CONCLUSION - Jean-Pierre Sueur , rapporteur

Je tiens à remercier l'ensemble des quarante-cinq intervenants qui ont participé à ce colloque. Nos débats, qui ont duré plus de quatorze heures, ont été d'une immense richesse et ont donné lieu à de très nombreuses propositions.

Je remercie également le Sénat, son président, Gérard Larcher, son secrétaire général et le président de sa délégation à la prospective, Roger Karoutchi, sans qui ce colloque n'aurait pu avoir lieu.

J'adresse des remerciements très chaleureux à toute l'équipe de la délégation, avec une mention toute particulière pour Vincent Licheron, qui nous a apporté une aide précieuse. Tous se sont beaucoup investis dans la préparation de ce colloque.

Ce colloque me semble avoir atteint son objectif, à savoir montrer que l'enjeu des villes est essentiel et que le phénomène urbain n'est pas uniquement le réceptacle de tous les malheurs du monde. Lorsqu'il est question des villes, il est souvent fait référence à la pollution, à l'air vicié, aux encombrements, à la délinquance, à la drogue, au banditisme ; tandis que la campagne est présentée comme « pure ». Or cette dichotomie entre les espaces ruraux et urbains n'a plus guère de sens aujourd'hui.

Cela a été démontré, nous sommes désormais des usagers de plusieurs villes et de nombreux réseaux urbains. La ville ne se résume plus à un centre et à une périphérie, mais doit être pensée comme un réseau de centralités, avec une mixité sociale devant s'accompagner d'une mixité fonctionnelle.

Alors que 80 % des citoyens vivent désormais dans les villes, il est dommage que la question du devenir des villes ne soit pas davantage abordée dans le cadre des campagnes électorales. Le temps de la ville est long, si bien que nous vivons aujourd'hui dans la ville pensée voilà cinquante ou cent ans et que nos décisions d'aujourd'hui détermineront la ville dans laquelle nos successeurs vivront dans cinquante ou cent ans. Cette question doit être placée au coeur de la réflexion politique. À ce titre, la démarche prospective engagée au sein du Sénat paraît pleinement justifiée.

Les échanges et réflexions de ce colloque ont été conclus avec des artistes, des journalistes et des architectes. Comme l'a souligné Yves Charnay, l'art ne doit pas être un colifichet, considéré à hauteur de 1 % de chaque projet. C'est une aberration totale. Je souhaiterais pour ma part que l'art, non seulement imprègne, mais constitue 100 % des projets. À cet égard, il est très intéressant qu'une ville chinoise ait sollicité l'élaboration d'une charte des couleurs. Ne cessant de militer contre la ville grise ou beige, je souhaiterais que la ville, autant que la société, prenne les couleurs de la vie, du temps et du monde.

Pour conclure, je terminerai comme j'ai commencé en citant de nouveau cette phrase prêtée à Hegel : « L'air de la ville rend libre. » Je rappellerai également le titre de l'ouvrage magnifique de Jean-Paul Dollé : Fureur de ville ; fureur et mystère, au sens de René Char. De fait, l'Europe s'est faite dans les villes et le beau mot de cité doit y avoir pleinement droit de cité. Je rappellerai enfin le beau titre de l'ouvrage de l'architecte Bruno Fortier : L'Amour des villes . Il faut aimer les villes.

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