B. OBSERVATIONS DU SÉNAT FRANÇAIS : DES LIENS CULTURELS ET HUMAINS INTENSES

Quelles que soient les difficultés du dialogue politique, les liens culturels et humains entre nos deux pays demeurent intenses et nous nous en réjouissons. Il existe, entre nos deux peuples, des affinités culturelles et un attachement dont témoignent, par exemple, les manifestations réciproques de sympathie et de soutien des Français et des Russes à l'occasion des attentats qui ont durement frappé leurs pays ces dernières années.

La vitalité et la richesse de la programmation culturelle croisée mise en oeuvre conjointement par la France et la Russie, doivent être saluées. L'année croisée 2018 , inaugurée en mars avec un Salon du Livre de Paris mettant la Russie à l'honneur, sera également marquée par la commémoration du bicentenaire de la naissance de l'écrivain Ivan Tourgueniev, qui a longtemps vécu en France, et celle du centenaire de la naissance d'Alexandre Soljenitsine, dont le livre l'Archipel du Goulag a pour la première fois été publié en France. Parmi les autres événements attendus, signalons encore l'exposition consacrée au joaillier russe Fabergé que le Musée du Luxembourg devrait accueillir en 2020.

Enfin, il faut relever le dynamisme de la coopération scientifique et technique , la France étant le troisième partenaire scientifique de la Russie. Cette coopération étroite, héritage d'une tradition ancienne, repose notamment sur l'implication d'organismes publics de renom.

Pour compenser nos divergences politiques et corriger les perceptions erronées que nos sociétés peuvent avoir l'une de l'autre, il est essentiel de poursuivre et d'intensifier les échanges culturels et intellectuels à tous les niveaux. C'est pourquoi nous insistons pour :

- que la France et la Russie se soutiennent et s'accompagnent mutuellement dans leurs efforts de promotion de leur langues ; on ne peut donc que souhaiter l'aboutissement des négociations en cours visant à conforter le statut des alliances françaises en Russie et celui de l'Institut Pouchkine en France ;

- que nos deux pays facilitent les contacts entre leurs ressortissants ; si la récente entrée en vigueur de l'accord sur les échanges de jeunes signé en 2008 constitue une avancée, on espère aussi que celui de 2009 sur les migrations professionnelles, devenu pour partie inadapté, pourra être prochainement modernisé, simplifié et redynamisé, notamment en ce qui concerne le dispositif « visas vacances travail », en général très apprécié des jeunes.

S'agissant des visas de court séjour , si la France est, sur le principe, favorable - sous réserve, bien entendu, de réciprocité - à un régime d'exemption en faveur des citoyens russes, la reprise des négociations à ce sujet reste conditionnée à la levée des sanctions contre la Russie et donc à la mise en oeuvre des accords de Minsk . Mais cela ne doit pas nous empêcher de nous y préparer en exploitant au mieux toutes les possibilités offertes par l'accord de facilitation de la délivrance de visas de 2007 actuellement en vigueur. En ce qui concerne la Russie, il semble exister une marge de progression importante, qu'il s'agisse de la durée de validité ou des délais de traitement. La France, pour sa part, se montre diligente en délivrant normalement en 48 heures des visas qui, un an après la première demande, peuvent être « à entrées multiples ».

Enfin, il faut encourager la montée en puissance du « dialogue de Trianon » , lancé à la suite de la rencontre entre les présidents Macron et Poutine à Versailles le 29 mai 2017. Ce dialogue vise à susciter, au moyen de plateformes numériques, des échanges directs entre les citoyens et acteurs des sociétés civiles des deux pays sur des sujets éloignés des préoccupations politiques comme la « ville du futur », premier thème retenu. Cette méthode originale, qui évite l'écueil d'une structure bureaucratique et réservée à des élites, permettra, nous l'espérons, d'inventer des coopérations innovantes à partir des idées ainsi collectées.

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