B. DES RÉFORMES ÉCONOMIQUES INSUFFISANTES

1. Un processus de privatisation relativement lent

La privatisation des grandes entreprises et la modernisation de l'appareil industriel accusent un certain retard . Selon les estimations officielles, le secteur non-étatique représentait moins de 20 % du PIB en 1994. Le secteur privé représenatit 40 % environ du PIB en 1996, exclusion faite des entreprises où la part de l'Etat demeure majoritaire.

Les privatisations se sont effectuées en trois temps . La première étape a débuté en juin 1991 et a concerné des petites entreprises du commerce et des services, qui ont été cédées à leurs employés ou à leur direction. La période 1993-1995 a vu, au cours d'une seconde étape, la privatisation de moyennes et grandes entreprises de plus de 200 employés, des entreprises comptant plus de 5.000 employés ayant été également proposées au secteur privé. Au total, 1.700 entreprises ont été ainsi offertes à la vente. Au début de 1996, 60 % des parts de ces entreprises étaient passées au secteur privé. Un tiers de ces parts a été échangé contre des coupons distribués à la population, un autre tiers réglé en espèces, le dernier tiers étant donné aux employés. Toutes les entreprises agro-alimentaires ont été privatisées, le plus souvent sous la forme de coopératives. Néanmoins, seules cinq grandes entreprises de plus de 5.000 employés sur 180 ont trouvé des acquéreurs.

La troisième étape, qui s'étale de 1996 à 1998, devrait voir l'aboutissement de la petite privatisation, la vente contre espèces de nouvelles parts de moyennes et grandes entreprises s'effectuant au cas par cas. En 1996, 11.000 petites entreprises de moins de 200 employés (70 % du total) étaient déjà passées dans le secteur privé.

Le président du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaiev, vient de lancer un appel pour l'arrêt de la privatisation du secteur du pétrole et du gaz du pays. S'exprimant à Akmola, M. Nazarbaiev a estimé que le Kakazhstan a signé à ce jour suffisamment d'accords pétroliers et gaziers " pour les deux prochaines générations ". Il est maintenant temps, a-t-il dit, de préparer les bases à une autre phase, dans le futur, " pour la troisième génération de Kazakhs ", d'ouverture du pays aux capitaux étrangers.

Le Kazakhastan a, jusqu'à présent, privatisé moins de 50 % de son secteur du pétrole et du gaz naturel tout en ayant pourtant déjà attirer des milliards de dollars d'investissements étrangers (Chevron et Mobil sur Tenguiz, BG, Agip et Lukoil sur Karachaganak, etc.). Des analystes occidentaux pensent que la décision du chef d'Etat kazakh est sans doute largement inspirée par l'évolution récemment intervenue sur le marché pétrolier mondial, caractérisé par la chute des prix du baril : dans le contexte actuel, les prix de cession par le Kazakhstan de nouveaux actifs ne seraient pas à la hauteur des espoirs du pays.

Les observateurs attendent toujours que la compagnie pétrolière nationale du Kazakhstan, Kazakoil, noue tôt ou tard une alliance avec un partenaire stratégique, à l'image d'un certain nombre des géants russes du secteur.

En matière agricole, 90 % des entreprises et environ 80 % des terres avaient été privatisées à la mi-1996. La réforme agraire manque néanmoins de clarté en ce qui concerne les droits de propriété. Les paysans peuvent acquérir des baux à long terme depuis décembre 1995, mais l'achat et la vente des terres agricoles sont soumis à des conditions très restrictives et réservés aux citoyens kazakhstanais. Les étrangers peuvent acheter des terres non-agricoles dans le seul cas où s'y trouvent implantés des bâtiments et des équipements productifs. La restructuration du secteur agricole est ainsi très lente malgré la privatisation, la propriété collective et les sociétés monopolistiques dominant toujours.

La restructuration des entreprises industrielles rencontre, elle aussi, de nombreux obstacles . Une trentaine de grandes entreprises, très endettées, ont été placées sous le contrôle de la Banque de réhabilitation qui, avec l'aide de la Banque mondiale, doit procéder à leur restructuration ou à leur mise en liquidation. En avril 1995, Le Kazakhstan a adopté une nouvelle loi sur les faillites qui a eu, jusqu'à maintenant, peu d'effets.

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