ALLOCUTION DE M. CHRISTIAN PONCELET A L'OCCASION DE SA REELECTION A LA
PRESIDENCE DU SENAT
(lundi 1er
octobre 2001, au Sénat)
Mes
chers collègues,
En cet instant, qui est pour moi particulièrement émouvant,
comme vous pouvez l'imaginer, mes premières paroles seront des mots de
remerciements simples, sobres et sincères.
En premier lieu, pour notre juvénile doyenne, notre amie
Paulette Brisepierre, dont nous sommes d'autant plus fiers qu'elle est la
première doyenne de l'histoire du Sénat et même du
Parlement.
Du Sénat, dont la benjamine est également une femme et
qui compte désormais une proportion de femmes plus importante que
l'Assemblée nationale. C'est l'éternelle histoire de la paille et
de la poutre...
Merci, chère Paulette, vous dont la circonscription est la
planète, d'avoir rendu hommage aux victimes des attentats du 11
septembre, ces actes de barbarie qu'aucun désordre mondial ne
saurait justifier.
Merci également, chère Paulette, d'avoir
évoqué la mémoire des victimes de la catastrophe de
Toulouse, même si je m'interdis, en cet instant, d'esquisser une
quelconque analogie entre les causes de ces deux drames.
Mais la vie continue et la monstruosité des attentats
perpétrés contre le peuple américain aura sans doute des
conséquences positives. Je pense au retour de l'Etat et du
politique après des décennies de « tout
entreprise », à la redécouverte de la Russie comme
partenaire des démocraties occidentales et à la prise de
conscience européenne d'un indispensable renforcement de la
coopération policière et judiciaire.
Merci enfin, chère Paulette, pour cette magnifique leçon
de dynamisme, d'enthousiasme, d'optimisme et
d'humanisme.
Oui, chère Paulette, le bicamérisme constitue la forme la
plus achevée de la démocratie représentative. Oui,
le Sénat est un pouvoir indispensable à l'équilibre
de nos institutions.
Merci, Madame la Doyenne, de l'avoir rappelé, avec force et
conviction, à nos jeunes collègues qui ne sont peut-être
pas encore touchés par la grâce sénatoriale ni
envoûtés par la petite musique du Palais du Luxembourg.
Je voudrais maintenant, mes chers collègues, vous exprimer toute ma
reconnaissance pour votre soutien et votre confiance.
Mon mentor en politique, j'ai nommé le regretté Président
Edgar Faure, disait volontiers qu'une première élection pouvait
être le fruit du hasard et des circonstances mais qu'une deuxième
élection - il ne disait pas « seconde » - ne
l'était jamais...
Je veux donc voir dans vos suffrages, au risque de vous apparaître
immodeste, une approbation du bilan de mon premier triennat
placé sous le signe de la rénovation du Sénat.
Au cours de ces années, nous n'avons pas ménagé notre
peine, mes chers collègues, - et je vous en remercie-, pour
affirmer notre « bonus constitutionnel » de
représentant des collectivités territoriales, au travers
notamment des Etats généraux et de nos initiatives
législatives, accentuer notre fonction de contrôleur,
développer notre mission de prospective, et multiplier les
passerelles avec le monde de l'entreprise.
Un
bilan donc, mais aussi un projet car nous savons tous que l'image
du Sénat demeure « brouillée ».
Nos collègues qui ont affronté le verdict des urnes, le 23
septembre, - les anciens comme les nouveaux -, ont pu prendre la mesure de
cette injustice lors de leur campagne électorale.
Comme
vous le savez, je suis enclin à penser que le Sénat s'honorerait
en prenant lui-même l'initiative de réformes destinées
à mettre un terme aux procès en représentativité et
donc en légitimité instruits, çà et là,
à son encontre.
De même, nous devons devenir une assemblée de
proximité en nous emparant des problèmes qui
préoccupent ou inquiètent les Françaises et les
Français.
Nous devons être les racines du futur.
Mais demain est un autre jour et n'abordons pas, dès aujourd'hui, le
programme de ce second triennat que je vous exposerai le 10 octobre.
A chaque jour suffit sa peine...
Dans l'immédiat, nous allons nous remettre au travail après la
reconstitution de toutes nos instances.
C'est ainsi que nous aurons, dès jeudi prochain, un débat
sur la situation internationale, c'est-à-dire sur les
implications et les conséquences des attentats terroristes
qui ont endeuillé nos amis américains.
Pour clore ce propos de joyeux adoubement républicain, je
voudrais avoir une pensée pour nos anciens collègues qui
n'ont pas sollicité le renouvellement de leur mandat ou pour lesquels le
verdict des urnes n'a pas été favorable.
Je pense en particulier à ceux d'entre eux qui ont marqué de
leur empreinte la législation de notre pays : nos amis, Claude
Huriet, Lucien Neuwirth, Charles Descours et Marie-Madeleine Dieulangard.
Qu'ils trouvent ici l'expression de notre amicale reconnaissance.
Enfin, je voudrais, mes chers collègues, vous assurer d'une double
ambition.
La première, c'est ma volonté, chevillée au corps,
d'être le Président de tous les sénateurs.
Car au-delà de nos légitimes différences de
sensibilité politiques, nous sommes tous viscéralement
attachés au bicamérisme.
Ma seconde ambition, c'est d'être le Président d'un
Sénat reconnu et utile, d'un Sénat moderne et dynamique au
service de notre démocratie.