V. LES ACTIVITÉS SPORTIVES, DE LOISIRS ET TOURISTIQUES

Le Commissariat général au développement durable le souligne : « Les usages de l'eau liés aux loisirs et à la culture sont nombreux et de nature variée (baignade en zone naturelle ou en piscine, pêche, sports nautiques, arrosage et entretien des parcs et jardins, etc.). Ils ne s'accompagnent pas forcément d'une consommation élevée. Mais ils se diversifient à un rythme soutenu. Par exemple, de nombreuses villes ayant décidé de procéder à la reconquête de leurs berges et de les aménager, il s'ensuit une urbanisation des cours d'eau, de leurs abords et de leurs franchissements alors que ces zones étaient plutôt consacrées jusque-là aux activités industrielles ou de transport 102 ( * ) . »

Deux équipements particulièrement consommateurs d'eau,
aux confluents du sport, des loisirs et du tourisme

Les golfs

En 2013, 713 structures de pratique du golf sont répertoriées sur l'ensemble du territoire. Ce nombre a progressé de 20 % sur la dernière décennie 103 ( * ) . Le golf impose une grande qualité de gazon et, par conséquent, des conditions d'arrosage ou d'irrigation particulières. D'après les données de consommation moyenne couvrant la période 2006-2010, 27 millions de mètres cubes d'eau, toutes provenances confondues, seraient utilisés chaque année pour l'arrosage des golfs en France. Cela représente une consommation moyenne par golf de 38 000 mètres cubes d'eau par an.

Les canons à neige

La pratique de l'enneigement artificiel ne cesse de progresser. Destinée au départ à compenser le manque de neige naturelle dans les stations de basse et moyenne altitudes, elle constitue aujourd'hui un important argument commercial permettant de garantir la neige dans le domaine skiable et le retour des skieurs « au pied des pistes ». Cette neige artificielle est fabriquée à partir de prélèvements d'eau. Les prélèvements pour enneigements artificiels sont concentrés sur une courte période de l'année durant laquelle la ressource en eau est à la fois sollicitée et fragilisée par l'afflux touristique (demande en eau potable et rejets d'eaux usées qui peuvent être multipliés par dix) et réduite (période d'étiage) 104 ( * ) .

Aujourd'hui, 191 stations françaises sont équipées de canons à neige, ce qui représente 4 300 hectares de pistes enneigées, soit 18 % de la surface des pistes. Et les projets sont de plus en plus ambitieux : augmentation annuelle du nombre de canons installés, augmentation de la consommation en eau, augmentation du nombre et du volume (et donc de l'impact paysager) des retenues collinaires.

Pour un hectare enneigé, il faut 4 000 mètres cubes d'eau, qui proviennent, pour 55 %, des retenues, pour 30 %, des cours d'eau et, pour 15 %, du réseau d'eau potable. En ce qui concerne l'énergie, la consommation des canons augmente de 20 % à 30 % celle d'un domaine skiable. Elle est de 100 millions de kilowattheures, soit 25 000 kilowattheures par hectare de piste et par an 105 ( * ) .

A. LES SPORTS D'EAU

1. Un facteur d'attractivité des territoires

Les lacs et les rivières sont des espaces diversifiés où se côtoient de multiples activités de loisirs : navigation fluviale, voile, ski nautique, rafting, canoë-kayak, nage en eaux vives... Les niveaux d'eau déterminent les conditions de pratique : certains cours d'eau ne présentent évidemment pas d'intérêt pour la navigation.

