la Russie avait fait défaut sur sa dette. Ainsi, la balance commerciale reste excédentaire, malgré la baisse des exportations et le compte courant a affiché en 2014 un excédent de 3,2 % du PIB. La dette publique demeure limitée (11 % du PIB fin 2014) et la Banque centrale de Russie possède encore d'importantes réserves (354 milliards de dollars fin avril 2015).

Cette crise n'en a pas moins montré les limites d'une trop forte dépendance de l'économie russe vis-à-vis des hydrocarbures , qui représentent 30 % du PIB de la Russie, 50 % des recettes fiscales du budget fédéral et 70 % de ses exportations. Un cabinet de conseil a estimé que toute baisse du baril d'un dollar prive le pays de 2,3 milliards de dollars 46 ( * ) .

Elle traduit aussi incontestablement l'effet des sanctions internationales , en particulier à travers la limitation de l'accès des entreprises russes aux marchés de capitaux occidentaux qui a renchéri le coût du crédit en Russie et contraint les entreprises russes à rembourser rapidement leurs dettes en devises.

Il reste cependant difficile d'isoler l'effet particulier des sanctions dans la dégradation de la situation économique de la Russie . Selon des estimations confidentielles de la Commission européenne, le coût économique des sanctions de l'UE pour la Russie représenterait 0,6 point de PIB en 2014 et 1,1 point de PIB en 2015. La Russie chiffre quant à elle cette perte à 2 % du PIB (et 4 % à 5 % pour la baisse des cours du pétrole).

b) Des faiblesses structurelles

Néanmoins, cette crise ne doit pas occulter l'existence de difficultés structurelles, traduisant l'absence de relais internes de croissance.

De fait, le ralentissement de l'économie russe était amorcé avant la crise ukrainienne et les chocs conjoncturels précédemment décrits . Si la récession consécutive à la crise financière de 2008 avait été suivie d'un rebond temporaire, notamment grâce aux dépenses budgétaires, le rythme de croissance n'a ensuite cessé de ralentir , passant de 4,5 % en 2010 à 4 % en 2011, 2,5 % en 2012 et 1,3 % en 2013.

Contrastant avec la croissance soutenue enregistrée entre 2000 et 2008 (+ 7 % par an en moyenne), portée par une conjoncture pétrolière favorable, ce ralentissement traduit d'abord une stagnation de la production pétrolière, le secteur énergétique souffrant d'un manque de modernisation et d'investissement . 90 % des gisements d'hydrocarbures exploités ont dépassé leur pic de production et les coûts d'exploitation augmentent. L'exploitation des nouveaux gisements identifiés dans l'Arctique nécessiterait des investissements considérables, qui sont hors de portée de la Russie sans l'aide des investisseurs occidentaux.

Contribution du secteur des hydrocarbures à la croissance

De manière générale, l'économie russe souffre d'un déficit structurel d'investissement , dont la part dans le PIB est passée d'environ 33 % à l'époque soviétique à 18-19 % aujourd'hui.

Parmi ses secteurs-clés, certains comme les industries spatiale et nucléaire sont en perte de vitesse, d'autres, tels que la construction navale et le secteur aéronautique, rencontrent de grandes difficultés. Quant à l'armement, il apparaît très dépendant de la fourniture de composants étrangers.

L'économie russe n'est donc pas parvenue à se diversifier et à générer des facteurs autonomes de croissance .

A partir de 2009, c'est donc principalement la consommation privée, soutenue par la hausse des salaires et des crédits aux particuliers, qui a été le principal moteur d'une croissance ralentie.

Le faible dynamisme de la démographie (faible taux de fécondité, taux de mortalité prématurée élevé, notamment pour les hommes) réduit à long terme la main d'oeuvre disponible. La population active s'est ainsi réduite de 90 à 86 millions de personnes entre 2005 et 2013 47 ( * ) . Un expert a souligné à cet égard le renforcement récent d'une vague de départs touchant particulièrement les chercheurs et les entrepreneurs. Il faut noter toutefois l'arrivée récente d'immigrés en provenance du Donbass.

Malgré des initiatives qui vont dans le bon sens (adoption d'un plan national de lutte contre la corruption pour 2012-2013, modification du code pénal et du code des infractions administratives, adoption d'une nouvelle loi sur les marchés publics...), la corruption persiste (la Russie figure au 136 e rang mondial sur 175 du classement Transparency International ) et le climat des affaires reste défavorable.

