REMISE DE LA GALETTE
PAR LA FEDERATION DES ARTISANS-PATISSIERS, TRAITEURS, GLACIERS ET
CONFISEURS DE PARIS ET
D'ILE-DE-FRANCE
(jeudi 4 janvier
2001, au Sénat)
Monsieur le
Président de la Fédération des pâtissiers, traiteurs, glaciers et
confiseurs de Paris
Ile-de-France,
Monsieur le Président de la Confédération nationale de la pâtisserie,
confiserie,
chocolaterie et glacerie de France,
Mes chers collègues,
Il est difficile, voire impossible, d'exercer un mandat sénatorial si l'on
n'est pas un
peu gourmand et surtout si l'on n'est pas franchement gourmet.
C'est dire, Cher Président Cartron, combien j'apprécie à sa juste valeur,
la Médaille
d'or que vous venez de me remettre. Je regrette un peu, il est vrai,
qu'elle ne soit pas
en chocolat ou en pâte d'amandes, ce qui m'aurait donné un prétexte
supplémentaire
pour enfreindre le régime que je me promets chaque jour de commencer
demain.
Merci aussi et surtout, à vous tous, chers artisans pâtissiers de Paris et
de la région
parisienne, et au Président de votre Fédération, Yves Devaux, qui avez pris
l'initiative de venir nous remettre un magnifique gâteau des Rois qui
ferait pâlir de
jalousie plus d'un monarque. Les républicains que nous sommes, apprécient.
C'est
finalement un juste retour des choses puisque le Sénat est abrité dans un
Palais qui vit
le jour grâce au bon vouloir d'une Reine.
Nous apprécions d'autant plus votre geste que cette galette a été
spécialement
confectionnée, quelques jours avant l'épiphanie. C'est assez logique
puisqu'au Sénat,
contrairement à ce que certaines mauvaises langues prétendent, nous sommes
souvent
précurseurs dans beaucoup de domaines.
Si la cuisine s'est hissée au rang des arts, elle le doit pour une large
part aux
métiers que vous représentez : pâtissiers, chocolatiers, traiteurs,
glaciers et
confiseurs. Dans votre profession, si la fantaisie peut aiguiser le génie,
elle doit en
effet toujours s'accorder avec le respect absolu des temps de cuisson et
des quantités,
ainsi bien évidemment que des matières premières utilisées. Vous êtes tous
un peu
sorciers, comme aurait dit la romancière Colette, dont l'immense talent
n'avait d'égal
que la prodigieuse gourmandise.
La superbe galette des Rois que vous vous apprêtez à nous offrir, en
témoigne, s'il en
était besoin. Il faut être un peu sorcier, en effet, pour parvenir à
réaliser un
gâteau dont le diamètre fait 1 mètre 20. Lorsque je vais raconter cette
prouesse à mon
petit-fils Léopold, il va encore me dire : "Papy, tu exagères".
Réaliser une galette aussi grande est pourtant une véritable gageure car
vous l'avez
confectionnée en suivant scrupuleusement la charte "qualité" que
vos
adhérents se sont engagés à respecter. Avec vous, il n'y a aucun risque de
manger des
graisses issues de soja génétiquement modifié. Le beurre utilisé vient
ainsi de
Charente et les autres aliments sont tout aussi nobles, qu'il s'agisse de
la farine de
blé pur ou du sucre de semoule raffiné de Seine-et-Marne. Les sénateurs de
ces
départements apprécieront.
Au-delà, c'est notre Assemblée toute entière qui vous rend hommage et qui
vous soutient
dans votre combat pour la défense d'un savoir-faire ancestral qui magnifie
les produits
de notre terroir.
Dans cette bataille, encore faut-il que les pouvoirs publics puissent vous
encourager de
manière significative car le goût, et surtout le "bon" goût, a
aussi un
coût. A cet égard, une des mesures les plus urgentes à prendre me paraît
devoir être
celle d'une baisse sensible de la TVA sur certains des produits que vous
commercialisez,
en particulier la confiserie, les marrons glacés et le chocolat en
tablette.
Soyez assurés, chers artisans, que nous aurons toujours besoin de votre
talent pour
rehausser nos fêtes, les prolonger et parfois, comme aujourd'hui, les
précéder.
La "gourmandise", disait Guy de Maupassant, "est de toutes
les passions la
seule vraiment respectable". Ce n'est donc pas vraiment un péché,
chers amis, que
de déguster sans modération une galette qui va célébrer divinement
l'épiphanie.
Merci de votre attention.