Le poids de cette filière n'est pas négligeable : « Les sports d'eau vive constituent une filière économique modeste mais réelle à l'échelle départementale. Comme pour de nombreuses activités du tourisme sportif, leur poids économique à l'échelle locale reste néanmoins mal connu et objet de points de vue contradictoires. La valorisation de l'identité du territoire et de ses richesses environnementales contribuent à une "stratégie de réenchantement de l'offre de tourisme sportif" et constituent une motivation importante des choix de destination de séjours. Sans représenter un poids significatif dans l'ensemble de la dépense touristique, les sports d'eau vive participent globalement de l'attractivité de certains territoires en diversifiant leur offre et, probablement, en rajeunissant leur image 106 ( * ) . »

2. Un grand nombre d'usagers

Créée en 1931, la fédération française de canoë-kayak (FFCK) 107 ( * ) est un acteur majeur du secteur. Au deuxième rang des fédérations nautiques en volume d'accueil dans ses structures, elle regroupe un panel très varié de disciplines pratiquées, chaque année, par plus de cinq millions de personnes qui évoluent dans trois milieux nautiques : eau calme, eau vive et mer. Avec plus de sept cents structures associatives affiliées et une cinquantaine de structures agréées, elle est présente dans tous les départements de France métropolitaine.

Il convient de distinguer trois types d'espaces de pratique :

- les lacs, rivières, fleuves, mers, océans, qui constituent les espaces de pratiques naturels, pour lesquels la fédération défend le principe du libre accès ;

- les espaces de pratique naturels aménagés (signalisation, embarcadères et débarcadères, glissières à bateaux, chemins de portage...), du type stades d'eau vive en rivière d'eau calme ;

- les espaces de pratique artificiels, regroupant des constructions artificielles, souvent urbaines ou périurbaines.

Dans le cadre de ses missions de service public, la fédération participe à la préservation de l'accès à l'eau pour tous et s'engage également pour la préservation de la qualité de l'eau. C'est ainsi qu'elle a mis en place un réseau d'alerte, labellisé par le ministère chargé de l'écologie, qui permet à tout pratiquant de signaler une pollution ou une anomalie dont il pourrait être témoin sur son lieu de pratique, que ce soit le littoral, les cours d'eau, les lacs, les étangs ou leurs abords. Les différents clubs organisent également des opérations annuelles de nettoyage de rivières.

3. Les rivalités potentielles

Ces types d'activités 108 ( * ) ne sont pas épargnées par les conflits d'usages et les positions antagonistes des uns et des autres : « Quelques conflits récents entre pratiquants, associations naturalistes et riverains ont de nouveau focalisé l'attention sur les risques de dégradation des écosystèmes causés par ces activités, sur la portée de certaines notes qui relèvent de prises de position plus que de conclusions valides sur le plan technique et scientifique, mais aussi parfois sur l'incompatibilité des rapports respectifs des différents protagonistes au milieu naturel. Leurs prolongements contentieux, sur le Verdon notamment, ont pu conduire certains à réinterroger les cadres législatifs et réglementaires de l'exercice de ces sports. »

Les situations de conflits « s'expriment en général, mais sans que cela soit systématique, sur des parcours qui réunissent à la fois les qualités de grands sites emblématiques, et des facilités d'accès propices à une fréquentation de masse, répondant ainsi à une demande sociale en progression. Ils ont pour origine l'impact ressenti des activités sur les milieux, ou de troubles de jouissance dans l'espace et dans le temps d'autres usagers, notamment lors de pics de fréquentation. »


* 102 Le financement de la gestion des ressources en eau en France - Études et documents n° 62 - Janvier 2012.

* 103 Source : Les chiffres du golf 2013, Fédération française de golf.

* 104 Rapport Sénat n° 215 (2002-2003) du 18 mars 2013 sur la qualité de l'eau et de l'assainissement en France, établi par Gérard Miquel au nom de l'Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques.

* 105 Commission internationale pour la protection des Alpes, Fédération française des clubs alpins et de montagne, Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature, Mountain Wilderness France - L'enneigement artificiel en question - décembre 2006.

* 106 Le développement des sports d'eau vive en France. Impact sur les milieux aquatiques - Rapport CGEDD n° 009206-01 et IGJS n° 2015-I-27 - Février 2016.

* 107 Audition du 28 octobre 2015.

* 108 Le développement des sports d'eau vive en France. Impact sur les milieux aquatiques - rapport CGEDD n° 009206-01 et IGJS n° 2015-I-27 - Février 2016.

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