La concurrence est limitée par la position dominante des grandes entreprises publiques dans le secteur bancaire, les transports et l'énergie. Leur part dans l'économie s'est encore récemment accrue avec la nationalisation de Rosneft et VTB, le programme de privatisations envisagées n'ayant pas été appliqué. De fait, le secteur public représente encore 40 % du PIB. Les obstacles non tarifaires aux échanges (comme els restrictions, assez courantes, liées à la sécurité alimentaire) et aux IDE réduisent également la libre concurrence.

Des progrès seraient également à accomplir en matière d'efficacité énergétique et d'efficience de l'offre de transports (problèmes de qualité et de mise aux normes des infrastructures, notamment routières, enclavement de certaines régions, embouteillages géants dans les grandes villes...).

Faute de demande, l'innovation est peu stimulée malgré le soutien public aux laboratoires de recherche et la création du centre d'innovation Skolkovo. Selon un expert rencontré lors de notre déplacement à Moscou, la Russie, désormais au 18 ème rang mondial, derrière la Slovaquie, pour l'innovation, est « une puissance scientifique qui perd pied ».

Enfin, malgré l'existence de filières d'excellence, datant pour une large part de l'époque soviétique, la qualité moyenne des formations tend à diminuer du fait d'une moindre sélectivité et d'une insuffisante adaptation des contenus.

4. Une trajectoire préoccupante

La marginalisation de la Russie consécutive à la crise ukrainienne conforte la Russie dans le choix d'une attitude de repli qui n'en est pas moins porteuse de dangers pour le monde extérieur.

a) Une évolution interne préoccupante

Sur le plan économique, le pouvoir ne manifeste aucune volonté d'engager de réformes . La stratégie qu'il suit consiste à attendre que la crise passe, en espérant une remontée des prix du pétrole en 2016.

La confiance dans l'économie est durablement atteinte , tant du point de vue des entreprises (que la chute de la demande n'incite pas à investir) que des ménages (au premier trimestre 2015, l'indice de confiance mesuré par Rosstat a chuté de 32 %, cependant que l'augmentation de la détention de devises traduit une absence de confiance dans le rouble).

Sur le plan politique, le pouvoir en place refuse toute libéralisation et verrouille au contraire le champ politique , afin de prévenir toute remise en cause de la politique suivie.

L'opposition apparaît de plus en plus marginalisée. Un climat de peur s'est installé à la suite de l'assassinat en février 2015 de Boris Nemtsov, dont les causes resteront sans doute non élucidées. Les rares opposants qui demeurent - une partie ayant quitté le pays ou s'étant retirée de la vie publique - et leur entourage subissent des pressions et des tracasseries administratives. Ainsi le parti du Progrès d'Alexeï Navalny ne parvient pas à obtenir son enregistrement pour participer aux prochaines élections. En mars dernier, l'ancien candidat à la présidentielle de 2012 Mikhaël Prokhorov, pourtant proche du pouvoir, a dû céder sa place à la tête du parti « Plateforme citoyenne » au profit d'un autre leader jugé plus loyal.

On assiste par ailleurs à une uniformisation du débat politique , tous les partis représentés au Parlement (Russie juste ; communistes, nationalistes) validant la ligne du Kremlin. 48 ( * )

Plus généralement, comme plusieurs interlocuteurs l'ont fait valoir à vos rapporteurs, la Russie actuelle est un pays qui se ferme, se replie sur lui-même par manque de confiance envers l'extérieur . Alors qu'elle avait fait le pari de l'ouverture sur le monde, elle cherche aujourd'hui à construire son propre modèle, pour réduire sa dépendance externe, comme l'illustrent la politique menée vis-à-vis d'Internet et l'entrée en vigueur récente d'un nouveau système national de paiement destiné à sécuriser les opérations de cartes bancaires à l'intérieur du pays.

La crise actuelle contribue à renforcer le sentiment d'insécurité de la Russie. Les mesures visant à prémunir le pays contre toute influence étrangère se multiplient. Depuis l'automne 2014, il est interdit à tout investisseur étranger de détenir plus de 20 % du capital d'un média national. Les ONG ne peuvent plus recevoir de financements étrangers et leur activité est étroitement surveillée. Les citoyens russes possédant la double nationalité sont tenus de le déclarer.

Ainsi, l'objectif principal de la Russie serait désormais « de se protéger, d'une manière ou d'une autre contre l'avancée, de toutes parts, du monde environnant ». 49 ( * )

Ce choix du repli découlerait du fait que malgré les efforts qu'elle a consentis depuis la fin de la guerre froide, la Russie n'est pas parvenue , à la différence de la Chine, à tirer pleinement profit de son insertion dans l'économie mondiale alors qu'elle en subit les chocs et les effets négatifs.

