b) La lourdeur des procédures de recrutement et de formation

En dépit des assouplissements apportés par la loi du 27 décembre 1994, qui permet désormais le recrutement direct, sans concours, des agents d'exécution dont le grade de début de carrière est doté de l'échelle de rémunération la moins élevée de la fonction publique, les procédures de recrutement et de formation des fonctionnaires territoriaux restent lourdes et n'apparaissent pas toujours parfaitement adaptées aux besoins des collectivités.

Le statut de la fonction publique territoriale est parfois perçu comme un " carcan " insuffisant et limitatif, selon les termes employés par M. Joël Batteux, secrétaire de la Fédération des maires des villes moyennes (FMVM), devant le groupe de travail.

En effet, les contraintes statutaires restent importantes : longueur des procédures de recrutement et de l'organisation des concours, difficultés parfois rencontrées pour trouver sur les listes d'aptitude des candidats correspondant au profil recherché, rigidités des obligations de formation initiale et continue.

Les élus se plaignent également fréquemment de l'inadaptation des statuts particuliers des cadres d'emplois existants pour répondre à certains besoins spécifiques des collectivités, soit parce que les missions à remplir ont un caractère ponctuel et temporaire rendant inopportun le recrutement d'un fonctionnaire à titre permanent, soit parce qu'elles correspondent à de nouveaux métiers non pris en compte par les filières actuelles, et nécessitant une formation très spécialisée.

Dans ce dernier cas, en l'absence de cadre d'emplois correspondant aux fonctions à exercer, les collectivités sont souvent amenées à recruter des agents contractuels, au risque de se voir opposer un contrôle de légalité strict.

c) Les difficultés de gestion des carrières

Des difficultés persistent également pour la gestion des carrières.

En effet, l'application rigide des seuils et des quotas institués par la voie réglementaire restreint la possibilité pour les collectivités territoriales de proposer à leurs agents l'accès à des grades permettant de reconnaître leurs mérites et les responsabilités effectivement exercées. Ainsi, l'accès à certains grades étant subordonné à une condition démographique, les collectivités petites ou moyennes se trouvent pénalisées pour le recrutement du personnel qualifié dont elles peuvent avoir besoin pour exercer des fonctions très diversifiées impliquant de fortes responsabilités. En outre, elles risquent de voir partir leurs fonctionnaires les plus expérimentés vers des collectivités plus importantes, faute de pouvoir les promouvoir sur place.

Cette situation est également pénalisante pour les fonctionnaires eux-mêmes car elle interdit aux agents de collectivités petites ou moyennes d'avoir une progression de carrière satisfaisante en restant dans la même collectivité.

Aussi M. Martin Malvy, président de l'Association des petites villes de France, a-t-il souligné, au cours de son audition devant le groupe de travail, les difficultés rencontrées par les cadres territoriaux des petites villes dans leur progression de carrière.

En outre, le caractère mécanique et brutal de l'application des seuils démographiques ne permet pas de tenir compte de la situation particulière des collectivités se situant en deçà d'un seuil mais connaissant une période d'expansion rapide qui nécessite le recours à un personnel adapté.

Les " incidents de carrière " qui requièrent la prise en charge des fonctionnaires dont l'emploi a été supprimé sont également source de problèmes car le reclassement des intéressés est souvent difficile à mettre en oeuvre.

La loi du 27 décembre 1994 a néanmoins cherché à responsabiliser les collectivités à l'origine d'un incident de carrière, en leur imposant de maintenir en surnombre pendant un an l'agent dont l'emploi a été supprimé et en alourdissant leur contribution financière à la prise en charge ultérieure, par le CNFPT ou le centre de gestion, de cet agent si celui-ci n'a pu être reclassé pendant cette période d'un an. Mais l'on ne dispose pas encore d'un recul suffisant pour savoir si l'application de cette loi suffira à régler toutes les difficultés dans ce domaine.

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