4. Obligations et engagements de la Lituanie en tant qu'Etat membre (Lundi 22 septembre)

Selon les rapporteurs, l'évaluation de base effectuée par la Commission de suivi de l'Assemblée parlementaire sur l'évolution en Lituanie apparaît comme étant essentiellement positive. Effectivement, l'Assemblée se félicite des progrès réalisés par la Lituanie en vue de consolider la prééminence du droit, de promouvoir le respect des droits de l'homme, de mettre sa législation et sa politique en conformité avec les principes du Conseil de l'Europe et d'établir des relations de bon voisinage avec les pays qui l'entourent.

Néanmoins, même si la plupart des engagements pris par la Lituanie lors de son adhésion au Conseil de l'Europe (14 mai 1993) ont été respectés, il existe certaines questions sur lesquelles l'Assemblée tient à poursuivre son dialogue avec les autorités lituaniennes : les réformes de l'administration locale, la nouvelle loi sur la prévention de la criminalité organisée, la révision des dispositions du Code de procédure pénale sur la durée de la détention provisoire, le projet de résolution sur l'abolition de la peine de mort (comme base juridique pour l'actuel moratoire), les questions relatives aux minorités nationales.

L'Assemblée recommande au Comité des ministres de reconduire les domaines prioritaires définis pour la Lituanie dans le cadre des programmes de coopération et d'assistance du Conseil de l'Europe (notamment le programme commun avec la Commission des Communautés européennes), de maintenir le niveau actuel des ressources qu'il affecte à ces programmes et d'examiner, dans le cadre de sa propre procédure de suivi, la question de la mise en oeuvre par la Lituanie de sa nouvelle loi sur la prévention de la criminalité organisée, eu égard à son engagement quant à la protection des droits de l'homme.

La recommandation 1139 contenue dans le rapport 7896 est adoptée, amendée.

5. Effets de la détention sur les plans familial et social - Intervention de M. Daniel HOEFFEL, sénateur (UC) (Lundi 22 septembre)

Le rapporteur estime que la détention à vie n'est pas seulement une privation de liberté, elle engendre une quantité de problèmes sociaux, en privant les conjoints de leur partenaire et les enfants d'un parent, en plongeant la famille dans les difficultés financières et en lui faisant perdre son statut. L'absence de travail en prison peut conduire à l'aliénation mentale -voire au suicide- et les anciens détenus ont du mal à reconstruire leur vie.

Le rapport étudie nombre de problèmes sociaux liés à la détention et examine des projets pilotes mis en oeuvre en Allemagne, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis pour améliorer la vie des détenus. Diverses mesures sont proposées aux gouvernements :

- des systèmes de " semi-détention " permettant au détenu de conserver son travail et ses liens familiaux ;

- des prestations sociales, des services d'assistance et de secours d'urgence pour les familles des détenus ;

- l'humanisation des conditions de visite des conjoints et des enfants par l'aménagement d'espaces où les détenus peuvent s'isoler avec leurs visiteurs ;

- une amélioration des services médicaux et psychiatriques dans les prisons ;

- le développement de la réinsertion professionnelle par une éducation et une formation réelles, adaptées aux conditions du marché ;

- des mesures spéciales pour les détenus étrangers, par exemple l'accès à des services d'interprétation et de traduction, la liberté de culte et de relation avec leurs consulats.

M. Daniel HOEFFEL, sénateur (UC), formule les observations suivantes :

" Monsieur le Président, mes chers Collègues, je n'ai pas d'observation particulière à formuler sur le projet de recommandation lui-même et je tiens à rendre hommage, comme tous les intervenants précédents, au travail de grande qualité réalisé par notre rapporteur.

En revanche, plusieurs des propositions de l'annexe jointe à ce rapport - elle reproduit le projet d'une association - me semblent se tromper de priorité. Je ne m'étendrai pas sur les actions qui valent à certaines personnes de se trouver en prison. Malheureusement, mes chers collègues, nous savons qu'elles marquent trop souvent nos sociétés actuelles.

Sans doute notre devoir de responsables politiques est-il de tout mettre en oeuvre pour réinsérer socialement les délinquants et notre foi en l'homme ne doit-elle jamais se décourager. Sans doute aussi faut-il repenser les systèmes de détention pour qu'ils préparent davantage et mieux la réhabilitation. Sans doute nous faut-il nous préoccuper des familles des détenus - je suis à cet égard très sensible aux propositions formulées par le rapporteur ainsi qu'aux observations exprimées par Mme Bribosia-Picard.

Cependant, tout en nous préoccupant du régime alimentaire ou de l'extension des droits de visite aux prisonniers, je souhaiterais que nous pensions aussi et davantage aux victimes qui souvent sont laissées non seulement dans un désarroi moral très grand mais qui doivent aussi affronter les conséquences matérielles de l'agression subie.

Aussi, mes chers collègues, m'abstiendrai-je dans le vote sur le projet de recommandation parce que je ne voudrais pas que ce texte qui, en lui-même, je le répète, ne pose guère de problème, puisse être interprété à la lumière de considérations partisanes, par trop étrangères à la souffrance des victimes comme aux nécessités de l'ordre public.

Prenons garde au risque de favoriser le recours d'une opinion publique désorientée à des thèses sécuritaires lorsque nous adoptons des recommandations qui peuvent, dans l'esprit de certains, apparaître plus favorables aux délinquants, y compris les auteurs des crimes les plus odieux, qu'à leurs victimes.

Telle est la position que je tenais à expliquer tout en rendant encore une fois hommage à la qualité du travail de notre rapporteur, mais il faut tenir compte des préoccupations et de l'état d'esprit des uns et des autres. "

M. Andreas GROSS intervient alors en tant que représentant du président de la commission des questions sociales, de la santé et de la famille pour répondre à M. Daniel HOEFFEL , que ce débat très instructif a permis de parler de ceux qui se trouvent en prison comme de ceux qui ne devraient peut-être pas y être car ils sont soumis à des peines courtes pour lesquelles une solution de substitution serait possible.

L'orateur rappelle que les détenus auxquels sont destinés les travaux d'intérêt général sont par essence des délinquants et non des criminels. Il n'y a donc pas lieu de craindre que l'on oublie les victimes.

La recommandation 1340 figurant dans le rapport 7816, amendée, est adoptée à l'unanimité.

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