La crise actuelle révèle également les difficultés de la Russie à se construire une identité nationale . En l'absence de projet démocratique, celle-ci se fonde exclusivement sur le passé et la mobilisation d'une mémoire historique destinée à montrer la grandeur de la Russie. La célébration de la  Grande guerre patriotique, l'adoption de lois mémorielles et les débats autour de l'adoption d'un manuel d'histoire unique tendent à l'édification d'un récit national, unifiant toutes les époques du passé et rassemblant toutes les régions et ethnies qui composent la Fédération de Russie 50 ( * ) . Cette approche n'est pas dénuée de risques. Elle conduit notamment à une réhabilitation « en bloc » du stalinisme, particulièrement pendant la deuxième guerre mondiale, qui empêche tout questionnement sur les violences et les répressions commises par le régime, alors que précisément le travail de mémoire sur cette période n'a pas été accompli .

La mobilisation patriotique actuellement à l'oeuvre en Russie implique une fuite en avant préoccupante . Il faut sans cesse en faire plus, exagérer la menace, afin de maintenir l'opinion dans un « état de guerre ».

Sous l'emprise de la propagande des médias, une p artie de l'opinion publique russe se montre dangereusement sensible au discours nationaliste dirigé contre les « ennemis de la Russie » et semble vivre dans une réalité parallèle. Une évolution du régime dans un sens plus dur pourrait en résulter. Le nationalisme tchéchène de Ramzan Kadyrov, qui cherche à se doter d'une stature fédérale, pourrait notamment constituer un danger.

b) Un risque de déstabilisation au plan extérieur

Si pour certains observateurs, la rhétorique nationaliste actuelle n'est qu'un discours « à usage interne », dont il ne faudrait pas exagérer la portée, elle est, pour d'autres, porteuse de dangers bien réels vis-à-vis de l'extérieur. On ne peut en effet que constater une dégradation du climat sécuritaire en Europe .

Certains redoutent une déstabilisation d'autres pays du voisinage, particulièrement ceux où vivent des minorités russophones (25 millions de russophones hors des frontières russes). Le discours de la Russie sur le monde russe (le Russki Mir ) et sa mission de protection des « compatriotes » par-delà ses frontières est ainsi un sujet de préoccupation majeur pour plusieurs pays voisins.

On observe, à cet égard, dans la continuité de la crise ukrainienne, la réactivation de plusieurs foyers de tensions, à l'initiative de la Russie : signature d'un traité d'alliance avec l'Abkhazie en novembre 2014, d'un traité « d'alliance et d'intégration » avec l'Ossétie du Sud en mars 2015, tous deux en violation de la souveraineté de la Géorgie, mobilisation des troupes russes situées en Transnitrie (qui fait craindre une jonction entre celles-ci et la Crimée, alors que Kiev a dénoncé un accord de 1995 permettant à la Russie d'alimenter son contingent militaire de Transnitrie en empruntant le territoire russe), instrumentalisation du territoire autonome de Gagaouzie en Moldavie. Les interrogations récentes de la justice russe sur la légalité de leur indépendance inquiètent naturellement les pays Baltes.

Il faut évoquer aussi l'instabilité latente dans les Balkans , où la Russie, au nom d'une fraternité orthodoxe et panslave, conduit des manoeuvres avec la Serbie, surveille le nationalisme albanais et tout élargissement potentiel de l'OTAN tout en veillant à ses intérêts économiques, notamment au passage de ses pipelines à destination de l'Europe pour contourner l'Ukraine. En mai dernier, elle s'est inquiétée d'une possible « révolution de couleur » en Macédoine.

L'inquiétante mise en avant par la Russie du facteur nucléaire ne peut se lire que comme une réaction défensive face au renforcement de l'OTAN. Elle est notamment illustrée par l'annonce de l'installation de 50 missiles intercontinentaux à capacité nucléaire, l'annonce de l'installation de missiles Iskander-K à Kaliningrad et en Crimée, les menaces proférées contre des pays alliés -notamment le Danemark- susceptibles d'accueillir des missiles antimissiles américains, la possibilité, prévue par la doctrine militaire russe révisée en décembre 2014, d'employer des armes nucléaires en cas d'agression par des armes conventionnelles ou encore par l'hypothèse d'un emploi ciblé d'armes nucléaires tactiques pour « désescalader une crise » qui fait actuellement débat en Russie.

Le danger en la matière réside dans la dépendance de la Russie à l'égard de ses armes nucléaires , compte tenu de la faiblesse de ses capacités conventionnelles, le retard pris dans les années 1990 par rapport aux armées des pays de l'OTAN n'étant pas encore comblé.

