SEANCE DU 19 AVRIL 2001


M. le président. La parole est à M. Lagauche.
M. Serge Lagauche. Monsieur le ministre de l'éducation nationale, alors que les professeurs dénoncent unanimement l'hétérogénéité trop grande des classes de collège, alors que, selon un récent sondage réalisé par la SOFRES, les parents d'élèves souhaitent majoritairement un assouplissement du collège unique, alors qu'ils sont encore plus nombreux à demander une organisation de l'enseignement par dominantes, vous nous présentez aujourd'hui votre réforme des collèges, fruit d'un an de réflexion et de consultations.
La réforme que vous proposez est originale et ambitieuse. Permettant un certain choix des élèves dès la cinquième, elle pourra susciter l'envie de connaissance dès le plus jeune âge et donner à chacun sa chance en fonction de ses centres d'intérêt et de ses capacités.
Monsieur le ministre, pouvez-vous nous donner quelques précisions sur certaines mesures annoncées ? Qu'en est-il des horaires allégés ? Pensez-vous développer le travail des collégiens par petits groupes, afin qu'on puisse mieux prendre en compte les difficultés des uns et des autres ? Est-il prévu une formation spécifique pour les personnels dans la perspective de l'enseignement pluridisciplinaire en sixième et de la prise en charge ponctuelle des enfants en grande difficulté ? Un financement est-il prévu pour accompagner ces besoins de personnels supplémentaires ? De même, comment sera financée la demi-heure supplémentaire prévue en classes de cinquième et de quatrième ? Comment s'articulera, au sein du système, la classe de troisième d'insertion ? Enfin, la réforme sera-t-elle totalement appliquée dès la rentrée scolaire de 2002 ou y aura-t-il des paliers ?
Monsieur le ministre, c'est donc une multitude de questions précises que je me pose sur cette réforme du collège, qui, j'en suis sûr, permettra d'éliminer nombre de maux dont souffre actuellement cette institution. Vous avez eu le courage d'engager cette réforme, et je vous en félicite. Vous pouvez compter sur le soutien des sénateurs socialistes pour la poursuivre. (Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. Gérard Larcher. Ce n'est pas une question !
M. François Trucy. Non, c'est tout un programme : celui de Lagauche ! (Sourires.)
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jack Lang, ministre de l'éducation nationale. J'ai en effet présenté, au nom du Gouvernement, une réforme du collège de la République.
Notre ambition est de faire de ce collège un collège de la réussite et de l'excellence, un collège de l'exigence, qui soit en même temps un collège de la reconnaissance de la diversité des intelligences.
Vous m'avez posé des questions précises (Exclamations sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.) et, si vos collègues me le permettent, j'essaierai d'y répondre dans le court laps de temps qui m'est imparti.
En sixième, la question n'est pas d'enseigner moins, mais d'enseigner mieux...
M. Jean-Jacques Hyest. Ça, c'est bien !
M. Jack Lang, ministre de l'éducation nationale. ... et d'accorder aux équipes pédagogiques une marge d'initiative nouvelle, en particulier par la constitution de petits groupes.
La formation des personnels sera transformée par le plan de rénovation de la formation des maîtres que nous avons présenté, en particulier en ce qui concerne la formation des professeurs volontaires pour enseigner deux disciplines en sixième et la formation à la prise en charge des élèves en grande difficulté. Sur ce point, la réforme sera mise en application dès la rentrée prochaine, en particulier dans les départements les plus difficiles, notamment en région parisienne.
Pour ce qui est du financement, je répondrai rapidement que la réforme vise non pas à transformer les structures - cela coûterait très cher - mais à profondément aménager la pédagogie. A cet égard, l'ensemble de la réforme représentera un peu plus de 600 équivalents temps plein financés grâce au plan pluriannuel, décidé par le Premier ministre, de recrutement sur trois ans des personnels de l'éducation nationale.
Un sénateur du RPR. Financés par l'impôt !
M. Jack Lang, ministre de l'éducation nationale. S'agissant de la classe de troisième, il va de soi que notre volonté de porter au plus haut niveau possible les élèves de troisième n'écarte pas le traitement particulier des élèves en grande difficulté. De ce point de vue, il y aura une panoplie de traitements particuliers, notamment les troisièmes d'insertion.
Enfin, j'indique que c'est sans tarder que la réforme s'appliquera, selon le calendrier suivant : à la rentrée de 2001, mise en place de la nouvelle sixième, élaboration et diffusion du cahier d'exigences du collégien ; à la rentrée de 2002, mise en place des nouvelles cinquième et quatrième ; à la rentrée de 2003, mise en place de la nouvelle troisième et du brevet d'études fondamentales, qui consacrera de façon obligatoire ce cycle d'études et sera une sorte de baccaulauréat de fin de l'enseignement secondaire. (Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur certaines travées du groupe communiste républicain et citoyen et du RDSE.)

INONDATIONS DANS LA SOMME