2. Une procédure partenariale

a) Partenariat et programmation

Abandonnant une logique de projets, la réforme de 1988 a privilégié une logique de programmes pour favoriser une approche globale de la politique structurelle. Les programmes pluriannuels de programmation résultent d'un processus de décision partenariale, en étapes successives, jusqu'à la prise en charge finale des projets.

La règle

Dans l'esprit de la démarche structurelle européenne, qui consiste à accompagner le développement local, les procédures de mise en oeuvre des fonds reposent sur l'élaboration de programmes de développement arrêtés en commun par les différents partenaires concernés : les Etats membres, les collectivités locales et la Commission européenne. Au-delà, ce partenariat pourrait être élargi à d'autres acteurs, notamment aux responsables économiques et sociaux, ainsi que le souhaite la Commission, mais avec des résultats très variables selon les Etats membres, en fonction de leurs propres spécificités.

- L'initiative nationale

L'initiative nationale trouve sa traduction en termes d'objectifs et de financement :

- soit dans des plans de développement, présentés par l'Etat et négociés avec la Commission pour aboutir à des cadres communautaires d'appui (CCA), servant à leur tour de base aux programmes ;

- soit dans des documents uniques de programmation (DOCUP) (4( * )) , conçus pour accélérer et simplifier les procédures de programmation : ils comprennent dès l'origine les priorités de l'intervention communautaire et les mesures concrètes programmées et sont donc immédiatement opérationnels, dès acceptation par la Commission.

Sur l'ensemble des objectifs, les Etats membres ont massivement opté pour la procédure simplifiée de DOCUP : à fin 1995, près de 170 DOCUP ont ainsi été adoptés, contre 14 CCA, le recours au CCA étant plus particulièrement justifié pour les Etats membres dont le territoire est entièrement ou très largement intégré dans l'objectif 1.

- L'initiative communautaire

Novation de la réforme de 1993, la Commission européenne elle-même peut élaborer des orientations débouchant sur des programmes d'initiative communautaire proposés par les Etats. En principe, les projets ainsi décidés sont ceux ayant une incidence communautaire particulière qui transcendent les intérêts des Etats membres et qui viennent compléter l'action de chacun des objectifs.

La contribution totale des initiatives communautaires s'élève à 13,45 milliards d'écus pour la période 1994-1999 (prix 1994), contre 3,8 milliards d'écus (prix 1989) pour les 14 initiatives communautaires arrêtées sur la période 1989-1993.

La Commission a publié, en juillet 1993, un " Livre vert sur les initiatives communautaires ", présentant ses principales orientations quant à leur contenu. Celles-ci ont été définitivement arrêtées en juin 1994, en tenant compte des diverses réactions qu'avait suscité le document initial.

Pour 1994-1999, sept thèmes ont été retenus pour encadrer les programmes proposés par les Etats membres et adoptés par la Commission ; plusieurs d'entre eux traduisent un souhait de continuité avec la phase précédente :

. la coopération transfrontalière : INTERREG (2,9 milliards d'écus), la plus importante des initiatives communautaires a pour objet la préparation des régions frontalières à l'achèvement du marché unique et les problèmes spécifiques de développement économique des régions frontalières intérieures et extérieures de la Communauté ;

. le développement local en milieu rural : LEADER (1,4 milliard d'écus) ;

. le soutien aux régions ultra-périphériques : REGIS (0,6 milliard d'écus) ;

. l'intégration professionnelle des femmes, des jeunes et de groupes défavorisés : EMPLOI (1,4 milliard d'écus) ;

. l'adaptation aux mutations industrielles : ADAPT, PME, RECHAR, KONVER, RESIDER, RETEX, etc (3,8 milliards d'écus) ;

. la politique urbaine : URBAN (0,6 milliard d'écus) ;

. la restructuration de la pêche : PESCA (0,25 milliard d'écus) (5( * )) .

L'exception : les actions novatrices

Par exception au principe de programmation en partenariat, la Commission européenne mène, de sa propre initiative et avec des moyens financiers spécifiques, certaines actions novatrices destinées à ébaucher des politiques nouvelles.

Quatre priorités ont été fixées pour 1994-1999 :

. la coopération interrégionale : coopération entre autorités locales, coopération avec les régions de pays tiers voisins...

. l'aménagement de l'espace européen : programme " Europe 2000 " (évolution du territoire européen, cartographie...), cofinancement de plans d'aménagement ou d'études de faisabilité...

. le développement économique régional : valorisation des ressources locales, technologie et télécommunications dans les régions les moins favorisées, patrimoine culturel.

. le développement des politiques urbaines : financement des actions intégrées dans les quartiers à problème des villes européennes.

Les actions novatrices représentent environ 1 % de l'ensemble des financements structurels, la démarche partenariale équivalant à 90 % au titre des initiatives nationales et 9 % pour les initiatives communautaires.

b) Partenariat et additionnalité

L'action communautaire est conçue comme un complément des actions nationales : en conséquence, le financement européen n'est possible que s'il s'ajoute à un financement national, étatique ou local, public ou privé.

L'objectif de ce principe d'additionnalité est de faire en sorte que les fonds structurels viennent accroître l'effort national en faveur des régions ou des actions concernées, de telle sorte que le financement communautaire produise un effet de levier sur les financements nationaux. L'aide de la Communauté n'a donc pas pour vocation de se substituer à l'investissement national et de permettre un désengagement de l'Etat, voire d'abonder son propre budget.

La contribution de l'Union est toujours évaluée en proportion des dépenses publiques consenties par les Etats membres et les collectivités locales. Ainsi, la participation communautaire accordée pour les différents objectifs est soumise aux limites suivantes :

75 % au plus et 50 % au moins des dépenses publiques pour les opérations intervenant dans les régions incluses dans l'objectif 1. Lorsque ces régions appartiennent à l'un des quatre Etats bénéficiaires du Fonds de cohésion, cette participation peut, à titre exceptionnel, s'élever à 80 % du coût total et 85 % pour les régions ultra-périphériques.

50 % au plus et 25 % au moins des dépenses publiques pour les mesures appliquées dans les autres régions.

A ces principes spécifiquement définis en matière d'action structurelle, il convient d'ajouter le principe , plus général, de subsidiarité, consacré par le Traité de Maastricht qui implique que les institutions communautaires ne doivent et ne peuvent agir que si un objectif ne peut être réalisé de manière satisfaisante à un niveau moins élevé. Ce principe trouve sa pleine application dans le domaine de l'action structurelle : il appartient donc aux autorités compétentes sur le plan national de sélectionner les projets à financer et d'assurer leur mise en oeuvre.

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