Il faut aussi évoquer la mise en sommeil des mécanismes de sécurité militaire sur le continent européen. La Russie s'est ainsi définitivement retirée en mars 2015 du traité sur les forces conventionnelles en Europe (FCE), après en avoir suspendu l'application depuis 2007. Les activités liées à l'accord russo-américain de 1995 sur la prévention des activités militaires dangereuses, qui permettaient un contact rapide entre Moscou et les capitales occidentales en cas d'urgence, sont gelées du fait de la confrontation actuelle. Le document de Vienne (qui prévoit des mesures de confiance) et le traité « ciel ouvert » (qui garantit la transparence à travers des vols d'observation) ne sont plus rigoureusement appliqués.

Enfin, les vols de reconnaissance d'avions russes aux frontières de l'OTAN, la pénétration de bombardiers stratégiques -jusqu'au Mont Saint Michel- et l'incursion de sous-marins dans les espaces maritimes d'Etats riverains de la Mer baltique, voire de l'Atlantique, conduisent à s'interroger sur la volonté de la Russie de tester la crédibilité de l'article 5 du traité de Washington et de la sécurité collective de l'OTAN. Un expert militaire a fait valoir que l'action de la Russie était marquée par une prise de risques inédite .

Dans ce contexte très inflammable - et même s'il ne faut pas occulter une instrumentalisation et une dramatisation volontaire des menaces de la part de Moscou - l'absence de dialogue avec la Russie comporte de vrais risques.

On ne peut exclure ni une entreprise limitée de déstabilisation, ni un incident aux frontières de l'OTAN , qui déboucherait mécaniquement sur une escalade, voire un accident aux conséquences dramatiques dans la mesure où les avions russes, volant sans se signaler, menacent directement la sécurité des avions de ligne. Les incidents dans le ciel turc ces derniers jours ne sont pas pour nous rassurer.

Les tensions actuelles comportent des risques de déstabilisation que l'on ne doit pas sous-estimer. Dans ce contexte, nous considérons que la politique à mener n'est pas de conforter la Russie dans un isolement qui ne fait que nourrir son sentiment anti-occidental et l'inciter à des ruades violentes, mais au contraire de chercher à renouer avec elle un dialogue permettant de rétablir des relations normales.


* 38 « Les sanctions contre la Russie ont-elles un effet dissuasif ? » Céline Marangé, étude de l'IRSEM n°37, 2015.

* 39 « La Chine au secours de la Russie », Alexis Toulon, Problèmes économiques n° 3108, mars 2015.

* 40 Chiffres du service économique régional de l'ambassade de France en Russie, juin 2015.

* 41 « La Russie et l'Europe occidentale : retour sur une relation complexe », Marie-Pierre Rey, Notes de l'Observatoire franco-russe, n° 10, février 2015.

* 42 La BCR a consacré 85 Mds USD au soutien du rouble en 2014. Cet effort explique une grande part de la diminution de ses réserves, passées de 510 Mds USD début 2014 à 385 Mds USD début 2015.

* 43 Issus de la division en deux en 2008 du Fonds de stabilisation de la Fédération de Russie, créé en 2004 pour gérer les recettes provenant des exportations d'hydrocarbures, ces deux fonds sont, d'autre part, un « fonds de réserve » destiné à amortir l'effet des fluctuations des prix du pétrole sur le budget et à soutenir l'économie réelle, d'autre part, un « fonds du bien-être national » servant à cofinancer certaines cotisations de retraite complémentaire.

* 44 Entretien de M. Alexeï Koudrine avec Mme Zhanna Nemtsova et Maxim Glikin pour RBC Daily Moscou, paru dans Problèmes économiques n° 3108, deuxième quinzaine de mars 2015.

* 45 « Au risque du politique : situation et perspectives économiques de la Russie en 2015, Julien Vercueil, maître de conférence à l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), à paraître dans l'édition 2015 des Regards de l'Observatoire franco-russe.

* 46 Estimation de l`Economic Expert Group, citée par M. Alexis Toulon dans son article déjà cité, Problèmes économiques n° 3108.

* 47 « La logique non économique de Vladimir Poutine », Ioulia Joutchokova et Vladislav Inozemtsev, Politique étrangère, 2:2015, été 2015.

* 48 « Le système Poutine : bâti pour durer ? », Tatiana Kastouéva-Jean» Politique étrangère, 2:2015, été 2015.

* 49 « La Russie, une puissance révisionniste ? » Fiodor Loukianov, Politique étrangère, 2:2015, été 2015.

* 50 « La Russie en quête d'une histoire nationale », Emilia Kousteva, Revue internationale et stratégique, n° 92, hiver 2013.

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