C. PERSPECTIVES D'ACTIVITÉ DE L'ASSURANCE FRANÇAISE

1. Evolution passée de l'activité de l'assurance française

Au terme d'une montée en puissance très importante du marché de l'assurance-vie en France (voir encadré sur l'assurance-vie) en 1996 le chiffre d'affaires mondial de l'assurance française a dépassé pour la première fois les 1 000 GF de primes pour atteindre 1 097 Mds F en 1997. Le chiffre d'affaires national en 1997 est dominé par l'assurance-vie (509 GF). Le chiffre d'affaires de l'assurance dommages s'élève en tout à 272 GF (dont 91,1 GF pour l'automobile, 41 GF pour les dommages corporels, 104,9 GF pour les autres dommages aux biens, transport, responsabilité civile et risques divers).

La capitalisation s'élève à 29,7 GF. Le chiffre d'affaires à l'étranger des filiales françaises s'élève au total à 258 GF, réalisé à 65 % en Europe, à 24 % en Amérique du Nord et à 7 % en Océanie et par les trois premiers groupes français à 80 % (en incorporant UAP à AXA).

Après une progression annuelle moyenne en valeur de 18 % de 1990 à 1996, le chiffre d'affaires mondial de l'assurance française continue à croître, de 6,1 % en 1997 par rapport à 1996 (soutenu par une croissance des primes des filiales étrangères de 11,3 % très supérieure à la croissance du marché domestique, et constamment supérieur aux taux de croissance du PIB en valeur). L'assurance-vie demeure en 1996 le premier rapport de placement des ménages en recueillant plus de 70 % de leurs flux de placements financiers et en constituant 20,8 % de l'encours total des placements financiers.

On observera avec le tableau 16, l'importance et la répartition de l'offre d'assurance entre les dix premiers groupes français en 1996. Deux sociétés d'assurance mutuelles en font partie : GROUPAMA, mutuelle sans intermédiaire, qui accède après rachat du GAN au 3 e rang en chiffre d'affaires, et les Mutuelles du Mans, mutuelle de la ROAM, au 9 e rang en 1997.

Tableau 16
Classement français des compagnies d'assurance 1996
avec reclassements (proforma) - Montant des cotisations
(en milliards de francs)

 

France

Rang

Raison sociale

Consolidé

Vie

Dommages

1

AXA/UAP

364,6

68,5

44,3

2

CNP

110,8

103,3

7,5

3

Groupama + GAN

87,4

32,8

37,1

4

AGF

71,6

23,5

26,8

5

Predica/Pacifica

58,9

57,4

1,5

6

Generali France

29,6

18,7

10,9

7

Natio Vie

29,2

29,2

-

8

Union France

26,9

19,4

7,5

9

Mutuelles du Mans

25,8

8,8

12,6

Source : FFSA, Estimations.

Le développement de l'assurance-vie en France depuis 1945

Il est loin le temps où Maxime Malinski dans sa réflexion générale sur " la place des assurances dans la formation de l'épargne au cours du V e Plan (1966-1970) " expliquait que : " l'assurance sur la vie et capitalisation est encore dans notre pays une industrie largement sous-développée ", pour en conclure que " le développement de l'assurance-vie est conforme à l'intérêt général ". En effet soutenait-il " l'assureur est en permanence un incitateur d'épargne "... Il suscite l'épargne, la cueille au besoin à domicile, donnant à chacun et en permanence le moyen d'épargner en continu et sans effort ".

Par rapport aux pays à monnaie stable, l'assurance-épargne a, en France, 50 ans de retard et ce, malgré l'extension de la clientèle assurable qui, traditionnellement, avant la guerre en 1914 était limitée aux classes aisées de la société, alors que les autres couches de la population n'ont été touchées par l'assurance sur la vie qu'à partir de 1930, grâce à l'introduction sur le marché des assurances populaires et des assurances de groupe.

De ce fait, " l'épargnant ne peut plus être considéré comme un " capitaliste-égoïste, mais comme le levain indispensable de l'économie... et l'assuré, épargnant complet, doit bénéficier... de la sollicitude constante et bienveillante des pouvoirs publics ".

En 1963, le chiffre d'affaires total des compagnies d'assurance s'élevait à 12 GF, dont 9 GF pour les assurances dommages, 3 GF pour les assurances sur la vie et les opérations de capitalisation. La cotisation annuelle par habitant en assurance-vie, en francs constants 1995, n'était passé que de 230 F à 285 F de 1945 à 1960. La période 1945-1960 est caractérisée par une forte inflation : 16,4 % en moyenne annuelle, principalement concentrée sur les quatre années de sortie de guerre.

De 1960 à 1983, la cotisation annuelle par habitant passe de 285 F 95 à 1 200 F 95. Le chiffre d'affaires de l'assurance-vie, en monnaie constante, croît de 7,4 % en moyenne annuelle de 1960 à 1985, alors que la croissance annuelle réelle moyenne en PIB sur la même période est de 4,3 % (multiplication du PIB réel en 23 ans par 2,6).

De 1983 à 1995, la cotisation individuelle passe de 1 200 F 95 à 7 140 F. Le chiffre d'affaires de l'assurance-vie croît de 16,5 % en francs constants sur la période et est multipliée par 5,4 en monnaie constante (par 7,5 en francs courants) alors que le PIB réel croît de 2,1 % l'an en moyenne, pendant que la hausse annuelle moyenne des prix est ramenée à 3,3 %. En valeur absolue le chiffre d'affaires annuel de l'assurance-vie atteint 415 GF et représente 5,5 % du PIB 1 .

Cet avenir radieux de l'assurance-vie est-il aujourd'hui derrière elle ?

Le graphique ci-dessous permet d'illustrer l'importance de la place prise par l'assurance-vie dans les réserves des sociétés d'assurance et surtout dans le patrimoine financier global des ménages 72( * ) .

Graphique 4
Encours des réserves mathématiques d'assurance (RMA)
(en % du patrimoine financier) 73( * )