OUVERTURE DES ATELIERS PARLEMENTAIRES DE L'ALTERNANCE "ENVIRONNEMENT ET
SECURITE SANITAIRE"
(mercredi
14 décembre 2001, au Sénat)
Messieurs les Présidents
Mesdames et Messieurs les Députés,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs, Mes chers collègues,
Mesdames et Messieurs,
Je souhaite tout d'abord vous exprimer, à titre liminaire, ma profonde
satisfaction de vous accueillir ici, au Sénat -c'est maintenant devenu
presque une tradition dont je me réjouis- pour ce
quatrième Atelier parlementaire de l'alternance, consacré
à l'environnement et à la sécurité sanitaire.
Cette convention, qui succède à celles consacrées à
la justice, aux retraites et à la sécurité, constitue la
preuve vivante que l'opposition nationale, est productive lorsqu'elle est unie
et qu'elle s'exprime sur le terrain ou par la voix de ses groupes
parlementaires.
Depuis maintenant deux ans, les groupes parlementaires de l'opposition de
l'Assemblée Nationale et du Sénat ont appris à travailler
ensemble, dans le respect de leurs sensibilités dont ils ont su
faire un atout, une richesse et un
« moteur ».
Ces Ateliers parlementaires de l'alternance ont, je vous le rappelle, pour
vocation de se pencher sur tous les thèmes de la vie en
société et de formuler des propositions afin de nourrir le
débat démocratique et d'offrir à nos concitoyens une
véritable alternative politique.
Le sujet choisi par vous aujourd'hui est primordial ; car s'il est
une question qui fait de nous des citoyens solidaires d'une même
planète, d'une même humanité, par-delà les conflits
d'intérêt entre les peuples, par-delà l'opposition entre le
Nord et le Sud, c'est bien la question de l'environnement.
L'opposition nationale est d'autant plus légitime dans son action
que, depuis les années soixante, elle est à l'origine de la quasi
totalité des grandes lois « environnementales ».
L'absence, pour ne pas dire la « nullité »,
au sens étymologique du terme, du bilan du Gouvernement dans ce
domaine explique peut-être sa soudaine agitation autour du projet de loi
sur l'eau. Ce texte, mal ficelé, après une longue et
laborieuse préparation serait soudain devenu une urgence ! Ce
réveil tardif me semble bien éloigné d'un authentique
souci de l'environnement ...
L'opposition n'a donc aucun complexe à avoir pour traiter ce
sujet ; elle n'a de leçons à recevoir de personne, car elle
est porteuse d'une nouvelle et grande ambition : l'inscription d'une
écologie humaniste au coeur de notre pacte républicain.
C'est cette croyance qui nous différencie de certaines
« chapelles » intolérantes qui sévissent,
avec de médiocres résultats, dans le domaine de
l'écologie. Nous, nous plaçons l'Homme au coeur de notre projet.
Contrairement à certains pour qui le monde idéal serait, au fond,
un monde débarrassé des Hommes et revenu au seul état de
nature.
Je vous le dis tout de go : l'écologie pour l'écologie ne
m'intéresse pas.
D'autres, plus modérés, sembleraient envisager bien volontiers le
retour des hommes au temps des cavernes, mais sans la chasse ; une sorte
de préhistoire où nous retrouverions « l'Homme
bon » que seule la société corrompt.
Ce passéisme, aussi affligeant que ridicule, ne saurait tenir
lieu de politique.
Faire le choix de l'écologie humaniste, c'est conjuguer le
développement économique et le respect de l'environnement, c'est
mettre l'Homme au centre des projets et faire le pari de son sens des
responsabilités. Voilà le vrai progrès, voilà la
véritable ambition que la France doit se fixer, restant ainsi
fidèle à elle-même, à son histoire et à sa
culture.
Une politique de l'environnement ne se décrète pas d'en
haut, elle ne saurait être inspirée par des doctrinaires
intolérants, elle ne saurait être mise en oeuvre de manière
autoritaire, elle doit, au contraire, être le produit d'une
véritable concertation, d'une réelle association de tous les
acteurs de la vie économique et sociale au premier rang desquels les
entreprises privées, des collectivités locales et de l'Etat.
A cet égard, vous ne serez pas surpris de me voir souligner le
rôle fondamental des collectivités locales dans la politique de
l'environnement. C'est une nouvelle frontière, un nouveau territoire
qu'il est maintenant grand temps d'ouvrir et de défricher. Pour cela, je
propose un important transfert de compétences, en particulier en
direction des départements et des régions, dans le domaine de
l'environnement, accompagné, bien évidemment, d'un transfert des
moyens financiers et humains.
Il s'agit, en particulier, de mettre fin au détournement de la
fiscalité dite écologique, en permettant aux
collectivités locales d'accéder aux ressources de la taxe
générale sur les activités polluantes pour leurs actions
en faveur de l'environnement.
Les pouvoirs publics doivent, par ailleurs, pleinement reconnaître les
efforts des entreprises privées, pour lesquelles l'environnement
est aujourd'hui devenu un enjeu essentiel.
Enfin, une politique de l'environnement, pour être efficace, doit avoir
une ambition mondiale, car bien des menaces, qui paraissent locales, sont en
réalité globales. Je ne mentionnerai, à titre d'exemple,
que la production de gaz à effet de serre et la déforestation qui
alimentent le réchauffement climatique : tous ces
phénomènes nous n'en sommes pas seulement les victimes, nous en
sommes d'abord les responsables.
Pour moi, la France est dans son rôle quand elle participe
à la promotion d'une politique mondiale de l'environnement. Elle
a un rôle majeur dans l'élaboration d'une vision prospective
européenne.
Notre pays doit assumer sans complexe un rôle pionnier et marquer
sa volonté de contribuer plus fortement à l'équilibre
écologique de la planète ; le sommet de Johannesburg, en
octobre 2002, dix ans après celui de Rio, doit être, pour la
France, l'occasion d'être à la pointe du combat pour le
développement durable d'une écologie humaniste, à
l'échelle planétaire.
Bien évidemment, cette écologie humaniste ne se fera pas en un
jour ; elle exige détermination, méthode et
persévérance.
Les propositions que vous allez développer, sans tabou ni dogmatisme,
lors des travaux de cette matinée vont dans le bon sens ; elles
démontrent que l'opposition nationale relève le défi de la
transmission aux générations futures d'une planète en bon
état.
La politique de l'environnement sera, j'en suis persuadé, l'un des
combats les plus importants du troisième millénaire.
Telles sont les observations que je souhaitais formuler à l'orée
de cette matinée , mais je sais que le temps vous est mesuré et
c'est bien volontiers que je cède la parole à mon ami
Jean-François Mattéi pour qu'il vous présente les travaux
de cette convention.