3. Les problèmes techniques

Le Kazakhstan se heurte, pour valoriser son potentiel, à deux problèmes techniques.

a) La question du raffinage et du transport

Il existe trois raffineries au Kazakhstan , d'une capacité totale de distillation estimée à 20 Mt/an. Deux raffineries sont dans la région centrale : il s'agit de Pavlodar d'une capacité de 7,5 Mt/an (3 Mt traités en 1995) et de Chimkent d'une capacité 6,5 Mt/an (3,7 Mt traités en 1995). A l'Ouest (près de la principale région de production), la principale raffinerie est Atyrau d'une capacité de 6Mt/an (4,3 Mt traités en 1995).

De par leur situation géographique -elles sont à l'Est alors que la production se situe à l'Ouest - et la configuration du réseau de pipelines, les deux plus grosses raffineries du pays doivent être en partie alimentées par du brut russe. Au total, elles n'ont traité en 1995 que 11 Mt de brut, dont 4 à 5 Mt de brut russe. A partir de 1993, des litiges sont intervenus avec les Russes pour cause de non paiement des dettes, ce qui a entraîné une forte diminution des livraisons.

Ce différend a entraîné ainsi une réduction des importations russes de brut produit à l'Ouest du Kazakhstan. Seule une partie de la production Kazakhe peut être en effet traitée à Atyrau. Le reste est transporté par pipeline sur 1.400 km vers les raffineries russes de Samara, Novokuybyshev et Syzran, dans le cadre d'un accord de " swap " qui prend en compte les livraisons russes aux raffineries du centre du pays. Il faut un pipeline spécialement isolé et des stations de chauffage tous les 100 km (brut paraffinique). L'huile de Zhanazhol et Kenkiyak est transportée par pipeline vers la raffinerie russe d'Orsk (province d'Orenbourg), et le condensat de Karachaganak est transporté vers Orenbourg.

A l'Est du pays, les deux autres raffineries (Pavlodar et Chimkent) traitent essentiellement du brut sibérien amené par une conduite de 3.050 km. Une petite partie de l'huile de Zhanazhol est depuis 1993 transportée par voie ferrée vers Chimkent, qui traite aussi l'huile produite par le champ de Kumkol 11( * ) (situé à 600 km au nord de la raffinerie, dans le bassin de Turgay). La raffinerie de Pavlodar est, quant à elle, entièrement dépendante du brut de Sibérie.

Cette situation a conduit le Gouvernement à lancer un projet de pipeline trans-Kazakhstan pour relier le champ de Kenkiyak (à l'Est du Bassin précaspien) à Kumkol. Une joint venture (Kazfen) a été créée au premier semestre 1995 avec une compagnie turque pour réaliser ce projet. Dans une première phase, un tronçon (410 km) serait construit d'Atyrau à Kenkiyak. La capacité du système devrait être de 23 Mt/an et le coût total du projet dépasser 1 milliard de dollars. Ce projet est néanmoins toujours bloqué car son intérêt n'est pas démontré, du moins par rapport au système actuel d'échange de brut avec la Russie.

Le Kazakhstan vise à doubler sa capacité de raffinage d'ici le début du siècle prochain . Plusieurs projets de modernisation ou de construction de nouvelles raffineries ont été annoncés, dont l'implantation d'une nouvelle raffinerie à Aktau pour traiter des bruts lourds du bassin de Mangistau, la modernisation et l'extension de la raffinerie d'Atyrau (projet d'un consortium mené par la compagnie française Krebs Hydrocarbon), la modernisation de la raffinerie de Chimkent et l'extension de la raffinerie de Pavlodar.

b) Les difficultés propres au site géologique de la mer Caspienne

Les gisements les plus prometteurs de la mer Caspienne sont recouverts par une très faible profondeur d'eau . Cette particularité empêche non seulement le fonctionnement d'infrastructures utilisées habituellement lors de l'exploration et de l'exploitation d'hydrocarbures en eaux profondes, mais aussi l'installation de matériels traditionnellement mis en place pour l'extraction de gisements onshore.

En outre, une des caractéristiques du bassin est la présence d'une épaisseur considérable de sel. Dans l'infra-salifère, seules les zones de la périphérie du bassin, moins profondes, sont prospectives : le toit des objectifs se trouve déjà dans ces zones entre 4.000 et 7.000 mètres. Ce sont notamment des calcaires récifaux qui peuvent présenter d'excellentes caractéristiques de réservoir sur des épaisseurs considérables. Les structures peuvent y être de très grande taille, comme l'atteste l'existence des gisements géants, auxquels il faut ajouter celui d'Astrakhan en Russie.

Les gisements suprasalifères sont de taille plus modeste et sont situés en général entre quelques centaines de mètres et moins de 3.000 mètres.

Les hydrocarbures présents dans ce bassin sont de l'huile légère (à forte teneur en gaz dissout en général) et du gaz, souvent à condensats. Dans l'infrasalifère, le gaz peut avoir une forte teneur en hydrogène sulfuré (18 % à Tengiz, 26 % à Astrakhan) ; le gaz des niveaux suprasalifères est toutefois le plus souvent dépourvu de soufre.

L'exploitation des ressources pétrolières du bassin, qui se trouvent pour l'essentiel dans les couches antésalifères, a été retardée dans le passé pour diverses raisons : problèmes d'exploitation et d'environnement liés à la présence d'hydrogène sulfuré, grande profondeur des puits, complexité structurale, hautes pressions et problèmes de forage liés à la présence du sel...

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